Musique nègre (chanson)
Musique nègre est une chanson du rappeur Kery James, sortie en 2016 et issue de son sixième album Mouhammad Alix.
Historique
Musique nègre naît à la suite des déclarations de l'homme politique Henry de Lesquen, qui tient des propos jugés négrophobes sur Radio Courtoisie, station de radio qu'il dirige alors. Il dit souhaiter bannir la « musique nègre » des médias français[1],[2],[3].
Pour écrire et composer ce morceau, Kery James s'entoure de deux des plus grands paroliers du hip-hop français. Il a fait appel aux rappeurs Youssoupha et Lino, tous deux déjà connus pour leur lutte antiraciste au travers de leurs textes.
Texte
Outre une « revendication de la force et de la beauté noire »[4], Musique nègre relate des faits de la discrimination des Noirs dans l'Histoire[5].
- Il tacle notamment l'humoriste français Michel Leeb et certains de ses sketchs parodiant grossièrement les Noirs (« dans mon cauchemar, j’avais giflé Michel Leeb ») ;
- « Depuis le bruit et l’odeur, je sens que je dérange la France » : ici Kery James fait référence au discours de Jacques Chirac en 1991, Le bruit et l'odeur, dans lequel il tient des propos racistes envers les immigrés ;
- « Je pourrais mourir d’infection comme un Traoré » : cette phrase choc fait référence à l'affaire Adama Traoré, décédé des suites de violence policière présumée, et qui a secoué la France en 2016.
Kery James rend aussi hommage à des figures importantes de la lutte contre l'esclavage comme Martin Luther King Jr., Toussaint Louverture et Rosa Parks
- Kery James et Youssoupha ont également introduit des textes en langues de leurs pays d'origine respectivement le Créole haïtien (textes manquants) et Le lingala (« Na bangaka lisusu te, nga na bangaka butù te, nga na bangaka kaka Nzambe nga na bangaka mutu te » , traduit par :« Je n'ai plus peur, je n'ai pas peur de la nuit, moi je ne craint que Dieu, moi je ne craint personne ») ;
Clip
Le clip[6] est réalisé par la réalisatrice et militante Leïla Sy, pour SutherKane Films. Tourné en noir et blanc, il est — à l'instar du texte de la chanson — chargé de références aux luttes africaines et noires ; dont :
- des costumes de Blancs colonialistes et de Noirs colonisés ;
- du mobilier dit « de l'époque coloniale » ;
- des tirailleurs sénégalais ;
- une femme tenant une pancarte « 7053 », en référence à la photographie de Rosa Parks lors de son arrestation ;
- une reconstitution de la photographie du podium d'athlétisme aux Jeux olympiques d'été de 1968, avec Kery James à la place de l'athlète Tommie Smith, Youssoupha à la place de John Carlos et Orelsan à la place de Peter Norman ;
- les images de Thomas Sankara, Léopold Sédar Senghor ou Malcolm X.
Ce clip rassemble aussi de nombreuses figures du hip-hop français de diverses générations et styles, dont :
- Bigflo et Oli ;
- Hayce Lemsi ;
- Kalash Criminel ;
- Médine ;
- MZ ;
- Sadek ;
- Sofiane ;
- Vald.
Références
- Lucas Burel, « Présidentielle : Henry de Lesquen, ce candidat qui veut "bannir la musique nègre" et revenir au 19e siècle », L'Obs, (consulté le ).
- Matthieu Kairouz, « « Musique nègre » : Kery James répond à un candidat à la présidentielle française », Jeune Afrique, (consulté le ).
- Maïté Koda, « Quand Kery James célèbre la "musique nègre" », sur la1ere.francetvinfo.fr, (consulté le ).
- Juliette Plé, « « Musique nègre » : le retournement du stigmate comme arme politique et artistique », sur Foisonnement biographique, (consulté le ).
- Shah Jamsheed, « « Musique nègre » de Kery James : une leçon d’Histoire politique noire », sur Contre-attaques.org, (consulté le ).
- « Kery James - Musique Nègre feat. Lino & Youssoupha [Clip Officiel] », sur YouTube, (consulté le ).