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Isabelle d'Aragon (1470-1498)

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Isabelle d'Aragon
Illustration.
Titre
Reine consort de Portugal

(10 mois et 24 jours)
Couronnement
Prédécesseur Éléonore de Viseu
Successeur Marie d'Aragon
Biographie
Dynastie Maison de Trastamare
Date de naissance
Lieu de naissance Dueñas, Palencia (Castille)
Date de décès (à 27 ans)
Lieu de décès Saragosse, province de Saragosse (Aragon)
Nature du décès Morte en couches
Père Ferdinand II d'Aragon
Mère Isabelle Ire de Castille
Conjoint Alphonse de Portugal
Manuel Ier de Portugal
Enfants Miguel de la Paz

Isabelle d'Aragon, née à Dueñas le et morte à Saragosse le , fut reine consort de Portugal.

Enfance

Fille aînée de Ferdinand II d'Aragon et d'Isabelle Ire de Castille [1], Isabelle porte le prénom de sa mère. Elle reçoit comme ses frères et sœurs une bonne éducation digne de son rang : elle apprend les langues romanes et étudie la Bible, la littérature, les arts et les textes liturgiques. Son précepteur est le dominicain Pascual de Ampudia.

Née sous le règne de son oncle, Henri IV de Castille, les premières années de la vie d'Isabelle sont marquées par les tensions entre lui et sa mère, le monarque ne pardonnant pas à la jeune femme d'avoir épousé Ferdinand II d'Aragon sans sa permission. À la mort d'Henri IV en 1474, sa mère revendique le trône de Castille et la jeune Isabelle devient l'héritière présomptive du trône [2].

Les premières années du règne d'Isabelle Ire sont le théâtre d'une guerre de succession, Henri IV n'ayant pas nommé de successeur. Une lutte s'ensuit entre elle et sa nièce Jeanne de Castille, connue sous le nom de "la Beltraneja" en raison des rumeurs selon lesquelles elle serait l'enfant illégitime de l'épouse d'Henri IV, Jeanne de Portugal, et de son favori, Beltrán de la Cueva. Alphonse V de Portugal, oncle de Jeanne, intervient en son nom et Ferdinand et Isabelle sont contraints à une guerre avec le Portugal [3].

Pendant la guerre, la jeune Isabelle est elle-même témoin du chaos. Alors que ses parents combattent les Portugais, la princesse est ainsi laissée à Ségovie, ville placée sous le contrôle d'Andrés de Cabrera et de sa femme Béatrice de Bobadilla. Les habitants de la ville, mécontents de cette nouvelle administration, se soulèvent et prennent le contrôle de la ville. La princesse, alors âgée de sept ans, est piégée dans une tour de l'Alcazar jusqu'à ce que sa mère restaure l'ordre [4].

La guerre se termine en 1479 avec le traité d’Alcáçovas, qui prévoit les fiançailles de la princesse Isabelle et du petit-fils d'Alphonse V, Alphonse de Portugal, de cinq ans son cadet [1]. Le traité prévoie également le paiement par Ferdinand et Isabelle d'une importante dot pour leur fille, qui doit résider pour quelque temps au Portugal pour garantir le respect des termes du traité par ses parents. En 1480, le prince Alphonse s'installe à Moura avec sa grand-mère maternelle Béatrice de Portugal, et est rejoint dans les premiers mois de l'année suivante par Isabelle [5].

Isabella passe également une partie considérable de sa jeunesse en campagne avec ses parents alors qu'ils font la conquête des derniers États musulmans du sud de l'Espagne. Par exemple, elle accompagne sa mère lors de la reddition de la ville de Baza [4].

Premier mariage

Son premier époux est le prince Alphonse, fils unique et héritier du roi Jean II de Portugal et d'Éléonore de Viseu [6]. Le mariage a lieu par procuration au printemps 1490 à Séville [7][8]. Le 19 novembre de cette même année, Isabelle arrive à Badajoz, où elle est accueillie par l'oncle d'Alphonse, Manuel de Beja. Alphonse et Isabelle se retrouvent à Elvas le 22 novembre et, le lendemain, Isabelle rencontre sa belle-mère au couvent do Espinheiro à Évora, où la cour s'est assemblée pour ratifier le mariage célébré à Séville [9].

Bien que l'union ait été arrangé par le traité d’Alcáçovas [1], elle devient rapidement un mariage d'amour. Isabelle s'avère être une figure populaire auprès de la famille royale portugaise en raison de sa connaissance de leur langue et de leurs coutumes résultant des années qu'elle a passées au Portugal dans son enfance. Cependant, la vie heureuse d'Isabelle au Portugal prend fin brutalement le 14 juillet 1491, quand Alphonse décède accidentellement d'une chute de cheval [10][11]. Elle a le cœur brisé et est convaincue que la mort de son époux est dû à la colère de Dieu envers le Portugal qui a fourni un refuge aux Juifs que ses parents ont expulsés d'Espagne [12].

Second mariage

Isabelle d'Aragon, reine de Portugal

Elle retourne finalement en Espagne à la demande de ses parents. En deuil d'Alphonse, elle est devenue intensément religieuse, et jeûne et se flagelle pour le restant de ses jours. Elle déclare également qu'elle refuse de se remarier. Ses parents semblent d'abord accepter sa décision, mais à la mort de Jean II de Portugal en 1495, son successeur, Manuel Ier de Portugal, demande immédiatement la main d'Isabelle [11]. Ferdinand et Isabelle, essayant peut-être de respecter les souhaits de leur fille, lui offrent la main d'une de leurs filles cadettes, Marie d'Aragon, mais il refuse [13]. La situation reste dans une impasse jusqu'à ce que la princesse Isabelle accepte d'épouser Manuel à la condition qu'il expulse tous les Juifs du Portugal qui ne se convertiraient pas au christianisme. Il accepte son ultimatum [14] et ils se marient en septembre 1497 [15].

Héritière des trônes d'Aragon et de Castille

Isabelle devient princesse des Asturies et héritière présomptive de la couronne de Castille à la suite du décès de son frère unique, Jean d'Aragon, en septembre 1497. Philippe d'Autriche, le mari de sa sœur cadette Jeanne, réclame la couronne, bien qu'Isabelle ait la préséance en tant que fille aînée. Les Rois Catholiques, pour contrer les prétentions de leur gendre, tiennent cour à Tolède en avril 1498 et font reconnaître Isabelle, alors enceinte, comme héritière présomptive légitime [16]. La famille royale se rend ensuite à Saragosse en juin pour réunir les Cortès d'Aragon dans le même but [17]. Le royaume d'Aragon est réticent à accepter une femme comme future dirigeante. Les Cortès d'Aragon refusent de la faire reconnaître comme héritière et imposent au roi certaines conditions, notamment la restitution des privilèges des villes enlevés par le roi. Ferdinand tente de calmer la situation mais le refus de se présenter aux Cortès des villes de Valence et de Barcelone fait échouer la reconnaissance officielle d'Isabelle comme héritière. Femme de caractère, elle conseille à son père de ne pas négocier avec les villes aragonaises et de rentrer en armes dans le royaume, de le prendre et d'imposer sa volonté. Les Aragonais apprennent le conseil donné au roi de la part de celle qu'ils sont censés reconnaître comme leur future reine et commencent à se préparer à faire face à une révolte, voire une guerre civile. Le chroniqueur portugais Garcia de Resende fait le récit de ces événements et affirme qu'en deux nuits les Aragonais ont placé huit mille hommes d'armes dans la ville de Saragosse.

C'est alors qu'Isabelle enceinte ressent les douleurs de l'accouchement. Elle donne naissance le 23 août 1498 au palais de l'archevêque de Saragosse à son unique enfant, Miguel de la Paz. Peut-être à cause de son jeûne constant [18], ou de ses déplacements à un stade avancé de sa grossesse [19], elle meurt moins d'une heure après la naissance de son fils, qui est ensuite reconnu comme héritier présomptif du Portugal, de Castille et d'Aragon [19]. Sa mort met fin aux indispositions entre la Couronne d'Aragon et les représentants des villes du royaume. Isabelle demande à être inhumée sans cérémonie en habits de religieuse au couvent de Santa Isabel à Tolède [18].

Ascendance

Références

  1. a b et c Rodrigues Oliveira 2010, p. 527, 533.
  2. Downey 2014, p. 132.
  3. Downey 2014, p. 144.
  4. a et b Downey 2014, p. 304.
  5. Downey 2014, p. 305.
  6. Rodrigues Oliveira 2010, p. 526.
  7. Fernández Álvarez 2003, p. 266.
  8. Rodrigues Oliveira 2010, p. 534.
  9. Rodrigues Oliveira 2010, p. 535.
  10. Rodrigues Oliveira 2010, p. 536.
  11. a et b Fernández Álvarez 2003, p. 366.
  12. Downey 2014, p. 314–315.
  13. Downey 2014, p. 316.
  14. Downey 2014, p. 369–370.
  15. Fernández Álvarez 2003, p. 382.
  16. Fernández Álvarez 2003, p. 386.
  17. Fernández Álvarez 2003, p. 386–387.
  18. a et b Downey 2014, p. 331.
  19. a et b Fernández Álvarez 2003, p. 387.

Bibliographie

  • Kirsten Downey, Isabella: the Warrior Queen, New York, Nan A. Talese/Doubleday, (ISBN 9780385534116)
  • (es) Manuel Fernández Álvarez, Isabel la Católica, Madrid, Espasa-Calpe, S.A., (ISBN 84-670-1260-9)
  • (pt) Ana Rodrigues Oliveira, Rainhas medievais de Portugal. Dezassete mulheres, duas dinastias, quatro séculos de História, Lisbon, A esfera dos livros, (ISBN 978-989-626-261-7)

Liens externes