Pile romaine de Luzenac

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Pile romaine de Luzenac
La pile, vue du sud-ouest.
Présentation
Destination initiale
monument funéraire
Style
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Commune
Coordonnées
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La pile romaine de Luzenac est une tour gallo-romaine en pierre, aussi appelée pile, située à proximité du village de Luzenac de Moulis, sur la commune de Moulis (Ariège), en France.

Ce probable monument funéraire, datant de l'époque romaine aux premiers siècles de notre ère, a perdu sa partie supérieure et ne mesure plus qu'à peine 7 m.

La pile de Luzenac est classée au titre des monuments historiques depuis 1905.

Situation[modifier | modifier le code]

Construite en terrain plat dans un site de vallée, la pile se trouve dans un champ à proximité du cimetière de Luzenac entre la RD 618 et le Lez[1], à 439,5 m d'altitude.

Aucune carte antérieure au XXe siècle ne la mentionne[2].

Historique[modifier | modifier le code]

La datation de cette pile est incertaine, probablement entre le Ier et le IVe siècle apr. J.-C. comme la plupart des monuments analogues[3]. En l'absence d'indices formels, cette fourchette de datation est établie en fonction des caractéristiques architecturales (nature et aspect de la maçonnerie) et par comparaison avec d'autres piles pour lesquelles une datation, même imprécise, peut être établie[4].

Le terrain situé devant la face principale de la pile (à l'est), est fouillé en 1884 à l'occasion d'une session du Congrès archéologique de France puis en 1910[1]. En 1965, le bureau d'architecture antique de Pau réalise un relevé du monument[5].

La pile romaine de Luzenac fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [6].

Description[modifier | modifier le code]

La pile, vue du sud-ouest.

La pile est construite sur un plan presque carré (2,70 m pour les faces nord et sud et 2,76 m pour les faces est et ouest) avec une niche sur la face est qui regarde la rivière. Elle est composée d'un massif de fondation, d'un soubassement haut de 0,83 m, d'un podium d'une hauteur de 3,72 m puis d'un étage supérieur conservé sur 2 m de haut dans lequel est creusé une niche. La hauteur actuelle de l'ensemble est inférieure à 6,50 m[7].

La niche à fond plat mesure 1,12 m de large pour 1,48 m de profondeur ; toute sa partie supérieure a disparu[7].

La pile, vue du nord-est (fonds photographique Eugène-Trutat).

Une couverture en pyramide est envisageable en raison du plan du monument, ce qui porterait sa hauteur totale à 9,70 m environ[7].

Exception faite de la niche, la pile est un massif plein. La maçonnerie est composée d'un noyau en blocage recouvert d'un parement en moellons de petit appareil. Au niveau de l'entablement toutefois, des briques et des pierres plates sont mises en œuvre. La décoration de la pile est mal connue. Ne subsistent que la corniche qui sépare le soubassement du podium, l'entablement qui sépare le podium de l'étage supérieur et, au début du XXe siècle, des éclats de marbre au fond de la niche[7]. Aucune trace de pilastre aux angles du monument ou sur les piédroits de la niche n'est visible[8]. Des traces d'enduit restent visibles sur la face orientale, de part et d'autre de la niche ; d'autres de couleur ocre et ocre rouge, ont été signalés dans la niche au début du XXe siècle[9].

Des archéologues signalent des vestiges d'autres piles très ruinées dans les environs — l'une d'elles a peut-être été repérée dès 1910 à proximité —[10] ainsi que des tessons de céramique, des fragments de briques et de tuiles[11] marquant peut-être la présence d'un établissement antique[12]. Aucun enclos funéraire n'est toutefois identifié à proximité de la pile[13]. Les fouilles de 1884 révèlent ce qui semble être un vestige de voie antique entre la pile et la rivière, mais les études de 1910 concluent à un simple dépôt alluvionnaire même s'il est probable qu'une voie passe sur cette rive du Lez[14].

Fonction[modifier | modifier le code]

En 1884, et parce qu'on a cru trouver à proximité les vestiges d'une voie, la pile est considérée par les érudits locaux comme un monument religieux dont la niche abrite un dieu païen protecteur des voyageurs mais, même à l'époque, cette opinion ne fait pas l'unanimité[15].

Malgré l'absence avérée d'un enclos funéraire à sa base il s'agit vraisemblablement, comme pour les autres piles, d’un monument dédié à un personnage local, propriétaire ou notable[3],[16]. Dans cette hypothèse, et si la présence d'une voie de communication passant entre la pile et la rivière est possible, il n'est pas surprenant que la niche de la pile soit tournée dans cette direction, pour être visible des voyageurs[4].

En 2015, l'archéologue Frédéric Veyssière constate la proximité de la pile avec une carrière de marbre exploitée dès l'Antiquité, mais sans établir de lien formel entre les deux points distants de moins de trois kilomètres[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Clauss-Balty 2016, p. 60.
  2. Lauzun 1898, p. 48.
  3. a et b « Moulis. De la pile romaine à la carrière », La Dépêche du midi,‎ (lire en ligne)
  4. a et b Clauss-Balty 2016, p. 197.
  5. Michel Labrousse, « Circonscription Midi-Pyrénées », Gallia, t. XXVI, no 2,‎ , p. 515 (lire en ligne).
  6. Notice no PA00093894, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  7. a b c et d Clauss-Balty 2016, p. 61.
  8. Clauss-Balty 2016, p. 184.
  9. Clauss-Balty 2016, p. 190.
  10. Veyssière 2015, p. 159.
  11. Escudé-Quillet et Maissant 1996, p. 122.
  12. Sillières et Soukiassian 1993, p. 304.
  13. Clauss-Balty 2016, p. 196.
  14. Veyssière 2015, p. 158.
  15. Lauzun 1898, p. 48-49.
  16. Pierre Audin, « La pile de Cinq-Mars et les piles gallo-romaines », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. LXXXIV, no 2,‎ , p. 360 (DOI 10.3406/abpo.1977.2883).
  17. Veyssière 2015, p. 160.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia », , 231 p. (ISBN 978-2-3531-1063-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Philippe Lauzun, « Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers », Bulletin Monumental, Caen, Henri Delesques imprimeur-éditeur, t. LXIII,‎ , p. 5-68 (DOI 10.3406/bulmo.1898.11144). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Marie Escudé-Quillet et Catherine Maissant, L'Ariège, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 09), , 209 p. (ISBN 2-8775 4050-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre Sillières et Georges Soukiassian, « Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches », Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, no 6 « Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992) »,‎ , p. 299-306 (lire en ligne).
  • Frédéric Veyssière, « Nouvelles données archéologiques sur la carrière de marbre Grand-Antique d’Aubert (Ariège) », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, Toulouse, t. LXXV,‎ , p. 157-205 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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