Cristoforo Cortese

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Cristoforo Cortese
Naissance
Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
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Activités
Lieux de travail
Parentèle
Zanino di Pietro (d) (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata

Cristoforo Cortese est un enlumineur et peintre actif à Venise et Bologne entre 1399 et 1445.

Biographie[modifier | modifier le code]

Plusieurs documents font référence à cet artiste. Le plus ancien remonte au plus tard à 1399, il s'agit d'un règlement de la confrérie Scuola di San Caterina dei Sacchi qui le signale comme enlumineur. Il est le fils d'un peintre et enlumineur vénitien, Marco Cortexe, de la paroisse de Sant'Apollinare. Vers 1406-1408, il est indiqué comme membre d'une autre confrérie, la Scuola di Santa Maria della Misericordia e San Francesco ai Frari et résident dans la paroisse voisine de San Silvestro. C'est encore le cas dans deux autres documents datés de 1418 et de 1425. Un autre document daté de 1409 mentionne toutefois un Cristoforo Cortese comme peintre habitant la paroisse de San Paternian, des doutes subsistent sur le fait qu'il s'agisse du même artiste[1].

En 1420, sa première femme, Zanina, handicapée et sans enfant, établit son testament. Dès octobre 1425, Cristoforo fait faire son propre testament, mais cette fois-ci, il est marié à une autre femme, Bartolomea, dont il a un fils, Policreto. En septembre 1426, un autre document indique sa présence à Bologne et sa volonté de s'y installer avec sa famille. Il est cependant de retour à Venise en 1439, au moment où il fait établir de nouveau un testament en faveur de ses enfants, Policreto, Isabetta et Samaritana. Le 16 novembre 1445, son fils réclame à un client de son père un paiement pour la décoration d'un livre d'heures. Cristoforo est alors déjà décédé[2]. Il est noté dans un document de 1420 comme frère de Franceschina, femme de Giovanni di Francia, identifié au peintre Zanino di Pietro (it)[3].

Les funérailles de saint François, musée Marmottan-Monet.

Malgré le grand nombre de documents évoquant l'artiste, aucun ne concerne des créations identifiées. Trois miniatures découpées contiennent cependant sa signature : la première est une lettrine (Les funérailles de saint François) aujourd'hui conservée au musée Marmottan-Monet qui contient la signature « Xoforv’.Cõtexe. Venetus. F:. (Christophorus de Cortesiis venetus fecit) ». La seconde est une miniature de la Vierge à l'Enfant conservée au Museo civico Amedeo Lia à La Spezia qui contient l'inscription « xp’oforu’cortexe me fecit »[4]. Cette dernière miniatures, ainsi que les nombreuses miniatures qui se rattachent par le même style, permettent de déduire que Cristoforo Cortese était le fournisseur régulier de miniatures et décoration pour les confréries de Venise et notamment pour le livre contenant les statuts et règlements de ces institutions (Mariegola). Plusieurs de ces confréries étaient d'ailleurs proches de couvents de Franciscain, dont serait aussi issue la lettrine signée de sa main, ce qui dénoterait d'une certaine affinité entre le peintre et l'ordre des frères prêcheurs[5]. Une troisième œuvre a été identifiée avec sa signature en 2008, il s'agit d'une lettrine avec saint François tirée d'un incunable conservée en Hongrie (Bibliothèque diocésaine de Székesfehérvár, Inc.464, fol. 1v)[6].

Style[modifier | modifier le code]

Ses premières œuvres semblent indiquer une influence padouanne : ses personnages giottesque, ses décors faits de feuillages, oiseaux et animaux fabuleux rappellent les œuvres du padouan Maître de la Novella. À partir de l'année 1415, il semble s'inspirer des œuvres de ses contemporains tels Gentile da Fabriano, Pisanello et plus particulièrement Michelino da Besozzo : ses modelés sont plus doux, ses décors plus naturalistes, avec des couleurs plus brillantes. le pic de sa production est atteint dans les années 1425, époque où il acquiert un plus grand sens de la mise en espace et individualise davantage ses personnages. Il semble aussi tirer ses modèles de la gravure sur bois allemande qui arrivent à cette époque à Venise[3].

On a proposé de voir en lui l'inventeur du style de décoration de vigne blanche (bianchi girari) que l'on retrouve dans certains de ses derniers manuscrits des années 1430. Ces décors caractérisent les premiers manuscrits humanistes, typiques de la première Renaissance italienne. Il a probablement expérimenté ce type de décors même si on les retrouve dans des manuscrits padouans légèrement plus anciens[7].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Manuscrits enluminés[modifier | modifier le code]

Saint Matthias et saint Sebald vénérés par des membres d'une confrérie, Metropolitan Museum of Art.

Gravures sur bois[modifier | modifier le code]

Plusieurs dessins de gravures sur bois lui sont attribuées : celles illustrant l'ouvrage Le devote meditatione sopra la passione del nostro signore, avec des scènes de la Passion du Christ,Kupferstichkabinett Berlin et Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, dont 7 gravures ont été découpées et conservées dans un autre ouvrage au Metropolitan Museum of Art, 33.17[32].

Panneaux[modifier | modifier le code]

Vierge à l'Enfant avec quatre saints, église d'Altidona.
  • Vierge à l'Enfant avec sainte Catherine, saint Cyriaque, un saint martyr et saint Antoine de Padoue, église Sainte-Marie et Saint-Cyriaque d'Altidona, Marches (contient une signature partiellement effacée : « XROFORUS D. COR »)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pietro Toesca, « Quelques Miniatures vénétiennes du XIVe siècle », Scriptorium, no 1,‎ 1946–7, p. 73–4 (DOI 10.3406/scrip.1946.2041)
  • (it) I. Chiappini Di Sorio, « Documenti per Cristoforo Cortese », Arte veneta, 17 (1963), pp. 156–8
  • (en) C. Huter, « Cristoforo Cortese in the Bodleian Library », Apollo, 111, 1980, pp. 11–17
  • (en) Simona Cohen, « Cristoforo Cortese Reconsidered », Arte veneta, 39, 1985, pp. 22–31
  • (it) M. Ferretti: ‘Ritagli di Cristoforo Cortese’, Paragone, 36/419–23, 1985, pp. 92–6
  • (en) Mirella Levi d'Ancona, Pia Palladino et Maria Francesca Saffiotti, « Cristoforo Cortese », dans John Pope-Hennessy, The Robert Lehman Collection, vol. 4, Illuminations, Metropolitan Museum of Art, , 240 p. (ISBN 9780870998393, lire en ligne), p. 175-180
  • (it) Susy Marcon, « Cristoforo Cortese » in Milvia Bollati, Dizionario biografico dei miniatori italiani, Milano 2004, p.176-180
  • (en) Lyle Humphrey, « Cristoforo Cortese’s Signed Frontispieces in the Museo civico Amedeo Lia, La Spezia and the Mariegola of the Scuola dei Milanesi of Venice », Rivista di Storia della Miniatura, no 12,‎ , p. 81–94 (lire en ligne)
  • (en) Daniele Guernelli, « Reborn from ashes: two Cristoforo Cortese’s manuscripts escaped from the fire (Turin, Biblioteca Nazionale, 1904) », Codices Manuscripti & Impressi. Zeitschrift für Buchgescichte, nos 93/94,‎ , p. 45-54 (lire en ligne)
  • (en) Jonathan J. G. Alexander, The Painted Book in Renaissance Italy 1450-1600, Yale University Press, , 400 p. (ISBN 9780300203981), p. 91

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Humphrey 2008, p. 90-91
  2. Guernelli 2014, p. 46
  3. a et b Notice du Grove Dictionnary of Art
  4. Humphrey 2008, p. 81-82
  5. Humphrey 2008, p. 89-90
  6. (en) Ágnes Tóvizi, « Some Newly Discovered Quattrocento Illuminations in Székesfehérvàr », Arte Cristiana, 96, 2008, p.307-312
  7. Alexander 2016, p. 91
  8. Notice de la Bib. de Stanford
  9. Notice du Met.
  10. Notice de la Free Library
  11. (en) Pia Palladino, Joshua Ortega, Treasures of a Lost Art: Italian Manuscript Painting of the Middle Ages and Renaissance, Metropolitan Museum of Art, , 195 p. (ISBN 9781588390301, lire en ligne), p. 70-73
  12. Notice du Getty
  13. Notice de la BL
  14. Notice de la Bodleian
  15. Notice de la Morgan
  16. (en) Lilian Armstrong, « A Manuscript of Francesco Petrarca's "Libro Degli Uomini Famosi" Illuminated by Cristoforo Cortese in Early Quattrocento Venice », Artibus Et Historiae, vol. 34, no 67,‎ , p. 73-100 (JSTOR 23510244)
  17. Notice de la Bodleian
  18. Notice de la Bodleian
  19. Notice de la Bodleian
  20. Notice de la Bodleian
  21. Notice de la Bodleian
  22. Notice de la Bodleian
  23. (en) Norman E. Land, « Cristoforo Cortese and an Important Antiphonary in the Bodleian Library, Oxford », The Burlington Magazine, vol. 120, no 906,‎ , p. 584-591+593 (JSTOR 879266)
  24. Notice de la BL
  25. Notice de la base Initiale sur le site de l'IRHT
  26. Notice sur le site du musée de La Spezia
  27. (en) Paola Ricciardi, Anna Mazzinghi, Stefano Legnaioli, Chiara Ruberto et Lisa Castelli, « The Choir Books of San Giorgio Maggiore in Venice: Results of in Depth Non-Invasive Analyses », Heritage, vol. 2, no 2,‎ , p. 1684-1701 (DOI 10.3390/heritage2020103)
  28. Notice de l'AIofCh
  29. Notice sur le site de la bibliothèque bolonaise
  30. Notice de la BNF
  31. Notice de la Bodleian
  32. Notice du Met.