Pile gallo-romaine de la Tourraque

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Pile gallo-romaine de la Tourraque
Tourraque d'Ortolas
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Localisation
Localisation
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La pile gallo-romaine de la Tourraque ou tourraque d'Ortolas, est une tour gallo-romaine en pierre, aussi appelée pile, située sur la commune de Lamazère, dans le département français du Gers.

Elle mesure un peu moins de 7 m de haut mais sa hauteur initiale était certainement supérieure. Bien qu'aucun indice archéologique ou historique ne permette de l'affirmer directement, il s'agit sans doute, par analogie avec d'autre monuments du même type, d'un cénotaphe signalant la proximité de la sépulture d'un important personnage local, comme le laisse supposer la présence d'un enclos funéraire à son pied.

Elle est inscrite comme monument historique en 1963.

Localisation[modifier | modifier le code]

La pile se trouve sur la commune de Lamazère, à environ 1,5 km au nord du village. Elle est située sur le coteau de la rive droite de la Baïse[1].

Historique[modifier | modifier le code]

La pile est datable, comme les autres monuments analogues du sud-ouest, du milieu du IIe siècle[2]. Les sondages réalisés sur le site n'apportent toutefois aucune information à ce sujet.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la pile n'a fait l'objet d'aucune fouille archéologique, mais sur la face occidentale, une cavité creusée à sa base témoigne d'un acte de vandalisme[3].

La pile est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du [4]. Deux ans plus tard, des sondages réalisés à proximité du monument permettent de préciser son environnement archéologique.

Description[modifier | modifier le code]

La pile est établie sur un massif de fondation profond de 0,83 cm et mesurant 4,18 × 3,50 m. Le monument lui-même, sur plan quadrangulaire de 4 × 3,20 m est arasé au niveau de la base de la niche creusée dans sa face ouest. Ainsi mutilée, la pile ne mesure plus que 6,81 m de haut[1].

Image externe
La pile de la Tourraque sur la base Mémoire.

Un parement en petit appareil de moellons calcaires d'origine locale de 10 cm de côté recouvre uniformément un noyau en opus caementicium[1] ; ce parement est encore nettement visible sur la face nord, la mieux conservée. Au-dessus d'un socle ou soubassement de trois assises de moellons, la pile présente encore deux étages. Le premier constitue le podium décoré de pilastres à chacun de ses angles[5] et le second est en retrait par rapport au premier. Le passage d'un étage à l'autre est en outre marqué par une corniche[3].

La niche était vraisemblablement voûtée en cul-de-four[6]. Dans la restitution proposée dans l'ouvrage de Pascale Clauss-Balty et basée sur les relevés de 1965, la pile possède un troisième étage, celui de la niche ; cet étage est souligné de pilastres à chacun de ses angles. Les pieds-droits de la niche sont eux-aussi décorés de pilastres[7]. L'orientation de la pile (face principale tournée vers le nord-ouest[8]) semble être choisie de sorte que la niche, qui abrite certainement les statues des défunts à qui la pile est dédiée, soit visible du plus loin possible depuis la vallée[9].

Une toiture de tuiles, en pyramide ou plus probablement en bâtière en raison du plan de l'édifice couronne le monument[10].

Le monument est accompagné d'un enclos, très probablement funéraire[11], dont les vestiges sont identifiés aux angles est et sud de la pile[8]. Le mur de cet enclos est suffisamment peu élevé pour permettre de voir la pile sur toute sa hauteur[12].

Fonction[modifier | modifier le code]

La présence d'un enclos est un indice fort du rôle de monument funéraire, probablement un cénotaphe, attribué à la pile, dont la fonction était de signaler au public la proximité d'un ou plusieurs tombeaux[13]. L'implantation fréquent de ce type de monument, en bordure de voie pour des raisons de visibilité, a pu faire qu'elles ont servi ultérieurement de repère géographique, comme un élément marquant du paysage[14].

En outre, la présence de moellons, de fragments de béton et de tegulae indique l'existence d'autres constructions localisées à quelques centaines de mètres de la pile. Il est possible qu'il s'agisse d'une villa liée au monument[8]. Le même type de rapprochement est fait entre la pile gallo-romaine d'Ordan-Larroque et une autre villa antique située à proximité de ce même monument[15].

Dans cette hypothèse, un ensemble cohérent semble être constitué comprenant la villa, l'enclos, espace cimétérial dédié à la famille habitant la villa et la pile, monument signalant la présence de l'enclos et perpétuant le souvenir des défunts de la famille[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Lapart et Petit 1993, p. 254.
  2. Pierre Audin, « La pile de Cinq-Mars et les piles gallo-romaines », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. LXXXIV, no 2,‎ , p. 356-357 (DOI 10.3406/abpo.1977.2883).
  3. a et b Lauzun 1898, p. 21.
  4. Notice no PA00094824, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. Clauss-Balty 2016, p. 184.
  6. Sillières et Soukiassian 1993, p. 302.
  7. Clauss-Balty 2016, p. 35.
  8. a b et c Clauss-Balty 2016, p. 33.
  9. a et b Clauss-Balty 2016, p. 196.
  10. Clauss-Balty 2016, p. 186.
  11. Sillières et Soukiassian 1993, p. 304.
  12. Clauss-Balty 2016, p. 181.
  13. « Les piles funéraires du Sud-Ouest », dans Jean-Charles Moretti et Dominique Tardy (dir.), L'architecture funéraire monumentale : la Gaule dans l'Empire romain, éditions du CTHS, , 522 p. (ISBN 978-2-7355-0617-0), p. 473-477.
  14. Stéphane Gendron, La toponymie des voies romaines et médiévales : les mots des routes anciennes, éditions Errance, , 196 p. (ISBN 2-8777-2332-1), p. 153.
  15. Michel Labrousse, « Midi-Pyrénées », Gallia, t. XXIV, no 2,‎ , p. 427 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia », , 231 p. (ISBN 978-2-3531-1063-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jacques Lapart et Catherine Petit, Le Gers, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 32), , 354 p. (ISBN 2-8775-4025-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Philippe Lauzun, « Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers », Bulletin Monumental, Caen, Henri Delesques imprimeur-éditeur, t. LXIII,‎ , p. 5-68 (DOI 10.3406/bulmo.1898.11144). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Auguste-François Lièvre, Les fana ou vernemets (dits piles romaines) du sud-ouest de la Gaule, Paris, E. Thorin, , 29 p..
  • Pierre Sillières et Georges Soukiassian, « Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches », Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, no 6 « Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992) »,‎ , p. 299-306 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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