Rolf Mühler

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Rolf Mühler
Rolf Mühler
À la mairie de Marseille le . De gauche à droite : non identifié (de profil), Bernhard Griese (en manteau de cuir), colonel de l'Ordnungspolizei, Antoine Lemoine, préfet, Rolf Mühler (en casquette), KdS, René Bousquet (en manteau de fourrure), secrétaire général de la police de Vichy, Pierre Barraud, maire de Marseille.

Naissance
Limbach
Décès (à 57 ans)
Mülheim an der Ruhr
Allégeance  Troisième Reich
Arme Waffen SS, Sicherheitsdienst, Sicherheitspolizei
Grade Obersturmbannführer
Années de service 1935 – 1945
Commandement Reichssicherheitshauptamt
Conflits Seconde Guerre mondiale
Autres fonctions chef de la police de sécurité de Marseille, rafle de Marseille

Rolf Mühler est un SS-Obersturmbannführer allemand du Sicherheitsdienst (SD), né le à Limbach (royaume de Saxe, Empire allemand) et mort le à Mülheim an der Ruhr (Allemagne de l'Ouest).

Il est Kommandeur der Sicherheitspolizei und des SD (de) (KdS : chef de la police de sécurité (la Sipo) et du SD) à Marseille de à pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il est condamné pour crime de guerre en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Rolf Mühler étudie à partir de 1929 les langues modernes (romane et anglais) et la géographie à Hagen, Heidelberg et Leipzig. Il termine ses études en avec un examen d'enseignement supérieur puis travaille comme professeur de lycée.

Au service du Troisième Reich[modifier | modifier le code]

Rolf Mühler rejoint le Sicherheitsdienst (SD) à plein temps à l'été 1935[1]. À partir de , il travaille au bureau central du SD, où il prend en charge le domaine de l'émigration. En 1937, il devient membre du parti nazi.

Après la création du Reichssicherheitshauptamt (Office central de la sécurité du Reich, RSHA) en , Mühler prend la direction des unités II B 4 (« Marxisme ») et II B 5 (« Libéralisme ») au sein du Bureau du groupe II (Renseignement et sécurité intérieurs) du RSHA. Simultanément il devient chef de l'unité VII B 4 (« Autres groupes d'opposition ») dans le groupe de bureaux VII (Renseignements et sécurité extérieurs).

Après l'invasion allemande de la France au début de l'été 1940, Mühler devient membre du Einsatzkommando du SD à Paris qui exécute des ordres spéciaux tels que l'arrestation d'exilés allemands ou bien celle d'importantes personnalités françaises dans Paris.

Les documents issus des diverses sources d'intelligence du RSHA sont sous la direction du groupe VII B « Évaluation ». Mühler est responsable de l'évaluation de ces sources pour la Sipo et de la préparation des évaluations[2].

Au , il prend la direction de l'antenne du SD à Rouen. Il est brièvement responsable de la région de Lyon à partir de [3] où il côtoie notamment Klaus Barbie. De à , Mühler est nommé Kommandeur der Sicherheitspolizei und des SD (de) (KdS : chef de la police de sécurité — la Sipo — et du SD) à Marseille avec le grade d’Obersturmbannführer (équivalent de lieutenant-colonel). Il est en poste au moment de la destruction de la vieille ville et de la rafle de Marseille en janvier 1943[4].

Le , il est transféré au bureau VI du RSHA à Berlin.

De à , Mühler est le dernier commandant du « bureau Schlesiersee » (nom contemporain Sława) où le bureau VII du RSHA est transféré[5]. Il s'occupe des archives qu'il tente de détruire avant que l’Armée Rouge n'arrive[3]. Le bâtiment où se trouve ce bureau deviendra le siège de la marque Gasthof à Spechtsbrunn près de Rudolstadt en Thuringe[6].

Après guerre[modifier | modifier le code]

Rolf Mühler est fait prisonnier et détenu dans le camp de prisonniers américain de Ludwigsburg. Les Américains extradent Mühler vers la France, où il est détenu pendant de nombreuses années[7]. Mühler est condamné à vingt ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Lyon en 1955, mais est libéré sous condition en 1956. Par la suite, il fait campagne pour les membres du SD encore détenus en France en demandant, avec succès, leur reconnaissance comme rapatriés de guerre. Il travaille ensuite pour une compagnie d'assurances à Mülheim an der Ruhr avec Helmut Knochen et Hans Henschke (de) jusqu'à sa mort[8],[9], à l'âge de 57 ans.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Schroeder 2007, p. 120.
  2. Michael Wildt: Nachrichtendienst, politische Elite, Mordeinheit.
  3. a et b Levendel et Weisz 2011, p. 1, chap. V.
  4. (en) Donna F. Ryan, The Holocaust & the Jews of Marseille : The Enforcement of Anti-Semitic Policies in Vichy France, University of Illinois Press, , 307 p. (ISBN 978-0-252-06530-9, lire en ligne), p. 178
  5. Un journal de guerre dit "journal de guerre" du "Point d’évitement du Schlesiersee" de l’Office 7 du début de 1945 est accessible aux Archives fédérales de Berlin, R 58/1044. D’autres dossiers ont été éparpillés jusqu’à Moscou, et l’état actuel des recherches est décrit sur Dierker 2012.
  6. Regine Dehnel, Jüdischer Buchbesitz als Raubgut. Zweites Hannoversches Symposium, 2006, p. 149.
  7. Brunner 2004, p. 100.
  8. Brunner 2004, p. 166 et suivantes.
  9. Herbert 2002, p. 219.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Bernhard Brunner, Der Frankreich-Komplex. Die nationalsozialistischen Verbrechen in Frankreich und die Justiz der Bundesrepublik Deutschland [« Le Complexe France. Les crimes nazis en France et le pouvoir judiciaire de la République fédérale d'Allemagne »], Gœttingue, Wallstein, , 426 p. (ISBN 3-89244-693-8, lire en ligne).
  • (de) Ulrich Herbert, Wandlungsprozesse in Westdeutschland : Belastung, Integration, Liberalisierung 1945-1980 [« Mutations en Allemagne de l’Ouest : pressions, intégration, libéralisation 1945-1980 »], Wallstein Verlag, , 587 p. (ISBN 978-3-89244-609-5, lire en ligne).
  • (en) Isaac Levendel et Bernard Weisz, Hunting Down the Jews : Vichy, the Nazis and Mafia Collaborators in Provence, 1942-1944 [« Chasse aux Juifs : Vichy, les nazis et les collaborateurs de la mafia en Provence, 1942-1944 »], Enigma Books, , 340 p. (ISBN 978-1-936274-32-1, lire en ligne).
  • (de) Werner Schroeder, Die Leipziger „Arbeitsstelle für Schrifttumsbearbeitung beim Sicherheitshauptamt (SD)“ und die „SD-Verbindungsstelle an der deutschen Bücherei“ [« Le «bureau de traitement des écritures de Leipzig au bureau central de sécurité (SD)» et le «bureau de liaison du SD à la bibliothèque allemande» »], , dans :
    • (de) Monika Gibas (de), „Arisierung“ in Leipzig. Annäherung an ein lange verdrängtes Kapitel der Stadtgeschichte der Jahre 1933 bis 1945 [« "Aryanisation" à Leipzig. Approche d'un long chapitre supprimé de l'histoire de la ville de 1933 à 1945 »], Leipzig, Leipziger Universitätsverlag (éditions de l'université de Leipzig), , 334 p. (ISBN 978-3-86583-142-2, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]