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Béla Tarr

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Béla Tarr
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Béla Tarr en 2012.
Naissance (69 ans)
Pécs, Hongrie
Nationalité Drapeau de la Hongrie Hongroise
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables Damnation,
Le Tango de Satan,
Les Harmonies Werckmeister,
Le Cheval de Turin

Béla Tarr est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma hongrois né le à Pécs en Hongrie. Il est reconnu comme un auteur original et exigeant, donnant, à travers son cinéma, une expérience singulière de la durée et une vision du monde inédite[1].

Il a reçu l'Ours d'argent au Festival de Berlin 2011 pour Le Cheval de Turin.

Intéressé à l'art par des parents qui travaillent dans un théâtre, Béla Tarr commence à réaliser des films amateurs à 16 ans[1]. Il continue à se familiariser avec le cinéma en travaillant à la Maison de la Culture et du Divertissement[1]. Son travail lui vaut rapidement l'attention des studios Béla Balázs qui lui offrent la possibilité de mettre en scène son premier long métrage Családi tűzfészek (Nid familial) en 1979, consacré au réalisme socialiste[1]. Ses deux films suivants L'Outsider (Szabadgyalog) en 1981 et Panelkapcsolat (Rapports préfabriqués) en 1982 sont dans la même veine. Entre-temps, Tarr vit de petits métiers et suit des études à l'École supérieure de théâtre et de cinéma de Budapest[1]. Par l'usage de la caméra portée, ses premières œuvres ne s'inscrivent pas dans un mouvement contestataire mais se conçoivent comme des chroniques sans concession sur le quotidien pénible de la Hongrie communiste[1].

C'est avec une adaptation de Macbeth pour la télévision en 1982 que sa façon de filmer va vraiment changer : le film ne comportant que 2 plans, le premier (avant le générique) de 5 minutes, le second de 67 minutes.

La sensibilité de Tarr porte aussi bien sur les plans très serrés que sur des compositions abstraites ou de longues prises[1]. Au fur et à mesure, il personnalise sa manière de filmer qui se ressentait initialement de l'influence de Miklós Jancsó[1] : durée dilatée, noir et blanc stylisé, mouvements d'appareil complexes, plans séquences sophistiqués, confusion des espaces[2]… Sur le fond, il passe d'une description psychologique et sociale réaliste à une quête métaphysique et allégorique proche d'Andreï Tarkovski[3]. Cependant, Tarr se définit comme athée et sa vision du monde est marquée par un profond pessimisme[2]. Contrairement aux films de Tarkovski où l'espoir d'un ailleurs spirituel est possible, le cinéaste réfute toute idée de grâce salvatrice[2].

« Les œuvres de Béla ont une démarche organique et contemplative plutôt que tronquée et contemporaine. Elles s'avèrent contempler la vie d'une manière qui est presque impossible à retrouver dans un film moderne ordinaire. Elles sont tellement plus proches des vrais rythmes de la vie qu'il nous semble assister à la naissance d'un nouveau cinéma. Béla Tarr est l'un des rares cinéastes réellement visionnaire. »

— Gus Van Sant[4],[5]

« Béla Tarr est l'un des artistes les plus audacieux du cinéma. »

— Martin Scorsese[6]

En 1984, sous l'influence de Rainer Werner Fassbinder qu'il vient de découvrir, il tourne Őszi almanach (Almanach d'automne), son dernier film en couleur[7]… En 1987, Damnation (Kárhozat) marque sa première collaboration avec le scénariste et romancier László Krasznahorkai dont les préoccupations mystiques et la représentation cosmogonique influencent ses futures réalisations[2]. Dès lors, le réalisateur radicalise sa démarche artistique : il opacifie le contour de ses personnages et déréalise l'intrigue de ses films, ancrés de prime abord dans un cadre spécifiquement hongrois[2].

La collaboration avec Krasznahorkai se poursuit : Tarr met sept ans pour adapter le roman de ce dernier, Le Tango de Satan, dont il tire un chef-d'œuvre de 415 minutes. Le film sort en 1994. Malgré les difficultés de production et de distribution, l'œuvre est encensée internationalement. Pour mener à bien la réalisation des Harmonies Werckmeister, sorti en 2000 et également adapté d'un roman de Krasznahorkai ( Mélancolie de la Résistance), il met plusieurs années pour réunir le financement nécessaire et boucler le plan de tournage. Le film, dernière partie du triptyque commencé par Damnation, est acclamé par la critique et connaît un brillant parcours en festivals[réf. souhaitée]. En 2004, il réalise le court-métrage Prologue (Visions of Europe).

En 2003, The Guardian le classe 13e dans la liste des 40 meilleurs réalisateurs contemporains[8].

Pour la plupart de ses films, Tarr s'entoure de deux fidèles collaborateurs : son épouse pour le travail de script et le montage, et le musicien Mihály Víg (également acteur dans certains de ses films) pour l'ambiance sonore si particulière de ses films.

À partir de 2004, le cinéaste travaille sur un nouveau projet L'Homme de Londres, adapté d'un roman de Georges Simenon. Cependant, le suicide de son producteur Humbert Balsan, en février 2005, retarde considérablement le projet et le tournage démarré à Bastia, en Corse, est achevé à temps pour participer à la compétition du Festival de Cannes 2007.

En février 2011, Tarr présente Le Cheval de Turin (A Torinói ló) à la 61e Berlinale. Cette fable sur la fin du monde y reçoit l'Ours d'argent. Elle est, selon ses propres dires, son ultime réalisation pour plusieurs raisons : il pense que le public ne veut plus de ce cinéma-là et que le processus de production devient de plus en plus difficile en Hongrie[9],[10], mais surtout, il a le sentiment d'avoir dit tout ce qu'il avait à dire sur un plan métaphysique et refuse d'entrer dans un processus ennuyeux de répétition.

Béla Tarr est professeur à la Film Akademie de Berlin depuis 1990[1].

En 2012, il contribue à fonder un cursus doctoral de cinéma, la film.factory, au sein de la Faculté de science et technologie de l’Université de Sarajevo[11].

En décembre 2016, il préside le jury du 16e Festival international du film de Marrakech.

Filmographie

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Réalisateur

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Courts métrages

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Longs métrages

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Distinctions

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Rétrospective

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Bibliographie

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  • Émile Breton, « Béla Tarr, le regard du maître », Cinéma, no 3, avril 2002
  • Dossier spécial Béla Tarr, Vertigo, n°41, octobre 2011.
  • Jacques Rancière, Béla Tarr, le temps d'après, Paris/Avignon, Capricci, coll. « Actualité critique », , 1re éd., 96 p. (ISBN 978-2-918040-37-8)
  • Jean-Michel Frodon, "Statut de Béla Tarr", Projection Publique, 6 décembre 2011
  • Jean-Louis Libois, « Béla Tarr : de l’autre côté de la fenêtre ouverte sur le monde », dans Marie Martin et Laurence Schifano (dir.), Rêve et cinéma : Mouvances théoriques autour d'un champ créatif, Presses universitaires de Paris Nanterre, , 314 p. (ISBN 9782840161035, lire en ligne), p. 197-201
  • Christine Palmiéri, « Béla Tarr : de l’outrance à l’indigence », Inter : art actuel, no 87,‎ , p. 21-23 (lire en ligne, consulté le )
  • « Béla TARR – si près, si loin », Nunc, vol. 29,‎ (résumé), avec une discussion publique de B. Tarr et un entretien avec Mihály Víg
  • Corinne Maury, "Béla Tarr, la pluie muraille", L'attrait de la pluie, Crisnée, Yellow Now, coll. « Côté cinéma », , 1re éd., 92 p. (ISBN 978-2-87340-334-8)
  • Tarr - 60: studies in honour of a distinguished cineast. Publié par Eve-Marie Kallen.Underground Kiadó és Terjesztő Kft, Budapest Dec. 2015.
  • Sous la direction de Corinne Maury et Sylvie Rollet, Béla Tarr. De la colère au tourment, Edition Yellow Now, Collection Côté Cinéma, Crisnée, 2016, 144 pages

Notes et références

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  1. a b c d e f g h et i Béla Tarr sur le site de l'encyclopædia Universalis, consulté le 01 juin 2014.
  2. a b c d et e « Béla Tarr : un cinéma de l'apocalypse » par Raphaël Bassan sur le site de l'encyclopædia Universalis, consulté le 01 juin 2014.
  3. Palmiéri 2004
  4. "La caméra est une machine", traduit en 2001 dans Trafic n°50
  5. « La caméra est une machine* par Gus Van Sant (Trafic 50, 2004) », sur filmfilm.eu, (consulté le ).
  6. https://laboutique.carlottafilms.com/products/satantango-de-bela-tarr
  7. « Béla Tarr : deux trilogies » par Raphaël Bassan sur le site de l'encyclopædia Universalis, consulté le 01 juin 2014.
  8. (en-GB)« Film Features: The world's 40 best directors… 13. Béla Tarr », sur Guardian.co.uk (consulté le )
  9. a b et c Isabelle Regnier, « "Le Cheval de Turin" : magistral final pour Béla Tarr », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Didier Péron, « Le mors dans l’âme », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Béla Tarr ouvre une école de cinéma à Sarajevo », sur Projection Publique (consulté le )

Article connexe

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Liens externes

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