Extraction de sperme testiculaire

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L'extraction de sperme testiculaire (ou TESE pour Testicular sperm extraction), à ne pas confondre avec la ponction testiculaire de sperme, est une procédure chirurgicale urologique lors de laquelle une petite partie de tissu est retiré (à la manière d'une biopsie) du testicule (humain ou d'une autre espèce animale) afin de récupérer des cellules de sperme viables en vue de leur utilisation dans d' autres procédures, le plus souvent une fécondation artificielle par injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) dans le cadre de fécondation in vitro (FIV)[1].
La TESE est souvent recommandé aux hommes ne produisant pas de sperme dans leur éjaculat en raison d'une azoospermie[2].

Utilisations médicales[modifier | modifier le code]

La TESE est recommandée aux hommes n'ayant pas (ou très peu) de spermatozoïdes viables observables dans leur éjaculat (azoospermie), ou qui ne peuvent pas du tout éjaculer.

L'azoospermie peut généralement être divisée en deux sous-catégories (obstructives et non obstructives).

en cas d'azoospermie non obstructive[modifier | modifier le code]

Dans ce cas, l'éjaculat ne contient pas de spermatozoïdes viables, mais les testicules peuvent néanmoins en produire.

Ce type d'azoospermie peut résulter de microdélétions du chromosome Y, d'un cancer des testicules ou de lésions de l'hypophyse ou de l'hypothalamus, qui régulent la production de spermatozoïdes. Dans ces cas, la TESE est généralement une deuxième option, après l'échec d'efforts antérieurs pour traiter l'azoospermie par l'hormonothérapie. [3]

Dans le cas particulier où l'azoospermie est liée à un trouble du développement sexuel, tel que le syndrome de Klinefelter, la TESE n'est pas utilisée en clinique. Une phase de phase de recherche est cependant en cours depuis 2016 à ce propos[4]

en cas d'azoospermie obstructive[modifier | modifier le code]

Plus rarement, la TESE est utilisé pour extraire les spermatozoïdes dans ce cas, qui peut par exemple avoir l'une ou plusieurs des causes suivantes :

La TESE est aussi une option pour la 'préservation de la fertilité' de patients subissant une chirurgie de réattribution sexuelle et/ou ne pouvant pas éjaculer de sperme[5].

Technique[modifier | modifier le code]

La TESE se pratique conventionnellement sous anesthésie locale, ou parfois rachidienne ou générale[6],[7].

Une incision dans le raphé médian du scrotum est pratiquée et poursuivie à travers les fibres du dartos et la tunique vaginale.

Le testicule et l'épidydyme sont alors visibles[8].

Des incisions sont alors pratiquées à travers l'enveloppe externe du testicule pour récupérer des biopsies des tubules séminifères (structures contiennant les spermatozoïdes) ; l'incision est ensuite suturée.

Chaque échantillon est évalué au microscope pour confirmer la présence de spermatozoïdes viables et normaux[6].

Après l'extraction, le sperme est souvent cryogéniquement conservé pour un ou plusieurs usages futurs, mais il peut aussi être utilisé frais[9].

Micro-TESE[modifier | modifier le code]

La Micro-TESE n'est presque utilisée que chez les patients atteints d'azoospermie non obstructivese ; elle se pratique via une microdissection, sous microscope opératoire permettant au chirurgien de directement observer les régions des tubules séminifères des testicules qui ont plus de chance de contenir des spermatozoïdes de qualité[2].

Plus invasive que la TESE conventionnelle, elle nécessite une anesthésie générale[10]. Comme pour la TESE, une incision est pratiquée dans le scrotum et la surface du testicule pour exposer les tubules séminifères. Mais l'exposition est nettement plus large pour les besoins de l'observation au microscope.

Si aucune zone n'est identifiée, les biopsies sont plutôt faites au hasard dans un large éventail d'emplacements puis l'incision est suturée.

Les échantillons sont ensuite observé au microscope pour localiser puis purifier les spermatozoïdes[6].

La micro-TESE réussit généralement mieux à extraire le sperme et est préférable dans les cas d'azoospermie non obstructive, où l'infertilité est causée par un manque de production de spermatozoïdes plutôt que par un blocage[11],[9],[12].

TESE vs TESA[modifier | modifier le code]

La TESE est différente de la ponction testiculaire de sperme (ou TESA pour "testicular sperm aspiration") qui est réalisée sous anesthésie locale, dans réelle biopsie, chez des patients atteints d'azoospermie obstructive[11].

Complications, effets secondaires[modifier | modifier le code]

A la fois la Micro-TESE et la TESE présentent des risques significatifs d'infection postopératoire, de saignement et de douleur[8].

La TESE entraîne souvent des anomalies testiculaires et une cicatrisation des tissus pouvant induire une fibrose et une inflammation testiculaires, réduisant secondairement aussi la fonction testiculaire et provoquant parfois une atrophie testiculaire[13].

Les deux procédures peuvent altérer la fonction stéroïdienne des testicules lésés, provoquant une baisse des taux sériques de testostérone, ce qui peut entraîner une carence en testostérone [10], avec secondairement une diminution de la force musculaire, et de la fonction sexuelle, de l'anxiété, des troubles du sommeil[14].

L'apport sanguin aux testicules peut aussi être modifié lors de la procédure, ce qui réduit potentiellement l'approvisionnement en oxygène, nutriments etc.

Une évaluation (1997) ayant porté sur 64 patients ayant subi une TESE pour une azoospermie non obstructive (évaluation basée sur des examens cliniques physiques, une échographie scrotale en série, des analyses histologiques et une évaluation du succès des tentatives répétées de prélèvement de sperme) a conclu que pour ces patients, après 3 mois, 82% d'entre eux montraient des anomalies échographiques testiculaires évoquant la résolution d'une inflammation ou d'un hématome au site de biopsie[15]. le plus souvent, après 6 mois, les signes d'inflammation aiguë disparaissent, mais avec des cicatrices linéaires et/ou des calcifications et (dans deux cas sur 64) une altération du flux sanguin testiculaire (dévascularisation complète du testicule dans un cas, qui avait subi plusieurs biopsies)[15]. En cas de répétition d'une TESE, les chances de récupérer des spermatozoïdes la seconde fois augmente si cette TESE est faite plus de 6 mois après la première (80 %), par rapport aux chances si la TESE a été faite dans les 6 mois après la première (25 %). Selon cette étude, des effets indésirables mais transitoires, physiologiques, sont fréquents dans les testicules jusqu'à 6 mois après TESE[15]. Le risque de dévascularisation permanente du testicule augmente si plusieurs biopsies se succèdent, risque qui pourrait être diminué par l'utilisation de biopsie ouverte faite sous microscope pour mieux choisir les tissus à extraire[15].

Un suivi post-opératoire à long terme est recommandé pour prévenir ou traiter ces complications[10].

Micro-TESE a des complications postopératoires moindre que la TESE. Le microscope chirurgical permet en effet des incisions plus petites et spécifiques pour récupérer des tubules séminifères en évitant d'endommager les vaisseaux sanguins, et en évitant les régions mal vascularisées[3],[8].

Si la TESE doit être répété en raison d'une récupération insuffisante des spermatozoïdes, il est généralement conseillé aux patients d'attendre 6 à 12 mois afin de permettre une cicatrisation adéquate du testicule avant une nouvelle intervention chirurgicale[16].

Voir également[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sam D. Graham et Thomas E. Keane, Glenn's urologic surgery, Philadelphia, PA, 8th, (ISBN 9781496320773, OCLC 927100060)
  2. a b et c Dabaja et Schlegel, « Microdissection testicular sperm extraction: an update », Asian Journal of Andrology, vol. 15, no 1,‎ , p. 35–39 (ISSN 1745-7262, PMID 23241638, PMCID 3739122, DOI 10.1038/aja.2012.141)
  3. a et b Flannigan, Bach et Schlegel, « Microdissection testicular sperm extraction », Translational Andrology and Urology, vol. 6, no 4,‎ , p. 745–752 (ISSN 2223-4691, PMID 28904907, PMCID 5583061, DOI 10.21037/tau.2017.07.07)
  4. Gies, Oates, De Schepper et Tournaye, « Testicular biopsy and cryopreservation for fertility preservation of prepubertal boys with Klinefelter syndrome: a pro/con debate », Fertility and Sterility, vol. 105, no 2,‎ , p. 249–255 (ISSN 1556-5653, PMID 26748226, DOI 10.1016/j.fertnstert.2015.12.011)
  5. Liu, Schulster, Alukal et Najari, « Fertility Preservation in Male to Female Transgender Patients », Urologic Clinics of North America, vol. 46, no 4,‎ , p. 487–493 (ISSN 0094-0143, PMID 31582023, DOI 10.1016/j.ucl.2019.07.003)
  6. a b et c Esteves, Miyaoka et Agarwal, « Sperm retrieval techniques for assisted reproduction », International Braz J Urol, vol. 37, no 5,‎ , p. 570–583 (ISSN 1677-6119, PMID 22099268, DOI 10.1590/s1677-55382011000500002)
  7. « Surgical sperm extraction | Human Fertilisation and Embryology Authority », www.hfea.gov.uk (consulté le )
  8. a b et c Janosek-Albright, Schlegel et Dabaja, « Testis sperm extraction », Asian Journal of Urology, vol. 2, no 2,‎ , p. 79–84 (ISSN 2214-3882, PMID 29264124, PMCID 5730746, DOI 10.1016/j.ajur.2015.04.018)
  9. a et b « What is Sperm Retrieval? - Urology Care Foundation », www.urologyhealth.org (consulté le )
  10. a b et c Tsujimura, « Microdissection testicular sperm extraction: prediction, outcome, and complications », International Journal of Urology, vol. 14, no 10,‎ , p. 883–889 (ISSN 0919-8172, PMID 17880285, DOI 10.1111/j.1442-2042.2007.01828.x)
  11. a et b Bernie, Mata, Ramasamy et Schlegel, « Comparison of microdissection testicular sperm extraction, conventional testicular sperm extraction, and testicular sperm aspiration for nonobstructive azoospermia: a systematic review and meta-analysis », Fertility and Sterility, vol. 104, no 5,‎ , p. 1099–1103.e1–3 (ISSN 1556-5653, PMID 26263080, DOI 10.1016/j.fertnstert.2015.07.1136)
  12. Klami, Mankonen et Perheentupa, « Successful microdissection testicular sperm extraction for men with non-obstructive azoospermia », Reproductive Biology, vol. 18, no 2,‎ , p. 137–142 (ISSN 2300-732X, PMID 29602610, DOI 10.1016/j.repbio.2018.03.003)
  13. Chiba, Enatsu et Fujisawa, « Management of non-obstructive azoospermia », Reproductive Medicine and Biology, vol. 15, no 3,‎ , p. 165–173 (ISSN 1445-5781, PMID 29259433, PMCID 5715857, DOI 10.1007/s12522-016-0234-z)
  14. « Surgical sperm extraction | Human Fertilisation and Embryology Authority », www.hfea.gov.uk (consulté le )
  15. a b c et d (en) P. N. Schlegel et L. M. Su, « Physiological consequences of testicular sperm extraction », Human Reproduction, vol. 12, no 8,‎ , p. 1688–1692 (ISSN 0268-1161 et 1460-2350, DOI 10.1093/humrep/12.8.1688, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) « Microscopic Testicular Sperm Extraction + Fertility », Cleveland Clinic (consulté le )

Systèmes et organes du corps humain[modifier | modifier le code]