Invasions mongoles en Asie centrale

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Invasions mongoles en Asie centrale

Informations générales
Date 1216-1221
Lieu Asie centrale, Iran, Afghanistan, Chine
Casus belli Respectivement exécution d'un vassal des Mongols et massacre d'une caravane et de diplomates mongols
Issue Victoire décisive des Mongols, destruction des Kara-Khitans et de l'empire khorezmien, annexion de leurs territoires respectifs par l'empire mongol
Belligérants
empire mongol Kara-Khitans empire khorezmien
Commandants
Gengis Khan
Djötchi
Chagatai Khan
Ögedeï
Tolui
Subötaï
Jebe
Jelme
Mukali
Khubilai
Kasar
Boorchu
Sorkin-shara
Kütchlüg (exécuté) Ala ad-Din Muhammad
Jalal ad-Din
Inalchuq (exécuté)
Temur Meliq
Forces en présence
2 tumens mongols, soit à peu près 20 000 soldats contre les Kara-Khitans ; des estimations variant suivant les sources entre 75 000 et 800 000 soldats contre les Khorezmien chiffre exact inconnu, mais plus de 30 000 soldats entre 40 000 et 400 000 soldats
Pertes
inconnues inconnues 1,25 million de morts en comptant les victimes civiles, soit 25 % de la population[1]

Conquêtes mongoles

Batailles


Europe

Proche-Orient

Les invasions mongoles en Asie centrale commencent après l'unification des tribus mongoles et turques du plateau mongol par Gengis Khan en 1206. Elles s'achèvent en 1221 lorsque le Khan achève la conquête de l'empire khorezmien.

Ouïghours, Karlouks et Kara-Khitans[modifier | modifier le code]

Les Ouïghours, Karlouks ainsi que des peuples turcophones et tadjiks locaux font leur soumission aux Mongols dès que ces derniers sont unifiés par Genghis Khan. Les premiers à franchir le pas sont les Ouïghours de Kara-Khoja. Au début, ce sont des vassaux des Kara-Khitans, mais en 1210, Idiqut Barchuq, le souverain ouïghour des Kara-Khoja, se présente devant le Khan et fait allégeance aux Mongols[2]. Comme récompense, il reçoit la fille de Gengis en mariage et les Ouïghours commencent à servir les Mongols au sein de leur administration. Peu de temps après, un dirigeant des peuples Karlouks et Buzar, le seigneur de guerre de la vallée de Chuy, suit l’exemple d'Idiqut Barchuq et fait à son tour allégeance aux Mongols.

Les Kara-Khitans, les anciens suzerains des Kara-Khoja, sont une branche du peuple Proto-mongols des Khitans. Ce peuple avait fondé la dynastie de Liao, qui a régné sur le nord de la Chine de 907 à 1125. Cette dynastie a été détruite par une alliance entre les Jurchens de la dynastie Jin, des vassaux des Liao, et les Chinois de la dynastie Song. En 1124, juste avant la chute des Liao, un notable nommé Yelü Dashi (耶律大石) fait scission avec l'empereur et part avec une partie de la population Khitan vers l'ouest jusqu'en Asie centrale, où il fonde le Kanat des Kara-Khitan. Après avoir éliminé les Qarakhanides et vaincu les Seldjoukides d'Ahmad Sanjar lors de la bataille de Qatwan en 1141, le nouveau khanat domine un immense empire. Cependant, la puissance des Kara-Khitans est brisée en 1211 par leur défaite face aux troupes d'Ala ad-Din Muhammad II, le Chah du Khwarezm et surtout par l'usurpation du trône par Kütchlüg, qui survient la même année. Cet usurpateur est chef turc de Mongolie de la tribu des Naïmans. Cette tribu ayant été vaincue par Genghis Khan, Kütchlüg s'enfuit et, après un temps d'errances, trouve refuge chez les Kara-Khitans. Yelü Zhilugu, le Gur Khan des Khitans, l'accueille à bras ouverts, mais il usurpe le trône de son hôte en 1211[3][4].

Ancien nestorien converti au bouddhisme, Kütchlüg commet la double erreur de persécuter les musulmans, qui représentent la majorité de la population, pour les obliger à se convertir au bouddhisme ou christianisme[5][3] et d'assiéger Almaligh, une ville appartenant aux Karlouks, avant d'exécuter le seigneur de la ville[6]. Les Karlouks étant alors des vassaux des Mongols, ils demandent de l'aide à Gengis Khan[6]. En 1216, Gengis réagit en envoyant son général Jebe attaquer Kütchlüg. Ce dernier est vaincu par les Mongols à Balasagun et doit s'enfuir vers l'est. Après avoir mis fin aux persécutions, Jebe se lance à la poursuite du fuyard. Traqué par les Mongols alors que tout l'empire se révolte contre lui, Kütchlüg finit par être tué en 1218[7].

Empire khorezmien[modifier | modifier le code]

Après la défaite des Kara-Khitans, l'Empire mongol de Gengis Khan gagne une frontière avec l’Empire khorezmien, qui, comme indiqué dans le chapitre précédent, est dirigé par le Chah Ala ad-Din Muhammad. À cette date, le Khan a réussi à unifier tous les "peuples des tentes de feutre", soit les tribus nomades de Mongolie ainsi que plusieurs peuples turcs et quelques autres peuples nomades, avec relativement peu de pertes humaines et presque aucune perte matérielle. Mais les guerres que le Khan a menées contre les Jurchens de la dynastie Jin et les Tangoutes de la dynastie Xia ont cependant montré à quel point les Mongols peuvent être cruels.

Selon l’historien persan Juzjani, au début Gengis Khan ne compte pas envahir l’Empire khorezmien et se contente d'envoyer à Ala ad-Din Muhammad un message visant à établir des liens commerciaux, où il s'adresse à lui comme étant son voisin : "Je suis le maître des terres du soleil levant, tandis que vous régnez sur celles du soleil couchant. Concluons un solide traité d’amitié et de paix[8].

Dans un premier temps, le Chah semble accepter les demandes de Gengis, qui envoie une première caravane composée de marchands et de diplomates. Mais lnalchuq, le gouverneur de la ville khwarezmienne d’Otrar, arrête les 500 membres de la caravane et les fait exécuter, avec l'autorisation du Chah. Lorsque la nouvelle arrive à la cour de Gengis Khan quelques mois plus tard, ce dernier devient fou de rage et décide d'envahir l'empire khorezmien en guise de représailles. Cette invasion mongole va se solder par la destruction totale de l’empire Khorezmien ainsi que le massacre d’une grande partie de la population civile de la région. Toujours selon Juzjani, les Mongols n'ont organisé qu'une seule campagne contre le Khwarezm et la Transoxiane, mais ils ont systématiquement exterminé une grande partie de la population des villes qui leur résistaient, suivie de la déportation et de la réduction en esclavage des survivants. C'est en grande partie cette guerre qui a valu aux Mongols une réputation de férocité sanguinaire qui marquera le reste de leurs campagnes.

Lors de l’invasion de la Transoxiane en 1219, en plus de la cavalerie mongole qui compose le gros de ses troupes, Gengis Khan a utilisé une unité de soldats chinois spécialistes des catapultes durant les combats. Ces Chinois ont pu utiliser ces catapultes pour lancer des bombes à poudre noire, car ils maitrisent déjà cette technologie à l'époque[9] et plusieurs Chinois familiarisés avec l'usage de la poudre à canon servent dans l’armée du Khan[10]. Les historiens suggèrent que c'est l’invasion mongole qui a amené les armes à poudre noire chinoise en Asie centrale, l'une de ces armes étant le huochong, un mortier chinois[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. John Man, "Genghis Khan: Life, Death, and Resurrection", Feb. 6 2007. Page 180.
  2. (en) Svatopluk Soucek, A history of Inner Asia, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-65704-0), « Chapter 4 - The Uighur Kingdom of Qocho »
  3. a et b Golden 2011, p. 82.
  4. (en) Biran, Michal., The Empire of the Qara Khitai in Eurasian History : Between China and the Islamic World, Cambridge, Cambridge University Press, , 60–90 p. (ISBN 0-521-84226-3), « Chapter 3 - The Fall: between the Khwarazm Shah and the Mongolians »
  5. Morgan 2007, p. 54.
  6. a et b (en) Svatopluk Soucek, A history of Inner Asia, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-65704-0), « Chapter 6 - Seljukids and Ghazvanids »
  7. (en) Biran, Michal., The Empire of the Qara Khitai in Eurasian History : Between China and the Islamic World, Cambridge, Cambridge University Press, , 84–85 p. (ISBN 0-521-84226-3)
  8. Ratchnevsky 1994, p. 120.
  9. (en) Kenneth Warren Chase, Firearms : a global history to 1700, Cambridge/New York, Cambridge University Press, , illustrated éd., 290 p. (ISBN 0-521-82274-2, lire en ligne), p. 58

    « Chinggis Khan organized a unit of Chinese catapult specialists in 1214, and these men formed part of the first Mongol army to invade Transoania in 1219. This was not too early for true firearms, and it was nearly two centuries after catapult-thrown gunpowder bombs had been added to the Chinese arsenal. Chinese siege equipment saw action in Transoxania in 1220 and in the north Caucasus in 1239–40. »

  10. David Nicolle et Richard Hook, The Mongol Warlords : Genghis Khan, Kublai Khan, Hulegu, Tamerlane, Brockhampton Press, , illustrated éd., 192 p. (ISBN 1-86019-407-9, lire en ligne), p. 86

    « Though he was himself a Chinese, he learned his trade from his father, who had accompanied Genghis Khan on his invasion of Muslim Transoxania and Iran. Perhaps the use of gunpowder as a propellant, in other words the invention of true guns, appeared first in the Muslim Middle East, whereas the invention of gunpowder itself was a Chinese achievement »

  11. (en) Chahryar Adle et Irfan Habib, History of Civilizations of Central Asia : Development in contrast : from the sixteenth to the mid-nineteenth century, vol. Volume 5 of History of Civilizations of Central Asia, Paris, UNESCO, , illustrated éd., 934 p. (ISBN 92-3-103876-1, lire en ligne), p. 474

    « Indeed, it is possible that gunpowder devices, including Chinese mortar (huochong), had reached Central Asia through the Mongols as early as the thirteenth century.71 Yet the potential remained unexploited; even Sultan Husayn's use of cannon may have had Ottoman inspiration. »

Bibliographie[modifier | modifier le code]