Aller au contenu

Kiki de Montparnasse

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 7 mai 2016 à 11:17 et modifiée en dernier par 217.108.26.245 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Kiki de Montparnasse
Gwozdecki - Kiki de Montparnasse, 1920
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Alice Ernestine PrinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Lieu de travail


Kiki de Montparnasse ou Kiki, née Alice Ernestine Prin le à Châtillon-sur-Seine[1] (Côte-d'Or) et morte le à Paris[2], surnommée « la Reine de Montparnasse », fut modèle, muse et parfois amante d’artistes célèbres, mais également chanteuse, danseuse, gérante de cabaret, peintre et actrice de cinéma et anima le quartier du Montparnasse durant l’entre-deux-guerres (1921-1939).

Biographie

Enfant illégitime, la jeune Alice est élevée par sa grand-mère dans une grande pauvreté. À l'âge de douze ans, elle quitte Châtillon-sur-Seine pour rejoindre sa mère, Marie Prin, linotypiste à Paris[3]. À treize ans, elle la retire de l'école pour la faire travailler comme apprentie.

Alice est successivement brocheuse, fleuriste, laveuse de bouteilles chez Félix Potin et visseuse d’ailes d’avion[4]. En 1917, elle est bonne à tout faire chez une boulangère, place Saint-Georges (Paris 9e). Se révoltant contre les mauvais traitements qu’elle subit, elle est renvoyée. Pour gagner de quoi vivre, elle pose nue chez un sculpteur. Cela cause une violente dispute avec sa mère qui l’expulse de chez elle malgré l’hiver. Elle est recueillie par le peintre Chaïm Soutine. Elle fréquente la brasserie La Rotonde mais au bar seulement. Pour avoir le droit de s’asseoir dans la salle, une femme doit porter un chapeau[4]. En 1918, elle se met en ménage avec un peintre juif polonais de 9 ans son aîné, Maurice Mendjizki.

Elle pose pour les peintres Amedeo Modigliani et Tsugouharu Foujita dont le Nu couché à la toile de Jouy sera l'événement du Salon d'automne de 1922. Elle adopte la coiffure au bol, les yeux abondamment soulignés de khôl, les lèvres peintes de rouge vif et le pseudonyme Kiki[4].

En 1921, elle devient la compagne et le modèle préféré de Man Ray qui trouve son physique « de la tête aux pieds, irréprochable »[4]. Il l'a photographiée notamment à côté d'un masque Baoulé, ainsi que de dos, nue, pour un cliché auquel il ajoute deux ouïes de violon et qu'il intitule Le Violon d'Ingres, en 1924. Il lui fait rencontrer les dadas Tristan Tzara, Francis Picabia et les surréalistes Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Max Ernst et Philippe Soupault.

Elle commence également à dessiner des portraits pour les soldats britanniques et américains qui fréquentent la Rotonde. Pablo Gargallo fait son portrait en bronze doré en 1928.

En 1929, Kiki devient la maîtresse du journaliste Henri Broca. Ce dernier fonde le magazine Paris-Montparnasse dans lequel paraissent les premiers chapitres du livre de souvenirs que Kiki s'apprête à publier. Malgré l’engagement du journaliste américain Edward William Titus, époux d’Helena Rubinstein, les autorités douanières refusent l’introduction du livre aux États-Unis pour cause de propos jugés « scabreux ».

Kiki est élue « Reine de Montparnasse »[4]. Cependant sa mère, puis Henri Broca sombrent dans la folie. Pour parer aux frais médicaux, elle fait le tour des boîtes de nuits où elle chante et danse. Elle se rend aux studios de la Paramount Pictures (Kaufman Astoria Studios) de New York, mais sans résultat.

Buvant trop et se nourrissant mal, à 33 ans, Kiki pèse 80 kg. Cela ne l’empêche pas de poser pour le peintre Per Krohg qui, trouvant sa « croupe très belle », pense « à un trois-mâts toutes voiles dehors »[réf. nécessaire].

En 1936, Kiki ouvre son propre cabaret L'Oasis qui deviendra Chez Kiki. André Laroque, pianiste et accordéoniste de ce cabaret, agent des contributions indirectes le jour, devient son nouvel amant. Il aide Kiki à se déprendre de la drogue et tape à la machine ses souvenirs qui dormiront 65 ans avant d'être publiés[4].

Morte en 1953, Kiki est inhumée au cimetière parisien de Thiais, dans une tombe reprise en 1974. Seul Foujita aurait assisté à son enterrement.

Ernest Hemingway lui rendra un brillant hommage.

Galerie

Œuvres plastiques

  • Alexander Calder, Kiki de Montparnasse ou Masque, 1930, fil de fer, 30,5 × 26,5 × 34,5 cm, Musée national d'art moderne, Paris[5]
  • Léonard Foujita, Nu à la toile de Jouy, 1922, gouache et encre sur papier, 54,5 × 65,5 cm, Musée national d'art moderne, Paris[6]
  • Pablo Gargallo, Kiki de Montparnasse, 1928, masque en bronze doré, 20,5 × 17 × 11,5 cm, Galerie Marwan Hoss[7]
  • Moïse Kisling, Kiki de Montparnasse, 1927, huile sur toile, 100 × 81 cm, musée du Petit Palais, Genève[8]
  • Man Ray, Le Violon d'Ingres, 1924, épreuve aux sels d'argent rehaussée à la mine de plomb et à l'encre de Chine et contrecollée sur papier, Musée national d'art moderne, Paris[9]
  • Man Ray, Noire et Blanche, 1926

Filmographie

Postérité

En 1962, dans Le gentleman d'Epsom, le maitre d’hôtel du restaurant russe le Schéhérazade, raconte que Richard Briand-Charmery, le personnage joué par Jean Gabin, était amoureux de Kiki de Montparnasse.

En bande dessinée, Kiki de Montparnasse fait l'objet d'un album biographique, Kiki de Montparnasse, dessinée par Catel et scénarisée par José-Louis Bocquet, paru chez Casterman dans la collection « Écritures » en 2007.

Au cinéma, Kiki de Montparnasse est le personnage principal du court métrage d'animation français Mademoiselle Kiki et les Montparnos d'Amélie Harrault (2012) qui obtient le César du meilleur court métrage d'animation en 2014.

Au théâtre, Kiki de Montparnasse, spectacle musical, est la première adaptation des Souvenirs retrouvés (éditions José Corti) par Françoise Taillandier et Paul Hautreux qui en sont également les interprètes. Depuis 2013, le spectacle a été joué au cabaret du Théâtre Jean Arp à Clamart, et à Paris au théâtre de la Vieille-Grille, au Musée Mendjisky-Écoles de Paris, puis au théâtre du Guichet Montparnasse.

Bibliographie

  • José-Louis Bocquet et Catel Muller, Kiki de Montparnasse. Bruxelles : Casterman, coll. "Écritures", 2007, 384 p. Nouv. éd. 09/2016. ISBN 978-2-203-11961-1
  • Jean-Pierre Crespelle, Montparnasse vivant, Hachette, 1962.
  • Alain Jouffroy, La vie réinventée - L'explosion des années 20 à Paris, Robert Laffont, 1982.
  • Kiki de Montparnasse, Souvenirs, introduction d’Ernest Hemingway et Foujita, avant-propos et notes de Billy Klüver et Julie Martin, traduction de Dominique Lablanche, Hazan, 1999, 279 p.
  • Kiki de Montparnasse, Souvenirs retrouvés, préface de Serge Plantureux, Corti, 2005, 319 p.
  • Billy Klüver et Julie Martin, Kiki et Montparnasse : 1900-1930, Flammarion, 1989, traduit de l'américain par Edith Ochs, 263 p., ill.
  • Frédéric Kohner, Kiki de Montparnasse, éd. Buchet-Chastel 1968
  • Bertrand Meyer-Stabley, 12 Muses qui ont changé l'histoire, Pygmalion, 2015.
  • Lou Mollgaard, Kiki : reine de Montparnasse, Robert Laffont, collection « Elle était une fois », 1988, 333 p., bibliographie p. 307-313, filmographie p. 314 et discographie p. 515.

Notes

  1. Au 2 rue de la Charme. Enfant naturelle de Marie Ernestine Prin, âgée de 19 ans. Acte de reconnaissance du 26 octobre 1901.
  2. Histoires secrètes de Paris
  3. En 1916, Marie Prin rencontre Noël Delecœuillerie, un jeune homme revenu blessé du front, qu’elle épouse deux ans après.
  4. a b c d e et f Dominique Paulvé, « Kiki, reine des Montparnos », in Connaissance des arts, n° 658, mars 2008, pp. 78-83.
  5. Reproduction dans Connaissance des arts n° 658, mars 2008, p. 81.
  6. Id., p. 82.
  7. Id., p. 80.
  8. Id., p. 78.
  9. Id., p. 83.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes