Assassinat de Christopher Wallace

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Christopher Wallace
Description de l'image Drawing_The_Notorious_B.I.G..png.

Date
Lieu Los Angeles, Californie

Chronologie
00h30 Christopher Wallace et Lil' Cease montent dans le premier 4x4, tandis que Puff Daddy et les gardes du corps montent dans le second.
00h45 Le convoi est arrêté à un feu rouge, lorsqu'une Chevrolet Impala arrive à hauteur du 4X4 où se trouve Biggie. Le conducteur baisse la vitre et tire cinq fois sur lui.
01h15 Le rappeur est déclaré mort.

L’assassinat de Christopher Wallace alias The Notorious B.I.G., eut lieu le dimanche 9 mars 1997 à Los Angeles (Californie) à h 45.

Contexte[modifier | modifier le code]

Avec son premier album, Tupac Shakur alias 2Pac n'a plus rien à prouver tandis que The Notorious B.I.G. est un rappeur qui commence à se faire connaitre, 2Pac écoute en boucle le premier single de B.I.G. et veut à tout prix le rencontrer[1].

Les deux rappeurs se rencontrent en 1993 pendant le tournage du film Poetic Justice dans lequel joue Tupac, celui-ci invite Biggie chez lui pour lui montrer Les deux rappeurs s'entendant bien, ils deviennent amis et Tupac se met en tête de promouvoir la carrière de Biggie, et lui propose d’assurer ses premières parties.

Et Wallace y arrive et signe au nouveau label Bad Boy Records, crée en 1992 par Sean Combs, alias Puff Daddy[2].

The Notorious B.I.G. sort son premier album Ready to Die, certifié quadruple disque de platine, il reste un classique du hip-hop.

Deux mois plus tard, dans la nuit du 30 novembre 1994, à la veille de l'annonce du verdict de son procès pour abus sexuels, le rappeur 2Pac et trois hommes de son entourage, dont son manager Freddie Moore et « Stretch » Walker, entrent dans le hall des Quad Recording Studios à Manhattan.

Deux hommes armés en treillis commencent à les suivre et, avant qu'ils n'arrivent aux ascenseurs, sortent leurs armes à feu et volent les bijoux de Tupac. Dans la lutte, Shakur reçoit cinq balles, dont deux à la tête, tandis que son manager est touché une fois. Les agresseurs partent alors avec 40 000 $ de bijoux.

Plus tard, Tupac accuse Sean Combs[3], Andre Harrell et The Notorious B.I.G., sur lesquels il tombe nez-à-nez juste après l'agression. Tupac décrira la scène comme très étrange, rapportant que personne parmi eux n'a bougé le petit doigt pour l'aider et qu'ils le regardaient fixement comme s'ils étaient étonnés qu'il soit encore en vie.

Shakur soupçonne également son ami et associé, Randy « Stretch » Walker, d'être impliqué dans la tentative de meurtre. Selon les médecins de l'hôpital Bellevue où Tupac est admis immédiatement après l'incident, Shakur a reçu cinq balles, deux dans la tête, deux dans l'aine et une à travers le bras et la cuisse. Il sort de l'hôpital, malgré les réticences du personnel médical, trois heures après l'opération chirurgicale. Le lendemain, Shakur assiste au verdict de son procès en fauteuil roulant, il est reconnu coupable de trois chefs d'accusation dont celui d'attentat à la pudeur et innocent de six autres. Le 6 février 1995, il est condamné à un an et demi et quatre ans et demi de prison[4].

Le 14 février 1995, Shakur commence à purger sa peine à la prison de Dannemora, l'affaire est révisée en appel en octobre 1995, mais en raison de tous ses frais juridiques Tupac ne peut réunir le montant demandé pour la caution. Après avoir purgé onze mois de sa peine[5], Shakur sort de prison grâce en grande partie à l'aide et l'influence de Suge Knight, le directeur du label de Death Row Records, qui paie une caution de 1,4 million $, attendant en retour que Tupac signe et enregistre deux albums avec son label[6].

Avec ce nouveau label, Tupac publie le 4 juin 1996, avec les Outlawz la diss track Hit 'Em Up, une attaque verbale contre The Notorious B.I.G et ses associés.

Dans la chanson, Shakur prétend avoir eu des rapports sexuels avec Faith Evans (« you claim to be a player but I fucked your wife »)[7], la femme de Biggie à l'époque, et remet en cause la street credibility des membres de Bad Boy Records.

Bien qu'aucune preuve tangible ne le confirme, Tupac est convaincu que certains membres de Bad Boy avaient connaissance de l'agression de 1994 en raison de leur comportement cette nuit-là et de ce que ses sources lui ont dit, Wallace et son entourage démentent ses accusations expliquant qu'ils étaient en studio d'enregistrement à Manhattan au même moment[8].

Tupac s'aligne sur Suge Knight, le PDG de Death Row Records, dont les relations avec Puff Daddy se sont dégradées depuis un incident en 1995 au Platinum Club à Atlanta ayant abouti à la mort de l'ami et garde du corps de Suge, Jake Robles. Suge Knight est catégorique en exprimant ses soupçons concernant l'implication de Combs[9].

La signature de Tupac avec Death Row Records ajoute de l'huile sur le feu du conflit entre les côtes Est et Ouest.

Une rivalité East Coast/West Coast créa une guerre entre les labels Death Row Records et Bad Boy Records, l'un étant sur la West Coast (Los Angeles) et l'autre sur la East Coast (New York). Death Row comptait parmi ses meilleurs rappeurs Tupac, Snoop Dogg et Dr. Dre tandis qu'à l'autre bout du pays Puff Daddy, The Notorious B.I.G. (Bad Boy Records) étaient les pointures de la East Coast.

Dans la nuit du 7 septembre 1996, après que Tupac a assisté au match de boxe entre Mike Tyson et Bruce Seldon au MGM Grand à Las Vegas, Tupac se rend avec Suge au Club 662. Il monte dans la BMW E38 berline noire de Suge au sein d'un grand convoi comportant de nombreuses personnes de l'entourage de Tupac.

Vers 23 h 10, le convoi s’arrête à un feu rouge sur la route de Flamingo, à 23 h 14, une Cadillac Fleetwood blanche s'approche du côté passager de la BMW, les passagers descendent l'une des fenêtres et tirent une rafale de coups de feu à moins de quatre mètres de distance. Tupac est touché à quatre reprises, dont deux blessures mortelles à la poitrine, une balle lui perfore le bassin et la main droite, et la dernière la cuisse. L'une des balles a ricoché dans le poumon droit[10].

Après leur arrivée sur les lieux, la police et les ambulanciers emmènent Suge et 2Pac à l'University Medical Center. À l'hôpital, Tupac est déclaré mort six jours plus tard le 13 septembre 1996.

Des rumeurs circulent immédiatement par la suite selon lesquelles Wallace se serait impliqué dans son assassinat. Chuck Philips du Los Angeles Times rédige en 2002 Who Killed Tupac Shakur?, un article tiré de rapports de police et d'autres sources complètes rapportant que « le crime a été perpétré par un gang de Compton appelé les Southside Crips pour venger l'un de leurs membres agressé par Shakur quelques heures plus tôt », et que Wallace aurait payé pour les armer[11],[12]. Sa famille dément fermement cet article[13] et prouve par la suite que Wallace était bel-et-bien à New York et dans le New Jersey au moment du crime. The New York Times considère que les documents fournis par la famille prouvent l'innocence du rappeur : « Les pages fournies indiquent que Wallace était en studio en train d'enregistrer une chanson intitulée Nasty Girl pendant la nuit durant laquelle Shakur a été tué[14]. » Faith Evans explique que son époux l'avait appelé, choqué, la nuit du meurtre de Shakur. Evans ajoute : « Je pense que lui aussi craignait pour sa vie, après tout ce qui se passait à cette époque. » Wayne Barrow, l'un des managers de Wallace à l'époque, conclut que le rappeur enregistrait Nasty Girl la nuit durant laquelle Shakur a été tué[15].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Wallace part pour Los Angeles en février 1997, afin de faire la promotion de son second album et du clip vidéo de son titre Hypnotize. L'album, Life After Death, est prévu pour le 25 mars 1997.

Dans la soirée du 8 mars 1997, il assiste à la cérémonie des Soul Train Music Awards, au cours de laquelle il remet un prix à Toni Braxton. Hué par une partie du public lorsqu'il est monté sur scène, c'est sans enthousiasme, mais surtout pour Puff Daddy, qu'il se joint à une soirée organisée par le magazine Vibe. Accompagné par Lil' Cease (membre de Junior M.A.F.I.A) et Combs, il en sort vers h 30.

Afin de regagner leur hôtel, B.I.G. s'assied à l'avant d'un premier 4x4 avec Lil' Cease, tandis que Puff Daddy monte dans le second accompagné de ses trois gardes du corps. La voiture, après avoir roulé cinquante mètres, s'arrête à un feu rouge. Il est 00h45, ce , lorsqu'une Chevrolet Impala vient s'arrêter à la droite de la GMC Yukon de Biggie Smalls.

Son conducteur baisse la vitre et tire cinq coups de feu, dont quatre touchent le rappeur à la poitrine. Transporté d'urgence par ses proches au centre médical Cedars-Sinai, il est déclaré mort à h 15.

Le meurtre de Notorious B.I.G. produit une onde de choc considérable dans le pays, d'autant plus qu'il fait directement écho à celui de Tupac Shakur, assassiné six mois plus tôt dans des circonstances similaires[16]. L'autopsie de Notorious B.I.G. est révélée au public 15 ans après sa mort, en décembre 2012. Selon le rapport, trois des tirs n’étaient pas mortels. Une des balles a frappé Biggie à l’avant bras et est allée se loger dans son poignet. Un autre projectile est entré dans le dos et est ressorti par l’épaule gauche sans toucher aucun organe vital. Un troisième tir a transpercé la cuisse gauche de part en part, ressortant par son côté intérieur. Quant à la balle mortelle, elle est entrée par le côté droit de la hanche du rappeur, elle aurait perforé le colon de Christopher Wallace, son foie, son cœur et le lobe supérieur de son poumon gauche, pour finalement s’immobiliser dans son épaule[17].

L'assassinat de Biggie Smalls n'est pas seulement proche dans le temps (six mois plus tard) ou dans ses conditions (fusillade en voiture) de celui de Tupac Shakur : comme son rival, les responsables n'ont jamais été identifiés. Le flou qui entoure l'enquête judiciaire visant à faire la lumière sur l'affaire engendre indirectement un certain nombre d'explications ou théories, dont certaines relèvent du complot. Le premier à proposer ce type de sujet est le Los Angeles Times, avançant dans les jours qui suivent la mort de B.I.G. que les responsables pouvaient être des membres du gang local des Crips ayant agi pour des raisons financières (le rappeur n'aurait pas payé les hommes en question, chargés de sa sécurité durant son voyage en Californie)[18]. L'enquête, peu aidée par le peu de témoignages (il est rapidement rapporté que les témoins en question avaient peur de parler à la police[19]), sombre peu à peu dans un mystère dont elle n'est toujours pas sortie, plus de 15 ans après.

En 2002, Randall Sullivan publie LAbyrinth, un livre dans lequel il donne une version des faits inspirée par les témoignages du détective à la retraite Russel Poole. L'ouvrage implique directement Suge Knight (patron de Death Row Records) et David Mack, un agent de police, les accusant d'avoir fomenté les assassinats de Tupac Shakur et de Biggie Smalls et d'être parvenus à les avoir camouflés sous une histoire de règlement de comptes entre côtes. Des documents déclassifiés du FBI[20] viennent conforter l'hypothèse de l'agent de police corrompu. Cette version des faits inspira en grande partie le réalisateur Nick Broomfield qui en fait un documentaire, Biggie & Tupac (2002). Sullivan redonne un coup médiatique en décembre 2005 lorsqu'il publie un article dans le magazine Rolling Stone mettant publiquement en cause la police californienne, accusée de ne pas s'investir assez dans l'enquête et Puff Daddy qui, selon l'écrivain, veillait à ce que l'affaire reste endormie. Les proches de Biggie Smalls utilisèrent les travaux de Randall Sullivan à deux reprises, en mars 2005 et avril 2006, pour porter plainte contre la police de Los Angeles et la ville elle-même.

Le travail de Chuck Philips, journaliste Pulitzer au Los Angeles Times, avait à deux reprises créé la polémique à propos de l'enquête. En septembre 2002, tout d'abord, il publie un article selon lequel Biggie Smalls avait payé et fourni l'arme pour tuer Tupac Shakur[21] ; en mars 2008, ensuite, il affirme que B.I.G. et Puff Daddy étaient au courant de l'attentat sur Shakur et dont le rappeur était miraculeusement sorti vivant en novembre 1994[21].

L'après[modifier | modifier le code]

Le 27 mars 2008, le Los Angeles Times publie des excuses à Sean « Puffy » Combs pour l'avoir accusé de jouer un rôle dans l'agression de novembre 1994. L'article indiquait que Shakur a été amené au studio par les associés de Biggie pour l'abattre et ainsi favoriser Biggie. Le journal s'est fondé sur de faux documents et The Smoking Gun (en) a démontré leur contradiction[22].

Le 15 juin 2011, Dexter Isaac, un meurtrier déjà incarcéré, publie un communiqué où il explique avoir été engagé par l'agent James Rosemond : « En 1994, James Rosemond m'a engagé pour cambrioler Tupac Shakur au Quad Studio. Il m'a donné 2 500 dollars et permis de garder tous les bijoux que je trouverais, à l'exception d'une bague qu'il voulait pour lui. C'était la plus grosse de deux bagues à diamant qu'on a volées. Il disait qu'il voulait mettre le diamant sur un nouvel anneau pour sa petite amie de l'époque, Synthia Ried. J'ai encore comme preuve une chaîne qu'on a prise ce soir-là »[23].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Heller, Corinne, « Biggie/Tupac: comment le rap-game a dérapé », Lesinrocks.com, ? (consulté le )
  2. (en) Heller, Corinne, « Notorious B.I.G.'s daughter makes radio debut on 15th anniversary of his death », OnTheRedCarpet.com, (consulté le ).
  3. (en) « What did Sean 'Puffy' Combs know? », sur npr.org, (consulté le ).
  4. (en) « Today In Entertainment History February 6 », sur digtriad.com (consulté le ).
  5. (en) Pamela Constable, « Rapper dies of wounds from shooting », sur StreetGangs.com, The Washington Post, (consulté le )
  6. (en) « Suge Knight biography », sur AOL Music (consulté le )
  7. (en) DJ Flash, « Lyrics Hit 'Em Up », sur OHHLA.com (consulté le )
  8. (en) Bruno, Anthony The Murders of gangsta rappers Tupac Shakur and Notorious B.I.G. Court TV Crime Library, consulté le 24 janvier 2007.
  9. (en) Bill Egbert, « Hip hype & rival rap », sur New York Daily News, (consulté le )
  10. (en) « Detailed information on the fatal shooting », sur alleyezonme.com, (version du sur Internet Archive).
  11. Chuck Philips, « Who Killed Tupac Shakur? », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Chuck Philips, « How Vegas police probe floundered in Tupac Shakur case », LA Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Stephen M. Silveran, « B.I.G. Family Denies Tupac Murder Claim », People,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. John Leland, « New Theories Stir Speculation On Rap Deaths », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Shaheem Reid, « Faith Evans Says Biggie Cried When He Heard Tupac Was Shot », MTV News,‎ (lire en ligne).
  16. « http://www.notoriousonline.com/bigonline/index.php?categoryid=7 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) Biographie sur un site en hommage à Biggie Smalls] : NotoriousOnline
  17. (en) « Notorious B.I.G.'s autopsy report released 15 years after his death », sur Los Angeles Times, (consulté le ).
  18. (en) « Rappers, Fans Turn Out For Notorious B.I.G.’s Funeral », sur MTV, (consulté le ).
  19. (en) « Police May Release Sketch Of Biggie Gunman », sur MTV, (consulté le ).
  20. (en) « Biggie Smalls Fault », sur vault.fbi.gov (consulté le ).
  21. a et b (en) « L.A. Times‘ Chuck Philips Defends Method Behind Tupac, Diddy Story: ‘I Know All Kinds Of Stuff I Don’t Write About’ », sur MTV News, (consulté le ).
  22. (en) « Big phat liar », sur thesmokinggun.com, (consulté le ).
  23. (en) « Dexter Isaac Admits Tupac Shakur Robbery, Shooting Involvement », sur huffingtonpost.com, (consulté le )