Cratère de Vix

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Le Cratère de Vix

Le cratère de Vix est un grand vase de bronze utilisé pour contenir le vin[1] découvert en 1953 dans la tombe d'une princesse celte à Vix (Côte-d'Or) et daté d'environ 510 av. J.-C..

Il est aujourd'hui conservé et exposé au Musée du Pays Châtillonnais, à Châtillon-sur-Seine.

Contexte

La Tombe de Vix fut découverte le par Maurice Moisson, agriculteur[2], mais officiellement et pour la presse de l’époque par René Joffroy, archéologue autodidacte, président de la société archéologique locale.

Cette sépulture était située dans un champ, sous un tumulus arasé dont ne subsistaient plus que des pierres éparses qui attirèrent l'attention des archéologues, mais le caveau, comblé de terre, était resté inviolé.

Une fois dégagé, dans des conditions assez difficiles, le caveau se révéla être la tombe à char d'une femme vite surnommée la princesse de Vix qui livra un important mobilier funéraire, bijoux, céramique et vaisselle de bronze. La pièce maîtresse de cette vaisselle est un cratère à volutes en bronze d'une contenance de 1 100 litres, le plus grand que l’Antiquité nous a légué, sans doute sorti d’un atelier corinthien grec d’Italie du Sud vers 525 av. J.-C.

Sur le sol, des pigments bleu et rouge proviennent de tentures ou de peintures décoratives. La princesse est ornée de parures à caractère local : collier de grosses perles de pierre et d’ambre, anneaux de cheville en bronze, bracelet de lignite, fibules aux cabochons de corail. Elle porte à la nuque un torque, collier gaulos en or fin (480 g), travail unique, d’un orfèvre initié aux techniques méditerranéennes.

Plus généralement, la tombe de Vix fait partie de l'ensemble des tombes (Hochdorf, Reinheim, Kleinaspergle, Waldalgesheim) où les motifs de décoration et objets, sont liés au banquet funéraire (services à boire, vases, coupes).

Le cratère

C'est un artéfact remarquable de par sa facture et ses dimensions pour un vase de la l'Hallstatt. L'ensemble pèse 208,6 kg pour une hauteur de 1,64m. Il est constitué de plusieurs pièces réalisées séparément et assemblées dont :

Détail de la frise avec ses quadriges.
  • La coupe, en bronze martelé. Son fond est arrondi, son diamètre maximal est de 1,27 m et sa capacité est de 1 100 litres, l'épaisseur moyenne de la paroi varie entre 1 et 1,3 mm. Sa réalisation est une prouesse technique, preuve d'une excellente maîtrise de la matière [3]. Lors de sa découverte, du fait de l'effondrement du toit du caveau, le cratère a été retrouvé écrasé, les anses se retrouvant au niveau du pied; un travail de restauration nous permet de le retrouver dans son état originel.
  • Le pied, pièce coulée d'un diamètre à la base de 74 cm et pèse 20,2 kg. Il reçoit le fond de la cuve et assure la stabilité de l'ensemble. Il est décoré de motifs classiques de végétaux stylisés.
  • Les anses, fonte de bronze d'un poids de 46 kg chacune. En forme de volutes d'une hauteur de 55 cm, elles sont richement décorées de gorgones grimaçantes et tirant la langue. Ces créatures ornant diverses armes et objets conféraient à ceux-ci, selon les Grecs, des vertus apotropaïques.
  • La frise des hoplites décore le tour du col qui est un cercle rapporté enserrant le haut de la cuve et supportant les anses. Huit quadriges conduits par un aurige de plus petite taille, suivant la règle d'isocéphalie nécessitée par la composition, sont suivis chacun par un hoplite à pieds en armes. Cette frise est un chef-d'œuvre du bas-relief grec.
  • Le couvercle, feuille de bronze martelée de 13,8 kg, couvrait l'ouverture du cratère. Il est concave et perforé de multiples trous qui font penser qu'il servait en fait de passoire. En son centre, un ombilic relevé supporte une statuette.
  • La statuette du couvercle, en bronze coulé, mesure 19 cm de haut et représente une femme, une main en avant qui tenait peut-être un objet maintenant perdu. Elle est vêtue d'un péplos, la tête recouverte d'un voile. Cette statuette de bronze, de facture manifestement locale, nous apparait bien différente des autres éléments du vase.

Les cratères étaient, dans l'Antiquité, destinés à opérer un mélange entre le vin, toujours bu dilué avec de l'eau, et agrémenté de divers aromates, la boisson y était ensuite puisée et distribuée aux convives lors de célébrations rituelles ou festives. Le cratère de Vix étonne par ses proportions et le chemin qu'il a dû parcourir pour parvenir des ateliers de la Grande Grèce[4] jusqu'à cet oppidum bourguignon. Cet extraordinaire témoignage des ateliers corinthiens fut enseveli une trentaine d'année après sa réalisation. Ce vase de grand prestige était certainement bien trop grand pour être utilisé. Ce fut très certainement un cadeau relevant de dons mutuels entre princes et puissants. Son enfouissement dans ce tumulus a dû être suivi relativement rapidement par un déclin de la principauté et des évènements tragiques qui ont abouti à en perdre la mémoire, permettant ainsi sa préservation jusqu'à sa découverte en 1953. Le cratère fut restauré par Albert France-Lanord et Aimé Touvenin au Laboratoire d'Archéologie des Métaux du musée du fer de Jarville (Nancy)[5].

Le cratère et la totalité des pièces retrouvées dans la sépulture de la tombe princière de Vix, se trouvent aujourd'hui exposés au Musée du Pays Châtillonnais, à Châtillon-sur-Seine. Il fait l'objet en 1966 d'un timbre commémoratif des P et T dû à Jacques Combet.

Galerie de photos

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Notes et références

Voir aussi

Références bibliographiques

Articles connexes

Liens externes

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