Sinisation de la Mongolie-Intérieure

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La sinisation de la Mongolie-Intérieure est la transition qu'a effectuée la Mongolie-Intérieure au cours des deux derniers siècles d'une région majoritairement mongolophone en une région majoritairement sinophone. À côté d'une chute de la population mongole sous la dynastie Qing et la République de Chine, cette transition s'explique surtout par une immigration des Chinois Han. Ainsi, quand la Région autonome de Mongolie-intérieure fut créée en 1947, les Mongols de souche ne représentaient que 15 % de la population totale de la région[1].

Dynastie Qing[modifier | modifier le code]

Sous l'empire Qing (1644-1912), la Mongolie fut organisée en ligues et bannières. Pendant le XVIIIe siècle, malgré l'interdiction par l'empire, un nombre croissant de Chinois Han commencent à migrer en Mongolie-Intérieure. En 1791, les paysans Han présents dans la Bannière avancée de Gorlos étaient tellement nombreux que le djasak pétitionna pour la légalisation des immigrants[2]. Cette immigration s'accéléra au XIXe siècle. En même temps, la construction massive de monastères ouvrit la Mongolie aux marchands chinois Han[3]. On estime que la population des Chinois Han en Mongolie-Intérieure en 1912 s'élevait à 1 500 000, dépassant largement les Mongols[1].

République de Chine[modifier | modifier le code]

En 1911, après la proclamation de la République de Chine, la Mongolie-Intérieure fut scindée en trois provinces : Rehe, Chahar et Suiyuan.

Le , durant la guerre sino-japonaise, le Gouvernement autonome uni de Mongolie fut proclamé à Hohhot, qui devint une forme de colonie de l'Empire japonais. En 1939, ce gouvernement fusionna avec les gouvernements autonomes de Sud-Chahar et de Jinxi (Ouest-Shaanxi), deux régions majoritairement Han, pour former le gouvernement autonome uni de Mengjiang. Le , le Mengjiang pri le nom de Fédération autonome de Mongolie. En , le Mengjiang fut repris par les soviétiques après la défaite japonaise.

En 1947, des Mongols sinisés s’allièrent aux communistes chinois et, s'engageant dans la voie de l'autonomie régionale, participèrent à la création de la Région autonome de la Mongolie-Intérieure, officialisée le , et qui fut la première région autonome des ethnies minoritaires de la Chine. En 1947, il y avait 832 000 Mongols de souche en Mongolie-Intérieure, soit 15 % de la population totale de la région[1].

République populaire de Chine[modifier | modifier le code]

Après la création de la Région autonome, la population mongole a connu une augmentation importante. Selon le recensement de 2010, il y a 4 226 093 Mongols en Mongolie-Intérieure, soit 17 % de la population totale de la région[4].

Malgré cette progression démographique, le mode de vie mongol est altéré voire menacé de disparition, selon Marie-Dominique Even, chercheur au Centre national de la recherche scientifique[5]. Des nomades mongols sont forcés à se sédentariser au motif de diminuer la dégradation écologique des steppes, leurs terres étant cédées à des compagnies minières ou énergétiques chinoises, selon le journaliste de l'AFP, Dan Martin[6]. Pour Jiang Rong, auteur du Totem du loup, « Cette culture est simplement en train de disparaître »[7].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « 内蒙古自治区蒙古族人口的历史与现状简述 », Inner Mongolia Statistics « 1 »,‎ (lire en ligne).
  2. (en) The Cambridge History of China, vol. 10, p. 356.
  3. (en) The Cambridge History of China, vol. 10, p. 56.
  4. Région autonome de Mongolie-Intérieure, Communiqué sur les principales données du recensement de 2010.
  5. Marie-Dominique Even, Les Mongols de Chine, entre marginalisation économique et acculturation : « L’exemple de la Mongolie-Intérieure montre en effet que l’occupation et l’exploitation d’une partie importante de la région par les Chinois de souche (les Han), qui se mettent en place dans la deuxième moitié du xixe siècle et s’accélèrent considérablement à l’époque communiste, ont progressivement rejeté les Mongols à la périphérie de la vie économique et entraîné de ce fait une altération, voire une disparition de ce mode de vie fortement identitaire, aboutissant à une sinisation irréversible de cette région « autonome » ».
  6. Dan Martin (AFP), La culture mongole menacée de disparition avec la sédentarisation, Aujourd'hui la Chine, 05-05-2009.
  7. Dan Martin (AFP), La sédentarisation étouffe la culture mongole La Presse, 15 mai 2009