Elisabeth Kopp

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Elisabeth Kopp
Illustration.
Elisabeth Kopp en 2008.
Fonctions
94e conseillère fédérale

(4 ans, 2 mois et 22 jours)
Élection 2 octobre 1984
Réélection 9 décembre 1987
Prédécesseur Rudolf Friedrich
Successeur Kaspar Villiger
Cheffe du DFJP

(4 ans, 2 mois et 22 jours)
Prédécesseur Rudolf Friedrich
Successeur Arnold Koller
Conseillère nationale

(4 ans, 10 mois et 24 jours)
Législature 41e et 42e
Biographie
Date de naissance (87 ans)
Lieu de naissance Zurich (Suisse)
Origine Canton de Zurich
Nationalité Drapeau de la Suisse Suisse
Parti politique PRD
Conjoint Hans W. Kopp
Diplômée de Université de Zurich
Profession Juriste
Conseillers fédéraux de Suisse

Elisabeth Kopp, née le à Zurich, est une femme politique suisse. Elle est la première femme à accéder au Conseil fédéral, en 1984, en tant que membre du Parti radical-démocratique. En 1989, elle est obligée de démissionner à la suite d'un scandale : elle a transmis à son mari des renseignements confidentiels concernant une enquête menée contre une société à laquelle il était lié et qui était suspectée de blanchir l'argent issu du trafic de drogue[1].

Origine et carrière politique

Née Anna Elisabeth Iklé, Elisabeth Kopp voit le jour le à Zurich dans une famille d'industriels du textile d'origine saint-galloise. Lycéenne à Berne, elle entame des études de droit à l'université de Zurich. En 1956 elle fait un périple en Hongrie, durant l'insurrection de Budapest. L'année suivante, elle adhère à la section féminine du parti radical de sa ville de Zurich. On la voit également effectuer son service complémentaire féminin, l'Armée suisse permettant en effet aux femmes de s'engager militairement. En 1960, elle épouse Hans W. Kopp (1931-2009), avocat d'affaires. De leur union, naîtra une fille, Brigitte.

En 1970, elle est élue au Conseil communal de Zumikon (ZH), cité dont elle devient présidente en 1974. Sa carrière politique nationale s'ouvre en 1979, quand elle est élue au Conseil national. Par ailleurs, elle est nommée en 1984 vice-présidente du Parti radical-démocratique.

Conseillère fédérale

Elisabeth Kopp est élue au Conseil fédéral, le 2 octobre 1984.

Elisabeth Kopp est élue au Conseil fédéral le face à Bruno Hunziker. Première femme à accéder à la fonction suprême du pays, elle succède au Zurichois Rudolf Friedrich. Élue, elle assure la direction du Département fédéral de justice et police, se faisant remarquer par sa politique en matière droit d'asile, qu'elle réforme en profondeur afin d'autoriser un traitement plus rapide des fins de non-recevoir et d'intégrer la possibilité de mesures exceptionnelles lorsque les circonstances l'exigent[réf. nécessaire].

Son action au Conseil fédéral a également des effets sur la condition féminine. Son engagement personnel pèse dans la balance lorsqu'il s'est agi, en 1985, de faire passer avec succès un nouveau droit matrimonial plus égalitaire attaqué par un référendum. Elisabeth Kopp amorce également une révision de la législation, en vue de l'égalité des droits entre hommes et femmes mais reste timide sur les questions d'égalité salariale et de répression du viol conjugal[2].

Son action laisse le souvenir d'une personne engagée, décidée, compétente et avisée[3]. Parmi ses décisions marquantes, on relève la création d'un poste de délégué aux réfugiés, dont le premier titulaire est Peter Arbenz.

Retrait à la suite de l’affaire Kopp

Fin août 1988, Elisabeth Kopp est sous pression lorsque le journal Schweizerischer Beobachter accuse son époux, Hans W. Kopp, de fraude fiscale à hauteur de 2,5 millions de francs suisses en se fondant sur les déclarations de l’ancien conseiller fiscal d’Hans W. Kopp[4]. Hans W. Kopp se trouve alors à la tête du Conseil d'administration de la Shakarchi Trading dont le président, Mohamed Shakarchi, venait d’être présenté dans un reportage de la télévision turque comme l’instigateur d’un trafic d’or entre la Suisse et la Turquie[5]. Hans W. Kopp démissionne le 27 octobre 1988 du Conseil d'administration de la Shakarchi Trading. Début novembre, le Tages-Anzeiger révèle que 9 personnes ont été arrêtées par les autorités zurichoises et tessinoises dans le cadre d’une enquête sur la plus grosse affaire de blanchiment d’argent de la drogue qu’ait connue la Suisse jusqu’à présent (1,5 milliard de francs), la Shakarchi Trading est soupçonnée d’être mêlée à ce que la presse nomme la « Liban connection »[6]. Durant le mois de novembre, Elisabeth Kopp réaffirme que sa fonction ne présente pas de conflit d’intérêt avec l’enquête dont fait l’objet la société auparavant gérée par son époux[7]. Dans un climat tendu, le 7 décembre elle est élue à la vice-présidence de la Confédération selon le principe de roulement traditionnel malgré les réticences des socialistes et des écologistes[8]. Le 9 décembre, à la suite de révélations parues dans Le Matin et indiquant que le Ministère public de la Confédération enquêtait sur une fuite ayant permis à Elisabeth de prévenir son mari que la Sakarchi Trading était visée par l’enquête sur la Liban Connection, Elisabeth Kopp réunit le Conseil fédéral pour l’informer qu’elle a effectivement prévenu son mari, le 27 octobre. Elle affirme avoir été prévenue de manière inofficielle par une source interne de son département et avoir alors téléphoné à son époux pour lui conseiller de démissionner immédiatement. Hans W. Kopp a jusqu’alors toujours démenti que sa démission ait été liée à des soupçons de blanchiment d’argent sale[9]. Les articles de presse quasi quotidiens qui la visent directement rendent la situation intenable et Elisabeth Kopp démissionne de ses fonctions le . En novembre 1989, la Commission d'enquête parlementaire accable Elisabeth Kopp, lui reprochant d'avoir enfreint le secret de haute fonction, mais elle refuse d'admettre autre chose qu'une maladresse dont elle a tiré toutes les conséquences puisqu'elle a démissionné. Il faut finalement attendre 1990 et la décision du Tribunal fédéral libérant Elisabeth Kopp de l'accusation de violation du secret de fonction[10] pour que la question soit définitivement tranchée. Kaspar Villiger lui succède au Conseil fédéral.

Documentaire

Voyage d'hiver (Winterreise), réalisé par Andres Brütsch, film dans lequel Elisabeth Kopp fait une partie du commentaire, a été présenté à Locarno en août 2006.

Publications

  • La femme dans la société actuelle, Revue politique, 64e année, 2/1985, p 61-65
  • Lettres, Benteli, (ISBN 3-7165-0831-4)

Notes et références

  1. Scandale à Berne: Elisabeth Kopp est forcée de démissionner, sur le site des archives de la Radio télévision suisse.
  2. « Elisabeth Kopp brisée dans son élan », Journal de Genève,‎ (lire en ligne)
  3. Urs Altermatt, Le Conseil fédéral : Dictionnaire biographique des cent premiers conseillers fédéraux, Yens-sur-Morges, Cabédita, , 672 p. [détail des éditions] (présentation en ligne)
  4. « Hans Kopp accusé », L'Express,‎ (lire en ligne)
  5. « L'homme qui coula sa femme », L'Express,‎ (lire en ligne)
  6. « Blanchissage d’argent sale : une énorme affaire découverte », Journal de Genève,‎ (lire en ligne)
  7. « Conflit d’intérêt : Mme Kopp se récuserait », Journal de Genève,‎ (lire en ligne)
  8. « Réactions : du scepticisme à la satisfaction », Journal de Genève,‎ (lire en ligne)
  9. « Madame Kopp avait averti son mari », Journal de Genève,‎ (lire en ligne)
  10. « Elisabeth Kopp » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.

Annexes

Bibliographie

Article connexe

Liens externes

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