Raymond Montpetit (muséologue)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Raymond Montpetit
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
à Montréal
Nationalité
Canadienne
Formation
Université de Montréal, Université de Paris VIII Vincennes, Université de Paris X Nanterre
Activité
Professeur, département histoire de l’art; muséologue expert-conseil
Autres informations
A travaillé pour
Université du Québec à Montréal (UQAM) et comme expert-conseil auprès de plusieurs musées et organismes culturels.

Raymond Montpetit est un muséologue, historien d'art et de la culture, professeur au département d’Histoire de l’art à l'Université du Québec à Montréal. Il a œuvré à la fois comme chercheur et comme concepteur dans le monde de la muséologie[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Après des études au collège Sainte-Marie à Montréal, il obtient en 1969 une maîtrise en philosophie avec un mémoire dirigé par Claude Lévesque intitulé Essai sur la symbolique et l’interprétation chez Paul Ricœur.

Titulaire d'une bourse, il part pour Paris en 1969 afin de poursuivre des études de doctorat sous la direction du philosophe et esthéticien Mikel Dufrenne. Sa thèse de troisième cycle en Esthétique, intitulée Interpréter et formaliser : comment parler de la littérature, est ensuite publiée sous le titre Comment parler de la littérature[2],[3].

Il entre en juin 1972 à l’Université du Québec à Montréal comme professeur puis, de 1973 à 1979, devient directeur du baccalauréat en Histoire de l’art. Lors de la création du nouveau programme de maîtrise en Muséologie en 1986 il est le directeur fondateur[4]. Il en prend la direction de 1993 à 1999. En parallèle, il est de 1980 à 1984 puis de 2001 à sa retraite en 2007, directeur du département d’Histoire de l’art[4].

Devenu en 2014 professeur émérite[5], il poursuit ses activités d’expert-conseil en muséologie et patrimoine.

« La muséologie québécoise a connu un essor exceptionnel entre les années 1970 et 2000, essor qui s’est manifesté par la création de nouvelles institutions muséales, de programmes d’études et de publications importantes. Raymond Montpetit figure parmi les acteurs qui ont porté et accompagné ce mouvement à la fois comme professeur, commissaire, consultant en muséologie et auteur à partir du milieu des années 1980. »[6].

Muséologie et patrimoine[modifier | modifier le code]

Les travaux de Raymond Montpetit portent sur la recherche, la conservation, la mise en valeur et la diffusion du patrimoine, qu'il soit conservé in situ ou dans les collections des musées, avec une approche muséologique humaniste et interdisciplinaire, orientée vers les visiteurs[7],[8].

Réalisations[modifier | modifier le code]

Muséologie[modifier | modifier le code]

Face à l'évolution des musées[9], Raymond Montpetit a contribué à les redéfinir, comme au Centre d’histoire de Montréal (1983), à Pointe-à-Callière[10] (1992), à la Pulperie de Chicoutimi (2001), à la Cité de l’Énergie de Shawinigan (2002) et au Centre d’interprétation de l’eau à Laval (2008)[7]. Il a porté une grande attention au multimédia[11]. Il est également intervenu dans les débats autour de la conception du Musée de la civilisation[12].

Conception et réalisation d'exposition[modifier | modifier le code]

Raymond Montpetit a conçu, réalisé ou co-réalisé — par exemple avec Parcs Canada — des expositions permanentes ou temporaires, dans divers musées québécois, diffusant ainsi des patrimoines auprès d’un large public[13].

Ses premières expositions portent sur l’histoire de la culture urbaine à Montréal. Dans le cadre des Jeux Olympiques de Montréal en 1976, il réalise une exposition intitulée Sports et divertissements populaires à Montréal au XIXe siècle. Celle-ci est suivie des Vieux théâtres montréalais au XIXe siècle (Place des Arts, 1978), La Place d’Armes de Montréal au XIXe siècle (Château Ramezay, 1979 et 1981), et au même endroit Le Carnaval d’hiver de Montréal 1883-1889[8].

En 1998, il met en valeur un patrimoine artistique inconnu, en concevant et réalisant avec Gilles Lapointe l’exposition Paul-Émile Borduas photographe : un regard sur Percé été 1938[14], au musée Le Chafaud. Cette exposition itinérante est ensuite présentée à la Bibliothèque nationale du Québec, au Musée acadien du Québec à Bonaventure et à l’Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts.

Raymond Montpetit est le commissaire de l’exposition Je me souviens. Quand l’art imagine l’histoire[15], au Musée national des beaux-arts du Québec (à partir de 2002) Des dispositifs audiovisuels interactifs permettent de questionner les sujets représentés dans les œuvres exposées.

Expertise-conseil en muséologie et patrimoine[modifier | modifier le code]

Raymond Montpetit a produit des rapports d’expertise pour diverses instances.

Musées[modifier | modifier le code]

Pour le gouvernement du Québec, il est membre du Groupe-conseil Arpin, qui redéfinit le champ du patrimoine et trace les grandes lignes d’une politique du patrimoine culturel avec Notre patrimoine, un présent du passé[16]. En 2000, il produit le rapport intitulé Passion, professionnalisme, précarité : conserver, interpréter et mettre les patrimoines au service des communautés. Le réseau muséal subventionné du Québec.[17][réf. nécessaire]

Pour la municipalité de Montréal, il rédige en 2016 avec Yves Bergeron le premier portrait de l’offre muséale complète (art, histoire, science) sur le territoire de la ville, Portrait et diagnostic du secteur muséal montréalais[réf. nécessaire][18]. Il produit aussi l’étude qui redéfinit la mission du Centre d’histoire de Montréal et propose son déménagement au centre-ville pour devenir le Centre des mémoires montréalaises, le MEM (2023)[19]. Il collabore au texte intitulé Énoncé d’orientation pour une politique du patrimoine, qui propose des orientations pour la politique du patrimoine, lesquelles sont adoptées[20].

Études sur des collections ou bâtiments patrimoniaux[modifier | modifier le code]

En 2016, la Société Radio-Canada fait appel à Raymond Montpetit pour définir sa politique et ses pratiques envers l'ensemble des patrimoines qu’elle détient : Politique de gestion des fonds, des collections et du patrimoine de la Société Radio-Canada.[21]. Il lui est également demandé d'analyser la valeur patrimoniale d’objets concernant le joueur de hockey légendaire Maurice Richard[22]. Ces objets ont été acquis et conservés par le Musée canadien de l’histoire à Gatineau. Il évalue également la valeur patrimoniale d’une réplique de la première locomotive au Canada[23].

Il réalise des études dans le domaine du patrimoine bâti notamment sur l'ancien Hôpital Général de Montréal[24],[25]. Son texte Le patrimoine matériel montréalais de la Nouvelle-France. Inventaire sommaire[26] est le premier qui identifie et décrit tous les témoins matériels de cette période – documents, bâtiments, œuvres d’art, vestiges – présents sur le territoire de la ville.

Héritage et influence[modifier | modifier le code]

Raymond Montpetit a été en 2005, avec Bernard Schiele et Jean Davallon, l’un des fondateurs du premier doctorat Muséologie, médiation et patrimoine associant l'UQAM et l'Université de Vaucluse à Avignon, en 2005[27].

Comme professeur-chercheur en muséologie et en culture populaire, il a ouvert deux nouveaux chantiers, l’un sur l’histoire des lieux et des formes de loisirs populaires urbains, créant le Groupe de recherche en art populaire (GRAP) en 1975, et le second en théorie et histoire des musées et des expositions[28]. En 2016, il crée le Prix Raymond-Montpetit, d'une valeur de 1 000 $, remis chaque année à une personne en maîtrise de muséologie[29].

L’historien français du patrimoine Dominique Poulot résume ses apports : « Raymond Montpetit a joué un rôle pionnier dans les échanges académiques franco-québécois en matière de muséologie. […] Aucun collègue canadien n’a assurément occupé une place aussi centrale que la sienne dans les circulations transatlantiques de la discipline au cours des dernières décennies. Les liens avec ses collègues de par le monde ont été très importants pour le développement d’une sorte d’internationale francophone de la muséologie[13]. »

Prix et distinctions reçus[modifier | modifier le code]

  • 1998 : Prix d’excellence de l’Association des musées canadiens à l’exposition temporaire Bannique, baguette, bagel. Les pains de Montréal qu’il a conçue pour Pointe-à-Callière[30].[réf. nécessaire]
  • 2009 : Prix Carrière de la Société des musées du Québec « pour sa contribution exceptionnelle de plus de 25 ans au développement de la muséologie au Québec[31]. »
  • 2016 : Prix d’excellence rayonnement international de l’International Council of Museums ICOM-Canada lui attribua le « pour sa contribution remarquable au développement et au rayonnement de la muséologie canadienne sur la scène internationale[32],[33] »

Publications[modifier | modifier le code]

Un recueil de textes marquants a été publié sous la direction d'Yves Bergeron et Violette Loget, Du sens et du plaisir. Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit[28]. Une journée d’étude a été organisée, en mars 2022[34].

Comme l’écrit dans la préface François Mairesse : « La plupart des muséologues francophones connaissent cet auteur [Montpetit] dont la production est régulièrement citée et dont plusieurs articles sont devenus des références[28]. »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Panaccio, « Raymond Montpetit : Comment parler de la littérature? Montréal, HMH, Les Cahiers du Québec, collection « Philosophie », 1976, 195 p. », Philosophiques, vol. 5, no 1,‎ (lire en ligne)
  • Jean Lauzon, « Gilles Lapointe, Raymond Montpetit, Paul-Émile Borduas, photographe, Un regard sur Percé Été 1938, Montréal : Fides, 1998. », Horizons philosophiques, vol. 9, no 2,‎ (lire en ligne)
  • Jean-Marie Djoussou, « Yves Bergeron et Philippe Dubé (dirs), Mémoire de Mémoires. Étude de l’exposition inaugurale du Musée de la civilisation, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, 334 p., Recherches sociographiques, vol. 52, no 2, 2011, p. 429–431 », Presses de l’Université Laval,‎ (lire en ligne)
  • Sous la direction de Cyril Simard et Yves Bergeron, « Histoire des musées au Québec. Repères chronologiques (1534-2016). Institut du patrimoine de l’UQAM, 2017, 183 pages. », Institut du patrimoine de l’UQAM,‎ (lire en ligne)
  • Yves Bergeron et Violette Loget, « chapitres d'introduction », dans Du sens et du plaisir, une muséologie pour les visiteurs, L'Harmattan, (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Parcours professionnel »
  2. « Yves Bergeron & Violette Loget (dir). 2021. Du sens et du plaisir : Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit. Paris : L’Harmattan (Muséologies). »
  3. Raymond Montpetit, (1976), Comment parler de la littérature, Montréal, Hurtubise HMH, 195 p.https://www.erudit.org/en/journals/philoso/1978-v5-n1-philoso1310/203089ar/
  4. a et b « Raymond Montpetit | Muséologie », sur museologie.uqam.ca (consulté le )
  5. « Professeur émérite en muséologie à l'UQAM »
  6. « Lacroix, L. (2022). Compte rendu [Bergeron, Yves et Violette Loget (dir.). Du sens et du plaisir. Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit. Préface de François Mairesse. Paris, L’Harmattan, « Muséologies », 2021, 270 p.] (ISBN 978-2-343-25032-8). Rabaska, 20, 278–281. », Rabaska,‎ (DOI https://doi.org/10.7202/1093912ar)
  7. a et b « Expériences muséales », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Bergeron, Yves et Violette Loget (dir.). Du sens et du plaisir. Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit. Préface de François Mairesse. Paris, L’Harmattan, « Muséologies », 2021, 270 p. (ISBN 978-2-343-25032-8)
  9. Gail Anderson, Reinventing the Museum, Walnut Creek, AltaMira Press, 2004, p. 4.
  10. « Lancement à Québec du livre Inventer un musée de madame Francine Lelièvre », sur www.cfqlmc.org (consulté le )
  11. « Dans les entrailles de Montréal - Le nouveau spectacle de Pointe-à-Callière fait parler les vieilles pierres », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  12. Arpin, Roland, 1997, « Au Musée de la civilisation : une pratique ethnologique sans filet de sécurité » : 295-306, in A.-M. Desduits et L. Turgeon (dirs.), Ethnologies francophones de l’Amérique et d’ailleurs. Québec, Les Presses de l’Université Laval, p. 297.
  13. a et b « Dominique Poulot, « Yves Bergeron & Violette Loget (dir). 2021. Du sens et du plaisir : Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit », Culture & Musées, 40 | 2022, 287-291. », Culture & Musées,‎ (lire en ligne)
  14. « Zoom sur Borduas photographe »
  15. « Exposition "Je me souviens", quand l'art imagine l'histoire »
  16. Raymond Montpetit, Une muséologie dynamique et d’aujourd’hui : favoriser l’appropriation des collections par les publics de maintenant, (2013), 67 p.
  17. Montpetit, Raymond [président du Comité d’évaluation des institutions muséales accréditées du Québec], 2000, Passion, professionnalisme, précarité : conserver, interpréter et mettre les patrimoines au service des communautés. Le réseau muséal subventionné du Québec, Québec, Ministère de la Culture et des Communications, 38 p.
  18. Montpetit, Raymond et Bergeron, Yves, 2016, Portrait et diagnostic du secteur muséal montréalais, Montréal, Ville de Montréal [Service de la culture], 123 p.
  19. Raymond Montpetit et Yves Bergeron, Diagnostic et plan de développement du Centre d’histoire de Montréal, Montréal, Ville de Montréal, Direction de la culture et du patrimoine, (2010), 63 p.
  20. Raymond Montpetit et groupe Greta Chambers, Énoncé d’orientation pour une politique du patrimoine, Montréal, (2004), 43 p.
  21. Raymond Montpetit, Synthèse des démarches proposées concernant les biens patrimoniaux dans les douze fonds et collections de la SRC, Service Médiathèque et archives, décembre 2016, 31 p. s.
  22. Raymond Montpetit et Michel Vigneault, Culture, sport, patrimoine : rapport sur les quarante-sept objets de la succession Maurice Richard touchés par l’avis d’intention de classement, Québec, ministère de la Culture et des Communications, (2002), 42 p.
  23. Raymond Montpetit et Yves Bergeron, Étude d’intérêt patrimonial de la réplique de la locomotive Dorchester conservée au Musée de Lachine, Service de la culture, Ville de Montréal, (2023), 49 p.
  24. Raymond Montpetit, Beaupré Michaud et Associés Architectes, Étude préalable à l’évaluation de l’intérêt patrimonial du site de la Maison de Mère d’Youville, ancien Hôpital Général de Montréal, (2013), 103 p
  25. Raymond Montpetit et autres, L’ancien Hôpital général des Frères Charon et des Sœurs Grises. Étude de potentiel pour sa conservation et sa mise en valeur, Montréal, 2011, 35 p.
  26. Raymond Montpetit et assistants, De précieux témoins de notre histoire. Le patrimoine matériel montréalais de la Nouvelle-France. Inventaire sommaire, ministère de la Métropole et Pointe-à-Callière, (2001), 243 p.
  27. Émilie Corriveau, « Le Louvre à l'UQAM - L'autre ruée vers l'art », sur Le Devoir, (consulté le )
  28. a b et c « Sous la direction d'Yves Bergeron et de Violette Loget. Préface de François Mairesse. Du sens et du plaisir. Une muséologie pour les visiteurs: Musée et exposition selon Raymond Montpetit. Paris : Éditions L’Harmattan; Collection Muséologies, 2021, 273 pages. »
  29. « Bourse Raymond Montpetit »
  30. « Prix et distinctions », sur pacmusee.qc.ca (consulté le )
  31. « Prix carrière SMQ 2009 »
  32. « Prix Rayonnement international d’ICOM Canada 2016 »
  33. « AMC »
  34. « Journée d’étude – Raymond Montpetit : muséologue engagé » (consulté le )