Guarani (langue)

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Guarani
avañe’ẽ
Pays Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay
Nombre de locuteurs 4 939 180[1]
Typologie agglutinante, active
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau du Paraguay Paraguay
Drapeau de la Bolivie Bolivie
Misiones (Argentine)
Corrientes (Argentine)
Mercosur
Régi par Académie de la langue guarani (Paraguay)
Codes de langue
IETF gn
ISO 639-1 gn
ISO 639-2 grn
ISO 639-3 grn
Étendue macro-langue
Type langue vivante
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)
Art. 1
Mayma yvypóra ou ko yvy ári iñapytl’yre ha eteĩcha dignidad ha derecho jeguerekópe; ha ikatu rupi oikuaa añetéva ha añete’yva, iporãva ha ivaíva, tekotevẽ pehenguéicha oiko oñondivekuéra.

Le guarani (autonyme : avañe’ẽ ; en espagnol : guaraní) est une langue amérindienne agglutinante de la famille tupi-guarani parlée au Paraguay – où elle a un statut coofficiel avec l'espagnol –, dans le nord de l'Argentine, dans l'est de la Bolivie, dans le sud et le nord-est du Brésil. On estime qu'il y a cinq millions de personnes qui parlent le guarani. Il est la langue des peuples guaranis.

Typologie

C'est une langue agglutinante, à syllabes ouvertes (soit consonne-voyelle, soit voyelle seule, les syllabes ne finissent pas par des consonnes) ; l'accent tonique tombe normalement sur la dernière syllabe des mots. La langue a douze voyelles, six simples a, e, i, o, u et y et leurs six voyelles nasales correspondantes, ainsi qu'un coup de glotte, noté par une apostrophe et nommé puso.

Les mots guaranis n'ont ni genre, ni cas, il n'existe pas non plus d'articles. La marque du pluriel est facultative et souvent omise.

Écriture

Le guarani s'écrit avec un alphabet latin dont l'orthographe est basée sur celle choisie lors du premier congrès sur les langues tupi-guarani qui eut lieu à Montevideo en 1950 puis augmenté par le docteur Decoud Larrosa. Cette orthographe utilise le tilde (~) pour noter les nasalisations, très fréquentes en guarani. On a ainsi les lettres diacritées suivantes : ‹ ã ›, ‹ ẽ ›, ‹ g̃ ›, ‹ ĩ ›, ‹ õ ›, ‹ ũ ›, ‹ ỹ › (‹ g̃ › n'existe pas en tant que caractère précomposé dans Unicode et ‹ ñ ›, à l'imitation de l'espagnol, représente la nasale palatale /ɲ/).

Voici chacun des graphèmes (valeurs phonétiques en API ; quand le graphème est identique au symbole phonétique, sa transcription n'est pas donnée ; les consonnes notées par des digrammes commençant par une nasale sont des prénasalisées : ‹ nd › vaut donc [nd], etc.) :

Alphabet guarani (Paraguay)[2]
Majuscules A Ã Ch E G H I Ĩ J
Minuscules a ã ch e g h i ĩ j
Prononciation [a] [ã] [ɕ] [e] [] [ɰ] [ɰ̃] [h] [i] [ĩ] [j]
Majuscules K L M Mb N Nd Ng Nt Ñ O Õ
Minuscules k l m mb n nd ng nt ñ o õ
Prononciation [k] [l] [m] [ᵐb] [n] [ⁿd] [ᵑg] [ⁿt] [ɲ] [o] [õ]
Majuscules P R Rr S T U Ũ V Y ʼ
Minuscules p r rr s t u ũ v y ʼ
Prononciation [p] [ɾ] [r] [s] [t] [u] [ũ] [ʋ] [ɨ] [ɨ̃] [ʔ]

L'alphabet original ne comportait que vingt-quatre signes, contre trente-trois actuellement :

Ancien alphabet guarani (Paraguay)
a ch e g h i j k l m mb
n nd ng ñ o p r s t u v y

L'accent aigu peut être employé, à la castillane : on ne l'utilise que si l'accent tonique n'est pas régulier, c'est-à-dire n'est pas situé en fin de mot. D'autre part, le tilde joue un rôle similaire puisque les voyelles tildées sont à la fois nasalisées et toniques.

Statut et influence

Page de titre de la grammaire de Montoya

Le guarani a survécu, au contraire d’autres langues indigènes d’Amérique du Sud, parce qu’elle était la langue des Réductions guaranies du Paraguay où elle était parlée, cultivée et enseignée. Le père jésuite Ruiz de Montoya en prépara une grammaire dès 1640. D’autres œuvres de Montoya furent imprimées à la même époque : un catéchisme guarani et un ‘trésor de la langue guaranie’.

Aujourd’hui, d’après le recensement de 2002[3], elle est parlée au Paraguay par 77 % de la population. La langue y a un statut officiel depuis 1992, et depuis la réforme de l'éducation elle est utilisée comme langue d'enseignement à côté de l'espagnol. Lors des élections du , les Paraguayens ont, pour la première fois de leur histoire, la possibilité de voter en langue guarani[4].

La reconnaissance du guarani comme langue officielle du Paraguay s’est faite progressivement, à travers trois étapes majeures. D’abord, le , sous la dictature d’Alfredo Stroessner, le guarani est reconnu comme « langue nationale » du Paraguay par la Constitution. Puis, en 1992, avec l’avènement d’une nouvelle constitution, le guarani devient langue officielle, au côté de l'espagnol. Enfin, en 2010 la Loi des langues affirme la reconnaissance par l'État de l'égalité de ses deux langues officielles : le guarani et l’espagnol[5].


Par ailleurs, le guarani est également langue officielle en Bolivie, au côté de trente-six autres langues, depuis 2009.

De nombreux mots guaranis sont entrés dans le vocabulaire espagnol, et de là vers d'autres langues, en particulier des noms relatifs à la faune et la flore d'Amérique du Sud. Par exemple ñandú (nandou), jaguaretá (jaguar), tatú (tatou), ananá (ananas), curaré (curare), piraña (piranha, signifie « poisson du diable »), etc. En fait, le guarani est, après le grec ancien et le latin, la troisième source en importance pour les noms scientifiques de plantes et d'animaux.

Malheureusement, le guarani est une langue en danger de disparition[Selon qui ?] et ne fait pas exception parmi les langues amérindiennes : bien que l'isolement du pays l'ait préservé plus longtemps que les autres langues amérindiennes, elle est en constante régression dans le pays face à une langue espagnole toute puissante, le guarani étant passé progressivement de langue parlée par 94 % de la population en 1950 à 77 % en 2012 (87 % en 2002, soit une chute de 10 points en seulement 10 ans), tandis que l'espagnol, qui était parlé par 56 % de la population du pays et ne représentait pas une menace jusqu'en 1992, a le vent en poupe et, grâce à l'exode rural et à la modernisation du pays, est désormais parlé par 74 % des Paraguayens. L'espagnol étant encore plus dominant en villes.[réf. souhaitée]

Lexique

Emprunts français

Le français a emprunté de nombreux mots au guarani ou au tupi, notamment : agouti, aï, ajoupa, ara, boucan (qui a donné boucaner et boucanier), cabiai, palétuvier, tapir. L'espagnol et le portugais ont souvent servi d'intermédiaire, pour des mots tels que acajou, jaguar, petun (d'où Petunia puis pétunia), tapioca, ananas ou toucan.

Exemples

Mot Traduction Prononciation standard
terre yvy
ciel yva
eau y
feu tata
homme kuimba'e
femme kuña
manger -karu
boire -'u
grand tuicha
petit michī
nuit pyhare
jour ára

Le guarani dans les arts et la littérature

Références

  1. Ethnologue [grn].
  2. « Academia de Lengua Guaraní aprueba alfabeto definitivo », Paraguay.com,‎ (lire en ligne)
  3. http://ea.com.py/v2/pese-al-estado-y-a-los-medios-el-guarani-sigue-como-el-idioma-mas-hablado-del-pais/
  4. « Primera elección en guaraní - Paraguay.com », sur www.paraguay.com (consulté le )
  5. (es) « Guaraní: Identidad histórica paraguaya - Especiales - ABC Color », sur www.abc.com.py (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes