Delta Cancri

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δ Cancri
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 08h 44m 41,099s[1]
Déclinaison +18° 09′ 15,50″[1]
Constellation Cancer
Magnitude apparente +3,94[2]

Localisation dans la constellation : Cancer

(Voir situation dans la constellation : Cancer)
Caractéristiques
Type spectral K0III[3]
Indice U-B +0,99[4]
Indice B-V +1,08[4]
Indice R-I +0,54[4]
Astrométrie
Vitesse radiale +16,39 ± 0,25 km/s[5]
Mouvement propre μα = −17,67 mas/a[1]
μδ = −229,26 mas/a[1]
Parallaxe 24,98 ± 0,24 mas[1]
Distance 131 ± 1 al
(40,0 ± 0,4 pc)
Magnitude absolue +0,93[6]
Caractéristiques physiques
Masse 1,71 M[3]
Rayon 11 R[5]
Gravité de surface (log g) 2,7[5]
Luminosité 52 L[3]
Température 4 637 ± 27 K[3]
Métallicité −0,13 [Fe/H][5]
Rotation 2,8 km/s[5]
Âge 2,49 × 109 a[3]

Désignations

Asellus Asutralis, δ Cnc, 47 Cnc, HR 3461, HD 74442, HIP 42911, BD+18°2027, FK5 326, LTT 12274 SAO 98087, ADS 6967 A, WDS J08447 +1809A[7]

Delta Cancri (δ Cancri / δ Cnc) est une étoile géante de la constellation du Cancer. Elle est également connue sous le nom traditionnel d'Asellus Australis. En astronomie chinoise, elle fait partir de la loge lunaire Yugui.

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Asellus Australis est l’appellation qui prévaut aujourd’hui pour Delta Cancri / δ Cnc et approuvée par l’Union astronomique internationale (UAI)[8]. Aselli est l’adaptation latine du οἱ Ὄνοι, « les Deux Ânes », dans le pseudo-Théophraste et chez Aratos[9]. Voir aussi Delta Cancri / γ Cnc.

Mais on oublie que le mot n’est pas venu directement du grec, mais par les traductions latines des versions arabes de la Μαθηματική σύνταξις de Ptolémée, notamment celle d’ al-Ḥağğāğ (812), soit l’Almageste de Gérard de Crémone, où Asini pour γ et δ Cnc[10], est la traduction de l’arabe الحمران al-Ḥamārān, « les Deux Ânes » (nominatif du duel). À la Renaissance, on lit Asinos et Asellos (accusatif pluriel) dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[11]. La forme Asellus Borealis (nominatif singulier), notée par Richard Hinckley Allen (1899)[12], s’est répandue dans les catalogues du XXe siècle avant d’être retenue par l'UAI.

Notons que le nom Al Hamarein, qui est l’arabe الحمران al-Ḥamārayn (accusatif du duel), chez les traducteurs de Ptolémée comme al-Ḥağğāğ (812), calque du grec οἱ Ὄνοι, « les Deux Ânes », est donné par erreur pour α Cnc chez certains auteurs du XIXe, ce que relève Richard Hinckley Allen (1899)[13], ce qui permet à ce nom de se retrouver pour α Cnc dans des catalogues ultérieurs.

Environnement stellaire[modifier | modifier le code]

δ Cancri est une étoile relativement proche du Soleil, située à 40,0 ± 0,4 pc (∼130 al)[1] et elle est animée d'un mouvement propre important, d'environ 230 millisecondes d'arc par an. Elle s'éloigne du Soleil avec une vitesse radiale de +16 km/s[5].

δ Cancri possède deux compagnons optiques désignés δ Cancri B et C ; l'étude de leur mouvement propre et de leur parallaxe indique que leur proximité n'est qu'apparente et qu'elles ne sont pas liées physiquement à δ Cancri A[14]. Par ailleurs, un compagnon supplémentaire de cinquième magnitude, désigné δ Cancri Aa, situé à seulement 1/10 de seconde d'arc a été proposé ; cependant, les mesures de parallaxe du satellite Hipparcos n'ont pas permis de mettre en évidence que δ Cancri était une étoile multiple ; de plus cela obligerait les astronomes à revoir les mesures du rayon et de la luminosité de l'étoile, ce qui entrerait en contradiction avec les modèles d'évolution stellaire[15].

Observation[modifier | modifier le code]

Sa magnitude apparente est légèrement inférieure à 4 (3,94 dans le domaine visible[2]), mais elle demeure aisée à observer d'une part parce qu'elle est située dans une région du ciel relativement pauvre en étoile brillantes, et d'autre part parce qu'elle est à proximité du célèbre amas ouvert M44 (ou Praesepe) facile à repérer quand les conditions d'observation sont bonnes.

Située à proximité immédiate du plan de l'écliptique, elle est l'objet de conjonctions fréquentes avec les planètes ou la Lune, cette dernière étant même susceptible de l'occulter.

Propriétés[modifier | modifier le code]

δ Cancri est une étoile géante orangée de type spectral K0III et âgée d'environ 2,5 milliards d'années[3]. Il s'agit très probablement d'une étoile qui fait partie du red clump[15], qui génère son énergie par le fusion de l'hélium dans son noyau. Elle est environ 1,7 fois plus massive que le Soleil[3] mais l'étoile s'est étendue de telle sorte que son rayon est désormais onze fois plus grand que celui du Soleil[5]. Elle est 52 fois plus lumineuse que le Soleil et sa température de surface est de 4 637 K[3]. L'étoile tourne sur-elle même avec une vitesse de rotation projetée de 2,8 km/s[5] ; il lui faut environ 240 jours pour compléter une rotation[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a et b (en) J. R. Ducati, « VizieR Online Data Catalog: Catalogue of Stellar Photometry in Johnson's 11-color system », CDS/ADC Collection of Electronic Catalogues, 2237, 0,‎ (Bibcode 2002yCat.2237....0D)
  3. a b c d e f g et h (en) R. Earle Luck, « Abundances in the Local Region. I. G and K Giants », The Astronomical Journal, vol. 150, no 3,‎ , p. 88 (DOI 10.1088/0004-6256/150/3/88, Bibcode 2015AJ....150...88L, arXiv 1507.01466)
  4. a b et c (en) Bright Star Catalogue, « HR 3461 », sur Alcyone
  5. a b c d e f g et h (en) Alessandro Massarotti et al., « Rotational and radial velocities for a sample of 761 HIPPARCOS giants and the role of binarity », The Astronomical Journal, vol. 135, no 1,‎ , p. 209–231 (DOI 10.1088/0004-6256/135/1/209, Bibcode 2008AJ....135..209M)
  6. (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  7. (en) * del Cnc -- Double or multiple star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  8. (en) IAU, « « Star Names », sur le site « UAI », consulté le=14 juin 2023. »
  9. André Le Bœuffle, Les Noms latins d’astres et de constellations, éd. Paris : Les Belles Lettres, 1977, p. 211.
  10. Gérard de Crémone, Almagestum Cl. Ptolemei Pheludiensis Alexandrini astronomorum principis…, Venise : ex. Officina Petri Liechtenstein, 1515, fol. 82r.
  11. Voir Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 25r.
  12. Richard Hinkley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 112.
  13. Richard Hinkley Allen, Star-names..., op. cit, p.111.
  14. (en) Brian D. Mason et al., « The 2001 US Naval Observatory Double Star CD-ROM. I. The Washington Double Star Catalog », The Astronomical Journal, vol. 122, no 6,‎ , p. 3466 (DOI 10.1086/323920, Bibcode 2001AJ....122.3466M)
  15. a b et c (en) James B. Kaler, « Asellus Asutralis », sur Stars

Lien externe[modifier | modifier le code]