Sibir (brise-glace, 2017)

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Sibir
СИбИРЬ(ru) (Sibérie)
illustration de Sibir (brise-glace, 2017)
Le Sibir en construction (2018)

Type brise-glace
Classe Classe Arktika II
Histoire
Chantier naval Saint-Pétersbourg (Chantier naval de la Baltique)
Lancement
Mise en service
Équipage
Équipage 75 personnes
Caractéristiques techniques
Longueur 173.30 m (hors-tout)
160 m (flottaison)
Maître-bau 34 m
Tirant d'eau 15.20 m
Tirant d'air 51.25 m
Déplacement 33 530 tonnes
Propulsion 2x1 réacteur nucléaire RITM-200 (2x175 MWt)
2x1 turbo-alternateur (2x36 MWe)
3 arbres
Puissance 88 000 kW
Vitesse 22 nœuds
Carrière
Armateur Atomflot
Affréteur Atomflot
Pavillon Drapeau de la Russie Russie
Port d'attache Mourmansk
Indicatif UBNV3
IMO 9774422[1],[2]

Sibir (russe : Сибирь; français : Sibérie) est l'un des brise-glace à propulsion nucléaire russe issus du « Projet 22220 ». Construit par le chantier de la Baltique à Saint-Pétersbourg, il a été mis en chantier en 2015, mis à l'eau en 2017 et livré en décembre 2021[3].

C'est le second navire de la classe Arktika II à avoir été étudié, construit et lancé, après son sistership l'Arktika. Comme ce dernier, le Sibir a été précédé par des navires qui ont porté ce nom :

  • le Sibir (en) un brise-glace soviétique lancé en 1937 sous le nom de Iosef Stalin et rebaptisé en 1956,
  • le Sibir (en) un brise-glace à propulsion nucléaire soviétique de classe Arktika en service de 1977 à 1992.

Génèse du projet[modifier | modifier le code]

A la fin des années 1980[4], les instituts de recherche et les bureaux d'études russes ont développé un successeur aux brise-glace à propulsion nucléaire de la classe Arktika (première du nom) des années 1970, dans le cadre d'un programme plus large de renouvellement de la flotte de brise-glace lancée peu après la dissolution de l'Union soviétique[5].

Cette nouvelle série de brise-glace de 60 MW, dite de type LK-60Ya, [6] comporterait une fonctionnalité de double tirant d'eau qui permettrait au navire d'opérer dans des zones côtières peu profondes ou des fleuves en utilisant ses ballasts[7].

Bien que les études préliminaires aient été développées près de deux décennies plus tôt, la conception du LK-60Ya a été finalisée en 2009 sous le nom de projet 22220 par le Bureau Central de Design "Iceberg"[8] et la construction du premier navire a été confiée en août 2012 au chantier naval de la Baltique basé à Saint-Pétersbourg[9]. Deux extensions au contrat initial de mai 2014 et d'août 2019 ont porté à cinq le nombre de brise-glaces du projet 22220 en construction ou en commande, plus deux autres planifiés en 2022[10],[11].

Conception et performances[modifier | modifier le code]

Comme ses sisterships du projet 22220, Sibir mesure 173,3 m de longueur, 34 m au maître-bau et 51,25 m de haut. Conçu pour fonctionner efficacement à la fois dans les estuaires fluviaux peu profonds de l'Arctique ainsi que le long de la route maritime du Nord, le tirant d'eau du navire peut varier entre environ 9 et 10,5 m en remplissant ou vidant l'eau de ses ballasts, correspondant à un déplacement compris entre 25 540 et 33 530 t[1],[2],[12].

Sibir a un groupe motopropulseur nucléaire-turbo-électrique. La centrale nucléaire embarquée se compose de deux réacteurs à eau sous pression RITM-200 de 175 MW alimentés par de l'uranium 235 enrichi à 20 %[13] et deux turboalternateurs de 36 MW[14],[15],[16].

Le système de propulsion suit le schéma classique du brise-glace polaire avec trois hélices quadripales de 6,2 m entraînées par des moteurs électriques de 20 MW (27 000 ch)[17],[18],[19]. Avec une puissance de propulsion totale de 60 MW (80 000 ch), Sibir est conçu pour être capable de briser de la glace de 2,8 m d'épaisseur à la vitesse constante de 1,5 à 2 kn (2,8 à 3,7 km/h) à pleine puissance lors de l'utilisation en eau profonde au tirant d'eau initial[2].

Construction et mise en service[modifier | modifier le code]

Sibir en construction en décembre 2018.

L'appel d'offres pour la construction de deux brise-glaces à propulsion nucléaire supplémentaires du projet 22220, appelés premier et deuxième navires de série du projet, a été annoncé lors de la cérémonie de pose de la quille du navire de tête l'Arktika le 5 novembre 2013[20]. Le 8 mai 2014, les 84,4 milliards de roubles (environ 2,4 milliards de dollars)[21] du contrat pour deux navires a été attribué au chantier naval de la Baltique, basé à Saint-Pétersbourg, la seule entreprise dont l'offre avait été acceptée[22].

La quille du deuxième brise-glace du projet 22220 a été posée le 26 mai 2015[23]. Après la mise à l'eau d'Arktika en juin et pour faire place à la pose de la quille du troisième brise-glace[24], la coque partiellement assemblée pesant environ 3 500 tonnes a été déplacée d'environ 125 m le long de la cale de halage jusqu'à la position où la construction finale de la coque aurait lieu[25].

Ce brise-glace a été lancé sous le nom de Sibir, mot russe pour Sibérie, le 22 septembre 2017[26]. Auparavant, le nom avait été utilisé sur le deuxième brise-glace nucléaire de classe Arktika I qui était en service de 1977 à 1992, ainsi que sur un brise-glace à vapeur de 1937.

La marraine du navire est Tatiana Golikova, vice-Premier ministre de Russie chargé de la Politique sociale, du Travail, de la Santé et des Retraites depuis 2018.

Initialement, la livraison de ce deuxième brise-glace à propulsion nucléaire du projet 22220 était prévue pour 2018[20], mais a dû être reportée en raison de problèmes avec la livraison des turbines à vapeur d'un fabricant national[27].

Sibir est parti pour ses premiers essais en mer le 16 novembre 2021[28] et revint à Saint-Pétersbourg le 30 novembre[29]. La deuxième campagne d'essais en mer s'est achevée en décembre 2021[30]. Bien que quelques dysfonctionnements mineurs aient été découverts[31] le brise-glace a été livré à Atomflot le 24 décembre 2021[3].

Le vaisseau a quitté Saint-Pétersbourg le 13 janvier 2022 et, après la cérémonie de remise du pavillon à Mourmansk son port d'attache le 25 janvier 2022[32], il se dirigea vers sa zone d'activité, la mer de Kara et le golfe de l'Ob afin d'escorter les navires à travers les glaces[33].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (ru) « Универсальный атомный ледокол проекта 22220 », Rosatomflot (consulté le )
  2. a b et c (ru) « Multipurpose nuclear icebreaker project 22220 », United Shipbuilding Corporation (consulté le )
  3. a et b (en) « Baltiysky Zavod shipyard delivers Sibir, prénom serial icebreaker of Project 22220, to Atomflot », PortNews, (consulté le )
  4. (ru) L.G. Tsoy, Не разучились ли наши судостроители проектировать ледоколы?,‎
  5. (en) L.G. Tsoy, I.A. Stoyanov, V.V. Mikhailichenko et S.G. Livshits, Proceedings of the 13th International Conference on Port and Ocean Engineering under Arctic Conditions, 1995 (POAC'95), vol. 1, , 13–26 p.
  6. La désignation de la série "LK-60Ya" (russe : ЛК-60Я) vient du mot russe pour "brise-glace" (russe : ледокол = ledokol), de la puissance de propulsion (60 mégawatts), et de Ya (Cyrillique) la première lettre du mot russe pour "nucléaire" (russe : ядерное = yadernoye).
  7. (en) L.G. Tsoy, Proceedings of the Fifth International Conference on Ships and Marine Structures in Cold Regions, 1994 (ICETECH'95), , P1–P8
  8. (en) « Largest icebreaker construction now underway », The Motorship, (consulté le )
  9. (en) « Baltic Shipyard to build new large nuclear-powered icebreaker (Project 22220 LC-60YA) », Navy Recognition, (consulté le )
  10. (en) « Baltiysky Shipyard to build three new icebreakers by 2020 », Barents Observer, (consulté le )
  11. (en) « Russia's ATOMFLOT Orders 4th & 5th Project 22220 Nuclear-Powered Icebreakers », Naval News, (consulté le )
  12. (ru) « Испытание Дудинкой. «Сибирь» поборола лишний вес », Fontanka.ru,‎ (consulté le )
  13. (en) Peter Lobner, « Marine Nuclear Power: 1939 – 2018 » (consulté le )
  14. (en) « Serving the nuclear machine building industry since 1945 », JSC "Afrikantov OKBM" (consulté le )
  15. (en) « Kirovsky Zavod Will Manufacture a Steam-Turbine Plant for the World's Largest Nuclear-Powered Ice-Breaker », Kirovsky Zavod, (consulté le )
  16. (en + ru) « Турбогенератор РУСЭЛПРОМА установили на атомный ледокол », Ruselprom (consulté le )
  17. « Serving the nuclear machine building industry since 1945 », JSC "Afrikantov OKBM" (consulté le )
  18. (ru) « Электродвигатели "Русэлпрома" погружены на ледокол "Сибирь" », Ruselprom (consulté le )
  19. (ru) « "Звездочка" изготовила лопасти гребных винтов для головного атомного ледокола », TASS,‎ (consulté le )
  20. a et b (en) « Atomflot announces tender for construction of two serial nuclear icebreakers », PortNews, (consulté le )
  21. (en) « Baltic Shipyard building nuclear icebreaker », VEUS e.V., (consulté le )
  22. (en) « Baltiysky Shipyard awarded no-bid contract for construction of two nuclear icebreakers of project 22220 », PortNews, (consulté le )
  23. (en) « Keel laying ceremony of the nuclear-powered icebreaker takes place at the Baltic Shipyard », PortNews, (consulté le )
  24. (en) « Hull of the Siberia, the second icebreaker of project 22220, shifted to a new position at Baltiysky Zavod shipyard », Navigator Magazine, (consulté le )
  25. (en) « Hull of the Siberia, prénom serial icebreaker of project 22220, shifted to a new position at Baltiysky Zavod shipyard », PortNews, (consulté le )
  26. (en) « Baltiysky Zavod launches Sibir, first serial nuclear-powered icebreaker of Project 22220 (photo) », PortNews, (consulté le )
  27. (en) « Russia's Rosatomflot Launches Third New Nuclear Icebreaker », High North News, (consulté le )
  28. (en) « Baltiysky Zavod sends nuclear-powered icebreaker Sibir for sea trials », PortNews, (consulté le )
  29. (ru) « Первый серийный атомный ледокол проекта 22220 «Сибирь» вернулся в Санкт-Петербург с ходовых испытаний в акватории Финского залива », Атомная энергия 2.0,‎ (consulté le )
  30. (en) « First serial icebreaker of Project 22220, Sibir, completed final phase of shipbuilder’s sea trials », PortNews, (consulté le )
  31. (ru) « В рамках ходовых испытаний ледокола «Сибирь» проекта 22220 обнаружены сбои – ФГУП «Атомфлот» », PortNews,‎ (consulté le )
  32. (ru) « На ледоколе "Сибирь" поднят Государственный флаг РФ », Sudostroenie.info,‎ (consulté le )
  33. (ru) « Атомоход проекта 22220 «Сибирь» вышел из Санкт-Петербурга в порт Мурманск », PortNews,‎ (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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