Activité physique

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Pratiquant de triathlon (2005)

L'activité physique regroupe à la fois l'exercice physique de la vie quotidienne (à la maison, lors du jardinage, des courses, commissions et autres ravitaillements, lors du travail, de la marche, de l'usage des escaliers, des déplacements et des modes de transport), l'activité physique de loisirs, et la pratique sportive. Selon l'OMS, le sport est un « sous-ensemble de l'activité physique, spécialisé et organisé »[1]. Outre la régularité et fréquence de l'exercice, trois paramètres semblent importants lors de l'exercice : la quantité d'énergie dépensée en mode aérobie, le pic d'intensité de l'effort et la durée de l'effort. 30 minutes d'exercices par jour durant 5 jours apportent autant de bénéfice que 3 séances de 10 minutes espacées de 4 heures dans chaque journée, 5 jours par semaine[2].

Historique

Des preuves paléontologiques montrent que l'homme préhistorique en dépit d'une activité physique intense connaissait la maladie et vivait bien moins longtemps que nous. Depuis plusieurs millénaires, avec la sédentarisation et les progrès de la santé l'espérance de vie a régulièrement progressé, mais l'espérance de vie en bonne santé semble donner des signes de recul (notamment attribués à une dégradation de l’environnement, de l'alimentation et à une sédentarité excessive).

L'activité physique est pratiquée par les armées pour entrainer leurs soldats et par les sportifs des jeux olympiques depuis l'antiquité grecque au moins.

Les premières études scientifiques portant sur l'intérêt de l'exercice physique pour la santé ne datent cependant que du début des années 1950, avec le travail de Morris & al (1953) basé sur une population d'employés du transport londonien[3] (travail conduit durant les pires périodes de smogs londoniens). Elles ont ensuite notamment porté sur les effets du sport ou de l'activité sur les muscles, le système circulatoire, pulmonaire, cardiovasculaire et endocrinien ou encore sur le sommeil et l'humeur ou le risque de dépression à différents âges de la vie.

Depuis les années 1990 la sédentarité physique est considérée par la médecine comportementale[4] comme un facteur de risque cardio-vasculaire [5].

Les premières recommandations médicales (à visées thérapeutiques) ne datent aux Etats-Unis que de 1995[6] notamment produites par l'American College of Sports Medicine (ACSM)[7].

S.N Blair (médecin du sport) estime en 2009 que le manque d'activité physique pourrait devenir le premier problème de santé publique au XXIe siècle[8].

Statistiques

En 2008, moins de 50 % des adultes américains avaient un niveau d'activité physique tel que recommandé[9].

Niveaux d'activité physique bénéfique pour la santé : recommandations

L'acronyme HEPA, (APBS en français) valorise l'Activité Physique Bénéfique pour la Santé ou "Health Enhancing Physical Activity" (en)[10]

Adultes (18 à 65 ans)

L'Organisation mondiale de la santé recommande un minimum de h 30 d'activité physique aérobie d'intensité modérée par semaine chez l'adulte en bonne santé[11]. Cependant, une activité plus courtes (15 min par jour) diminue déjà significativement le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires quels que soient l'âge et le sexe, par rapport à l'absence totale d'activité[12].

Le vélo est un moyen de déplacement actif, permettant facilement un exercice modéré de 30 min par jour

Enfants et adolescents

Les précisions manquent. Les consensus sont en faveur de 60 minutes par jour, intensité modérée à élevée lors de sports, jeux, ou d'activités de la vie quotidienne.

Après 65 ans

L'activité physique est considérée à ces âges comme bénéfique, mais doit être prudente et adaptée à la condition physique de la personne.

Des recommandations ont été publiées en 2007 par l'American College of Sports Medicine Association et l'American Heart Association [13]. Outre un suivi médical, il est souvent recommandé de diversifier les activités et de les préparer par un renforcement musculaire et des assouplissements ; des exercices spécifiques d'équilibre sont utiles[14].

Quantification

Combattant indien exercice près de Varanasi

Elle dépend du type de l'activité, de son intensité et de sa durée.

Elle peut être quantifiée en énergie dépensée (sous forme de calories), en MET (« metabolic equivalent »). un MET à 1 correspond à une consommation énergétique au repos. Un MET à 2 correspond par conséquent à une consommation énergétique doublée par rapport à celle au repos.

Cette quantification peut être indexé sur le poids de la personne.

Selon une étude récente du département Santé de l'Université d'York publiée par la revue PLoS ONE et financée par une Fondation contre les maladies cardiaques (Heart and Stroke Foundation), la plupart des Canadiens (quels que soient leur âge, leur origine ethnique et leur classification IMC) sous-estiment l'effort à faire pour que l'exercice physique ait un bénéfice pour la santé, et ils sous-estiment l'effort nécessaire pour atteindre ce que l'OMS considère être un exercice modéré, et plus encore pour un exercice intense ; ceci même après qu'ils ont reçu des descripteurs d'intensité d'exercice couramment utilisés (rythme cardiaque par exemple)[15].
Les lignes directrices données pour les recommandations d'activité physique dans le monde utilisent des termes généraux pour décrire l'intensité de l'exercice (déterminé par un pourcentage donné de la fréquence cardiaque maximale d'un individu). Il semble que ces termes ne soient pas compris par le public[15].

Intérêt

L'astronaute Daniel Tani exercice dans l'espace

Exercice physique et santé du corps

La pratique d'une activité physique est l'un des facteurs souvent cités d'une bonne santé et de l'allongement de l'espérance de vie. Elle est notamment bonne pour le système cardiovasculaire et le maintien des muscles, la consommation des lipides et glucides contenus en excès dans l'alimentation des pays développés, la lutte contre le surpoids et l'obésité, etc. Le sigle APBS ou HEPA(en) traduit l'Activité Physique Bienfaisante pour la Santé (ou Bénéfique)[16],[17]

La pratique d'une activité physique modérée, par son influence sur le système hormonal, permet également de réduire le risque de certaines maladies, tel le cancer du sein[18]. Au contraire, chez la femme, une pratique excessive peut avoir des effets délétères sur le système hormonal féminin (avec suppression des règles et ostéoporose précoce).[réf. nécessaire]

L'exercice physique est un des facteurs d'allongement de la durée de la vie (ou son absence est un facteur de diminution de cette durée). Une enquête sur 20 individus a été menée de 1993-2007, dont deux sont décédés en cours d'enquête, afin de déterminer l'impact du mode de vie sur l'espérance de vie[19]. L'étude conclut que le « mode de vie idéal » - absence de tabac, consommation d'alcool égale ou inférieure à un demi verre par jour, consommation de cinq fruits et légumes par jour, exercice physique d'une demi-heure par jour - majore l'espérance de vie de 14 ans par rapport au cumul de quatre facteurs de risque[20]. Le cumul des quatre facteurs de risque (tabac, alcool, manque de fruits et légumes et d'exercice physique) multiplie le risque de décès par 4,4, trois facteurs, de 2,5, deux facteurs de près de 2 et 1 facteur de 1,4. C'est la première fois que l'on analyse l'effet cumulé des facteurs de risque sur la mortalité[21],[20].

L'exercice physique est particulièrement important pour les enfants et adolescents afin de réduire les risques d’obésité et de surpoids (qui touchent notamment la France, avec en 2013 près de 20 % des enfants de 3 à 17 ans obèses ou en surpoids[22]. Outre la prévention des maladies cardio-vasculaires, l'exercice physique semble diminuer le nombre de certains types de cancers (essentiellement cancer du sein et cancer colo-rectal)[23].

Exercice physique et santé mentale

L'exercice physique est presque toujours présenté comme utile pour maintenir et améliorer la santé mentale, et de nombreuses études ont confirmé des améliorations de l'humeur et de l'estime de soi mais avec certaines limites, et sans avoir pu établir de lien clair de causalité[24].

Des chercheurs ont montré que la pratique de 20 à 40 minutes d'activité aérobique assez intense par jour peut diminuer l'anxiété et améliorer l'humeur pour plusieurs heures, mais ces changements sont transitoires, surviennent surtout chez les individus ayant un niveau normal ou élevé d'anxiété, et sont limités aux formes aérobies[25] d'exercice[26],[27],[28].
Les études ayant porté sur des programmes d'exercices à long terme, n'ont pas constaté d'améliorations de la santé mentale ou n'ont constaté que des effets modestes chez les individus « normaux ». Par contre des améliorations sont démontrées pour les personnes plus anxieuses et/ou dépressives[29] et une pratiques a priori opposée (relaxation) peut avoir des bénéfices au moins comparables pour diminuer l'anxiété[30] ; Selon les données cliniques disponibles les avantages psychologiques apportés par l'exercice sont comparables aux gains obtenus avec les formes standard de psychothérapie.

Inversement l'exercice physique uniquement pratiqué pour lui-même et de manière très intense ou compulsive[31], peut aussi nuire à la santé mentale, par exemple quand il entraine une dépendance excessive à l'activité physique ou sportive, alors souvent associée à des troubles de l'humeur et de la socialisation, une alimentation déséquilibrée, une anorexie[32] ou boulimie[32], des comportements de dopage, voire à une détérioration de la santé physique. Chez l'athlète, le culturiste ou le joggueur un entraînement trop intense (surentraînement) peut induire une perturbation importante de l'humeur voire le syndrome de staleness (détérioration des performances physiques et intellectuelles et à des troubles du comportement, du sommeil, pouvant conduire à la dépression clinique), peut être en lien avec un dysfonctionnement du système hypothalamique[33]. Une pratique de plus de dix heures de sport par semaine pourrait conduire à un surmenage de l'activité cérébrale.[34]

L'exercice pratiqué sans excès et dans un contexte positif a des effets bénéfiques, ou sinon peut nuire à la santé mentale. Pour un individu en bonne santé, le bénéfice principal pourrait être la prévention, alors que pour les personnes souffrant de troubles émotionnels légers à modérés l'exercice physique a une certaine valeur thérapeutique. Quand la pratique est collective, il peut contribuer à une resocialisation ou maintenir du lien social.
Sa programmation (mode, durée, fréquence, intensité, variété, heures de pratiques, cadre...) influe sur la qualité des changements attendus en matière de santé mentale, autant d'aspects qui n'ont pas ou peu été étudiés, de même que le mécanismes biologiques et psychologiques reliant l'exercice à l'humeur et à la santé mentale.

Promotion, sensibilisation, changements de comportement

Le manque d'activité physique serait responsable d'un décès sur dix à travers le monde, soit presque autant que le tabac et l'obésité[35],[36].

Freins à l'exercice physique

Certains handicaps et contextes psychologiques et socioculturels sont un frein à l'exercice physique.

Les nuisances sonores le sont également : Une étude récente a conclu qu'une exposition chronique au bruit des transports (bruit d'avions et de véhicules au sol) peut défavoriser la pratique de l’exercice régulier et ainsi nuire à leur santé[37],[38]. La baisse d’activité physique est en suisse de 3,2 % pour chaque point sur l'échelle de gêne due au bruit. Même de faibles niveaux de nuisances sonores ont été associés à une baisse d’activité physique[37].

Voir Lire

Notes et références

  1. lActivité physique, contextes et effets sur la santé. Inserm 2008
  2. DeBusk R.F, Stenestrand U, Sheehan M & Haskell W.L (1990). Training effects of long versus short bouts of exercise in healthy subjects. American Journal of Cardiology, 65(15), 1010-1013.
  3. Morris JN, Heady JA, Raffle PA, Roberts CG, Parks JW, Coronary heart-disease and physical activity of work, Lancet, 1953;265:1111–1120
  4. Sallis J.F & Owen N (1998). Physical activity and behavioral medicine (Vol. 3). SAGE publications.
  5. Strath SJ, Kaminsky LA, Ainsworth BE et al. Guide to the assessment of physical activity: Clinical and research applications: A scientific statement from the american heart association, Circulation, 2013;128:2259-2279
  6. Pate RR, Pratt M, Blair SN et al. Physical activity and public health: a recommendation from the Centers for Disease Control and Prevention and the American College of Sports Medicine, JAMA, 1995;273:402–407
  7. Blair, S. N., Kohl, H. W., Gordon, N. F., & Paffenbarger Jr, R. S. (1992). How much physical activity is good for health?. Annual review of public health, 13(1), 99-126 ; PDF, 28pp
  8. Blair, S. N. (2009). Physical inactivity: the biggest public health problem of the 21st century. British journal of sports medicine, 43(1), 1-2
  9. Centers for Disease Control and Prevention US physical activity characteristics, 2013
  10. Réseau HEPA APBS : projet OMS
  11. (en) WHO, WHO. Global recommendations on physical activity for health
  12. (en) Wen CP, Wai JPM, Tsai MK et al. « Minimum amount of physical activity for reduced mortality and extended life expectancy: a prospective cohort study » Lancet 2011;378:1244-53.
  13. Nelson, M. E., Rejeski, W. J., Blair, S. N., Duncan, P. W., Judge, J. O., King, A. C., ... & Castaneda-Sceppa, C. (2007). Physical activity and public health in older adults: recommendation from the American College of Sports Medicine and the American Heart Association. Circulation, 116(9), 1094.
  14. Exercice chez les personnes âgées
  15. a et b Medical Xpress (2014) Many overestimate exercise intensity, study finds, 2014-06-16
  16. APBS CE
  17. Bouger les européens
  18. Voir l'article cancer du sein
  19. Une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), en partenariat avec le Medical Research Council a mené l'enquête. Public Library of Medecine, n°de la semaine du 9 janvier 2008, cité dans Le Figaro, 9 janvier 2008, page 12
  20. a et b Une vie saine peut accroître la longévité de 14 ans, dans Le Figaro, 9 janvier 2008, page 12
  21. selon le premier signataire de l'étude : professeur Kay-Tee Khaw
  22. Faire du sport après l'école améliore la santé des ados, consulté le 10 juillet 2013.
  23. (en) Newton RU, Galvao DA. « Exercise in prevention and management of cancer » Curr Treat Options Oncol. 2008;9:135-46. PMID 18704691
  24. Raglin J.S (1990) Exercise and mental health. Sports Medicine, 9(6), 323-329|résumé.
  25. Martinsen EW, Hoffart A, Solberg O. (1989) Aerobic and non-aerobic forms of exercise in the treatment of anxiety disorders. Stress Medicine 5: 115–120,
  26. Greist JH. Exercise intervention with depressed outpatients. In Morgan & Goldston (Eds) exercise and mental health, Hemisphere, Washington, DC, 1987
  27. Greist JH, Klein MH, Eischens RR, Faris J, Gurman AS, et al. Running as treatment for depression. Comparative Psychiatry 21: 611–619, 1979
  28. Morgan WP (1979). Anxiety reduction following acute physical activity. Psychiatric Annals 9: 36–45
  29. Martinsen EW. (1990) Benefits of exercise for the treatment of depression | Sports Medicine 9: 380–389,
  30. Bahrke MS, Morgan WP (1979) Anxiety reduction following exercise and meditation. Cognitive Therapy and Research 2: 323–333,
  31. Little JC (1969). Neurotic illness in fitness fanatics. Psychiatric Annals 9: 49–56
  32. a et b Katz JL. Long-distance running, anorexia nervosa, and bulimia: a report of two case studies. Comprehensive Psychiatry 27: 74–78, 1986
  33. Barron JL, Noakes TD, Levy W, Smith C, Millar RP (1985). Hypothalamic dysfunction in overtrained athletes. Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism 60: 803–806,
  34. Sandrine Cabut, « Trop de sport provoque un surmenage du cerveau », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. Le manque d'activité physique serait responsable de 5,3 millions des 57 millions de décès recensés dans le monde
  36. (en) Karim M Khan, Angela M Thompson, Steven N Blair, James F Sallis, Kenneth E Powell, Fiona C Bull, Adrian E Bauman, « Sport and exercise as contributors to the health of nations », The Lancet, vol. 380, no 9836,‎ , p. 59-64 (ISSN 0140-6736, PMID 22770457, DOI 10.1016/S0140-6736(12)60865-4, lire en ligne, consulté le )
  37. a et b Foraster, M., Eze, I.C., Vienneau, D., Brink, M., Cajochen, C., Caviezel, S., Héritier, H., Schaffner, E., Schindler, C., Wanner, M., Wunderli, J - M., Röösli, M. & Probst - Hensch, N. (2016) . Long - term transportation noise annoyance is associated with subsequ ent lower levels of physical activity. Environment International 91: 341 – 349. DOI:10.1016 /j.envint.2016.03.011. This study is free to view at: http://www.sciencedirect.c om /science/article/pii/S016 0412016300897
  38. "Science for Environment Policy" : Noise pollution may make people less likely to exercise ; European Commission DG Environment News Alert Service, edited by SCU, The University of the West of England, Bristol

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes