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Bharata natyam

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Sur fond noir, une jeune femme, portant une robe rouge et orange et de nombreux bijoux, écarte ses deux bras et lève son pied droit jusqu'à son bras droit.
Danseuse de bharata natyam.

Le bharata natyam, auparavant appelé Sadhir Attam, est une danse classique indienne originaire du Tamil Nadu, dans l'Inde méridionale.

C'est l'une des plus anciennes danses traditionnelles indiennes. Mélange de danse classique et d'art martial à la base, elle est liée aux pratiques religieuses dès son origine. Elle est l'une des huit formes de danse reconnues par la Sangeet Natak Akademi (en), les autres étant le kathak, le kuchipudi, l'odissi, le kathakali, le mohiniyattam, le manipuri, le sattriya et elle exprime les thèmes religieux et les idées spirituelles de l'Inde du Sud, en particulier le shivaïsme, le vishnouisme et le shaktisme. Avec le temps, elle fut interdite sous la domination anglaise, mais autorisée dans les comptoirs français de Pondichéry (Sud du pays).

La description du bharata natyam, au IIe siècle de notre ère est mentionnée dans l'ancienne épopée tamoule Silappatikaram, tandis que les sculptures des temples du VIe au IXe siècle de notre ère suggèrent qu'il s'agissait d'un art du spectacle bien raffiné au milieu du premier millénaire de notre ère. Le bharata natyam est la plus ancienne tradition de danse classique en Inde. Cette forme de danse était répandue dans l'ancien Tamil Nadu, et plusieurs livres les ont codifiés comme le Nâtya-shâstra. Le Nâtya-shâstra n'est qu'une codification par un auteur inconnu des formes de danse existant au Tamil Nadu.

La pratique de la danse a souffert au XIXe siècle d'une dévalorisation de cet art par les colonisateurs anglais. La tradition a été sauvée puis renouvelée au cours du XXe siècle, notamment après l'indépendance.

Il existe différents styles de bharata natyam. Le bharata natyam est souvent une danse de soliste dont l'apprentissage est très difficile et très long. Souvent enseignée aujourd'hui aux jeunes filles, elle est restée ouverte aux garçons.

Origines possibles de l'expression

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Initialement connue sous le nom de sadhiraattam (tamoul : சதிராட்டம்), la danse classique indienne de bharata natyam doit son nom actuel à E Krishna Iyer et Rukmini Devi Arundale, qui ont contribué à renouveler cette danse, en l'apurant et en lui redonnant sa dimension spirituelle initiale. Le mot bharatha (bha-ra-tha) est composé de trois syllabes qui pourraient faire référence respectivement à trois mots : bavam (l'expression du visage), ragam (la musique et le rythme) et thalam (rythme imprimé par la main ou par le karuvi)[1],[2],[3].

Le mot natyam est un mot Tamoul pour la combinaison de mouvement, musique et théâtre, une façon de définir l'art de la danse[4].

Les phases de la danse

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Un spectacle typique comprend :

Pushpanjali ou Kautuam

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Une prière traditionnelle d'ouverture au dieu Ganesha, qui écarte les obstacles. Elle comprend une courte partie d'abinaya (expressions du visage).

Une présentation du tala (rythme), suite de syllabes chantées par la danseuse. Cette danse est entièrement dédiée au dieu Nataraja. Entièrement technique, elle représente l'ouverture : les postures et les mouvements de plus en plus complexes symbolisent l'épanouissement d'une fleur et de l'art.

Allaripu est constitué de pas de base dont le nombre total s'élève à 218, mais pour faire du bharatha natyam il y a une chose importante : l'Aramandi ou Ardha Mandalam (अर्ध मंडलम्)[5].

Jathiswaram

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C'est une danse technique et abstraite où le rythme est scandé par le tambour. La danseuse montre ici sa dextérité dans le travail des pieds et la grâce des mouvements de son corps. Les pas (ou Jatis), composés d'adavus (enchaînements de mouvements) sont chorégraphiés en harmonie avec les notes (ou Svara) sur une mélodie (appelée raga).

La danse est ici accompagnée par un poème ou une chanson sur un thème dévotionnel ou amoureux. Cette danse parle souvent des dieux, racontant une histoire ou un récit épique. Dans le déroulement d'un récital, c'est la première danse narrative, développant l'abhinaya qui signifie l'expression du visage ou du corps.

La pièce centrale du spectacle. C'est aussi la partie la plus longue qui montre les mouvements les plus complexes et les plus difficiles. Les positions des mains et du corps racontent une histoire, habituellement d'amour et de désir. Elle varie entre sa partie technique et sa partie d'abinaya et dure de 20 à 30 minutes.

Probablement la partie la plus lyrique où la danseuse exprime certaines formes d'amour : dévotion à l'être suprême, amour maternel, amour des amants séparés puis réunis. Tout comme le shapdam ou le jaavali, c'est une danse d'abhinaya.

Figure de face.

Cette dernière partie est une danse abstraite où la virtuosité de la musique trouve son parallèle dans le travail des pieds et les poses captivantes de la danseuse. C'est la danse la plus technique qui clôt le spectacle.

En sanscrit thillana signifie « explosion de joie ».

Le spectacle se termine par la récitation de quelques versets religieux en forme de bénédiction.

Musique et instruments

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La musique est dans le style carnatique du sud de l'Inde[6], considérée par certains comme une forme plus pure que celle de la musique du nord de l'Inde.

Les instruments utilisés dans l'ensemble cinna mêlyam (« petit ensemble ») accompagnant le bharata natyam sont le mridang (tambour), le nâgasvaram (un hautbois), la flûte venu, le violon et la vînâ (un instrument à cordes, luth indien)[7].

Rukmini Devi Arundale en 1940.

Les fondements théoriques du bharata natyam se trouvent dans le Nâtya-shâstra, une œuvre encyclopédique de l'hindouisme, antique, donnant les bases du théâtre indien[8],[9],[10].

Des références historiques au bharata natyam sont présentes également dans les épopées tamoules, telle que le Silappatikaram[1]. Le texte du Silappatikaram inclut l'histoire d'une danseuse nommée Madhavi et décrit la formation à cette danse. Les sculptures du temple Shiva de Kanchipuram, datées du VIe et Xe siècles de notre ère, suggèrent que le Bharatanatyam était un art de la performance bien développé vers le milieu du premier millénaire[8],[1],[11].

Avec la domination coloniale britannique, à partir du XIXe siècle, de nombreuses formes de danse classique indienne ont été ridiculisées, dévalorisées, et découragées[12].Des missionnaires chrétiens et des responsables britanniques ont présenté les danseuses kathak de l'Inde du Nord et les devadasis (danseuses dans les temples) du Sud (pratiquant le bharata natyam) comme preuves d'une dépravation sexuelle[13],[14],[15]. La pratique de la danse a été accusée de n'être qu'une façade pour la prostitution[16],[17].

En 1910, la Présidence de Madras, représentant la monarchie britannique en Inde, interdit la danse dans les temples, portant un coup à la pratique traditionnelle du bharata natyam, toute professionnalisation du métier de danseuse devenant également peu recommandable pour la «bonne société» indienne[18].

Raghunath Manet

Rukmini Devi Arundale (1904-1986) lance en 1936 la Fondation Kalakshetra près de Chennai, pour la sauvegarde de cet art millénaire. La pratique du bharata natyam se renouvelle d'autant plus facilement après l'indépendance de l'Inde en 1947, notamment grâce à l'intérêt des gouvernements indiens pour cet élément du patrimoine culturel du pays, grâce à l'action de la Fondation Kalakshetra, mais aussi par des artistes telle que Balasaraswati, issue d'une lignée de danseuse. Ce style de danse classique indienne devient le plus populaire en Inde. Il jouit également d'un grand soutien dans les communautés indiennes expatriées. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le bharata natyam devient à la tradition de la danse indienne, ce qu'a été le ballet en occident[19]. Des danseuses et chorégraphes comme Mrinalini Sarabhai jouent dans ce retour au premier plan un rôle majeur[20],[21].

Parmi les professeurs de bharata-natyam, on peut citer : Minakshisundaram Pillai, Chokkalingam Pillai, Ram Gopal. Raghunath Manet, « fils spirituel » de Ram Gopal, est apprécié pour avoir innové et introduit une certaine notion de chorégraphie dans le bharata-nâtyam. La danseuse et chorégraphe indienne Chandralekha, admirée par la chorégraphe allemande Pina Bausch, a insuflé également un certain renouvellement de ce type de danse[22],[23],[24]. Yamini Krishnamurthy est une danseuse indienne de bharata natyam et de kuchipudi. D’autres artistes, comme Malavika Sarukkai ont été des interprètes de cette danse sur les scènes internationales[25],[26],[27],[28],[29].

Notes et références

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Références

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  1. a b et c (en) James G. Lochtefeld, The Illustrated Encyclopedia of Hinduism : A-M, The Rosen Publishing Group, (ISBN 978-0-8239-3179-8, lire en ligne), p. 103–104.
  2. (en) Anjani Arunkumar, Compositions for Bharatanāṭyam : A Soulful Worship of the Divine, Bharatiya Vidya Bhavan, (lire en ligne), xxi–xxii.
  3. (en) Brenda P McCutchen, Teaching Dance as Art in Education, Human Kinetics, (ISBN 978-0-7360-5188-0, lire en ligne), p. 450–452.
  4. (en) Douglas Knight, Balasaraswati : Her Art and Life, Wesleyan University Press, (lire en ligne), p. 290.
  5. (en) « Bharatanatyam Postures or Positions ».
  6. (en) Siyuan Liu, Routledge Handbook of Asian Theatre, Routledge, (ISBN 978-1-317-27886-3, lire en ligne), p. 132.
  7. (en) P. K. Ravindranath, Bhavaṁ, ragaṁ, talam, natyaṁ : a hand-book of Indian dance, Savita Damodaran Arengetra Samiti, (lire en ligne), « Music in Bharata Natyam », p. 44-84.
  8. a et b (en) Mohan Khokar, Traditions of Indian Classical Dance, Clarion Books, , p. 73–76.
  9. (en) Eugenio Barba et Nicola Savarese, A Dictionary of Theatre Anthropology : The Secret Art of the Performer, Routledge, (ISBN 978-1-135-17634-1), p. 208.
  10. (en) Peter Fletcher et Laurence Picken, World Musics in Context : A Comprehensive Survey of the World's Major Musical Cultures, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-517507-3), p. 262.
  11. (en) George Kilger, Bharata Natyam in Cultural Perspective, Manohar American Institute of Indian Studies, , p. 2.
  12. (en) Leslie C. Orr, Dons, Devotees, and Daughters of God : Temple Women in Medieval Tamilnadu, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-535672-4, lire en ligne), p. 11-13.
  13. (en) Mary Ellen Snodgrass, The Encyclopedia of World Folk Dance, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1-4422-5749-8), p. 165-168.
  14. (en) Nalini Ghuman, Resonances of the Raj : India in the English musical imagination, 1897-1947, New York, NY, Oxford University Press, , 345 p. (ISBN 978-0-19-931489-8), p. 97 (note 72).
  15. (en) Margaret E. Walker, India's Kathak Dance in Historical Perspective, Routledge, (ISBN 978-1-317-11737-7), p. 94-98.
  16. (en) Amrit Srinivasan, « The Hindu Temple-dancer : Prostitute or Nun ? », The Cambridge Journal of Anthropology, vol. 8, no 1,‎ , p. 73-99 (JSTOR 23816342).
  17. (en) Leslie C. Orr, Dons, Devotes et Daughters of God : Temple Women in Medieval Tamilnadu, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-535672-4), p. 5, 8-17.
  18. (en) Pallabi Chakravorty et Nilanjana Gupta, Dance Matters : Performing India on Local and Global Stages, Routledge, p. 30.
  19. (en) Anne-Marie Gaston et Julia Leslie, Roles and Rituals for Hindu Women, Motilal Banarsidass, , 149–150, 170–171 (ISBN 978-81-208-1036-5).
  20. (en) « Mrinalini Sarabhai passed away », The Hindu,‎ (lire en ligne).
  21. (en) Nida Najar, « Mrinalini Sarabhai, Indian Classical Dancer and Choreographer, Dies at 97 », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  22. Dominique Frétard, « Les leçons d'amour iconoclastes de Chandralekha », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  23. (en) « Chandralekha : Controversial Indian dancer whose ideas challenged convention », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  24. Milena Salvini, « Chandralekha Prashudas Patel, dite Chandralekha [Wada, Maharashtra 1928 – Madras, 2006] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 829.
  25. « Danse. Malavika Sarukkai et Mdhavi Mudgal au Rond-Point / Théâtre Renaud-Barrault. Deux Indiennes entre la terre et l'espace », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  26. (en) « Dance has been my life since I was 7 : Malavika Sarukkai », The Times of India,‎ (lire en ligne).
  27. (en) Brian Seibert, « Stories Told With a Leap, Even a Shake », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  28. (en) Mark Swed, « Review : In dance, Malavika Sarukkai explores and expresses the essence of the Ganges », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
  29. (en) Naseem Khan, « Malavika Sarukkai. Queen Elizabeth Hall, London », The Independent,‎ (lire en ligne).

Liens externes

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