Bataille de Taillebourg

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Bataille de Taillebourg
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Taillebourg, par Eugène Delacroix en 1837.
Informations générales
Date
Lieu Pont sur la Charente
Issue Victoire française décisive
Belligérants
Royaume de France
Comté de Poitiers
Royaume d'Angleterre
Maison de Lusignan
Commandants
Louis IX de France
Alphonse de Poitiers
Henri III d'Angleterre
Hugues X de Lusignan
Forces en présence
4 000 chevaliers

Infanterie de 20 000 hommes

Total d'environ 24 000 hommes[1]
1 600 chevaliers

700 arbalétriers mercenaires
Infanterie de 20 000 hommes

Total d'environ 22 300 hommes[1]
Pertes
Faibles Importantes

Guerre de Saintonge

Coordonnées 45° 49′ 48″ nord, 0° 39′ 00″ ouest

Il y eut deux batailles de Taillebourg, lieu de passage stratégique entre le nord de la France et le sud, par le pont construit sur la Charente.

Une révolte féodale

Le départ de ce dernier épisode de la « première guerre de Cent Ans » entre le roi de France et le roi d'Angleterre se trouve dans la révolte d'un baron poitevin, Hugues X, seigneur de Lusignan.

Le comté a une longue tradition d'autonomie au sein de l'Aquitaine, loin des capitales successives du royaume de France ou d'Angleterre, dans la mouvance duquel il se trouve depuis le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II Plantagenêt. Le Poitou est confisqué (tombe en commise) le 28 avril 1202[2] sur jugement de Philippe Auguste à l'encontre de Jean sans Terre, et est rattaché à la couronne de France peu après. C'est donc à la fois pour ménager la défiance des seigneurs poitevins à l'égard d'un suzerain récent, et pour constituer un domaine à son fils cadet, que Louis VIII le Lion, successeurs de Philippe Auguste, donne le Poitou en apanage à ce fils, Alphonse de Poitiers. Celui-ci n'a que 6 ans à la mort de son père, en 1226, et est donc comme son frère aîné âgé de 12 ans, futur saint-Louis, placé sous la régence de sa mère Blanche de Castille.

Il n’est adoubé qu'à l'âge de 18 ans, par son frère, et ne prend possession de son fief qu'en 1240. Il reçoit à cette occasion l'hommage lige des seigneurs de la province, dont l'un des plus puissants d'entre eux, Hugues X de Lusignan. Celui-ci, outre son fief familial, possède plusieurs places en Poitou, dont le château de Montreuil, et surtout le comté de la Marche.

Tout comme de nombreux seigneurs poitevins, Hugues de Lusignan n'accepte pas de perdre l'autonomie qu'il avait auparavant, et comme en 1173-1179, 1188 et 1194 contre le roi d'Angleterre, et en 1219-1224, la noblesse poitevine se ligue contre son suzerain trop puissant. Le point de départ de l'affrontement se situe à Noël 1241, lorsque, sans doute à l'instigation de son épouse Isabelle d'Angoulême, mère d'Henri III d'Angleterre et ancienne fiancée de son père Hugues IX, Hugues X de Lusignan insulte le comte de Poitiers dans son palais.

La reprise en main capétienne

Immédiatement, la famille capétienne réagit. Le , Alphonse de Poitiers convoque la noblesse poitevine à Chinon pour la Pâques. Des seigneurs fidèles, d'autres moins fidèles mais ennemis des Lusignan, répondent à l'appel : ainsi Geoffroi IV de Rancon, seigneur de Gençay. Bien que sa mère Blanche ait déjà fait face avec succès à des révoltes féodales et gère encore les affaires du royaume depuis 1226 avec le titre de baillistre, Louis IX décide de porter secours à son frère et dirige la campagne. Il arrive à Chinon le 28 avril, à Poitiers le 4 mai, avec une armée de 30 000 hommes, chevaliers et fantassins, et des engins de siège. Le 9 mai ils réussissent à s'emparer du château de Montreuil-Bonin, la place forte des Lusignan. Après avoir pris la tour de Béruges, Moncontour, Vouvant et Fontenay-le-Comte ils se dirigent vers Saintes. Le roi d'Angleterre, Henri III, a en effet débarqué à Royan à la mi-mai, avant de rejoindre à Pons son parent Hugues de Lusignan et Raymond VII de Toulouse qui cherche à compenser le traité de 1229 qui lui a ôté la plus grande part de ses terres. Il est également accompagné de son frère Richard, prince de Cornouailles et comte de Poitiers en titre depuis 1225.

Déroulement

Le roi de France est hébergé au château de Taillebourg, qui surplombe le premier pont sur la Charente depuis son embouchure et passage stratégique entre Saint-Jean-d'Angély et le Poitou au nord, et Saintes (qui appartenait alors aux Lusignan) et la Guyenne au Sud.

Le 19 juillet, les deux armées se font face de chaque côté du pont, sans qu'un véritable combat ait lieu. La bataille a lieu le 21 juillet, et se résume en une charge massive des chevaliers français, qui déboulent du château et bousculent leurs adversaires, contraints à fuir. Le sire de Bourbon, Archambaud VIII, l'un des commandants de l'armée royale, est mortellement blessé.

Après cet engagement qui leur permet de contrôler un pont stratégique, les Français et leurs alliés exploitent leur avantage. Le 23 juillet, a lieu la bataille qui est réellement décisive sous les murs de Saintes. Les Anglo-Aquitains sont à nouveau battus, de façon définitive.

Bilan

Le roi d'Angleterre signe une trêve de cinq ans à Pons le . Une paix plus durable est conclue à Paris le (traité de Paris).

Le roi de France restitue à son vassal infidèle les terres dont il n'est pas sûr que la conquête ait été parfaitement légitime : Quercy, Limousin et Saintonge, pensant que ce noble geste lui assurerait à la fois la paix avec l'Angleterre, dont il estime le roi, et garde la possession du Poitou, du Maine, de l’Anjou et de la Normandie.

Le règlement de la révolte féodale est moins avantageux et plus rapide pour Hugues X de Lusignan : un tiers de ses châteaux poitevins est confisqué, réarmé et vendu par Alphonse de Poitiers ; il perd aussi la pension qu’il percevait du trésor royal. Sa petite fille Isabelle de Lusignan, à peine pubère, épouse en 1250 le fils de son ennemi Geoffroi de Rancon, seigneur de Gençay, qui fait reconstruire son château avec la dot.

Quant à Raymond VII, la paix de Lorris, signée en janvier 1243, renouvelle les conditions qui lui avaient été faites auparavant.

Œuvres d'art

Détail de la toile de Delacroix en 1837.

Eugène Delacroix a représenté la bataille dans son tableau La Bataille de Taillebourg gagnée par saint Louis, présenté au Salon de 1837. Il est conservé dans la galerie des batailles de Versailles[3] qui avait pour objectif de montrer la grandeur de la France par ces victoires militaires et de montrer les rois comme des défenseurs de l’unité nationale et de la chrétienté contre les étrangers.

On voit bien sur le tableau, le rôle central de Saint-Louis pendant la bataille. Ce rôle est accentué par le fait qu’il soit peint en bleu et surtout que son cheval soit peint en blanc ce qui le fait ressortir puisque le reste du tableau est plutôt sombre. De plus, l’importance du roi durant la bataille est renforcée par le panneau explicatif du tableau sur lequel on pouvait lire qu’il s’agit « d’une victoire grâce au roi pour l’unité nationale ».

On voit aussi que la victoire n’est pas encore acquise pour les Français, ce qui renforce le réalisme de la toile tout comme l’exactitude des habits et des armes, qui ont été étudiées par Delacroix.

Le tableau illustre une mise en scène de l'histoire à vocation épique et guerrière avec l'accent mis sur l'action de la figure royale et des postures exagérées des chevaux au centre de la toile[4]

Notes et références

  1. a et b Ian Heath, Armies of Feudal Europe 1066-1300, Wargames Research Group, septembre 1989, 159 pages, (ISBN 978-0904417425).
  2. Jean Favier, Les Plantagenêts : Origines et destin d'un empire (XIe-XIVe siècles), Paris, Fayard, coll. « Biographies Historiques », , 962 p. (ISBN 2-213-62136-5, BNF 39245762, lire en ligne).
  3. Musée national du Château de Versailles et de Trianon, Delacroix à Versailles : autour de la Bataille de Taillebourg [exposition], Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 16 novembre 1998-16 février 1999, Réunion des musées nationaux, (ISBN 978-2-7118-3817-2, lire en ligne)
  4. Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson, Versailles : histoire, dictionnaire et anthologie, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 988 p. (ISBN 978-2-221-11502-2, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Chapelot, « La bataille de Taillebourg a-t-elle eu lieu ? », L'Histoire, vol. 350, no 2,‎ , p. 68 -73 (ISSN 0182-2411, lire en ligne, consulté le ).

Liens externes