Rébecca Chaillon
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Rébecca Chaillon, née le à Montreuil (Seine-Saint-Denis), est une autrice, metteuse en scène, performeuse et comédienne française[1].
Biographie
Jeunesse et formation
Rébecca Chaillon naît à Montreuil de parents martiniquais[2]. Son père est technicien en appareils de voies à la SNCF et sa mère est conseillère en assurance maladie à la sécurité sociale[1]. Elle grandit à Beauvais et Creil en Picardie et passe un bac littéraire option théâtre. Parallèlement elle participe à une troupe amateur Le Goupil[1] et à des petites compagnies comme la ligue d’improvisation théâtrale de l’Oise (ImproThéO), et à théâtre Tiroir[3]. Elle étudie ensuite le théâtre en licence arts du spectacle à Paris III Sorbonne Nouvelle puis au conservatoire du XXe arrondissement de Paris sous la direction de Pascal Parsat[1].
Elle est impliquée depuis 2005 avec la compagnie de débat théâtral Entrées de jeu, en tant que comédienne et meneuse de jeu, notamment sur les problématiques autour des violences, des discriminations et des addictions[4].
Elle crée en 2006 avec Margault Chavaroche, Léa Ferrez-Le Guet, et Marianne Vigneulle, la compagnie Dans Le Ventre[3],[5].
Scènes et performances
Rébecca Chaillon démarre la mise en scène avec une pièce du répertoire du théâtre privé en dramaturgies plurielles. Dans Huit femmes de Robert Thomas, elle dirige seize interprètes femmes (huit comédiennes et huit instrumentistes), avec des représentations à Avignon et au Burkina Faso. En 2009, elle met en scène Savantes, une adaptation féministe et exclusivement féminine des Femmes savantes de Molière.
Lassée par la frustration de mettre en scène les textes des autres, elle participe à un stage organisé par les Chantiers Nomades, animé par Rodrigo Garcia, qu'elle considère comme son idole[3]. Rodrigo Garcia invite Rébecca Chailon sur scène, dans son spectacle Balancez mes cendres sur Mickey, au Théâtre du Rond-Point à se faire raser le crâne en live. La participation de celle-ci au stage qu'il anime en 2010 marque un tournant dans la carrière de l'artiste. Ce stage voué à « se débarrasser des metteurs en scène » pour devenir « performer de la scène » lance l'entrée de Rébecca Chaillon dans l'écriture performative. En 2014, elle réalise son premier spectacle performatif, L'Estomac dans la peau, un seule-en-scène qu'elle écrit et interprète, dans lequel elle traite de la faim et du désir.
Rebecca Chaillon performe en solo lors de nombreux festivals de performances et évènements queer, et également dans des lieux plus institutionnels comme la Ferme du Buisson et la Scène nationale d'Orléans. Sa création suivante, écrite en 2016, Monstres d'amour, est un duo, qu'elle met en scène et interprète avec Elisa Monteil, autour du cannibalisme amoureux ; la pièce est produite au Carreau du Temple et au Théâtre Paris-Villette. L'auteure y questionne le lien amoureux poussé à l'extrême, de la passion dévorante jusqu'au cannibalisme. Elle y décloisonne les genres en donnant à voir à la fois une performance théâtrale, un simulacre de talk-show, ainsi qu'une réinterprétation d'une scène du film Carrie au bal du diable. La pièce est créée en 2017 au théâtre de Mains d'œuvres, et est programmée au Centre dramatique national de Normandie-Rouen pour la saison 2018, où David Bobée lui propose d'être artiste associée à partir de la saison 2017-2018 pour trois ans[6].
Elle crée en 2017 la performance Whitewashing à la suite d'une commande de Lafayette Anticipation, dans le cadre des ateliers Edit-a-thon Art + Féminisme à l'initiative de la commissaire d'exposition Flora Katz dont l'objectif est d'aborder le thème de la désidentification telle que la définit José Esteban Muñoz dans Disidentifications[7].
Tout en commençant à mettre en scène des œuvres vouées à tourner, elle continue à mêler l'écriture, la performance, et n'hésite par être interprète pour d'autres, comme DeLaVallet Bidiefono.
Lors du festival d'Avignon de 2018, elle participe au feuilleton Mesdames, Messieurs, et le reste du monde sur un texte de Ronan Chéreau, avec des artistes divers comme Gerty Dambury, Béatrice Dalle, Virginie Despentes, Rokhaya Diallo, François Stemmer ou Phia Ménard. Libération estime que « la jeune performeuse militante queer Rebecca Chaillon qui portait loin les mots de Virginie Despentes ou de Rokhaya Diallo, [en] fut l’un des visages forts[8]. »
Fin 2018, son spectacle Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute est présenté à Paris et tourne dans diverses villes en 2019. Il met en scène un terrain de football occupé par des filles LGBT pour évoquer les minorités, de l'exclusion et de la meilleure façon d'occuper le terrain[9],[10],[11].
Par la suite, invité par la SACD et le festival d'Avignon, avec Pierre Guillois elle crée un duo dans le cadre des Sujets à Vifs : Sa bouche ne connaît pas de dimanche - fable sanguine[12].
En 2021, elle crée Carte Noire nommée Désir[13], une pièce dont la distribution est exclusivement composée de personnes noires assignées femmes[14]. Le spectacle est un succès[15].
Démarche artistique
En tant qu'artiste, Rébecca Chaillon prend souvent des risques dans ses performances, n'hésitant pas à mettre son corps à l'épreuve[16]. Elle se qualifie de « performeuse alimentaire et bodypainting » puisque la matière nourriture et le maquillage sont au cœur de ses performances[17]. Elle mêle théâtre, vidéo et performance dans ses créations[18]. Ses sujets de prédilection sont les identités féminines, le corps, le désir, la violence[19],[1].
Cinéma et télévision
En faisant de la figuration dans un clip de prévention de l'Inpes, elle rencontre la réalisatrice féministe Émilie Jouvet avec qui elle tourne en 2015 My Body, My Rules qui traite des corps et des sexualités hors norme[1]. La même année, elle est à l'affiche du film d'Amandine Gay Ouvrir la voix[20], un film sur les femmes afro-descendantes belges et françaises qui sort en salle à l'automne 2017. Elle est également un des personnages récurrents de la saison 2 de la série Les Grands, réalisé par Vianney Lebasque, dans lequel elle joue une proviseure au talent « piquant »[21].
Engagements politiques
Rébecca Chaillon est une femme engagée sur les luttes contre les discriminations racistes, sexistes et homophobes[22], ce qui se retrouve dans ses œuvres.
Elle est également militante au sein du CEMEA depuis 2003 où elle est formatrice BAFA et travaille auprès des publics à l'accompagnement culturel du festival d'Avignon. Elle est lauréate dramaturgies plurielles au CNT (Centre national du théâtre) en 2012 avec son texte L'Estomac dans la peau.
Vie privée
Elle se définit aujourd'hui comme bi et queer[1].
Œuvres scéniques
- Cannibales, performance inspirée d'un fait divers allemand où un homme a accepté d'être mangé par un autre[1], texte de R. Chaillon et J. Moreira Da Silva (Festival Trans-form de Marseille, OnlyPorn de Lyon, Jerk off, Carreau du Temple (autrice, performeuse), 2012
- Savantes ? adaptation des Femmes savantes de Molière, 2009-2012
- Huit femmes, de Robert Thomas, comédie instrumentale pour 16 femmes, 8 musiciennes et 8 comédiennes (metteuse en scène), 2006-2009
- Tacos de Vida, Teatro del Arbol (autrice, performeuse), Mexique, 2012
- Je vous aime bien mais je me préfère, spectacle performance autour de la peau[23] (co-écriture avec E. Monteil, metteuse en scène, comédienne), 2012
- Ubu Roi-Frigal, mise en scène Sonia Millot, Les Lubies, Festival Novart (autrice, performeuse) 2013
- L’Estomac dans la peau[24],[25], texte lauréat de l’aide à la création du Centre national du théâtre dans la catégorie Dramaturgies plurielles (autrice, metteuse en scène, comédienne, création vidéo), 2014
- Oratorio Vigilant Animal de Gianni Grégory Fornet (autrice, performeuse) (Tnba festival 30'30...), 2015
- Les 24 heures de la pArformance[26] au Générateur de Gentilly, festival Frasq#7 (autrice, performeuse), 2015
- Rage Dedans (32 fois), co-écriture avec Elisa Monteil, festival Brouillages à la Loge, 2015
- Loveless (comédienne) d'après Une vie de putain, témoignages recueillis et présentés par Claude Jaget, conception du projet et adaptation d'Anne Buffet et Yann Dacosta, Théâtre des 2 Rives/Centre dramatique national de Normandie-Rouen en 2015
- Monstres d'amour[27] (Je vais te donner une bonne raison de crier), pièce de théâtre sur la violence des sentiments amoureux (autrice, metteuse en scène, comédienne), 2016
- Plus gros que le ventre, soirée mise en scène par R. Chaillon et Charlie Chine au Générateur (autrice, performeuse), 2016
- Whitewashing (autrice, metteuse en scène, comédienne), 2017
- Monstres, on ne danse pas pour rien (autrice, performeuse), textes de R. Chaillon et Armel Malonga, création de DeLaVallet Bidiefono-Festival des francophonies en Limousin 2017
- Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute[28] (autrice, metteuse en scène, performeuse), création en - Théâtre de la Foudre/CDN de Normandie-Rouen
- Sa bouche ne connaît pas de dimanche - fable sanguine de Pierre Guillois et Rébecca Chaillon, Festival d'Avignon, 2019
- Arriette la grosse sirène (autrice, performeuse),Temps danse (Beauvais), 2019
- Louées soient-elles (performeuse), mise en scène David Bobée, 2019
- Elle/ Ulysse (performeuse), mise en scène Anne Contensou, 2020
- Oratorio Vigilant Animal Opus 3 de Gianni Grégory Fornet (autrice, performeuse), Festival 30'30, 2021
- Une patte retombe toujours sur ces chattes, Centre dramatique national Besançon Franche-Comté, 2021
- Ou la et lé, performance hommage à Kassav', festival Discotake, 2021[29]
- Boulevard du queer (performeuse) de Claire Lapeyre-Mazerat et Mélanie Martinez-Llense, Les Plateaux sauvages, 2021[30]
- Carte Noire nommée Désir (autrice, metteuse en scène, performeuse)[31], CDN Nancy Lorraine, Festival TNB, Théâtre Dijon Bourgogne – CDN, La Comédie de Saint-Etienne, Le Carreau du Temple, Le Phénix, Scène nationale d’Orléans..., 2021[32]
Publication
Filmographie
- 2017 : Ouvrir la voix d’Amandine Gay (documentaire) En , Rébecca Chaillon représente le film Ouvrir la voix aux OUT d'or organisés par l'Association des journalistes LGBT[35].
- 2017 : My Body, My Rules d’Émilie Jouvet (documentaire)
Notes et références
- Arthur Montagnon, « Rébecca Chaillon, performeuse engagée dans la vie et sur scène », ChEEk Magazine, (lire en ligne, consulté le ).
- Aminata Aidara, « Rébecca Chaillon, performeuse d’exception », sur africultures.com, (consulté le ).
- « Rébecca Chaillon | Compagnie Dans Le Ventre », sur dansleventre.com (consulté le ).
- Boris Massaini, « Des saynètes contre le sexisme à l'école », Le Monde, , p. 25.
- Centre national du théâtre, « Rébecca CHAILLON », sur cnt.asso.fr (consulté le ).
- « Artistes associés, profil de Rébecca Chaillon, auteure, performeuse », sur CDN de Normandie-Rouen (consulté le ).
- (en) « Disidentifications », sur University of Minnesota Press (consulté le ).
- Guillaume Tion, Aurélie Charon, Élisabeth Franck-Dumas et Ève Beauvallet, « La voix de l’actu harangue le Festival », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « "Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute", la nouvelle création de Rébecca Chaillon est une série de tirs au but dans les fenêtres bien encadrées du foot », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
- « À l'occasion de la Coupe du Monde féminine », La République du Centre Orléans, , p. 3.
- V. B., « Les filles droites au but », Paris-Normandie, , p. 28.
- « Sa bouche ne connaît pas de dimanche », sur Festival d'Avignon (consulté le ).
- Annabelle Martella, « Rébecca Chaillon, des luttes et délires », sur Libération (consulté le ).
- « Une carte noire nommée désir par Rébecca Chaillon », sur France Culture (consulté le ).
- « Avec sa "Carte Noire nommée Désir", Rébecca Chaillon révèle avec finesse l'ampleur du racisme ordinaire », sur Toutelaculture, (consulté le ).
- « Précipités #7 : Rébecca Chaillon et Élisa Monteil », Heteroclite, (lire en ligne, consulté le ).
- Milène Tournier, Figures de l’impudeur : dire, écrire, jouer l’intime (1970-2016), Université Sorbonne Paris Cité, , 481 p. (lire en ligne), p. 190.
- « Théâtre - Eva Doumbia : "Il y a urgence à développer l'espace afropéen" », Le Point Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
- « L’estomac dans la peau : être ventre », Théâtrorama, (lire en ligne, consulté le ).
- « "Ouvrir La Voix" : la parole des "afrodescendantes" », sur ouvrirlavoixlefilm.fr (consulté le ).
- Renaud Machart, « TV : "Les Grands", l’âge ado filmé sans fard », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
- « Le goût du risque », sur 360°, (consulté le ).
- « Je vous aime bien mais je me préfère | Compagnie Dans Le Ventre », sur dansleventre.com (consulté le ).
- « L’Estomac dans la peau | Compagnie Dans Le Ventre », sur dansleventre.com (consulté le ).
- M. B., « Au 232U, l'appétit d'ogre de Rébecca Chaillon prend corps », La Voix du Nord Avesnes, , p. 14.
- « [ frasq ] #7 | 7ème édition de [frasq], rencontre de la pArformance », sur legenerateur.com (consulté le ).
- « Monstres d'amour », sur Théâtre de Mains d'œuvres, Paris (consulté le ).
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- « ZOUKSECOURS », sur DISCOTAKE (consulté le ).
- « Claire Lapeyre-Mazérat & Mélanie Martinez-Llense », sur Boulevard du Queer – Les Plateaux Sauvages (consulté le ).
- « Entretien avec Rébecca Chaillon », sur TNB - Centre Européen Théâtral et Chorégraphique (consulté le ).
- guillaume lasserre, « La révolution Rébecca Chaillon », sur Mediapart (consulté le ).
- Lettres aux jeunes poétesses, (ISBN 978-2-38198-021-8, lire en ligne).
- « Rébecca Chaillon - Contenus accueil », sur Actoral | Festival international des arts & des écritures contemporaines (consulté le ).
- « VIDÉO - Les "OUT d'Or" récompensent l'enquête sur les persécutions des homosexuels en Tchétchénie et le film "120 battements par minute" », LCI, (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Site de Rébecca Chaillon - Compagnie Dans le Ventre