Électuaire

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L'électuaire (leituaire, lettuaire en ancien français[1]) est une forme galénique pâteuse de médicament, associant jusqu'à plus d'une centaine de substances supposées actives et administrée par voie orale[2].

Préparé par l'apothicaire, il faisait partie de la « polypharmacie » médiévale. La thériaque en fut un exemple célèbre[3].

Les recettes d'électuaire étaient nombreuses (entre décembre 1339 et juillet 1340, Pierre François, apothicaire sous le pontificat de Benoît XII, en a livré 69 recettes, tant pour des usages laxatifs que cordiaux (tam usualibus laxativis quam cordialibus)[2] ; elles étaient notamment réunies dans les antidotaria (ou antidotaires) [4], notamment retrouvés dans le Codex medicamentarius parisiensis[5] de 1638[6].

Exemples[modifier | modifier le code]

Pierre de Cerdona, apothicaire à la cour du Pape, parfois prénommé Perrin ou Pétrin (Perrinus ou Petrinus), a pu par exemple y utiliser des feuilles d'or[2].

Parmi les drogues vendues par les apothicaires à la cour du pape d’Avignon se trouvent

  • Electuarum cordiale : Electuaire cordial
  • Electuarum laxativum : Electuaire laxatif

Des électuaires à base d’opium (souvent dits opiats)[7] servaient d'antidotes à certains poisons ou à des venins de serpents. Les plus célèbres (Mithridate et thériaque d'Andromaque) associaient jusqu’à une centaine d’ingrédients (dont de la chair de vipère dans le second cas). Cette polypharmacie demandait un temps de préparation souvent plus long que celui de survie du patient[8]. En 1683 Thomas Sydenham (médecin anglais) a inventé un laudanum liquide bien plus facile à préparer et administrer que les électuaires[8], aujourd'hui obsolètes[réf. souhaitée].

Composition[modifier | modifier le code]

L'électuaire était généralement constitué de poudres ou de pulpe, le plus souvent d'origine végétale, mélangées à du sirop ou, plus souvent, à du miel.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Lapeyre, J. B. (1814). Réflexions générales sur les électuaires officinaux : tribut académique présenté et publiquement soutenu à l'École spéciale de Pharmacie de Montpellier par (Doctoral dissertation, Imprimerie de J.-G. Tournel).
  • Julien, P. (1967). La technique pharmaceutique de l'époque salernitaine: Leonardo Colapinto, Note di tecnica farmaceutica nell'«Ars medendi» di Cofone, sec. XII, Galeno, 1967. Revue d'Histoire de la Pharmacie, 55(195), 626-626.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alain Rey (direction), Marianne Tomi, Tristan Hordé, Chantal Tanet, Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Tomes I et II, Le Robert,
  2. a b et c Sylvain Gagnière, « Les apothicaires à la Cour des Papes d'Avignon », Revue d'Histoire de la Pharmacie, vol. 64, no 230,‎ , p. 147–157 (DOI 10.3406/pharm.1976.1720, lire en ligne, consulté le )
  3. Bourrinet, P. (2007). Thériaque et évolution de la pensée médicale: Blandine Martin-Escalon, La Thériaque, cette célèbre inconnue. Revue d'Histoire de la Pharmacie, 94(354), 269-270.
  4. Julien P (1970) Un antidotaire provençal du milieu du XIVe siècle: Clovis Brunel, Recettes pharmaceutiques d'Avignon en ancien provençal, in Romania, 1966. Revue d'Histoire de la Pharmacie, 58(204), 58-58.
  5. « Codex medicamentarius seu pharmacopoea Parisiensis, ex mandato facultatis medicinae Parisiensis in lucem edita, decano M. Joanne-Baptista Boyer ...… », sur Gallica, (consulté le ).
  6. Warolin C (2012). Inventaire des biens de l’apothicaire Estienne Regnault, demeurant rue du Temple à Paris, au XVII e siècle. Revue d'Histoire de la Pharmacie, 99(376), 473-482.
  7. Devaux, G. (1996). Avec ou sans opium? A propos de l'opiat de Salomon. Revue d'Histoire de la Pharmacie, 84(309), 194-195.
  8. a et b Christian Warolin, « La pharmacopée opiacée en France des origines au XIXe siècle », Revue d'Histoire de la Pharmacie, vol. 97, no 365,‎ , p. 81–90 (DOI 10.3406/pharm.2010.22139, lire en ligne, consulté le )