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Guerre de Boshin

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Guerre de Boshin
戊辰戦争
Description de cette image, également commentée ci-après
Samouraïs du clan Satsuma lors de la guerre de Boshin (1868 - 1869), Felice Beato).
Informations générales
Date Du au
Lieu Japon
Issue Victoire de l'empereur
Fin du shogunat
Restauration du pouvoir impérial
Belligérants
Domaine de Satsuma
Domaine de Chōshū
Domaine de Tosa
Domaine de Saga
Avec le soutien du
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Shogunat Tokugawa
Domaine d'Aizu
Domaine de Jōzai
Domaine de Nagaoka
Avec le soutien de
l'Empire français
Commandants
Empereur Meiji Tokugawa Yoshinobu
Enomoto Takeaki
Forces en présence
environ 40 000 environ 80 000
Pertes
inconnues inconnues

Batailles

La guerre de Boshin (戊辰戦争, Boshin sensō?, littéralement « guerre de l'année du dragon ») est une guerre civile japonaise qui débuta en sous le règne de l'empereur Meiji, quelques mois après la restitution du pouvoir suprême à l'empereur, et qui se poursuivit jusqu'en . Elle vit principalement s'affronter, d'une part, les armées des clans de Satsuma, de Chōshū, de Tosa et leurs alliés, proches de l'empereur et, d'autre part, les troupes appartenant au gouvernement shogunal d'Edo et les clans qui lui restèrent fidèles. Les clans de Satsuma, de Chōshū et de Tosa cherchaient à supplanter par la force le parti adverse et à éviter que l'autorité impériale ne fût désormais exercée sous une forme fédérale par l'ensemble des clans. Elle marque une coupure emblématique entre l'époque d'Edo et l'ère Meiji.

Environ cent vingt mille hommes furent mobilisés pendant le conflit et trois mille cinq cents d'entre eux furent tués. À la fin de cette guerre, les troupes impériales victorieuses abandonnèrent la politique d'expulsion des étrangers et le pouvoir se lança dans une politique de modernisation continue, ce qui déclencha la rébellion de Satsuma.

Déroulement du conflit

Amorce politique du conflit

Entraînement des forces du shogun par les Français.

Le shogun Tokugawa Yoshinobu modernisait ses forces à l'aide d'instructeurs français. Apeurés, les dirigeants de Satsuma, Chōshū et Tosa s'allièrent pour le contrer. Unis par la philosophie politique du Sonnō jōi (« Révère l'empereur, repousse les barbares ») et la peur que le nouveau shogun continue d'usurper le pouvoir de l'empereur, ils travaillèrent ensemble pour mettre un terme au shogunat, quoique leurs approches différassent grandement.

Tosa, en particulier, était plus modéré et proposait un compromis dans lequel Yoshinobu abdiquerait son titre à l'empereur mais présiderait un nouveau conseil gouvernemental composé de daimyos. À cette fin, le daimyō de Tosa Yamauchi Toyonori et son conseiller Gotō Shōjirō, présentèrent à Yoshinobu une requête d'abdication[1].

Tokugawa Yoshinobu en uniforme de militaire français (1867)

Yoshinobu abandonna ses fonctions de shogun fin 1867, rendant ainsi formellement le pouvoir gouvernemental à l'empereur[2]. Il quitta ensuite Kyoto pour Osaka. Toutefois, même si Satsuma et Chōshū soutenaient l'idée d'un conseil gouvernemental de daimyos, ils n'acceptaient pas que Yoshinobu le préside[1]. Ils obtinrent un arrêté impérial[1] autorisant l'usage de la force contre Yoshinobu (qui s'avéra plus tard être un faux document[3]), puis installèrent un nombre considérable de troupes de Satsuma et Chōshū en plein Kyoto[4].

Une conférence eut ensuite lieu à la cour impériale où Yoshinobu fut démis de ses terres et de ses biens[5] malgré le fait qu'il n'ait pris aucune initiative susceptible d'être considérée comme agressive ou criminelle. Mais aucune des personnes qui auraient pu s'opposer à cette décision ne fut convoquée à la conférence[6]. Yoshinobu s'y opposa ; il écrivit même une lettre de protestation à l'attention de la cour impériale[7]. Sur la suggestion des hommes du clan Aizu, de la ville de Kuwana et de diverses provinces, il mobilisa une énorme quantité de troupes pour transmettre son message de protestation à la cour sans que les forces de Satsuma et Chōshū postées à Kyoto l'en empêchent[8].

Quand les forces de Tokugawa arrivèrent aux abords de Kyoto, le , on leur refusa l'entrée. Les troupes de Satsuma et Chōshū les attaquèrent, déclenchant la première confrontation de la guerre, la bataille de Toba-Fushimi[9].

Une partie des quinze mille hommes du shogun avaient été entraînée par les militaires français, tel le Denshūtai, mais la grande majorité de ses troupes restaient des samouraïs. Les forces de Satsuma et Chōshū, bien que trois fois moins nombreuses, étaient, elles, complètement modernisées. Yoshinobu abandonna alors son armée en pleine bataille quand il découvrit que les forces Satchō brandissaient la bannière impériale.

Reddition d'Edo

Il se réfugia à Edo[10] où il demanda à être mis en prison et rappela son abdication à la cour impériale. Toutefois, un accord de paix fut trouvé, stipulant que Tayasu Kamenosuke, le tout jeune chef de l'une des branches du clan Tokugawa, serait adopté et nommé chef de la famille Tokugawa[11]. Le château d'Edo capitula devant les armées impériales[12] et la ville échappa de justesse à une guerre ouverte. Cette capitulation rendit caduc le plan établi avec l'aide de l'ambassadeur français Léon Roches pour stopper l'avancée des troupes impériales à Odawara, dernier point stratégique avant Edo. Choqué, Léon Roches quitta son poste auprès du shogun. Sous l'influence du ministre britannique Harry Parkes, les nations étrangères signèrent un traité de neutralité, s'engageant à ne pas intervenir et à n'envoyer d'armes et de munitions à aucun des deux camps.

Avec son jeune chef de famille Kamenosuke, Yoshinobu partit pour Sunpu (駿府), là où le fondateur même du shogunat Tokugawa, Tokugawa Ieyasu, s'était lui-même retiré des siècles auparavant.

Aspects militaires

Après la bataille de Toba-Fushimi, Takamori Saigō conduisit les troupes impériales à travers le Sud d'Honshū, gagnant la bataille de Kōshū-Katsunuma. Edo se rendit en . Certains groupes des environs de la capitale continuèrent à résister mais furent défaits à la bataille d'Ueno. Le commandant de la marine shogunale, Takeaki Enomoto, refusa de se rendre et partit avec sa flotte (huit navires de guerre et deux mille hommes) vers le nord dans l'espoir de pouvoir tenter plus tard une contre-attaque. Il fut accompagné par une poignée de militaires français dont Jules Brunet qui venait de quitter l'armée française pour combattre aux côtés des rebelles.

Résistance dans le Nord

Château en ruine après la bataille d'Aizu.

Après la défaite des troupes de Yoshinobu Tokugawa, la réclusion forcée de celui-ci et la confiscation de ses terres, la plus grande partie du Japon accepta le pouvoir de l'empereur. Mais dans le Nord de l'île de Honshū, plusieurs daimyos avec à leur tête celui du clan Aizu formèrent une coalition pour combattre les troupes impériales. Cette coalition disposait d'une armée de cinquante mille soldats. Officiellement, la tête de la coalition était Yoshihisa Kitashirakawa, qui fut surnommé « empereur Tobu ».

Les canons de bois de la coalition.

La flotte de Takeaki Enomoto arriva à Sendai, le fief du clan Aizu, le . Les troupes de la coalition, bien que nombreuses, étaient très mal équipées. L'armement moderne y était très rare si bien que l'on alla jusqu'à construire des canons en bois renforcés par des cordes pour tirer des grosses pierres. Ces canons ne pouvaient tirer que quatre ou cinq projectiles avant d'être brûlés. De son côté, le daimyo de Nagaoka se procura des armes à feu françaises (2 000) et allemandes.

En , le daimyo de Nagaoka infligea de lourdes pertes aux troupes impériales lors de la bataille de Hokuetsu mais son château fut détruit et la progression des troupes impériales vers le nord continua en infligeant au passage une défaite au Shinsengumi à la bataille de la passe de Bonari. Après cette victoire, les troupes impériales se lancèrent à l'assaut du château d'Aizuwakamatsu (bataille d'Aizu). Les troupes impériales furent encore une fois victorieuses et en 1868, Sendai devint intenable pour les troupes shogunales. La flotte d'Enomoto quitta donc Sendai pour Hokkaidō (appelée « Ezo » à l’époque). Le , toute l'île de Honshū était contrôlée par l'empereur. L'ère Meiji commençait.

Les troupes du bakufu partant pour Hokkaidō.

Campagne d'Hokkaidō

À la suite de sa défaite à Honshū, Takeaki Enomoto partit vers Hokkaidō avec les restes de sa flotte et avec quelques militaires français. Ensemble ils organisèrent un gouvernement avec l'objectif d'établir une nation indépendante sur cette île : la République indépendante d'Ezo. Enomoto proposa aux partisans de l'empereur de donner Hokkaidō au shogun et de placer le shogun comme vassal de l'empereur, mais cette proposition fut déclinée.

Durant l'hiver, la république fortifia son système défensif qui était verrouillé par la forteresse Goryōkaku à Hakodate.

La marine impériale japonaise arriva au port de Miyako le mais s'attendant à cette arrivée, les troupes d'Ezo préparèrent un plan : une attaque surprise qui eut pour effet d'endommager trois navires de guerre. Néanmoins, les forces impériales furent victorieuses peu après lors de la double bataille, navale et terrestre, d'Hakodate, qui mit fin à la guerre, Takeaki Enomoto acceptant de se rendre et faisant sa soumission à l'empereur le .

Batailles

Culture populaire

Cette guerre est connue par certains aspects du conflit et notamment ses conséquences (rébellions), qui ont été illustrés dans le jeu vidéo Total War: Shogun 2 - La Fin des samouraïs et dans le manga yaoï Fuyu no Semi de Yūka Nitta. Aussi la série animée Bakumatsu Kikansetsu Irohanihoheto qui se déroule durant cette période et traite des événements les plus importants de cette guerre sous couvert d'un récit fantastique de traque d'un esprit démoniaque (Hasha no kubi : la tête du Conquérant). Enfin, au cinéma, Jules Brunet a largement inspiré le personnage de Nathan Algren interprété par Tom Cruise dans le film Le Dernier Samouraï (2003) d’Edward Zwick[13].

Notes et références

  1. a b et c Beasley, The History of Modern Japan, p. 96.
  2. Takano, p. 256.
  3. Yamakawa, Aizu Boshin Senshi, p. 7 à 9.
  4. Beasley, p. 97.
  5. Beasley, p. 97 ; Yamakawa, Aizu Boshin Senshi, p. 148 à 151.
  6. Voir ci-dessus.
  7. Totman, p. 416 ; pour une copie de l'original, voir Yamakawa, p. 89 et 90.
  8. Totman, p. 417.
  9. Sasaki, p. 23 et 24 ; Bolitho, p. 240 à 242.
  10. Kobiyama, p. 124.
  11. Griffis, The Mikado: Institution and Person, p. 141.
  12. Takano, p. 267.
  13. D'après un article de Masterfight [lire en ligne].

Voir aussi

Sources

  • Louis Frédéric, Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1999, 1470 p. (ISBN 2-221-06764-9).
  • Collectif, Dictionnaire historique du Japon, Éditions Maisonneuve et Larose, Collection Monde Asiatique, 2002, 2993 p. (ISBN 2-7068-1633-3).

Articles connexes

Liens externes