Armand Reclus

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Armand Reclus
Armand Reclus vers 1880.
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Armand Reclus, né le à Orthez (Pyrénées-Atlantiques) et mort le à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) est considéré comme l'un des pères du canal de Panama.

L'un des « cinq frères Reclus », très doué pour les langues, il est ingénieur naval, major de sa promotion à l'école navale impériale en 1862. Pendant dix ans, il participe à des campagnes dans le Pacifique et aux conquêtes coloniales françaises en Indochine.

Également géographe, il prend part de 1876 à 1878 à l'exploration de la région du Darien organisée par Ferdinand de Lesseps. Le tracé du canal de Panama qu'il propose est adopté en 1879 lors du Congrès international de géographie face à dix autres projets. Il dirige le chantier de percement à son démarrage mais démissionne en 1882, face à l'ampleur inattendue des difficultés.

Après avoir quitté la marine française, il devient à partir de 1885 le propriétaire de plusieurs exploitations viticoles en France et en Tunisie, où il passe la majeure partie de son temps. Définitivement revenu en France en 1911, il est en 1927 le dernier des frères Reclus à mourir, après être tombé dans un relatif anonymat.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et études[modifier | modifier le code]

De son nom complet Elie Armand Ebenhezer Reclus[1], il naît à Orthez le . Il est chronologiquement le quatrième des cinq frères Reclus, parmi les quatorze enfants du pasteur protestant Jacques Reclus et de son épouse Zéline[2].

Comme ses frères aînés, il réalise sa scolarité au collège protestant de Sainte-Foy-la-Grande, où son père avait été professeur, puis est envoyé en Allemagne à Neuwied dans une confrérie protestante (les Frères Moraves[3]). Il y acquiert une parfaite maîtrise de l'anglais et de l'allemand, et parle également espagnol, suédois et hollandais[4].

Revenu en France en 1857[5], il intègre à l'âge de seize ans l'école navale impériale. Pour cela, il bénéficie d'une bourse accordée à l'unanimité par le conseil municipal d'Orthez, ses parents, qui y sont considérés comme des bienfaiteurs n'ayant pas les moyens de financer ses études[6]. Il se lie d'amitié avec l'un de ses camarades de promotion, Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse[7].

Officier de marine[modifier | modifier le code]

Il sort de l'école navale major de sa promotion le , et est affecté à Toulon comme aspirant de 2e classe. Il participe les années suivantes à plusieurs campagnes dans les mers de Chine et du Japon, prend part à des conquêtes coloniales en Indochine, en profite pour apprendre le chinois[8].

En 1864, il est nommé aspirant de 1re classe. Jusqu'en 1867, il est chef de quart sur une frégate à voile, l'Isis. En 1869, il passe par La Nouvelle-Calédonie, la Chine et le Japon, où il séjourne l'année suivante et est promu lieutenant de vaisseau. De retour en France, il est de 1872 à 1874 basé à Toulon comme officier sur L'Alexandre, un vaisseau à hélice de 800 cv. Pendant cette période, il apprend le russe[9].

Le , il épouse à Sainte-Foy-la-Grande Eva Guignard (1853-1948), fille d'un négociant en vins. En 1875, en mission de reconnaissance en mer Baltique, il est arrêté par l'Allemagne et passe cinq mois en prison pour avoir dessiné sans autorisation des forteresses côtières[10]. Expulsé vers la France, il est ensuite affecté au cabinet du ministre de la Marine[4]. La même année, il devient membre de la Société de géographie de Paris[11] grâce au parrainage de son frère Onésime[12]. Sa fille unique Jeanne (1875-1940) naît le 8 octobre[13].

Lorsque Ferdinand de Lesseps charge Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse du tracé d'un canal reliant les océans atlantique et pacifique au niveau du Darien, celui-ci choisit son ami Armand Reclus comme second[7].

Géographe, un des pères du canal de Panama[modifier | modifier le code]

Dessin représentant Armand Reclus assis à sa table de travail en pleine forêt tropicale du Darien.
Armand Reclus au travail dans la forêt tropicale du Darien.

Wyse et lui embarquent sur Le Lafayette le à la tête d'une équipe internationale de scientifiques, pour une première expédition qui dure jusqu'en avril 1877, durant laquelle trois membres de cette équipe périssent. Une seconde expédition se déroule de novembre 1877 à mai 1878, Armand Reclus y frôlant plusieurs fois la mort[14]. Au milieu de la forêt tropicale, il prend des notes, fait des relevés, réalise des cartes, afin d'établir le meilleur tracé pour le futur canal de Panama, alors en concurrence avec un projet américain au Nicaragua[4]. Il décrit ces explorations dans plusieurs publications, dont une coécrite avec Wyse. Lors de ces voyages il assiste notamment à l'incendie de Panama du .

Croquis du projet du canal de Panama publié en 1881
Croquis du projet du canal de Panama publié en 1881.

Wyse absent, Armand Reclus défend le projet du canal de Panama devant le congrès international de géographie qui se tient à Paris en 1879, parmi dix autres propositions. Le projet validé est confié à Ferdinand de Lesseps[15]. Armand Reclus, qui avait réintégré le ministère de la Marine de 1881, en demande son détachement pour organiser le démarrage du chantier[16]. Face à des difficultés bien plus importantes que prévues, il démissionne de son poste le , après un an et demi d'efforts, et réintègre la marine française[17].

Viticulteur[modifier | modifier le code]

Il quitte définitivement la marine en 1885 pour s'installer en Tunisie à la tête d'un grand domaine viticole, qui lui sert de « laboratoire expérimental »[4]. Il y passe le plus clair de son temps, entrecoupé de séjours à Paris et au château d'Eynesse, (canton de Sainte-Foy-la-Grande), où il est également propriétaire de vignes. Il reçoit une médaille d'or pour ses vins tunisiens lors de l'Exposition universelle de 1889[18].

Il cède la direction de son exploitation tunisienne à son gendre André Joubin, et s'installe définitivement en 1911 à Eynesse, où il vit discrètement[19]. À la fin de sa vie, dans la ligne des idées de la droite militaire de l'époque[20], il devient un partisan de l'Action française, se distinguant nettement de ses frères anarchistes ou socialistes[21].

En 1923, il est élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur par le président de la République, peu de temps avant l'inauguration officielle du monument en l'honneur des bâtisseurs du canal à Panama[22]. Dernier des cinq frères Reclus encore vivant, il meurt à Eynesse le et est enterré dans le petit cimetière familial en bordure d'une parcelle de vignes, au lieu-dit Jarnac[23].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Le Canal interocéanique et les explorations dans l’Isthme américain, Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris, v. 1, 1879[24].
  • Le canal interocéanique, 1879, avec Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse.
  • Explorations aux isthmes de Panama et de Darien, Le Tour du monde, vol. 39, nos 991-1016 du 1er semestre 1880 et vol. 40, nos 1017-1042 du 2e semestre 1880.
  • Panama et Darien, Voyages d’exploration (1876-1878), Paris, Hachette, 1881.
  • Panama et Darien, Voyages d’exploration (1876-1878), Eaux-Bonnes, Pédelahore-Transhumance, texte complet, et orthographe entièrement révisée (ISBN 9791093533346).

Hommages[modifier | modifier le code]

Photographie du monument en l'honneur des bâtisseurs du canal de Panama. Le buste d'Armand Reclus y figure à la gauche de celui, central, de Ferdinand de Lesseps.
Monument en l'honneur des bâtisseurs du canal de Panama. Le buste d'Armand Reclus y figure à la gauche de celui, central, de Ferdinand de Lesseps.
  • Buste en bronze sur la Plaza de Françia à Panama, dans le cadre d'un monument en hommage aux bâtisseurs du canal de Panama.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives Départementales des Pyrénées Atlantiques (Commune d'Orthez Acte no 34 du )
  2. Brun et Ferretti 2015, p. 20.
  3. « La famille Reclus – Huguenots en France », (consulté le )
  4. a b c et d Gérard Fauconnier, « Armand Reclus et le canal des deux océans », Bulletin du Centre d'étude du protestantisme béarnais, vol. 35,‎ (lire en ligne)
  5. Brun et Ferretti 2015, p. 29.
  6. Jean-Louis Claverie, « Zéline Trigant l'inoubliable - Jacques Reclus l'intransigeant », Les Amis de Sainte-Foy et sa région, vol. 86,‎ (lire en ligne)
  7. a et b « Armand Reclus et Panama », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  8. Brun et Ferretti 2015, p. 41.
  9. Brun et Ferretti 2015, p. 48, 50 ,59 , 65, 66,73.
  10. Brun et Ferretti 2015, p. 78, 80.
  11. « CTHS - RECLUS Armand », sur cths.fr (consulté le )
  12. Brun et Ferretti 2015, p. 79.
  13. Brun et Ferretti 2015, p. 82.
  14. Brun et Ferretti 2015, p. 85, 87.
  15. « Elie Armand Ebenhezer Reclus (1843-1927) Armand Reclus PORTRAITS - Société d'Histoire Les Amis de Sainte-Foy et sa région », sur www.saintefoylagrandehistoire.com (consulté le )
  16. Brun et Ferretti 2015, p. 95.
  17. Brun et Ferretti 2015, p. 97.
  18. Brun et Ferretti 2015, p. 104, 109.
  19. « Musée du Pays Foyen » Armand Reclus et le canal de Panama », sur www.museedupaysfoyen.com (consulté le )
  20. René Gallissot, « RECLUS Élisée », dans Dictionnaire Algérie, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  21. Hélène Sarrazin, Élisée Reclus ou la passion du monde, Paris, La Découverte, , 264 p. (ISBN 978-2-707-11549-2), p. 12
  22. Brun et Ferretti 2015, p. 190.
  23. Les Amis de Sainte-Foy et sa région Portrait Elie Armand Ebenhezer Reclus (1843-1927)
  24. Fac-similé en français

Voir Aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Christophe Brun et Federico Ferretti, Elisée Reclus, une chronologie familiale : sa vie, ses voyages, ses écrits, ses ascendants, ses collatéraux, les descendants, leurs écrits, sa postérité, 1796-2015, , 440 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Gabrielle Cadier-Rey et Danièle Provain (éd.), Lettres de Zéline Reclus à son fils Armand, 1867-1874, Pau, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, , 210 p. (ISBN 978-2-919-37501-1)
  • Gérard Fauconnier, Panama - Armand Reclus et le canal des deux océans, Biarritz, Atlantica, , 288 p. (ISBN 978-2-843-94668-4) (Prix Amiral-Frémy).
  • Gérard Fauconnier, « Armand Reclus et le canal des deux océans », Bulletin du Centre d'étude du protestantisme béarnais, no 35,‎ , p. 11-14 (lire en ligne) : présentation de son ouvrage par l'auteur. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Vidéo[modifier | modifier le code]