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Manifeste des 61

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Le manifeste des 61 ou déclaration des 61[1],[2] ou motion des 61[3] est une déclaration signée le , pendant la guerre d'Algérie, par 61 personnalités politiques algériennes modérées appelant à l'autonomie de l'Algérie.

Histoire

Le , 90 élus du deuxième collège se réunissent dans un sous-sol du boulevard Audun (actuel boulevard Colonel-Amirouche)[3]. 61 d'entre eux tombent d'accord sur une déclaration commune.

Contenu du manifeste

Le contenu du manifeste est le suivant[3][4] :

« Ce jour, , en raison de la gravité des événements que traverse l'Algérie, les élus du deuxième collège soussignés, appartenant :

  1. à l'Assemblée nationale,
  2. au Conseil de la République,
  3. à l'Assemblée de l'Union française,
  4. et à l'Assemblée algérienne,

se sont réunis à l'effet de préciser leur attitude :

Ils tiennent tout d'abord à dénoncer et à condamner formellement la répression aveugle qui frappe un nombre considérable d'innocents, appliquant le principe de la responsabilité collective à une population sans défense.

Ils demandent la cessation immédiate de cette répression et le retour à une conception plus saine et normale des règles de la justice.

Analysant les raisons profondes des troubles actuels, ils affirment solennellement qu'elles sont essentiellement d'ordre politique.

Ils sont ainsi conduits à constater que la politique dite d'intégration, qui n'a jamais été sincèrement appliquée malgré les demandes réitérées des élus du deuxième collège, est actuellement dépassée.

L'immense majorité des populations est présentement acquise à l'idée nationale algérienne.

Interprètes fidèles de cette volonté, les élus soussignés croient de leur devoir d'orienter leur action dans la réalisation de cette aspiration.

À cet effet, ils donnent mission impérative à tous leurs parlementaires de défendre cette politique devant toutes les instances parlementaires et gouvernementales qu'ils mettront en face de leurs responsabilités.

Ils décident de créer un comité permanent de coordination de l'action des élus à tous les échelons qui aura pour tâche de suivre l'évolution de la situation politique. »

Le comité permanent est composé de Mohammed Bendjelloul, Boudjema Ould Aoudia, Salah Arzour, Hachemi Benchennouf, Moktar Tamzali, Ahmed Francis et Kaddour Sator[5].

Le texte est lu devant l'Assemblée nationale le [6].

Liste de signataires

La composition des signataires est la suivante[4],[7] :

Réactions

Notes et références

  1. Douzon 1981.
  2. Malika Rahal, « La place des réformistes dans le mouvement national algérien », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 83,‎ , p. 161–171 (DOI 10.3917/ving.083.0161, HAL hal-01316739).
  3. a b et c Abbas 1980.
  4. a et b Douzon 1951, annexe.
  5. Ould Aoudia 1999.
  6. 1re séance du mercredi , Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Assemblée nationale, no 89, , p. 5054.
  7. Mohammed Harbi et Gilbert Meynier, Le FLN, documents et histoire : 1954-1962, Paris, Fayard, , 898 p. (ISBN 2-213-61892-5), p. 221.
  8. a b c et d M'Hamed Yousfi, Le “complot” : Algérie 1950-1954, Alger, Entreprise nationale algérienne du livre (ENAL), , 234 p., p. 156.

Voir aussi

Bibliographie

  • Ferhat Abbas, Autopsie d'une guerre : L'aurore, Paris, Garnier, , 346 p. (ISBN 2-7050-0290-1), p. 140–141.
  • Jean-Philippe Ould Aoudia, Un élu dans la guerre d'Algérie : Droiture et forfaiture, Paris, Tirésias, coll. « Ces oubliés de l'histoire », , 194 p. (ISBN 2-908527-72-3), p. 91.
  • (en) Phillip C. Naylor, Historical Dictionary of Algeria, Lanham, Rowman & Littlefield, coll. « Historical dictionaries of Africa », , 4e éd., 687 p. (ISBN 978-0-8108-7918-8), « Declaration of sixty-one », p. 201 [lire en ligne].
  • Henri Douzon, « Les occasions perdues », dans Henri Alleg (dir.), La Guerre d’Algérie, t. 1 : L'Algérie des origines à l'insurrection, Paris, Temps actuels, , 609 p. (ISBN 2-7207-0076-4 (édité erroné)), § « La “déclaration des 61” », p. 568 et suivantes, avec le texte et la liste des signataires en annexe, t. 3, p. 521–522.