Augustine Variot

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Augustine Variot
Illustration.
Augustine Variot en 1925.
Fonctions
Conseillère municipale de Malakoff

(10 mois)
Élection 10 mai 1925
Maire Léon Piginnier
Biographie
Nom de naissance Marie Catherine Augustine Mory
Date de naissance
Lieu de naissance Vic-des-Prés (Côte-d'Or)
Date de décès (à 92 ans)
Lieu de décès Montrouge (Seine)
Nationalité Française
Parti politique SFIO
SFIC

Augustine Variot, née Mory en 1866 à Vic-des-Prés (Côte-d'Or) et morte en 1959 à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine), est une militante communiste française.

Militante à la SFIO avant-guerre, elle est membre de la commission exécutive du Groupe des femmes socialistes, son organe féminin, et prend part au mouvement contre la guerre.

En 1925, elle est élue avec d'autres militantes communistes conseillère municipale à Malakoff (Seine), malgré l'interdiction aux femmes de voter. Elle reste en poste près d'un an, devant être empêchée de siéger par la police. Une rue porte aujourd'hui son nom à Malakoff.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marie Christine Augustine Mory naît le à Vic-des-Prés, village de Côte-d'Or près d'Arnay-le-Duc. Son père est manœuvrier[1].

Engagement contre la guerre[modifier | modifier le code]

Elle est militante à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) avant-guerre. On sait que son mari, Victor Mory — originaire de Meursault en Côte-d'Or —, est secrétaire de la section socialiste de Malakoff. Elle est membre de la commission exécutive de l'organe féminin du parti, le Groupe des femmes socialistes (fondé en 1913 à la suite du Groupe féministe socialiste)[1].

Augustine Variot est arrêtée par la police durant l'été 1914 pour avoir diffusé des tracts contre la guerre, qui appelaient à un meeting du Groupe des femmes. Elle déclare lors de son arrestation être membre de ce dernier et du parti socialiste[1].

En 1915, elle milite au Groupe socialiste de Malakoff et poursuit son action pacifiste dans le nouveau Comité d'action féminine pour la paix contre le chauvinisme nouvellement fondé par la socialiste Louise Saumoneau[1]. Cette organisation, qui refuse le ralliement du Groupe des femmes socialistes à l'Union sacrée, apparaît sous l'influence de la féministe socialiste allemande Clara Zetkin[2]. Variot adhère ensuite au Comité pour la reprise des relations internationales[1], lui issu de la conférence internationaliste de Zimmerwald, composé des mêmes femmes[3].

À l'instar de nombreux internationalistes et de la majorité de la SFIO, Augustine Variot fait le choix de participer à la Troisième Internationale. Ils forment ensemble la SFIC, futur PCF[1].

Une des premières conseillères municipales[modifier | modifier le code]

Carte de membre du conseil municipal de Malakoff.

De nouvelles dispositions électorales aux municipales de 1925 permettent de comptabiliser les bulletins de vote aux noms de femmes, même si celles-ci ne sont pas éligibles[4]. Sous les directives féministes de Moscou, le parti communiste en profite pour présenter plusieurs femmes[5]. Augustine Variot est de celles-ci sur la liste de Léon Piginnier à Malakoff. Elle est élue le avec 2 301 voix, seulement quatre-vingts voix d'écart avec le candidat communiste le mieux placé[1]. On décompte au moins sept élues sur le territoire national[5].

Dès le , son élection est invalidée par la préfecture de la Seine, en même temps que celles d'autres femmes, Marie Chaix et Marguerite Chapon, toutes trois déclarées inéligibles. Marie Chaix, avec Marthe Tesson, elle révoquée une semaine plus tôt, porte un recours devant le Conseil d'État. Le délai leur permet à toutes quatre de siéger plusieurs mois[4]. En effet, malgré l'illégalité de leurs élections, le parti tient à ce qu'elles siègent au conseil municipal[1]. Augustine Variot participe à la commission des crèches, à la commission scolaire et à celle des soutiens de famille[6].

Variot est, le , la dernière des sept élues encore en fonction lors de sa révocation par décret de la préfecture, les autres ayant été révoquées en 1945 ou après le rejet du recours par le Conseil d'État en [4]. Cependant, elle refuse de cesser de siéger et l'État doit recourir à la police pour l'en empêcher[1].

Augustine Variot décède le dans sa maison de retraite à Montrouge (Seine), à l'âge de 92 ans[1].

Postérité[modifier | modifier le code]

Deux hommages sont fait à Augustine Variot à Malakoff, ville communiste[1].

Lors du cinquantenaire de la ville ouvrière, une plaque est apposée : « Au sein du premier conseil municipal d'union ouvrière et démocratique, élu en mai 1925, a siégé pendant plusieurs mois et jusqu'à sa révocation par la préfecture Madame Variot, militante du Parti communiste, présentée et élue alors que les femmes n'étaient encore ni électrices ni éligibles[1]. »

En 2003, à l'initiative de Catherine Magaté, première maire de la commune, une rue est baptisée Augustine-Variot[1].

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l et m Claude Pennetier et Julien Chuzeville, « VARIOT Augustine [VARIOT Marie, Catherine, Augustine] née MORY Augustine [MORY Marie, Catherine, Augustine] », sur Le Maitron en ligne, , dernière modification le (consulté le ).
  2. Jean Maitron et Claude Pennetier, « BOUVARD Stéphanie », sur Le Maitron en ligne, , dernière modification le (consulté le ).
  3. Justinien Raymond et Charles Sowerwine, « SAUMONEAU Louise, Aimée - Maitron », sur Le Maitron en ligne, , dernière modification le (consulté le ).
  4. a b et c Michèle Pedinielli, « 1925 : les candidates du Parti communiste sont élues », sur Retronews, (consulté le ).
  5. a et b Fanny Bugnon, « De l'usine au Conseil d'État : L'élection de Joséphine Pencalet à Douarnenez (1925) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 125, no 1,‎ , p. 32-44 (DOI 10.3917/ving.125.0032, lire en ligne).
  6. Christine Guionnet et Erik Neveu, Féminins / Masculins : Sociologie du genre, Paris, Armand Colin, coll. « Sociologie », , 430 p. (ISBN 978-2-200-35461-9, lire en ligne).