Chronologie des faits économiques et sociaux dans les années 1800

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Chronologie de l'économie

Années 1790 - Années 1800 - Années 1810

Événements[modifier | modifier le code]

  • 1800 : l’augmentation des taxes sur la valeur de l’ivoire exportée prélevées dans le port de Mozambique (10 % en 1793, 40 % en 1800, 30 % après 1801)[1] entraîne le déclin des exportations au profit de Kilwa et de Zanzibar.
  • 1801-1820 : la production annuelle moyenne d’or du Brésil est de 2 750 kg[2].
  • 1806-1807 : famine en Inde[3].
Dessin japonais contemporain du HMS Phaeton (Musée d'histoire et de culture de Nagasaki)
  • 1808 : incident du Phaeton à Nagasaki au Japon[4] ; les incidents avec des navires occidentaux, notamment britanniques, se muliplient dans le Kansaï (ouest du Japon). Les étrangers tentent des coups de main, cherchant à imposer le commerce, ou sont jetés par les vents vers les côtes japonaises. Ils répliquent aux sabres des samouraïs par des coups de pistolets ou des salves d’artillerie, répandant l’effroi. Un vif mécontentement s’affirme dans le Kansaï. On reproche au shogun de ne pas traiter avec les étrangers pour leur soutirer leurs secrets matériels ou de ne pas agir en levant une armée pour repousser les envahisseurs. Le Kansaï supporte de plus en plus difficilement la prééminence du Kantô, et oppose de plus en plus l’empereur au shogun. En 1825 un édit shogunal ordonne d’éloigner tout navire étranger s’approchant des côtes.
  • Après 1808 : le blocus est désormais complet et les marchandises s’entassent dans les entrepôts en Indonésie[5].

Europe[modifier | modifier le code]

Costumes modernes Français et Anglais. Carle Vernet, entre 1802 et 1803.
  • 1799-1800 : mauvaises récoltes en Grande-Bretagne ; hausse des prix des céréales entraînant des émeutes de la faim en septembre 1800[6].
  • 1800 :
    • 1,5 million d’hectares ont été touchés par les enclosures en Angleterre depuis le XVIe siècle[7].
    • la production de charbon est de 10 millions de tonnes en Angleterre[8].
  • 1800-1810 : la production industrielle britannique progresse de 3,7 % par an en moyenne pendant la première partie du XIXe siècle (elle culmine à 4,7 % dans les années 1820). La production de céréales est de 63 millions d’hl en 1800. La consommation de laine brute double entre 1800 et 1840. La consommation de coton brut double entre 1800 et 1810. La production de charbon est de 11 millions de tonnes (225 en 1900), dont un quart au pays de Galles et en Écosse. La marine marchande dépasse les 2 millions de tonnes. Les progrès de l’industrialisation au imposent une politique commerciale à l’échelle mondiale pour écouler une production sans cesse croissante. La moitié de la production textile et de la production métallurgique est exportée. Le Royaume-Uni ne peut tolérer la politique d’expansion de la France qui risque de réduire ses marchés[9].
  • 1801 :
  • 1806 : le fer au coke représente 97 % de la production britannique[8]. La production annuelle de fer est de 250 000 tonnes[12].
  •  : décret de Berlin instaurant le Blocus continental. Toute entrée de marchandises provenant du Royaume-Uni ou de ses colonies est interdite dans les ports européens. Le décret s'applique à la France et à ses alliés. Bien qu’inégalement appliqué, il suscite deux graves crises au Royaume-Uni en 1806-1807 et 1810-1812. La Russie y participera après Tilsit[13]. Un Ordre du conseil de 1807 met en état de blocus les ports français et des colonies par la marine britannique. Le décret de Milan du renforce le Blocus continental ; tout navire, de quelque pavillon qu'il soit, qui a relâché au Royaume-Uni est déclaré de bonne prise[14].
  • 1807 :
  • 1807-1808 et 1810-1812 : crise économique au Royaume-Uni[19]. Le Blocus continental aboutit à l’interruption du commerce britannique en Baltique et en mer du Nord. Il se renforce en Méditerranée, où Malte devient le centre de la contrebande britannique à destination du sud de l’Europe. Le Président des États-Unis applique une loi d’avril 1806 interdisant tout trafic avec l’Europe, sauf avec une autorisation de la présidence, et prohibe l’entrée des marchandises britanniques sur le territoire de l’Union (été). Les exportations chutent de près de 30 %. Les denrées coloniales s’entassent, les prix baissent et les profits de négociants s’effondrent. L’industrie cotonnière entre dans une grave crise de surproduction (faillite, chômage). L’agriculture s’est spécialisée dans l’élevage au détriment des céréales, dont la production est compensée par les exportations. Le Blocus et les mesures américaines provoquent la hausse des prix du grain, accélérée par l’inflation due à l’émission de billets non convertibles en numéraire pour financer la guerre[20].
  • 1809 : malgré le Blocus continental, 47 % des exportations britanniques se dirigent vers l’Europe, grâce à la contrebande par la Prusse-Orientale, la Suède, la Russie, la Hollande, Malte, les colonies espagnoles et le Brésil. Le trafic reprend avec les États-Unis[21].

France[modifier | modifier le code]

  • 1800 : pour se rendre compte de l'état de la France, le Premier Consul envoie des conseillers d'État en mission : ils remarquent que les prix agricoles baissent et que les consommateurs peuvent acheter ce qui leur est nécessaire mais s'inquiètent des difficultés que connaît le Midi, où les récoltes sont régulièrement déficitaires. Ils constatent une récession durable de l'industrie, due à la baisse de la consommation intérieure et au manque de débouchés extérieurs en Europe et aux colonies. Dans les régions portuaires, ils notent la crise profonde du commerce et le déclin des activités. Ils constatent de graves défauts dans la perception et la répartition de l'impôt. Les institutions d'assistance fonctionnent très mal. L'enseignement est désorganisé. La sécurité publique est troublée par la délinquance rurale, par le brigandage, par l'action des opposants politiques (royalistes dans l'Ouest). Les conseillers d'État remarquent dans toute la France la disparition des cultes révolutionnaires, la désaffection pour le culte constitutionnel et la recrudescence d'activité des réfractaires (10 églises sur 15 à Paris). Les populations sont lasses de dix ans de tension et espèrent la paix et la sécurité. Elles craignent aussi bien le retour de l'Ancien Régime que celui de la Terreur et restent apathiques[22].
  • 1800-1804 : le secteur industriel récupère ses positions d’avant la Révolution et commence une croissance pendant l'Empire, grâce aux industries textiles (coton, impression des toiles) et chimiques[23].
  • 1802 : traité de commerce avec la Turquie ()[24].
  • 1803-1806  : « système des côtes » (Coast System) ; la France et ses alliés se ferment aux marchandises anglaises. Le tarif douannier instauré par la loi du 28 avril 1803 porte à 5 % en moyenne le droit d’entrée et est relativement modéré à l’exportation. Il permet de recevoir à bon compte des matières premières et d’avantager les manufactures françaises. Le commerce des produits français aux alliés de la France est favorisé, particulièrement celui des produits coloniaux à partir des ports de Bordeaux et de Nantes[26].
  • 1805–1806 : crise des Négociants réunis ; les spéculations sur les piastres importées d'Amérique espagnole par les Négociants réunis dirigées par Ouvrard mettent en difficulté le Trésor public. Il en résulte une crise de confiance. Une crise de surproduction industrielle la prolonge de 1806 à l'hiver de 1807. Le secteur agricole n'est pas touché, grâce au bonnes récoltes de 1805 et de 1806[28].
  • 1807–1810 : retour de la prospérité et à la croissance économique après Tilsit[28]. Série de bonnes récoltes. Excédents agricoles dus au Blocus continental[29].
  • 1808–1814 : la Guerre d’Espagne, qui dure cinq ans, coûte à la France 300 000 morts et blessés[30] et contribue à affaiblir le régime. Enrôlements massifs : 250 000 conscrits sont mobilisés (80 000 en 1806 et autant en 1807[31]). Les contributions des pays vaincus et l’augmentation des impôts indirects dans l’Empire assurent les ressources nécessaires à la guerre.


Années 1800 1801 1802 1803 1804 1805 1806 1807 1808 1809
Prix observé du quintal de blé (en francs) 27 28,8 32,6 29,7 23,8 26,2 26 24,1 21,6 19,7
Prix réel (ajusté du salaire horaire) 193 199 225 198 154 164 162 146 127 112

Russie[modifier | modifier le code]

  • Vers 1800 : 20 000 élèves en Russie. Les nobles boudent l’enseignement national et embauchent des précepteurs (surtout français) et se gardent bien de faire éduquer leurs serfs[33].
  • 1802 :
    • début de la production de sucre de betterave dans les provinces centrales de l'empire Russe[34].
    • construction des premières batteuses dans l’usine du Britannique Wilson, à Moscou[34].
  • 1805 : première utilisation d'une machine à vapeur dans la filature de coton d’Alexandrovsk, près de Saint-Pétersbourg[34].
  • 1806 : remaniement de l’Amirauté (Zakharov), construction de l’Institut des mines (Voronikhine) et de l’Institut Smolny (Quarengui) à Saint-Pétersbourg[34].
  • 1807 : - : suppression de l’inscription paysanne dans l’Oural (obligation pour certains paysans d’État d’effectuer des travaux d’appoint dans les usines ou dans les mines)[34].
  • 1808 :
  • 1809 : abolition de la faculté pour les propriétaires de déporter les serfs en Sibérie (rétablie en 1822)[34].

Publications[modifier | modifier le code]

Thomas Malthus par John Linnell.

Démographie[modifier | modifier le code]

  • 1800 :
  • 1801 :
    • recensement en France : 27 349 631 habitants[37].
    • premier recensement au Royaume-Uni. L’Angleterre et le Pays de Galles comptent 8,892 millions d’habitants, l’Écosse 1,608 million, l’Irlande 5,395 millions[38]. La ville de Londres compte 1 097 000 habitants (11 % de la population), mais seulement 27 % des habitants de l’Angleterre habitent des bourgs de plus de 5 000 âmes. 45 % de la population active travaille dans l’agriculture, 35 % dans l’industrie et 20 % dans le secteur tertiaire[8].
  • 1804 : 10,5 millions d’habitants en Hongrie.
  • 1806 : la ville de Jérusalem compte environ 12 000 habitants dont 3 000 Juifs.
  • 1809 : le grand-duché de Varsovie compte 4,3 millions d’habitants, dont 79 % de Polonais. L’armée du grand-duché passe de 30 000 en 1803 à 60 000 hommes en 1809. En six ans, 180 000 polonais servent dans les troupes impériales.


  • La population sibérienne ne dépasse pas 600 000 personnes. À partir de 1800, le gouvernement peuple la région par des serfs d’État et par des relégués, soit opposants au régime, soit prisonniers de guerre[39].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Edward A. Alpers, Ivory and Slaves : Changing Pattern of International Trade in East Central Africa to the Later Nineteenth Century, University of California Press, , 296 p. (ISBN 978-0-520-02689-6, présentation en ligne)
  2. Frédéric Mauro, Histoire du Brésil, Chandeigne (ISBN 9782402065245, présentation en ligne)
  3. Shreedhar Narayan Pandey, Economic History of Modern India (1757 to 1947), Readworthy, , 222 p. (ISBN 978-93-5018-088-4, présentation en ligne)
  4. Noell Wilson, Defensive Positions - The Politics of Maritime Security in Tokugawa Japan, BRILL, (ISBN 9781684175567, présentation en ligne)
  5. Jean Bruhat, Histoire de l'Indonésie, Presses universitaires de France (ISBN 9782705904883, présentation en ligne)
  6. Alexander Mikaberidze, Les Guerres napoléoniennes. Une histoire globale, Flammarion (ISBN 9782080231734, présentation en ligne)
  7. Jean Fréville, La misère et le nombre, vol. 1, Éditions sociales, (présentation en ligne)
  8. a b et c Michel Péronnet, Le XVIIIe siècle (1740-1820) - Des Lumières à la Sainte-Alliance, Hachette supérieur, (ISBN 9782014612479, présentation en ligne)
  9. Philippe Chassaigne, Histoire de l'Angleterre, Flammarion, (ISBN 9782080240866, présentation en ligne).
  10. Ranald Michie, The Global Securities Market : A History, Oxford University Press, , 416 p. (ISBN 978-0-19-160859-9, présentation en ligne)
  11. Christophe Ramaux, L'Etat social, Fayard/Mille et une nuits, , 472 p. (ISBN 978-2-7555-0488-0, présentation en ligne)
  12. E. Petitgand, Antoine Ronna, Essai historique et statistique sur la métallurgie, Librairie polytechnique de Noblet e Baudry, (présentation en ligne)
  13. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 509.
  14. Charles Calvo, Le droit international théorique et pratique précédé d'un exposé historique des progrès de la science du droit des gens, vol. 2, A. Durand, (présentation en ligne)
  15. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 515.
  16. Jean-Paul Bled, Histoire de la Prusse, Fayard, , 486 p. (ISBN 978-2-213-64093-8, présentation en ligne)
  17. Édouard Marbeau, Slaves et Teutons - notes et impressions de voyage, Hachette, (présentation en ligne)
  18. Georges Castellan, Histoire de la Roumanie, Presses universitaires de France (ISBN 9782130671732, présentation en ligne)
  19. Georges Livet, Roland Mousnier, Histoire générale de l'Europe - L'Europe de 1789 à nos jours, Presses universitaires de France (ISBN 9782130656562, présentation en ligne)
  20. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 510.
  21. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 521.
  22. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 469.
  23. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 590.
  24. a et b Jacques Léon Godechot, Nouvelle clio, vol. 37, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
  25. Christelle Beneytout, Guide des tissus par projets de couture, Éditions Eyrolles, (ISBN 9782212141429, présentation en ligne)
  26. a et b Jean Bordas, Les directeurs généraux des douanes, l’administration et la politique douanière, 1801-1939, Vincennes, Institut de la gestion publique et du développement économique, (ISBN 9782111621008, présentation en ligne), « Chapitre premier. Le Consulat et l’Empire 1801-1815 »
  27. Denis Binet, Les pêches côtières de la baie du Mont-Saint-Michel à la baie de Bourgneuf au XIXe siècle, Éditions Quae, (ISBN 9782844330086, présentation en ligne)
  28. a et b Albert Soboul, Le Premier Empire (1804-1815), Presses universitaires de France, , 128 p. (ISBN 978-2-13-065835-1, présentation en ligne)
  29. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 522.
  30. Jean Paul Bertaud, Le Premier Empire : legs de la Révolution, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
  31. Thierry Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire : La France et l'Europe de Napoléon (1804-1814), Fayard, , 838 p. (ISBN 978-2-213-64023-5, présentation en ligne)
  32. "Statistiques de prix – La baisse des prix du blé, fait capital de l’histoire économique" par Jacqueline Fourastié, 2013 [1]
  33. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 294.
  34. a b c d e f g h i et j Catherine Klein-Gousseff, Yves Sansonnens, Les Grandes Dates de la Russie et de l'URSS, Larousse (ISBN 9782295009258, présentation en ligne)
  35. a b c d e et f Ali Moussa Iye, Albert Ollé-Martin, Violaine Decang (trad. de l'anglais), Histoire de l'humanité : 1789-1914, vol. 6, Paris, UNESCO, , 1519 p. (ISBN 978-92-3-202815-0, présentation en ligne)
  36. Massimo Livi Bacci, A Concise History of World Population, John Wiley & Sons, (ISBN 9781119029274, présentation en ligne)
  37. Jean Vidalenc, La Restauration, 1814-1830, Presses universitaires de France (ISBN 978-2-7059-1048-8, présentation en ligne)
  38. Élisée Reclus, Nouvelle géographie universelle - L'Europe du nord-ouest, vol. 4, Hachette & C., (présentation en ligne)
  39. Michel Péronnet 1998, op. cit, p. 86.
  40. Paul Butel, Européens et espaces maritimes : vers 1690-vers 1790, Presses Univ de Bordeaux, , 241 p. (ISBN 978-2-86781-194-4, présentation en ligne)