Hôtel de la Monnaie (Blois)

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Hôtel de la Monnaie
Hôtel des Monnaies des Comtes de Blois
Tour d'Argent
La Tour d'Argent d'après un dessin de Louis de La Saussaye (lithographie de Charles Pensée, XIXe siècle).
Présentation
Type
Période
XIIIe siècle · XXe siècle
Destruction
juin 1940
Commanditaire
Patrimonialité
État de conservation
détruit
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Quartier
Région historique
Coordonnées
Localisation sur la carte de Loir-et-Cher
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L'hôtel de la Monnaie des Comtes de Blois[1] ou des Monnaies, plus communément la tour d'Argent[2],[Note 1], était un monument singulier de la ville médiévale de Blois, en actuel Loir-et-Cher (Centre-Val de Loire).

Historique[modifier | modifier le code]

L'hôtel de la Monnaie de Blois[modifier | modifier le code]

Blois a accueilli un atelier de création monétaire dès l'époque mérovingienne et le VIIe siècle[3]. Son activité a eu tendance à augmenter depuis que les comtes de Blois se sont octroyés le droit de frapper la monnaie, au début du Xe siècle.

La monnaie de Blois s'appelait la livre blésoise. Elle était alors l'unique monnaie en circulation à l'échelle du comté, et avait généralement une valeur plus faible que la livre tournois (monnaie originaire de Tours devenue principale du Royaume à partir du XVIe siècle)[4],[Note 2]. Comme dans les autres comtés français, il fallait 20 sous ou 240 deniers blésois pour composer une livre blésoise[4].

Un denier blésois de la fin du 9ème siècle.
Un denier blésois de la fin du IXe siècle, frappé à Blois.

Jusqu'à la Guerre de Cent Ans, c'est au sein du château comtal que l'on frappait la monnaie de Blois, mais cette activité a été déplacée vers un atelier lorsque la ville s'est entourée de remparts[5], au XIIIe siècle[6].

Cependant, dès 1315, le roi Louis X souhaitait mettre fin au monopole de la monnaie qui permettait aux comtes de renflouer leurs caisses[Note 3].

Ce droit n'a été retourné au roi qu'en 1328, sous Philippe VI, en échange de 15 000 livres tournois en faveur de son beau-frère le comte Guy Ier[4],[7].

Malgré la suppression de la monnaie blésoise, l'hôtel des Monnaies semble avoir poursuivi son activité : il est notamment cité sous les ducs Charles et Louis II d'Orléans, futur Louis XII[8].

La Tour d'Argent[modifier | modifier le code]

L'édifice connu par la plupart des archives, constitué d'une tour octogonale accompagnée d'un escalier à vis hors-œuvre, aurait été reconstruit dans son ensemble à la fin du XIIIe siècle[3]. D'abord munie d'une corniche, la tour a été remaniée pour ajouter un étage à pan de bois vers le XVe siècle[9], avant d'être couverte par une haute toiture en ardoise[10],[11].

La Tour d'Argent au début du 20ème siècle.
La Tour d'Argent au début du XXe siècle.

Ce n'est qu'au XIXe siècle que l'édifice reçoit le surnom de « tour d'Argent »[2], popularisé notamment par la presse et les historiens du Blésois en vogue entre les années 1800 et 1850 (La Saussaye[5], Bergevin[12], Dupré[12], Hugo, etc.).

L'hôtel fut détruit au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, lors des bombardements allemands sur le centre-ville[3],[13]. Ses décombres ont été débarrassés en 1942[2], et l'édifice n'a pas été reconstruit[3],[14].

Localisation[modifier | modifier le code]

L'architecture et la localisation de cet atelier de monnayage ne sont pas confirmées[2], mais les plus anciennes sources mentionnent l'emplacement de l'hôtel des Monnaies à l'angle de la rue du Pont et de la rue de la Monnaie. Cette seconde rue, qui correspond à l'actuelle rue des Trois-Clefs, concentrait à cette époque tous les bureaux de change[12]. Selon de La Saussaye, cette rue fait référence aux trois clés du coffre de la Monnaie[15].

Selon lui, la Tour d'Argent se trouvait dans la rue de la Monnaie, nom médiéval de l'actuelle rue des Trois-Clefs[7]. Victor Hugo, qui a plusieurs fois séjourné à Blois[Note 4], la situait « au coin des rues des Violettes et de Saint-Lubin »[16].

Mentions célèbres[modifier | modifier le code]

« Montez à travers Blois cet escalier de rues
Que n’inonde jamais la Loire en temps de crues.
Laissez là le château, quoique sombre et puissant,
Quoiqu’il ait à la face une tache de sang ;
Admirez, en passant, cette tour octogone
Qui fait à ses huit pans hurler une gorgone
[...] »

— de Victor Hugo, Les Feuilles d'automne (1835)[17]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le nom de « Tour d'Argent » est apparu au XIXe siècle, près de 5 siècles après la cession des activités de création de monnaie (Cosperec 1987).
  2. Cartier mentionne une production en 1315 de 105 970 livres blésoises, équivalent alors à 90 831 livres tournois (soit 1 000 lb = 857 lt ; p. 26–27).
  3. Le comte Guy Ier aurait détourné, en 1315, près de 6 % du total de la production annuelle à son profit (Cartier 1836, p. 33).
  4. Le père de Victor Hugo, le général Hugo, a vécu sa retraite dans le faubourg du Foix.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Notice Mérimée no PA00098393 « Tour d'Argent (ancien Hôtel des Monnaies des Comtes de Blois) » Accès libre, sur Plateforme ouverte du Patrimoine (ministère de la Culture), 1992 (consulté en avril 2024)
  2. a b c et d Annie Cosperec, Notice Mérimée no IA00141064 « Hôtel hôtel la Tour d'Argent » Accès libre, sur Plateforme ouverte du Patrimoine (ministère de la Culture), 1987 (consulté en avril 2024)
  3. a b c et d Michel Lomba, « Légende et histoire de la Tour d'argent », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne Accès libre)
  4. a b et c Étienne-Jean-Baptiste Cartier, Revue de la numismatique française, Blois (no 1), (lire en ligne Accès libre), « Notes inédites sur la fabrication des monnaies de Blois, de 1315 à 1316 », p. 20–34.
  5. a et b Louis de La Saussaye, Histoire du Château de Blois, Paris, Techener, (lire en ligne Accès libre), p. 40.
  6. Marie Lafont, « L’enceinte médiévale de Blois : quelques précisions sur un ensemble méconnu », Revue archéologique du centre de la France, vol. 56,‎ (lire en ligne Accès libre [doc])
  7. a et b Louis de La Saussaye, Blois et ses environs : guide artistique et historique dans le Blésois et le nord de la Touraine, Chez tous les libraires, (lire en ligne Accès libre), p. 92–95.
  8. Paul Joanne, Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies, Hachette et Cie, (lire en ligne Accès libre), p. 472.
  9. Annie Cosperec, Blois : La forme d'une ville, Imprimerie Nationale, , 408 p. (ISBN 9782110813220, lire en ligne Accès libre), p. 99.
  10. Marc Alvarez, « La Tour d'Argent de Blois : disparue mais source de légendes » Accès libre, Blois Capitale, (consulté en )
  11. Annie Cosperec, Blois : La forme d'une ville, Imprimerie Nationale, , 408 p. (ISBN 9782110813220, lire en ligne Accès libre), p. 284.
  12. a b et c Louis-Catherine Bergevin et Alexandre Dupré, Histoire de Blois, vol. 1, Blois, Chez tous les libraires, , 679 p. (ISBN 978-1-160-10666-5, lire en ligne Accès libre), chap. II (« Féodalité, comtes de Blois, condition des personnes au Moyen Âge, guerres seigneuriales, croisades »), p. 44–46.
  13. « Blois pendant la Seconde Guerre mondiale » Accès libre [vidéo], sur le site de la Ville de Blois, (consulté en )
  14. Pierre-Marie Quervelle, Blois : son château, ses musées, ses monuments, FeniXX (réédition numérisée), (ISBN 978-2-402-19952-0, lire en ligne Accès libre)
  15. Albert Robida, La vieille France : La Touraine, Libr. illustrée, (lire en ligne Accès libre), p. 51.
  16. Victor Hugo, « Les rues et maisons du Vieux Blois » (1864), dans Actes et paroles - Pendant l'exil, Paris, P. Mouillot, 1875, p. 126 (en ligne Accès libre)
  17. Victor Hugo, « À M. Louis B. » (1835), dans Les Feuilles d'automne, Ollendorf, 1909, 17, p. 16–19 (lire en ligne sur Wikimédia Accès libre)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]