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Zakaria Moumni

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Zakaria Moumni
Fiche d’identité
Nationalité Drapeau de la France FranceDrapeau du Maroc Maroc
Naissance (44 ans)
Rabat (Maroc)
Taille 1,86 m (6 1)
Catégorie Poids mi-lourds
Palmarès
  Professionnel
Combats 63
Victoires 58
Victoires par KO 28
Défaites 3
Matchs nuls 2
Titres professionnels Champion du monde poids moyen de kick-boxing en 1999
Vainqueur du championnat international d'ultimate fighting catégorie -81 kg en 2008
Vainqueur de gala international de boxe-tahi catégorie 75 kg en 2013

Zakaria Moumni (en arabe : زكرياء مومني) est un boxeur né le à Rabat (Maroc), sacré en 1999 à Malte champion du monde de kickboxing (light-contact), une discipline de la boxe thaïlandaise.

À partir de 2010, il est au centre d'une affaire juridique contestée. Il est appréhendé à l’aéroport de Rabat pour escroquerie selon la version du gouvernement marocain, enlevé et torturé pendant quatre jours au centre de Témara selon sa propre version[1]. À l’issue d’un procès dénoncé par lui-même et la FIDH, il est condamné à 30 mois de prison ferme. Il bénéficie d’une grâce royale au bout de 18 mois[2]. Dès lors, il n'a qu'une idée en tête : sa réhabilitation et la condamnation de ceux qu'il accuse de l'avoir torturé.

Biographie

Né en 1980, Zakaria Moumni grandit dans le quartier populaire de Takaddoum à Rabat[3]. Il s'illustre en 1999 en remportant à Malte, sous les couleurs marocaines, le championnat du monde WKA de kick boxing (light-contact) senior -68 kg. Il est alors le seul marocain et le seul ressortissant du monde arabe et d'Afrique à se hisser à ce niveau dans ce championnat du monde senior, comme en témoigne le classement mondial[4].

En 2007, Zakaria Moumni quitte le Maroc pour la France.

Parcours professionnel

Zakaria Moumni a participé à divers galas nationaux et internationaux amateurs et pro dans différentes catégories −57 kg -63 kg -67 kg -68 kg -71 kg -75 kg et -81 kg, et disciplines : semi-contact, light-contact, full-contact, kick-boxing, et muay thai (boxe thaïlandaise). À 19 ans (catégorie -68 kg), il est médaillé d'or lors du Championnat du monde de kick-boxing (light-contact) organisé par la WKA en 1999 à Malte[5]. Ce titre est toutefois contesté dans un communiqué par la Fédération royale marocaine, qui affirme que Zakaria Moumni ne dispose d’aucun certificat lui conférant la qualité de champion du monde professionnel, en se référant au champion d'une autre fédération, la WAKO[6]. Au championnat du monde de kick-boxing en 2000, en République tchèque, il finit 4e. Il est 4e au Championnat du monde de kick-boxing en 2000, en République tchèque (à la suite d'une blessure au coude).La Fédération marocaine l'empêche ensuite de participer aux championnats mondiaux[réf. nécessaire].

Il est vainqueur d'un Championnat international pro de ultimate fighting (combat libre dans les cages) en 2008 à Amsterdam, et d'un gala international la même année à Prague. Il devait ensuite représenter le Maroc au Championnat du monde de boxe thaïlandaise à Édimbourg en Écosse, avant que ne survienne sa détention[réf. nécessaire]. En , un an après sa libération, il est vainqueur d'un gala international de boxe thaïlandaise le organisé par Olimpboxe Muay Thaï Belgium Team (Namur et Andenne), en Belgique[7], combat du gala international de boxe thaïlandaise. Zakaria Moumni s'entraîne avec son coach, Jean-Charles Skarbowsky, ex-champion du monde de muay-thaï.

L'affaire Zakaria Moumni

En tant que champion du monde, Zakaria Moumni tente de faire valoir son droit à accéder au poste de conseiller sportif auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports marocain, en se basant sur le dahir royal no 1194-66 du . Le dahir en question dispose en effet que les ressortissants marocains ayant remporté un titre de champion du monde pourraient prétendre à ce poste. Ce poste lui est refusé mais, devant son insistance, en 2006, le roi lui fait octroyer deux licences de taxi, l’une à son nom, l’autre à celui de son père. Zakaria Moumni continue toutefois à réclamer son poste de fonctionnaire : en , il manifeste devant la résidence royale de Betz, en région parisienne, avant de se faire interpeller par la police[8].


Le , Zakaria Moumni est appréhendé par la police à l’aéroport de Rabat à la suite d’une plainte pour escroquerie et usurpation de titre déposée contre lui par deux citoyens marocains[8]. Selon sa version, il a été enlevé et séquestré au centre de torture de Témara pour y être torturé puis condamné à 36 mois de prison en première instance lors d'un procès jugé « inique » et « monté de toutes pièces » par plusieurs ONG[12].

Son procès a lieu le . À l'issue de ce procès, le boxeur est condamné en pour escroquerie pour des faits contestés par la défense[13] et par diverses associations de défense des droits de l'homme au Maroc[14], et internationales.

Le au matin, Zakaria Moumni est libéré. Il sort de la prison Zaki de Salé après 18 mois de détention, gracié par le roi [15].

Démarches en vue d'une réhabilitation

Accusations et plaintes

Le , lors de la conférence de presse donnée au siège de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), à Paris, Zakaria Moumni accuse directement Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi Mohammed VI, du traitement qui lui a été administré et demande ouvertement audience au roi, afin de « lui raconter directement ce qu'il a subi »[16].

Le , Zakaria Moumni dépose une plainte auprès du procureur du pôle spécialisé Crimes contre l’humanité, Crimes de guerre et Génocide du tribunal de grande instance de Paris pour torture visant Abdellatif Hammouchi[17], le directeur général de la DGST, la police politique marocaine, et Mounir Majidi[18], secrétaire particulier du roi comme commanditaire. Cette plainte participe avec d'autres à la convocation de l'ambassadeur du Maroc en France, ce qui entraîne un incident diplomatique entre les deux pays[8].

En , l'ex-ministre marocain de l'Intérieur Mohand Laenser reconnaît, dans le quotidien marocain Akhbar Elyaoum, avoir bien eu plusieurs contacts téléphoniques avec le boxeur et a ajouté que Moumni était filmé par des membres du renseignement marocain durant les négociations à Rabat[19]. Le un rapport de la CIA de 6 600 pages confirme l'existence du centre de torture de Temara où Zakaria dit avoir été torturé[20].

Le , le ministère de l'Intérieur marocain annonce abandonner la plainte en France pour allégations mensongères contre Zakaria Moumni au profit d'une plainte déposée au Maroc[21].

Par la suite, Zakaria Moumni se plaint d'être l'objet de diverses menaces de mort et de chantage[22],[23],[24].

Le Zakaria Moumni dépose une main courante pour menaces et intimidation à la suite du chantage qui aurait été exercé contre lui pour le retrait de ses plaintes avec un montage photographique pornographique et la visite d'un inconnu se présentant à son domicile. Ses avocats, maître Patrick Baudouin et maître Clémence Bectarte[25], déposent plainte le au parquet de Nanterre pour menace, intimidation et atteinte à l'intimité de la vie privée[26],[24]. En , Zakaria Moumni dépose une nouvelle plainte pour tentative d'assassinat, à Nancy[27].

Le procès finalement tenu au Maroc en 2016 se solde par une condamnation de Zakaria Moumnir pour diffamation envers Mounir El Majidi[28].

Alertes auprès de politiques et témoignages

En 2013 et 2014, Zakaria Moumni interpelle plusieurs personnalités pour les alerter sur son cas et demander justice : Barack Obama, John Kerry, Ban Ki-moon[29], Navanethem Pillay (haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme)[30]. Le , Zakaria Moumni témoigne à l'assemblée générale d'Amnesty International devant 450 militants, à Saint-Brieuc[31]. Le , dans le cadre de la campagne StopTorture d'Amnesty International, Zakaria Moumni, témoigne à une conférence à la faculté de lettres et sciences humaines de Nancy[32].

Le à l'occasion du grand rassemblement place de la République qui s'est tenu à Paris en soutien aux victimes des attentats terroristes, Zakaria Moumni exprime sa solidarité avec les familles des victimes, son soutien à la liberté d'expression et à la liberté de la presse. Il condamne aussi fermement une nouvelle fois, sur I-Télé et BFM TV [33],[34], les pratiques visant à réprimer au Maroc les libertés et l'hypocrisie de la présence annoncée (finalement annulée[35]) du ministre marocain des Affaires étrangères au côté des dirigeants internationaux. Le Maroc, rappelle le boxeur, est un pays qui censure, enlève, et torture ses propres citoyens et n'a donc pas sa place dans la marche[style à revoir][36]. Les autorités marocaines contestent ces accusations, et parlent de manipulations et chantages qui auraient été menés par Zakaria Moumni en vue d’obtenir le poste de conseiller qu’il convoite ; elles portent plainte pour diffamation auprès de la justice française[37],[38].

Le , le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar s'apprête à se rendre à Paris pour rencontrer son homologue français Laurent Fabius en vue d'un éventuel rapprochement. Mais la connaissance d'un débat télévisé au même moment sur France 24 entre Tarek Atlati, le président du Centre marocain des études stratégiques de Rabat, et Zakaria Moumni[39], le convainc d'annuler sa venue[40].

En 2015, Zakaria Moumni retrace sa version des différents points dans un livre, L’Homme qui voulait parler au roi[41].

Enquête du parquet de Paris

Le parquet de Paris a dénoncé le à la justice marocaine des faits de torture présumés qui auraient été commis au Maroc à l'encontre de Zakaria Moumni, sur ordre du patron du renseignement marocain Abdellatif Hammouchi. Selon les avocats du Maroc, la dénonciation officielle du parquet « ne signifie en rien une quelconque confirmation du bien-fondé des allégations de Zakaria Moumni ». Il ressort des investigations « qu'il existe une ou plusieurs raisons plausibles de présumer » que des infractions relevant de la torture « ont été commises et peuvent être retenues », écrivent de leur côté les enquêteurs, dans la synthèse de leurs investigations consultée par l'AFP. À leurs yeux, les expertises médicales et psychologiques sur Zakaria Moumni « indiquent que les propos rapportés par la victime sont en cohérence avec la plainte déposée ». Lors de son audition le , Zakaria Moumni a affirmé « que ses tortionnaires obéissaient aux ordres donnés par Abdellatif Hammouchi lui-même agissant sur directives » d'un haut responsable de l'entourage du roi, qu'il cite, selon les conclusions des enquêteurs. Le parquet a donc renvoyé la balle aux Marocains. Sa dénonciation officielle vise, selon le Quai, « à solliciter une autorité judiciaire étrangère pour poursuivre l'instruction d'une affaire, sans que le juge français ne soit pour autant dessaisi ». Faute de réponse marocaine, la justice française peut donc décider de reprendre la main[42],[43]. En juin 2022 il obtient le statut de réfugié politique[44]. Il devient alors le seul français à obtenir ce statut au Canada

Notes et références

  1. Un boxeur déplait au secrétaire du roi finit en prison, Nouvelobs, le 04/01/2012 http://rue89.nouvelobs.com/rue89-sport/2012/01/04/maroc-un-boxeur-deplait-au-secretaire-du-roi-il-finit-en-prison-228051
  2. Maroc : le boxeur Zakaria Moumni gracié par le roi et libéré, Jeune Afrique le 04/02/2012
  3. Abdelhak Najib, « Zakaria Moumni, triste sort pour un champion du monde », Maroc Hebdo, ?
  4. http://www.kainath.onlinehome.de/wka/wm99lk.htm#Top Le classement mondial du championnat du monde de Light Contact, Kick Boxing, Malta 1999
  5. France inter : Boxeur pour la justice le 25/12/2014 https://www.franceinter.fr/emission-la-fabrique-du-nouveau-monde-boxeur-pour-la-justice
  6. « Zakaria Moumni n’a pas remporté le titre de champion du monde de light contact en 1999 », libe.ma, 29 janvier 2015
  7. Combat du gala de boxe thai le 27/04/2013 https://www.youtube.com/watch?v=1lq3IVrkVPk
  8. a b et c « France – Maroc : la gifle de Neuilly », jeuneafrique.com, 6 mars 2014]
  9. « Maroc : Les autorités devraient libérer ou rejuger le champion de boxe Sidi Zakaria Moumni », sur Human Rights Watch, (consulté le ).
  10. « Les autorités marocaines doivent rejuger équitablement Zakaria Moumni », sur amnestyinternational.be, amnesty.be, (consulté le ).
  11. « Zakaria Moumni condamné à 20 mois d’emprisonnement par la justice marocaine : une décision inique », sur Fédération internationale pour les droits humains (consulté le ).
  12. les ONG de droits de l'Homme, comme l'AMDH ou l'ASDHOM, HRW[9] (Human Rights Watch), Amnesty International[10] et la FIDH[11] (Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme)
  13. Zakaria Moumni dans l'enfer des geôles marocaines, Florence Beaugé, Le Monde, 14 décembre 2010]
  14. : la FIDH demande au roi de faire libérer l'ancien boxeur Zakaria Moumni, Jeune Afrique, AFP, 8 décembre 2011
  15. L’ex-boxeur Moumni gracié par le roi du Maroc, Libération, 4 février 2012
  16. Zakaria Moumni demande ouvertement audience au roi
  17. France-Maroc : torture, plaintes et crispations, TV5MONDE, le 26/02/2014
  18. Hammouchi et Majidi accusés de torture en direct sur bfmtv et i-télé, le 11/01/2015
  19. Zakaria Moumni balance des enregistrements audio avec des hauts responsables, le 18/12/2014
  20. Un rapport de la CIA confirme l’existence de centres de torture au Maroc, TelQuel, 9 avril 2014]
  21. Zakaria Moumni : « Abdellatif Hammouchi craint la justice française », 16 juin 2014, Demain online
  22. Zakaria Moumni accuse Mounir Majidi de l’avoir « menacé de mort », Demain, 30/06/14
  23. un ancien champion se dit menacé, le point le 03/12/2014 http://www.lepoint.fr/sport/kickboxing-un-ancien-champion-se-dit-menace-03-12-2014-1886488_26.php
  24. a et b Le boxeur franco-marocain Zakaria Moumni victime de chantage, RFI le 19/12/2014 http://www.rfi.fr/afrique/20141219-boxeur-franco-marocain-zakaria-moumni-victime-chantage-hammouchi-majidi/
  25. Plainte contre un officiel marocain pour torture, le Figaro le 03/12/2014
  26. Le Canard enchainé, le 31/12/2014 http://www.demainonline.com/2014/12/31/le-canard-enchaine-traite-mounir-majidi-de-personnage-sulfureux/
  27. Moumni échappe à une tentative d'assassinat sur lessentiel.lu, 16 juin 2016.
  28. Mounir El Majidi gagne son procès contre Zakaria Moumni sur le360.ma, 5 octobre 2016.
  29. Affaire Zakaria Moumni : l’athlète marocain saisit Ban Ki-moon, Le Courrier d'Algérie
  30. Torture au Maroc : Zakaria Moumni écrit à Navanethem Pillay, Demain online, 28 mai 2014.
  31. Amnesty International France à Saint-Brieuc les 28 et 29 juin 2014 pour son Assemblée générale, site d'Amnesty International
  32. http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2102 Faculté de Lettres et Sciences de Nancy le 08/12/2014
  33. [vidéo] Zakaria Moumni BFMTV le 11/01/2015 https://www.youtube.com/watch?v=b4ynLfrDwbw
  34. [vidéo] Zakaria Moumni I-télé le 11/01/2015 https://www.youtube.com/watch?v=xVpIp3VWPMY
  35. Le Maroc absent de la marche républicaine à Paris, RFI le 11/01/2015 http://www.rfi.fr/afrique/20150111-le-maroc-absent-marche-republicaine-paris/
  36. Zakaria Moumni cracks in the unity after Paris attacks, Reuters le 11/01/2015 https://reuters.com/article/2015/01/12/uk-france-shooting-dissent-idUKKBN0KK0I820150112
  37. Le dénommé Zakaria Moumni devant la justice française pour diffamation, lematin.ma, 28 février 2015
  38. Le Maroc assigne en justice le boxeur Zakaria Moumni, Le Monde.
  39. Zakaria Moumni émission face à face, France 24 arabe le 21/01/2015 http://www.france24.com/ar/20150121-وجها-لوجه-المغرب-فرنسا-قضاء-تعاون-أمني-حصانة-مسؤولين-فرنسا/
  40. Zakaria Moumni, Le débat télévisé qui a obligé Mezouar à annuler son voyage à Paris le 23/01/2015 http://www.demainonline.com/2015/01/23/la-video-qui-a-oblige-mezouar-a-annuler-son-voyage-a-paris/
  41. « Tu peux demander au roi ce que tu veux » : la nouvelle affaire marocaine sur nouvelobs.com, 2 octobre 2015.
  42. « Des enquêtes menacent la réconciliation franco-marocaine », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  43. Reuters Staff, « Paris a dénoncé des faits présumés de torture au Maroc », sur reuters.com, (consulté le ).
  44. « Le Canada accorde le statut de réfugié à un citoyen français harcelé par les services marocains en France », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes