Pat'Apouf

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Pat'Apouf
Série
Auteur Gervy
Scénario Gervy
Troc
Gulcis
Dessin Jean Ache
Michel Conversin
Ballofet
Couleurs Anne Delobel
Genre(s) franco-belge, polar

Thèmes Enquête, mystère
Personnages principaux Pat'Apouf
Jacky
Lieu de l’action Europe
Époque de l’action 1940-1950

Pays France
Langue originale français
Autres titres Pat'Apouf Détective
Éditeur Bonne Presse
Hachette
Éditions du Triomphe
Collection Le Pèlerin
Première publication
Format noir et blanc, couleur
Nombre d’albums 18

Prépublication Le Pèlerin
Le Foyer
L'Almanach du Pèlerin
Site web gervy.fr

Pat'Apouf ou Pat'Apouf Détective est une série de bande dessinée policière française réalisée par l'auteur Gervy en 1938[1], parue pour la première fois dans le magazine catholique Le Pèlerin le [1] jusqu'à le [2], avant d'éditer le premier album en à la Maison de la Bonne Presse, puis Bayard Press en 1969, anciens noms du Groupe Bayard.

L'auteur ayant pris sa retraite en 1973, le personnage fut repris dans la même année par Jean Ache[1],[3], puis par Michel Conversin[3] en 1986, et finalement par Jean-Philippe Ballofet[3] scénario de Guy Vidal sous le pseudonyme de Gulcis[3] de 1988 à 1991 toujours fidèlement paru dans le magazine Le Pèlerin et en album.

Aux côtés de Petit-Riquet reporter, Bécassine, Babar, Bicot, Spirou et Les Pieds Nickelés, la parution de ce héros dans le magazine catholique a connu une longue durée d'un demi-siècle, c'est-à-dire entre 1938 et 1990[4], auprès des millions de lecteurs[5].

Les albums originaux ont été réédités en fac-similé par les Éditions du Triomphe.

Description[modifier | modifier le code]

Synopsis[modifier | modifier le code]

Pat'Apouf est un détective de métier qui, sous des dehors bonhomme est un enquêteur opiniâtre, jamais à court d'inspiration, à l'aise dans tous les domaines, sachant piloter bateaux de toutes sortes, avions ou hélicoptères, capable de pratiquer la boxe lorsqu'il la situation l'exige.

Toutes les affaires grandes ou petites - espionnage, faussaires, trafiquants - l'intéressent et sont généralement l'occasion de voyager aux quatre coins du monde : aux Antipodes, en Océanie, en Afrique, Corse, Amazonie, dans les Andes et dans le Nord Canadien, etc

Seul durant près de vingt ans, il s'adjoindra un aide en la personne d'un jeune garçon, Jacky, à partir de 1956.

Personnages[modifier | modifier le code]

Peu ou pas de personnages récurrents dans cette série en dehors du héros, du moins jusqu'en 1956. Par la suite, le jeune Jacky accompagnera systématiquement Pat'Apouf. Certains gangsters auront l'honneur de revenir pour un deuxième album (Totoche et Quinquin dans Le virus de la mort et le gang des diamants); et le maladroit inspecteur Merinos sera de toutes les aventures en Boldovie.

Clins d'œil[modifier | modifier le code]

Extrait du comic strip La Famille Illico, montrant Jiggs et Maggie.

Gervy s'est inspiré pour habiller son héros - veste noire, gilet rouge - du personnage de Jiggs dans la famille Illico (titre original : Bringing Up Father)

La série[modifier | modifier le code]

Naissance d'un personnage[modifier | modifier le code]

Au début de l'année 1938, à l'époque où il travaillait déjà dans la Maison de la Bonne Presse, Gervy créa avec le jeune rédacteur en chef du Pèlerin Père Guichardan[1] un personnage au style rond des comics strips[6] américains. Il lui fallait un personnage jovial, plaisant et humain avec ses qualités et ses défauts[1], portant un nom facile à retenir, adapté au physique rondouillard et un peu comique[1] de celui-ci : Pat'Apouf. Un drôle de jeu de mot pour cette bande dessinée également remplie d'humour allait se voir naître dans un journal de presse catholique Le Pèlerin du pourtant très conservatrice : Père Guichardan voulait juste moderniser cette revue en ajoutant une page de bandes dessinées qu'étaient révolutionnaires à cette époque.

Bien que Pat'Apouf connût un succès, la guerre commença à éclater : l'auteur continue à faire vivre son personnage sur les planches dans la Moselle avant que Le Pèlerin n'arrêtât de paraître en . S'étant inspiré de Bécassine ou les Pieds Nickelés en 1914, Gervy l'avait mis en guerre juste pour démasquer des espions allemands[1]. Comme l'explique Dominique Petitfaux, historien de la bande-dessinée : « Toutes ces histoires sont assez sérieuses, assez graves mêmes parfois avec une certaine violence, malgré la loi de juillet 1949 qui l'interdisait dans les bandes-dessinées. Pat'Apouf a un peu échappé à la censure grâce à sa parution dans un magazine, qui plus est, très reconnu. (…) Il était tiré à plus de cinq cent mille exemplaires dans les années 1950, notamment dans les milieux ruraux. Les gens achetaient peu de bandes dessinées. Par ce vecteur, ce fut l'une des plus lues[7] ».

Gervy est élevé en 1959 à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand[4], équivalent aux grands prix d'Angoulême par le pape Jean XXIII, proposé par le cardinal Feltin[8] qui a pris passion pour le détective.

Le retour du grand détective[modifier | modifier le code]

En 2005, les Éditions du Triomphe publient Pat'Apouf et l'Affaire Hourtin sous la direction de Dominique Petitfaux[4] qui y préface, comprenant un épisode inédit Pat'apouf et le Vol du moteur secret et rééditent quelques albums de la Bonne Presse. Ce n'est que par correspondance sur Internet que les exemplaires se vendent bien grâce à la publicité diffusée dans Pèlerin, ce qui prouve que les lecteurs se souviennent d'avoir vu les aventures de Pat'Apouf dans leur enfance[7].

Les héritiers[modifier | modifier le code]

Jean Ache[modifier | modifier le code]

L'auteur confie alors la série à Jean Ache en 1973. Déjà sur sa première planche Le Secret de l'urne zapothèque à partir du , ce dernier habille Jacky en pantalon pour délaisser finalement sa culotte courte. Il crée une nouvelle compagnie en 1975 : le chien Goliath de Jacky, adopté en Angleterre ainsi que de nouveau personnages comme la voisine Alice Patacaisse et le commissaire Boldu en 1978 sans oublier le journaliste importun Amilcar Amidon en 1984.

Le , il meurt subitement chez lui à Joinville-le-Pont en laissant les vingt-trois planches inachevées intitulées La Perle noire de Gengis Khân.

Michel Conversin[modifier | modifier le code]

La direction de Pèlerin demande à Michel Conversin, un jeune dessinateur de vingt-neuf ans, engagé en 1983, de poursuivre la dernière œuvre de Jean Ache suivant le scénario complet de ce dernier. La Main Pourpre est sa première histoire, en changeant complètement de formes de Pat'Apouf et de couleurs beaucoup plus vives après avoir crayonné, donné quelques coups de pinceau.

Gulcis et Ballofet[modifier | modifier le code]

En 1988, le jeune dessinateur laisse la place au rédacteur en chef du magazine moderne Pilote Guy Vidal comme scénariste sous le pseudonyme de Gulcis et au dessinateur Jean-Philippe Ballofet. Encore une fois, ce dernier change de style graphique qui n'est pas sans rappeler celui de Louis Forton sans pour autant éloigner celui du créateur du personnage.

Analyse[modifier | modifier le code]

Expressions[modifier | modifier le code]

Sur toutes publications sur Le Pèlerin et L'Almanach, Jacky vouvoie Pat'Apouf jusqu'à la retraite de l'auteur, en 1973.

Graphisme[modifier | modifier le code]

L'auteur se documentait la plupart du temps pour le besoin des voyages du détective, à l'exception de l'épisode Pat'Apouf au village, publié en 1954, dont l'histoire se déroule à Razac-sur-l'Isle où il résidait à La Chêneraie dans le quartier de Puylabor : il s'y inspirait comme si, « en quelque sorte, il jouait à domicile… »[9]

Postérité[modifier | modifier le code]

Accueil critique[modifier | modifier le code]

Dominique Petitfaux, critique Bd reconnu, a fait une étude exhaustive de l’œuvre de Gervy et a analysé en particulier les 63 épisodes de Pat'Apouf parus sous sa signature.Il en parle comme d'une « série parfois étonnamment adulte dans le ton » et déplore que la Bonne Presse n'ait pas fait l'effort pour en assurer la publication sous forme d'albums soignés (et complets !) de cet auteur important qui aurait pu faire une carrière à la Hergé. La réédition aux Éditions du Triomphe qu'il a chapeautée répare partiellement cette négligence.

Publications[modifier | modifier le code]

Revues[modifier | modifier le code]

Pat'Apouf apparaît pour la première fois dans Le Pèlerin no 3180 du jusqu'au no 4722 du [* 1]. Il s'interrompt en juin 1940 en raison de la Seconde Guerre mondiale, mais réapparaît en novembre 1940 dans le magazine Le Foyer jusqu'au [* 1]. Il retrouve Le Pèlerin après la libération en juin 1945.

Albums[modifier | modifier le code]

Maison de la Bonne Presse
Ces albums représentent les premières éditions, en oblong (18x15) et broché :
Éditions Hachette
Éditions du Triomphe

Intégrale de la période 1946 - 1960
Scénario et dessin : Gervy

  • 1 Pat'Apouf et l'Affaire Hourtin (1946) suivi de Pat'Apouf et le Vol du moteur secret (1947) (épisodes inédits en albums, parus dans Le Pèlerin), 2005
  • 2 Pat'Apouf prend des vacances (1947) (réédition de l'album Bonne Presse no 5), 2006
  • 3 Pat'Apouf aux antipodes (1947-1948) (réédition de l'album Bonne Presse no 7) avec 5 histoires inédites parues dans L'Almanach du Pèlerin entre 1949 et 1953, 2007
  • 4 Pat'Apouf contre les gangsters (1949) (réédition de l'album Bonne Presse no 4), 2008
  • 5 Pat'Apouf chasse les grands fauves (1950) (réédition de l'album Bonne Presse no 6), 2009
  • 6 Pat'Apouf au village (1951-1952) (réédition de l'album Bonne Presse no 8), 2010
  • 7 Pat'Apouf explore les roches rouges (1952-1953) (réédition de l'album Bonne Presse no 9), 2012
  • 8 Pat'Apouf et les Contrebandiers (1953-1954) (réédition de l'album Bonne Presse no 10), 2013
  • 9 Pat'Apouf en Amazonie (1954) (réédition de l'album Bonne Presse no 11), 2014
  • 10 Pat'Apouf et le Vol des bijoux (1955) (réédition de l'album Bonne Presse no 12), 2015
  • 11 Pat'Apouf au far west (1956) ((histoire inédite en album, parue dans Le Pèlerin sous le titre Pat'Apouf en Arizona) avec 5 histoires inédites parues dans L'Almanach du Pèlerin entre 1954 et 1959, 2016

À partir de 1956, afin de toucher un plus jeune lectorat, Pat'Apouf mène ses enquêtes avec un jeune assistant, Jacky, un garçon qu'il a adopté.

  • 12 Pat'Apouf et le Virus de la mort (1956) (réédition de l'album Bonne Presse no 13), 2017
  • 13 Pat'Apouf et le Gang des diamants (1957) (réédition de l'album Bonne Presse no 14), 2018
  • 14 Pat'Apouf en fusée (1958) (réédition de l'album Bonne Presse no 15), 2019
  • 15 Pat'Apouf en Boldovie (1958-1959) (histoire inédite en album - reprend l'épisode paru dans Le Pèlerin sous le titre Pat'Apouf et l'Affaire Barbaka et l'épisode suivant publié sans titre), 2020
  • 16 Pat'Apouf chez les Rasmaniens (1959) (la suite des aventures de Pat'Apouf et Jacky en Boldovie - reprend l'épisode paru dans Le Pèlerin sous le titre Pat'Apouf en Boldovie - réédition de l'album Bonne Presse no 16), 2021
  • 17 Pat'Apouf et l'Empreinte du Tatoué, (histoire inédite en album, parue dans Le Pèlerin du 21 février au 23 octobre 1960, à l'époque sans titre), 2022

Distinction[modifier | modifier le code]

Adaptation[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

En 1947, la Maison de la Bonne Presse avait également tiré cent quarante bobines pour treize aventures de Pat'Apouf en films fixes, aujourd'hui très rares, souvent transposés sur l'écran improvisé des salles de patronage paroissial[* 2].

Titres des films fixes[11]

Malgré l'oubli de cette technique, les titres s'avèrent parfois différents.

  • Pat'Apouf Détective
  • Les Aventures de Pat'Apouf détective (1947)
  • Oncle Pat et Ritou contre le marché noir (1948)
  • La Mystérieuse Affaire Hourtin (1948)
  • Le Vol du moteur secret (1948)
  • Pat’Apouf en Océanie (1948)
  • La Soif de l'or (1949)
  • La Grande Offensive 1949)
  • Pat'Apouf chasse les grands fauves (1952)
  • Pat'Apouf, l'as des détectives (1952)
  • Les Exploits inouïs de Pat'Apouf (1953)
  • La Fausse Barbe de Pat'Apouf (1955)
  • Pat'Apouf et les Pirates de l'air

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. a et b BDM Trésors de la bande dessinée 2009-2010, page 995.
  2. Frédéric Vienne, Archives de l'église de France : Les films fixes au service de la religion, Paris, INDICA, , 69e éd., 40 p. (lire en ligne), p. 34
Références
  1. a b c d e f et g Dominique Petitfaux, « Tout savoir sur le créateur de Pat'Apouf 1938-1944 », sur Gervy.fr (consulté le )
  2. Dominique Petitfaux, « Tout savoir sur le créateur de Pat'Apouf 1956-1973 », sur Gervy.fr (consulté le )
  3. a b c et d Francis Matthys, « Éditer, c'est aussi rééditer », sur La Libre Belgique, (consulté le )
  4. a b c et d Didier Pasamonik, « "Pat’Apouf et l’Affaire Hourtin" - Gervy - Éditions du Triomphe », sur ActuaBD, (consulté le ).
  5. Alain Bernard, « Le retour au pays de Pat'Apouf », sur Sud Ouest, (consulté le )
  6. « Le coin du patrimoine BD : Pat'Apouf », sur BDZoom, .
  7. a et b Anne-Claire Parola, « Le retour de Pat'Apouf : un Blayais en Afrique », sur Haute Gironde, (consulté le )
  8. Jean-Paul Coudeyrette, « Jean XXIII », sur Compilhistoire (consulté le )
  9. Alain Bernard, « Le retour au pays de Pat’Apouf », sur sudouest.fr, (consulté le ).
  10. a b c et d Selon BDM Trésors de la bande dessinée 2009-2010, p.624, les épisodes des albums 4 à 7 ont paru dans Le Pèlerin dans l'ordre suivant 5, 7, 4 et 6.
  11. Anonyme, « Répertoire films fixes : Gervy », sur Films fixes chez Alice (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Revues[modifier | modifier le code]

  • Dominique Petitfaux, « Gervy, le grand maitre de la Bonne Presse », dans Le Collectionneur de bandes dessinées, no 21 (1980)
  • François Dunois, « Pat'Apouf fête ses 50 ans », dans Pèlerin Magazine, no 5487 (1988)
  • Dominique Petitfaux, « Gervy en Belgique, bibliographies ultimes », dans Le Collectionneur de bandes dessinées, no 81 (1998)

Livre[modifier | modifier le code]

  • Pierre Pommier, Éducation et bande dessinée en Aquitaine, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1999 (ISBN 2-86-781-238-0)

Internet[modifier | modifier le code]

Article contexte[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]