Petit Nuage de Magellan

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Petit Nuage de Magellan
Image illustrative de l’article Petit Nuage de Magellan
Petit Nuage de Magellan, avec l'amas ouvert NGC 346 associé à la région H II N66 dans la partie inférieure du cliché[1]
Données d’observation
(Époque J2000.0)
Constellation Toucan
Ascension droite (α) 00h 52m 38,0s[2]
Déclinaison (δ) −72° 48′ 01″ [2]
Coordonnées galactiques = 302,808 4 · b = −44,327 7[2]
Magnitude apparente (V) 2,3[3]
2,7 dans la bande B[3]
Brillance de surface 14,34 mag/am2[3]
Dimensions apparentes (V) 319,10 × 205,1[3]
Angle de position 45°[3]

Localisation dans la constellation : Toucan

(Voir situation dans la constellation : Toucan)
Astrométrie
Vitesse radiale 158 km/s [2]
Distance 61 ± 7 kpc (∼199 000 al)[4]al
Caractéristiques physiques
Type d'objet Galaxie spirale magellanique
Type de galaxie SB(s)m[5]
Dimensions 18 kal
Découverte
Découvreur(s) Amerigo Vespucci[6]
Date [6]
Désignation(s) NGC 292
PGC 3085
ESO 29-G21
Liste des objets célestes

Le Petit Nuage de Magellan (NGC 292), souvent abrégé en SMC dans la littérature en référence à l'anglais Small Magellanic Cloud, est une galaxie naine de type SB(s)m appartenant au Groupe local et située dans la constellation du Toucan. Satellite de la Voie lactée, il s'agit d'une petite galaxie irrégulière apparentée à une galaxie spirale magellanique dont la barre est visible mais dont le bras spiral est très dispersé. La base de données NASA/IPAC rapporte un échantillon de près de 300 mesures dont la moyenne donne une distance au Soleil de 61 ± 7 kpc (∼199 000 al)[4].

En 2023, une analyse des données du satellite Gaia et du relevé télescopique SDSS conforte une hypothèse datant de 1986, selon laquelle le Petit Nuage est en fait constitué de deux galaxies naines situées l'une derrière l'autre, vues depuis la Terre.

Description[modifier | modifier le code]

Avec une magnitude apparente visuelle de 2,2, c'est l'un des objets les plus éloignés pouvant être vus à l’œil nu. Compte tenu de sa déclinaison de près de -73°, il n'est visible aisément que depuis l'hémisphère sud, apparaissant comme une petite tache laiteuse et floue s'étendant sur environ 3° de large. Cependant, en raison de sa très faible brillance de surface, il n'est clairement visible que depuis un lieu éloigné de toute pollution lumineuse. Il a semble-t-il été mentionné pour la première fois par le navigateur Amerigo Vespucci dans le compte-rendu de son voyage des années 1503-1504, mais ce fut l'expédition de Magellan autour du monde qui le popularisa et qui lui donna son nom.

Le Petit Nuage de Magellan (à gauche) en compagnie du Grand Nuage de Magellan.

Il forme une paire avec le Grand Nuage de Magellan, qui est situé 20° plus à l'est. Comme lui, c’est apparemment une ancienne galaxie spirale barrée qui a été déformée par les forces de marée de la Voie Lactée. Le Petit Nuage de Magellan est aussi un membre du Groupe local, le 4e objet le plus proche de notre galaxie. Le Petit Nuage de Magellan est relié au Grand Nuage par un pont de gaz et d'étoiles appelé pont magellanique. Il contribue également au courant magellanique, une structure probablement arrachée aux deux nuages par les forces de marée galactique de la Voie lactée.

Par sa composition et sa morphologie, il est semblable à la galaxie de Barnard (NGC 6822), une galaxie naine irrégulière barrée située à environ 1,6 million d'années-lumière (500 kpc) dans la constellation du Sagittaire.

Structure[modifier | modifier le code]

En 1986 il est suggéré que le Petit Nuage puisse en fait être constitué de deux structures distinctes, alignées du point de vue de la Terre ; cette séparation pourrait être due à une collision passée entre le Petit et le Grand Nuage[14]. En 2023, une étude systématique des ondes radio émises par l'hydrogène atomique, basée sur les données du satellite Gaia et de l'étude APOGEE du SDSS, conforte cette hypothèse et conclut à la présence de deux galaxies aux compositions différentes, séparées d'environ 5 kpc (16 000 al). La différence de composition (un enrichissement différent en éléments lourds) tend à privilégier une origine distincte des deux objets plutôt qu'une disruption d'un objet initial sous l'effet des forces de marée[15],[16].

Dans la Voie Lactée[modifier | modifier le code]

Les deux Nuages de Magellan sont des galaxies satellites de la voie lactée :

Voie lactéeGalaxie naine du SagittaireGalaxie naine du SextantGrand Nuage de MagellanPetit Nuage de MagellanGalaxie naine du SculpteurGalaxie naine du FourneauGalaxie naine de la CarèneGalaxie naine du BouvierUrsa Major IIUrsa Major IGalaxie naine de la Petite OurseGalaxie naine du Dragon
Satellites de la Voie lactée. Cliquer sur les galaxies ou leur désignation pour accéder à leur page.

Critiques du nom[modifier | modifier le code]

Depuis le XIXe siècle, le nom de la galaxie rend hommage au navigateur Ferdinand de Magellan, critiqué pour avoir réduit en esclavage des populations autochtones[17] et colonisé violemment des pays du sud. Également, les galaxies n'ont pas été « découvertes » par le Portugais, mais étaient déjà connues des populations locales avant son arrivée. Pour ces deux raisons, en septembre 2023, un collectif d'astronomes appellent l'Union astronomique internationale à changer les noms des deux galaxies[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Hubble & ESA « Small Magellanic Cloud (ground-based image) ».
  2. a b c et d (en) Petit Nuage de Magellan sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  3. a b c d et e « Les données de «Revised NGC and IC Catalog by Wolfgang Steinicke», NGC 200 à 299 », sur astrovalleyfield.ca (consulté le )
  4. a et b « Your NED Search Results », sur ned.ipac.caltech.edu (consulté le )
  5. (en) NASA/IPAC EXTRAGALACTIC DATABASE « Small Magellanic Cloud ».
  6. a et b (en) Courtney Seligman, « Celestial Atlas Table of Contents, NGC 292 » (consulté le )
  7. (en) HubbleSite – 8 janvier 2007 « Hubble Observes Infant Stars in Nearby Galaxy ».
  8. (en) Hubble & Agence spatiale européenne – 18 avril 2006 « Magellanic gemstone in the southern sky [NGC 265] ».
  9. (en) Observatoire européen austral – 30 mars 2011 « The star cluster and nebula NGC 371 ».
  10. (en) NASA Goddard Space Flight Center - Space Telescope Science Institute – 24 septembre 1997 « N81 in the Small Magellanic Cloud ».
  11. (en) Observatoire européen austral – 24 février 2010 « Star-forming region NGC 346 ».
  12. (en) Hubble & Agence spatiale européenne – 31 juillet 2006 « Extraterrestrial Fireworks ».
  13. (en) NASA Jet Propulsion Laboratory Caltech – 6 juin 2006 « Dusty Death of a Massive Star ».
  14. (en) D. S. Mathewson, V. L. Ford et N. Visvanathan, « The structure of the Small Magellanic Cloud », The Astrophysical Journal, vol. 301,‎ , p. 664 (DOI 10.1086/163932, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Daniel Clery, « Familiar astronomical object may be two galaxies, not one », Science,‎ (DOI 10.1126/science.zuv7h92 Accès libre).
  16. (en) Claire E. Murray, Sten Hasselquist, Joshua E. G. Peek, Christina Willecke Lindberg, Andres Almeida et al., « A Galactic Eclipse: The Small Magellanic Cloud is Forming Stars in Two, Superimposed Systems », The Astrophysical Journal,‎ (arXiv 2312.07750).
  17. L'équipe Ça m'intéresse, « Des Japonais réduits en esclavage par les Portugais », sur Ça m'intéresse, (consulté le )
  18. Emma Derome, « Accusations de colonisation et d'esclavagisme : les galaxies Magellan pourraient changer de nom », sur Ça m'intéresse, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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