Dioné (mère d'Aphrodite)

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Dioné
Déesse de la mythologie grecque
Dioné sur son trône.
Dioné sur son trône.
Caractéristiques
Nom Grec ancien Διώνη (Diốnê)
Résidence Olympe
Lieu d'origine Grèce antique
Période d'origine Grèce archaïque
Groupe divin Les Océanides et les divinités marines
Parèdre Zeus
Culte
Temple(s) Sanctuaire oraculaire de Dodone
Mentionné dans Iliade d'Homère ; Théogonie d'Hésiode ; Bibliothèque d'Apollodore ; Fables d'Hygin
Famille
Père Océan (plus rarement Ouranos ou Éther)
Mère Téthys ou Gaïa
Fratrie Dieux-fleuve, Océanides, certaines Naïades et Néphélées
Conjoint Zeus
• Enfant(s) Aphrodite (tradition archaïque)
Bacchus (plus rarement)

Dans la mythologie grecque, Dioné (en grec ancien Διώνη / Diốnê) est une déesse archaïque considérée comme la mère d'Aphrodite dans certaines traditions anciennes[1]. Parèdre de Zeus (son nom est la version féminine de « Zeus » en grec), elle faisait l'objet d'un culte important dans le sanctuaire oraculaire de Dodone.

Nom[modifier | modifier le code]

Dioné (en grec ancien Διώνη / Diṓnē, du grec archaïque *Διϝωνᾱ / Diwōnā) est essentiellement le féminin de la forme génitive du grec Ζεύς / Zeús, c'est-à-dire Διός / Diós (de Διϝός / Diwós plus tôt), signifiant « de Zeus ». D'autres déesses ont été appelées par ce nom[1].

Étant présentée comme une fille de Dioné dans certaines traditions, Aphrodite était parfois appelée « Dionaea » (Διωναίη / Diōnaíē) voire tout simplement « Dioné »[2].

À la suite du déchiffrement du Linéaire B par Ventris et Chadwick dans les années 1950, une déesse nommée Di-u-ja a été trouvée dans les tablettes. Elle a été considérée comme un homologue féminin de Zeus et identifiée à Dioné par certains érudits[3].

Famille[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Selon la version la plus commune, ses parents sont les titans Océan et Téthys. Elle est l'une de leur multiples filles, les Océanides, généralement au nombre de trois mille, et a pour frères les Dieux-fleuve, eux aussi au nombre de trois mille. Ouranos (le Flot) et Gaïa (la Terre) sont ses grands-parents tant paternels que maternels.

Dioné est plus rarement donnée comme la fille de Gaïa et d'Uranus ou la fille de Gaïa et Éther.

Descendance[modifier | modifier le code]

Dioné est décrite dans certaines traditions archaïques comme l'épouse de Zeus et la mère d'Aphrodite avant que les mythes ne donnent à Aphrodite une tout autre ascendance et que Zeus ne soit associé à Héra.

Bacchus (forme romaine de Dyonisos) est aussi tardivement et plus rarement donné comme un fils de Dioné.

Mythes[modifier | modifier le code]

Les mythes concernant Dione ne sont pas cohérents entre les sources existantes.

Chez Homère[modifier | modifier le code]

Vénus, blessée par Diomède, remonte à l'Olympe
Ingres, vers 1803, Kunstmuseum (Bâle)[4].

Dioné apparaît dans le chant V de l’Iliade :

Au cours de la dernière année de la guerre de Troie, Aphrodite tente de sauver son fils Enée du héros grec déchaîné Diomède comme elle avait précédemment sauvé son favori Paris lors de son duel avec Ménélas dans le livre III. Enragé, Diomède la poursuit et enfonce sa lance dans sa main entre le poignet et la paume. Escortée par Iris, Aphrodite emprunte les chevaux d'Arès et remonte à l'Olympe pour se réfugier auprès de sa mère et être soignée par celle-ci. Dioné la console en évoquant, en la soignant, les autres dieux ayant, en diverses circonstances, été blessés par des mortels - Arès lié par les Aloades et Héra et Hadès blessés par Héraclès - et note que Diomède risque sa vie en combattant les dieux.

Dione guérit alors ses blessures et Zeus, tout en lui recommandant de quitter le champ de bataille, appelle alors Aphrodite sa fille[5].

Chez Hésiode[modifier | modifier le code]

Dioné n'est pas mentionné dans le traitement des Titans par Hésiode, bien que son nom apparaisse dans sa Théogonie parmi sa liste d'Océanides[6]. Dans la version d'Hésiode, Aphrodite est née de l'écume créée par la castration des organes génitaux d'Ouranos par son fils Cronos qui les jeta dans la mer[7].

Chez Apollodore[modifier | modifier le code]

Jupiter et Dioné par János Thorma.

La Bibliothèque d'Apollodore inclut Dioné parmi les Titans et fait d'elle la fille de Gaïa et d'Uranus[8] Il fait d'elle la mère d'Aphrodite par Zeus mais décrit clairement Dioné comme l'une des partenaires adultères du dieu et non son épouse[9].

Chez Hygin[modifier | modifier le code]

La Généalogie ou Préface des Fables de Gaius Julius Hyginus (dit Hygin), énumère Dioné parmi les enfants de Gaia et d'Éther[10].

Chez Hésychios[modifier | modifier le code]

Le grammairien du Ve siècle Hésychios d'Alexandrie a décrit Dioné comme la mère de Bacchus dans son entrée de son Lexique[11]. Cette affiliation est soutenue séparément par l'une des scolies de Pindare[12].

Fonctions[modifier | modifier le code]

Originellement parèdre de Zeus, Dioné est considéré par Robert Graves comme une importante puissance agraire et une déesse du Chêne dans les mythes archaïques[13].

A contrario, la recherche moderne souligne le fait que Dioné est une déesse mineure[3] Son caractère marginal fait que sa nature se réduit à sa fonction d'épouse. Dioné ne représente probablement que la « puissance » du dieu de manière comparable à plusieurs couples dans le panthéon indo-européen dont l'épouse divine ne possède aucune individualité[14]

Plus tard, une fois Zeus associé à Héra et l'origine d'Aphrodite changée dans les mythes, les auteurs grecs en ont fait une déesse ou une Hyade assumant diverses fonctions très variables mais souvent secondaires (voir notamment Dioné l'Hyade, qui semble avoir été une hypostase tardive). Dioné semble même parfois être un synonyme pour Aphrodite.

Temples et culte[modifier | modifier le code]

Dioné sur une monnaie d’Épire.

Au Ier siècle av. J.-C., Dioné été vénérée comme une épouse de Zeus dans les temples de ce dernier[15].

À Lépréon[modifier | modifier le code]

À l'époque de Strabon, Dioné était vénérée dans un bosquet sacré près de Lépréon sur la côte ouest du Péloponnèse[16].

À Dodone[modifier | modifier le code]

Sanctuaire de Dodone vu du théâtre.

Le culte de Dioné était particulièrement important auprès de l'oracle de Zeus à Dodone[17] (peut-être comme l'épouse consort indo-européenne originale de Zeus).

Hérodote a appelé cet oracle le plus ancien de Grèce et a enregistré deux récits liés de sa fondation :

  • Dans le premier, il explique que les prêtres de Thèbes en Égypte lui ont dit que deux prêtresses avaient été emmenées par des pirates phéniciens, l'une en Libye et l'autre à Dodone et y continuèrent leurs rites antérieurs.
  • Dans le deuxième, il donne le récit que lui ont donné les prêtresses de Dodone qui lui affirmèrent que deux colombes noires[18] s'étaient envolées vers la Libye et Dodone et y commandèrent la création d'oracles de Zeus[19].

Homère[20] et Hérodote font tous deux de Zeus la divinité principale du site, mais certains érudits proposent que Dodone servait peut-être à l'origine de centre de culte à une déesse de la terre ou déesse-mère.

À Pergame[modifier | modifier le code]

Hestia, Dioné et Aphrodite. Figures K, L et M du fronton Est du Parthénon, vers 447-433 av. J.-C. British Museum.

Dans la frise sculpturale du IIe siècle av. J.-C. du Grand Autel de Pergame, la figure de Dioné est inscrite dans la corniche directement au-dessus de son nom et se situe dans le tiers oriental de la frise nord, parmi la famille olympienne d'Aphrodite. Ce placement - faisant d'elle la progéniture de Gaïa et d'Uranus - est homérique et contredit la théorie avancée par Erika Simon selon laquelle l'organisation de l'autel était hésiodique[21].

La présence possible de Dioné dans le fronton est du Parthénon[22] la placerait également parmi les enfants de Gaïa et d'Uranus.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Smith, William. Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology: "Dióne". Spottiswoode & Co. (London), 1873.
  2. (en) Peck, Harry T. Harper's Dictionary of Classical Antiquities. Harper & Bros. (New York), 1898.
  3. a et b José L. García Ramón, « Hera and Hero: Reconstructing Lexicon and God-names », in David M. Goldstein, Stephanie W Jamison, Brent Vine (Hg.), Proceedings of the 27th Annual UCLA Indo-European Conference, UCLA Proceedings 27, 2017. 272 pages
  4. Musée de Bâle
  5. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 370)
  6. Hésiode. Théogonie, 353.
  7. Hésiode, Théogonie 183–200.
  8. Apollodore. Bibliothèque, I.i.3.
  9. Apollodore. Bibliothèque, I.iii.
  10. Hyginus. Fabulae, Préface.
  11. Hésychios d'Alexandrie : Lexique ou Collection alphabétique de tous les mots(Συναγωγὴ Πασῶν Λέξεων κατὰ Στοιχεῖον, Synagōgē Pasōn Lexeōn kata Stoicheion) : article "Bákkhou Diṓnēs".
  12. Scholie de Pindare Ode Pythique 3. 177.
  13. Graves, op. cit., chap. XIV et XXVII.
  14. Jean Haudry, La Religion cosmique des Indo-européens, Milan et Paris, Archè / Les Belles lettres, « Études indo-européennes », 1987, p. 107 et suiv.
  15. Strabon. Géographie, Vol. VII.
  16. Strabon. Géographie, Vol. VIII.
  17. Thompson, Dorothy B. Hesperia Supplements, 20 (1982), pp. 155–219. "Studies in Athenian Architecture, Sculpture and Topography: A Dove for Dione". JSTOR:1353956
  18. Les prêtr(ess)es étaient connu(e)s sous le nom de selloi et de peliades ("colombes"). Thompson (1982).
  19. Hérodote. Histoires, Vol. II, 54–57.
  20. Homère : Iliade, Livre XVI, & Odyssée, Livres XIV & XIX.
  21. E. Simon, Pergamon und Hesiod, Mainz, Von Zabern, (ISBN 3-8053-0083-2)
  22. Rhys Carpenter, « On Restoring the East Pediment of the Parthenon », American Journal of Archaeology, vol. 66, no 3,‎ , p. 265–268 [p. 267] (DOI 10.2307/501452, JSTOR 501452)