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Cameroun méridional

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Cameroun méridional
(en) Southern Cameroons

19161961

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Cameroun méridional constituent désormais la région du Sud-Ouest et la région du Nord-Ouest du Cameroun.
Informations générales
Capitale Buéa
Langue(s) Anglais
Religion Christianisme, animisme
Démographie
Population (1987) ~ 2 100 000
Gentilé Sud-camerounais, Sud-camerounaise
Superficie
Superficie 43700
Histoire et événements
1916 Mandat britannique.
1er octobre 1961 Fédéré avec l'ex-Cameroun français.

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le Cameroun méridional (en anglais : Southern Cameroons) était la partie méridionale du territoire sous mandat de la Société des Nations confié au Royaume-Uni, le Cameroun britannique, en Afrique de l'Ouest. Depuis 1961, il fait partie du Cameroun, où il couvre la région du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Depuis 1994, les groupes de pression du territoire affirment qu'il n'y a pas eu de document juridique (traité d'union) conformément à la résolution 1608(XV), paragraphe 5, de l'Assemblée générale des Nations unies, et cherchent à rétablir le statut d'État et l'indépendance vis-à-vis du Cameroun. Ils ont rebaptisé le Cameroun méridional « Ambazonie » (de la baie d'Ambas).

Histoire

À l'issue du traité de Versailles, le Kamerun allemand est divisé le 28 juin 1919 entre un mandat français et un mandat britannique de la Société des Nations, les Français, qui avaient précédemment occupé l'ensemble du territoire concerné, obtenant le plus grand. Le mandat français est connu sous le nom de Cameroun français. Le mandat britannique comprenait deux territoires voisins, le Cameroun septentrional à majorité musulmane et le Cameroun mérdional à majorité chrétienne. Ils sont administrés à partir du territoire britannique du Nigeria, mais sans y être rattachés, par le résident britannique (bien que certains titulaires aient eu le rang de District Officer, Senior Resident ou Deputy Resident) dont le siège est à Buéa.

Appliquant le principe de l'indirect rule, les Britanniques autorisaient les autorités indigènes à diriger les populations selon leurs propres traditions. Celles-ci collectent également les impôts, qui sont ensuite reversés aux Britanniques. Les Britanniques se consacrent au commerce et à l'exploitation des ressources minières du territoire. Des étudiants camerounais, dont Emmanuel Mbela Lifafe Endeley, créent la Cameroons Youth League (CYL) le 27 mars 1940, pour s'opposer à ce qu'ils considèrent comme l'exploitation de leur territoire.

Territoire sous tutelle

Lorsque la Société des Nations a cessé d'exister en 1946, la plupart des territoires sous mandat ont été reclassés en territoires sous tutelle des Nations unies, désormais administrés par le Conseil de tutelle des Nations unies. L'objectif de la tutelle était de préparer les territoires à une éventuelle indépendance. Le 6 décembre 1946, les Nations unies approuvent les accords de tutelle pour le Cameroun britannique, qui sera gouverné par le Royaume-Uni.

Le Cameroun du Sud a été divisé en 1949 en deux provinces : Bamenda (capitale Bamenda, d'où son nom) et Sud (capitale Buea). Pourtant, l'administration de type résidentiel a été maintenue avec un seul résident britannique à Buea, mais en 1949, Edward John Gibbons a été nommé résident spécial, et le 1er octobre 1954, lorsque le pouvoir politique est passé au gouvernement élu, il s'est succédé à lui-même comme premier de seulement deux commissaires.

À la suite de la Conférence générale d'Ibadan de 1950, une nouvelle constitution pour le Nigeria a dévolu davantage de pouvoirs aux régions. Lors de l'élection suivante, treize représentants camerounais anglophones ont été élus à la Chambre d'assemblée du Nigeria oriental à Enugu. En 1953, cependant, les représentants du Cameroun méridional, mécontents de l'attitude dominatrice des politiciens nigérians et du manque d'unité entre les groupes ethniques de la région orientale, déclarent une "neutralité bienveillante" et se retirent de l'assemblée. Lors d'une conférence tenue à Londres du 30 juillet au 22 août 1953, la délégation du Cameroun méridional demande la création d'une région distincte. Les Britanniques acceptent et le Cameroun méridional devient une région autonome dont la capitale est toujours Buea. Des élections sont organisées en 1954 et le parlement se réunit le 1er octobre 1954, avec E.M.L. Endeley comme premier ministre. Alors que le Cameroun et le Nigeria se préparent à l'indépendance, les nationalistes du Sud-Cameroun débattent pour savoir si leur intérêt réside dans l'union avec le Cameroun, l'union avec le Nigeria ou l'indépendance totale. Endeley est battu aux élections du 1er février 1959 par John Ngu Foncha.

Rattachement à la République du Cameroun et division administrative

En 1961, 70,5 % des électeurs du Cameroun méridional optent par référendum pour le rattachement à la « République du Cameroun » (ancien Cameroun français) nouvellement indépendante, au sein d'une république fédérale qui créée le (le Cameroun méridional devient alors le « Cameroun occidental » par opposition à l'ancien Cameroun français qui devient « Cameroun oriental »). Dès lors le territoire est subdivisé en deux régions : celle du Nord-Ouest et celle du Sud-Ouest. En 1972, le fédéralisme est supprimé, et le Cameroun méridional est alors divisé en deux régions administratives distinctes : la région du Nord-Ouest et la région du Sud-Ouest.

Conflit séparatiste

Depuis 1994, des groupes de pression dans le territoire de l'ex-Cameroun méridional tentent d'obtenir l'indépendance du territoire et de faire sécession du Cameroun. En , la « République d'Ambazonie » a été déclarée par le Southern Cameroons Peoples Organisation (SCAPO).

À partir de 2017, la population anglophone manifeste contre les discriminations dont elle se dit victime.

Le , Sisiku Julius Ayuk Tabe déclare symboliquement l'indépendance de la république fédérale d'Ambazonie, déclenchant une répression par les forces de l'ordre se soldant par des morts, des blessés, des émeutes, barricades, manifestations, couvre-feu, etc[1]. En , le Nigéria compte entre 7 000 et 30 000 réfugiés liés au conflit et à la répression à la suite de cette déclaration d'indépendance[2].

Le , des membres du gouvernement intérimaire d'Ambazonie, dont le président Sisiku Julius Ayuk Tabe , ont été arrêtés au Nigéria et déportés au Cameroun. Ils ont ensuite été arrêtés et ont passé 10 mois dans un quartier général de gendarmerie avant d’être transférés dans une prison à sécurité maximale de Yaoundé. Un procès a débuté en .

Le , il a été annoncé que Samuel Ikome Sako deviendrait le président par intérim de la République fédérale d'Ambazonie, succédant temporairement à Tabe. Sa présidence a vu l'escalade du conflit et son extension à toute les régions anglophones du Cameroun. Le , Ikome Sako a déclaré que 2019 verrait le passage d'une guerre défensive à une guerre offensive et que les séparatistes s'efforceraient d'obtenir une indépendance de facto sur le terrain.

Le au matin le tribunal militaire de Yaoundé condamne Julius Ayuk Tabe et neuf autres de ses partisans à la réclusion criminelle à vie[3].

Les élections législatives et municipales du 9 février 2020 entraînent un regain de violence dans les régions anglophones du Cameroun, autour de la tentative d'indépendance de l'Ambazonie. Les groupes séparatistes promettent des représailles à ceux qui iraient voter, en réaction le gouvernement central du Cameroun augmente ses effectifs militaires dans la zone[4]. Dans les deux semaines précédant les élections, selon Human Rights Watch, les rebelles séparatistes enlèvent plus d'une centaine de personnes dans les deux régions anglophones, tandis que les forces de sécurité commettent de nombreux abus de pouvoir[4]. Le 7 février 2020, c'est depuis sa cellule à la prison centrale de Yaoundé que Sisiku Julius Ayuk Tabe, président du gouvernement intérimaire d’Ambazonie, a déclaré, qu’ils sont plus que jamais engagés dans une indépendance totale ou une résistance à jamais.[5]. Le jour du scrutin, les rebelles séparatistes empêchent l'accès aux urnes[4]. Si le taux de participation aux élections a été faible dans tout le Cameroun, y compris en zone francophone, le taux de participation dans les régions Sud-Ouest et Nord-Ouest a été probablement encore plus faible, à cause des menaces, des violences et des blocages des urnes, bien que le gouvernement central camerounais n'ait pas communiqué officiellement le taux de participation, ni les résultats de ces régions[4].

Les violences se poursuivent après les élections. Ainsi, le 16 février 2020, 22 civils dont 14 enfants et 1 femme enceinte sont massacrés à Ntumbo, un village du Nord-Ouest[4]. l'opposition camerounaise (surtout le Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et les ONG locales accusent l'Armée et le gouvernement francophone d'avoir perpétré le massacre, dans un contexte de répression de la tentative de sécession de l'Ambazonie[4].

Le 21 avril 2020, le régime camerounais admet sa responsabilité, expliquant que l'Armée et un groupe d'autodéfense allié avaient attaqué des indépendantistes, tuant 5 d'entre-eux, puis s'étaient rendus compte que leur assaut avait également tué accidentellement les femmes et les enfants, et avaient alors décidé de déclencher l'incendie pour tenter de masquer leurs faits[6].

Le 2 juillet 2020, Déjà très impliquée lors de la tenue des assises du Grand dialogue national, l'Église catholique a de nouveau joué les facilitateurs lors de la récente prise de contact entre les séparatistes anglophones emprisonnés à Yaoundé et des émissaires du gouvernement. C'est d'ailleurs au centre épiscopal de Mvolyé, dans la capitale camerounaise, que cette rencontre s'est tenue. Pour l'occasion, Julius Ayuk Tabé, le président autoproclamé de l'Ambazonie et quelques-uns de ses partisans avaient été spécialement extraits de leurs cellules pour entamer des discussions avec les autorités du gouvernement. Parmi eux, Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda. Cette nouvelle implication de l'Église catholique pour tenter de rapprocher les parties en conflit de la crise dans les régions anglophones a été plutôt bien perçue par nombre d'observateurs, alors que jusqu'ici une sorte de crise de confiance semble installée de part et d'autre entre protagonistes. D'autant que dix mois après la tenue du Grand dialogue national, les résolutions qui en avaient été issues tardent à être mises en application. Notamment le statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest[7].

Le 20 août 2020, Le procès en appel du leader séparatiste anglophone Sisiku Julius Ayuk Tabe et de ses neuf co-accusés a été une nouvelle fois reporté. Une partie des magistrats affectés à ce dossier ayant été récemment mutés, la cause a été renvoyée au 17 septembre 2020[8].

Le 17 septembre 2020, Une Cour d’appel camerounaise a confirmé, la condamnation à la prison à vie prononcée en 2018 contre Sisiku Ayuk Tabe. Sisiku Julius Ayuk Tabe avait été jugé coupable de « sécession » et « terrorisme », en lien avec le conflit dans les régions anglophones du Cameroun. Il s’était autoproclamé président de l’Ambazonie, nom donné par les indépendantistes anglophones à l’ancien Cameroun méridional, non reconnu internationalement. Lors de l’audience la Cour d’appel a estimé que le tribunal militaire qui avait condamné Sisiku Ayuk Tabe et ses coaccusés le 20 août 2019 a bien dit le droit. Elle a donc confirmé la prison à vie pour les accusés, assortie d’une amende de 250 milliards de francs CFA.[9].

Dans les deux régions à majorité anglophones du Cameroun, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, des indépendantistes s’opposent violemment à l’armée depuis 2017 et les deux camps sont régulièrement accusés d’exactions contre des civils par des ONG. Au moins 3 000 personnes ont perdu la vie et plus de 700 000 autres ont dû fuir leur domicile, selon les Nations unies.[4].

Notes et références

  1. « Le Cameroun anglophone, en ébullition, compte ses morts », Le Monde,‎
  2. Joan Tilouine, « Patrick, Camerounais anglophone réfugié au Nigeria : “Plus que jamais, je suis ambazonien !” », sur Le Monde Afrique,
  3. « Cameroun: le dirigeant des séparatistes anglophones Julius Ayuk Tabe condamné à la prison à vie (avocats) », sur RFI, (consulté le )
  4. a b c d e f et g « Un village du Cameroun anglophone cible d'une attaque armée, 14 enfants tués », sur france24.com, (consulté le )
  5. « Sisiku Ayuk Tabe, leader de l’Ambazonia emprisonné : « nous restons engagés pour l’indépendance totale ou la résistance pour toujours » », sur Actu Cameroun, (consulté le )
  6. « Le Cameroun admet l'implication de militaires dans le meurtre de 13 civils », sur france24.com, (consulté le )
  7. « Cameroun: l'Église s'active pour un dialogue entre le gouvernement et les séparatistes », sur rfi.fr, (consulté le )
  8. « Cameroun: le procès du leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabe encore reporté », sur rfi, (consulté le )
  9. « Cameroun : Prison à vie confirmée pour le leader séparatiste de l’Ambazonie », sur Sahel Intelligence, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • (en) Martin Ayong Ayim, Former British Southern Cameroons Journey Towards Complete Decolonization, Independence, and Sovereignty.: A Comprehensive Compilation of Efforts, vol. 1, AuthorHouse, 2010, 816 p. (ISBN 9781434365200)
  • (en) Victor Julius Ngoh, Southern Cameroons, 1922-1961: A Constitutional History, Ashgate, Aldershot, Hampshire, England ; Burlington, Vt., 2001, 201 p. (ISBN 0-7546-1401-8)

Articles connexes