Aller au contenu

Abattoirs de la Villette

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 11 avril 2017 à 13:19 et modifiée en dernier par Polmars (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Le marché aux bestiaux de la Villette en 1867
Les abattoirs de la Villette vers 1900
Trains de bestiaux dans la gare de Paris-Bestiaux vers 1900

Les abattoirs de la Villette, également appelé marché aux bestiaux de la Villette, étaient de célèbres abattoirs parisiens et un haut lieu de la culture alimentaire parisienne au même titre que les Halles de Paris.

Histoire

Création et prospérité

Programme de la Cavalcade du Bœuf Gras 1908, avec envol de ballons depuis les abattoirs de la Villette.

En 1859, est décidé la création des abattoirs et du marché à bestiaux de la Villette destinés à remplacer cinq grands abattoirs (Montmartre, Ménilmontant, Roule sur la rive droite ; Grenelle et Villejuif sur la rive gauche), eux-mêmes créés par le décret impérial du 9 février 1810[1], et d'autres plus petits. Le marché aux bestiaux doit prendre le relais de ceux de Poissy et de Sceaux[2].

Le marché aux bestiaux est établi entre le canal de l'Ourcq, la route d'Allemagne (actuelle avenue Jean-Jaurès) et les fortifications de Paris. Les abattoirs sont construits de l'autre côté du canal entre les fortifications, le canal Saint-Denis et la rue de Flandre (actuellement avenue Corentin-Cariou).

Ce choix permet d'éloigner ces nouveaux abattoirs du centre ville.

Les travaux commencent en 1860 et s'achèvent en 1867. La plupart des bâtiments sont l'œuvre de l'architecte Jules de Mérindol (1815-1888)[3], élève de Victor Baltard, assisté de Louis-Adolphe Janvier.

L'établissement est desservi par deux gares situées sur un embranchement de la ligne de Petite Ceinture[2] :

L'ensemble occupe 39 hectares.

En 1900, le Concours général agricole est organisé à la Villette.

À cette occasion est organisée la Promenade du Bœuf Gras, qui n'était plus sorti depuis 1897 et qui est aussi la Fête des bouchers parisiens.

Le 16 mars 1902, le Bœuf Gras défile à nouveau au départ et dans le quartier des abattoirs de la Villette[4].

En 1906, 1907 et 1908, à l'occasion de cette fête ont lieu des lancements de ballons depuis la place des Abattoirs, aux abattoirs de la Villette.

En 1907, défilent deux Bœufs Gras à deux dates différentes : le 10 février, Vaugirard 1er Bœuf Gras de la Rive gauche (abattoirs de Vaugirard[5]).

À l'époque, les abattoirs de Vaugirard sont les autres grands abattoirs parisiens, moins importants que ceux de la Villette[6].

Et le 14 avril défile Givrillot, 1750 kilos, Bœuf Gras de la Rive droite (abattoirs de la Villette[7]).

En 1949, les abattoirs de la Villette sont jugés vétustes. Leur reconstruction est décidée.

Les 27 mai 1951 et 20 avril 1952, la Promenade du Bœuf Gras a lieu au départ et dans le quartier des abattoirs de la Villette[8].

Ce sont ses dernières sorties avant le début de la renaissance du Carnaval de Paris en 1993 et le défilé du Bœuf Gras de septembre 1998.

La suppression

La reconstruction des abattoirs de la Villette s'avère excessivement coûteuse et interminable. Elle s'interrompt finalement faute de crédits en 1967. C'est un scandale financier dénoncé dans un rapport du Sénat et baptisé par la presse « le scandale de la Villette ».

L'ensemble des activités du site est supprimé à compter du 15 mars 1974.

Excepté la Grande halle de la Villette (ancienne « Halle aux Bœufs ») et quelques autres éléments comme la fontaine aux Lions de Nubie (qui servait d'abreuvoir pour le bétail [9]), une grande partie des bâtiments est démolie. Ainsi, des deux petites halles encadrant la « Halle aux Bœufs », seule la « Halle aux Veaux », très abimée, a été totalement détruite en 1980, alors la « Halle aux Moutons » fut complètement démontée en 1986, et achetée par le département de la Seine-Saint-Denis dans l'espoir de la remonter sur un autre site, ce qui n'est toujours pas le cas aujourd'hui (les divers éléments de sa charpente sont donc toujours entreposés dans les locaux d'Affimet, une filiale de Pechiney, à Dammarie-les-Lys en Seine-et-Marne)[10] La structure en béton armé du projet inachevé de la grande salle des ventes des abattoirs a été partiellement conservée par l'architecte Adrien Fainsilber, pour construire la Cité des sciences et de l'industrie.

À l'époque, l'ensemble des abattoirs de la Villette occupait une superficie de 54 hectares.

À la place des abattoirs de la Villette on trouve aujourd'hui des lieux d'études, loisirs et distractions : Parc de la Villette, Cité de la musique, Cité des sciences et de l'industrie, Zénith de Paris, le Cabaret sauvage, etc.

Bâtiments conservés des anciens abattoirs

Rien ne subsiste des abattoirs proprement dit. Ont été conservés en revanche dans le parc de la Villette divers vestiges de l'ancien marché aux bestiaux, inscrits pour partie, ou en totalité, aux monuments historiques[11] :

  • La grande halle de la Villette, ancienne « halle aux bœufs ». Elle est la plus grande des trois halles de vente aux bestiaux et la seule à avoir conservé son emplacement initial.
  • Le pavillon de la Bourse (à gauche de la Grande halle), ancienne bourse aux bestiaux abritant une criée et actuel Théâtre Paris-Villette,
  • Le pavillon Janvier (à droite de la Grande halle), ancien bâtiment administratif (services de police et poste) et actuel siège de l'EPPGHV,
  • Le pavillon du Charolais (derrière la Grande halle), ancienne buvette du marché aux bestiaux, et actuel TARMAC de la Villette,
  • Le pavillon des Maquettes (derrière la Grande halle) abrite désormais l'Association de prévention du site de la Villette (APSV),
  • La fontaine aux Lions de Nubie (face à la Grande halle), construite en 1811 par Pierre-Simon Girard pour la place du Château-d'Eau (actuelle place de la République), et installée en 1867 vers la cour du marché aux bestiaux où elle servait d'abreuvoir,
  • La Maison de la Villette (entrée côté Porte de la Villette), ou rotonde des vétérinaires, ancien fondoir à suif, est devenue le WIP Villette,
  • L'ancienne horloge (entrée côté Porte de la Villette), construite en 1877 et actuelle « folie horloge ».

Les abattoirs de la Villette dans l'art et la littérature

  • En 1929, le photographe Éli Lotar fait une série sur les Abattoirs de la Vilette qui sera publiée dans plusieurs revues d'époques, dont la revue d'avant-garde Documents.
  • En 1954, Boris Vian a écrit une célèbre chanson : Les Joyeux Bouchers, qui parle des abattoirs de la Villette, se chante sur une musique de Jimmy Walter et commence par les mots[12] :
C'est le tango des bouchers de la Villette
C'est le tango des tueurs des abattoirs
  • En 1968, dans la chanson Il est cinq heures, Paris s'éveille, Jacques Dutronc évoque les abattoirs de la Villette.
  • Dans son roman Le Bal de l'Equarrisseur paru en 2011 et se déroulant en 1919, Guillaume Prevost place une partie de l'intrigue aux abattoirs de la Villette. La première victime du tueur est découverte parmi les carcasses de cochons. C'est l'occasion pour l'auteur de nous donner une description assez précise de l'organisation des abattoirs, les us et coutumes, les personnes qui y travaillent, les conditions d'obtention des concessions. Il détaille également l'ancienne méthode pour tuer les bovins car celle-ci sera utilisée par le tueur traqué par son héros François-Claudius Simon.

Articles connexes

Notes et références

  1. Baldin Damien, « De l'horreur du sang à l'insoutenable souffrance animale. Élaboration sociale des régimes de sensibilité à la mise à mort des animaux (19e-20e siècles)», Vingtième Siècle. Revue d'histoire 3/2014 (N° 123) , p. 52-68. DOI : 10.3917/vin.123.0052.
  2. a et b Élisabeth Philipp, « L’approvisionnement de Paris en viande et la logistique ferroviaire, le cas des abattoirs de La Villette, 1867-1974 », Revue d'histoire des chemins de fer, no 41, 2010, p. 113-141 [lire en ligne]
  3. Fiche « Jules de Mérindol » sur structurae
  4. Le bœuf gras, Le Petit Parisien, 17 mars 1902, page 2, 4e et 5e colonnes. Voir l'article reproduit sur la base Commons.
  5. Le Carnaval de 1907, Le Bœuf Gras de la Rive Gauche, Vaugirard 1er, Le Petit Journal, 10 février 1907, 1re page, 4e et 5e colonnes ; Les fêtes du bœuf gras, Vaugirard 1er et sa folle cour, Le Petit Parisien, 10 février 1907, page 2, 3e et 4e colonnes.
  6. Les abattoirs de Vaugirard ont aujourd'hui disparu. À leur place se trouve le parc Georges-Brassens
  7. Les fêtes du bœuf gras, Le Petit Parisien, 30 mars 1907, page 4, 3e et 4e colonnes. La journée de « Givrillot », Le Petit Parisien, 15 avril 1907, page 1, 5e et 6e colonnes et page 2, 1re et 2e colonnes.
  8. Combat, 28 mai 1951 ; Le Parisien libéré, 21 avril 1952.
  9. La fontaine aux lions de Nubie sur lartnouveau.com
  10. Propriété de la Seine-Saint-Denis, la halle de La Villette est en Seine-et-Marne - article de Libération du 9 février 1995.
  11. La Villette, Paris, Guides Gallimard, Édition Nouveaux Loisirs, Paris 1996
  12. Paroles de la chanson de Boris Vian « Les Joyeux Bouchers »

Liens externes