Soda rosmarinus

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Soda rosmarinus
Cette image montre la forme caractéristique de Soda rosmarinus, avec ses feuilles vertes, fines et charnues
Soda rosmarinus, vue de près, dans le désert du Qatar
Classification
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Caryophyllidae
Ordre Caryophyllales
Famille Amaranthaceae
Genre Soda

Espèce

Soda rosmarinus
(Bunge ex Boiss.) Akhani, 2020

Synonymes

  • Salsola rosmarinus (Bunge ex Boiss.) Eig
  • Seidlitzia rosmarinus Bunge ex Boiss.
  • Suaeda rosmarinus Ehrenb. ex Boiss.

Soda rosmarinus, aussi appelée eshnan est une espèce végétale vivace de salicorne du désert, de la famille des Amaranthaceae[1]. Elle est endémique de la basse vallée du Jourdain, le long de la mer Morte, en Israël et en Jordanie, du désert syrien[2], du centre de l'Irak (région de Najaf), des régions côtières de l'Arabie saoudite, des îles de Bahreïn, du Qatar et d'Iran.

Elle est souvent utilisée par les Bédouins pour le nettoyage comme substitut au savon[3]. Dans la littérature arabe médiévale, elle est également connue sous les noms de « ouchnan vert » et de « potasse des blanchisseurs », et utilisée depuis des siècles pour produire du savon nabulsi, comme électuaire dans la préparation de thériaque à utiliser comme traitement des piqûres de scorpion[4], ainsi que pour extraire le potassium pour d'autres usages médicinaux.

Description[modifier | modifier le code]

S. rosmarinus, comme son parent S. ongifolia, comporte des feuilles charnues opposées et des excroissances ailées s'élevant au-dessus du milieu des parties du périanthe en forme d'encoche. Cependant, contrairement à son parent, ce Salsola a des bases de feuilles presque complètement jointes aux nœuds sans aucun canal longitudinal descendant l'entre-nœud. Il contient également une touffe dense de poils blancs à l'aisselle de chaque feuille. La plante est classée comme xérophyte, s'étant adaptée aux endroits avec peu d'eau. Sa floraison à lieu de fin mars à début mai.

Habitat[modifier | modifier le code]

S. rosmarinus poussant sur de petits monticules de sable au Qatar.

La plante se développe principalement dans les zones salines (arabe : sabkha), sur les sols durs, et peut également pousser le long des ravins fluviaux (arabe : wadi) et dans les canaux de drainage qui possèdent des sols alcalins et salins, accumulant ensuite dans ses feuilles une grande quantité de sodium et d'ions chlorure[5]. Elle prospère dans un sol limoneux, très glissant et boueux lorsqu'il est mouillé, mais qui devient dur avec une surface écaillée qui se décompose en une fine poussière lorsqu'il est sec, et on peut surtout la voir pousser sur des buttes dans un tel terrain[6].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Selon le savant arabe Al-Tamimi, elle aurait certaines propriétés médicinales, dont celles de prévenir la carie dentaire et de diminuer le saignement des gencives.

On dit aussi qu'elle est utile pour éliminer l'halitose. Une quantité d'un poids d'un dirham (environ 3,31 g à l'époque ottomane) était traditionnellement appliquée avec le doigt sur la partie affectée des gencives dans la bouche, et laissée pendant une heure. Son application, cependant, aurait été assez désagréable en raison de son effet brûlant et de sa forte alcalinité. Après quoi, la bouche est rincée à l'eau froide, puis un gargarisme avec de l'huile de rose persane est réalisé pour aider au refroidissement de la bouche[7].

Elle prévient les cystites récurrentes chez les femmes de 15 à 50 ans[8].

Références à la plante dans la littérature[modifier | modifier le code]

Dans la littérature juive ancienne (Bible[9], Mishnah[10], Tosefta[11] et Talmud[12]), il existe deux termes génériques utilisés pour décrire les plantes alcalines utilisées comme lixivium pour se laver les mains et laver les vêtements, l'un étant appelé borith (hébreu : בורית), l'autre, ahal (hébreu : אהל). Les savants modernes ne sont pas d'accord sur l'identité précise de ces plantes, mais presque tous s'accordent à dire[Qui ?] qu'il s'agissait de substances alcalines trouvées dans certaines plantes locales, et qui auraient pu inclure les genres de Salsola, Seidlitzia, Anabasis, Suaeda, Hammada, Mesembryanthemum et Salicornia[réf. nécessaire].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Seidlitzia rosmarinus Bunge ex Boiss. », Plants of the World Online, The Trustees of the Royal Botanic Gardens, Kew, n.d. (consulté le )
  2. The plant grows in the Saharo-Arabian Region of Syria, and is known locally by the name al-ʿaniẓwān (arabe : العنظوان).
  3. Aref Abu-Rabia et A. Abu-Rabia, A Bedouin Century: Education and Development Among the Negev Tribes in the 20th Century, Berghahn Books, , 47 p. (ISBN 978-1-57181-832-4, OCLC 1022718259, lire en ligne)
  4. Suessman Muntner (ed.), Maimonides' Treatise on Poisons and their Antidotes (Based on Paris 1211 Manuscript), Philadelphia 1966, p. 30 (section 5).
  5. Al-Ani, Habib, Abduaziz and Ouda, Plant Indicators in Iraq: II. Mineral Composition of Native Plants in Relation to Soils and Selective Absorption, Plant and Soil, Vol. 35, No. 1 (August 1971), pp. 30–33.
  6. See pp. 792–793 in: Vesey-Fitzgerald, « The Vegetation of Central and Eastern Arabia », Journal of Ecology, vol. 45, no 3,‎ , p. 779–798 (DOI 10.2307/2256957, JSTOR 2256957)
  7. Al-Tamimi's description of this plant and its usages is preserved in an Arabic manuscript written by Anṣāri in 1270, called Dhikr al-tiryaq al-faruq (Memoir on Antidotes for Poisons), Maryland MS. A-64, pp. 60a–60b. The manuscript is now kept at the U.S. National Library of Medicine in Bethesda, Maryland. See: S.J. Greenberg, A Shelflist of Islamic Medical Manuscripts at the National Library of Medicine, Maryland 1996, p. 14 (item # 16). A Hebrew translation of the Arabic has been rendered in Zohar Amar's book, The Land of Israel and Syria as Described by Al-Tamimi, Ramat-Gan 2004, pp. 111–113.
  8. (en) Mahin Kamalifard, Shamsi Abbasalizadeh, Mojgan Mirghafourvand et Parvin Bastani, « The effect of Seidlitzia rosmarinus ( eshnan ) on the prevention of recurrent cystitis in women of reproductive age: A randomized, controlled, clinical trial », Phytotherapy Research, vol. 34, no 2,‎ , p. 418–427 (ISSN 0951-418X et 1099-1573, DOI 10.1002/ptr.6534, lire en ligne, consulté le )
  9. Jeremiah 2:22; Malachi 3:2-3; Isaiah 1:25; Job 22:30; II Samuel 22:21; Psalm 18:21.
  10. Shabbat 9:5; Niddah 9:6. In these references, Maimonides explains the word borith as being ghasoul, a generic term used in Arabic for a cleansing agent, and explains ḳimmonia as being "an alkaline salt." Moses Margolies, a Talmudic exegete, explains the word ḳimmonia in Jerusalem Talmud, Shabbat 9:5, as having the meaning of "an herb whose ashes are used in cleansing the filth from one's hands, and which is called ḳalia in the Gemara, being in the Arabic tongue al-qaliyya." Nathan ben Abraham identifies borit in Mishnah Niddah 9:6 with ušnān (Arabic: أشنان), meaning, Seidlitzia rosmarinus.
  11. Shevi'it 5:6; Niddah 8:10, where the latter says: "Borith is ḳimilliya (alkali)."
  12. BT Shabbat 90a; Niddah 61b–62a; JT Shabbat 9:5 [60b], where the latter says: "ḳimmon is ḳalia (an alkaline substance)."