Accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux de 1969

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Accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux
Les réacteurs graphite-gaz A1 et A2 de la centrale.
Les réacteurs graphite-gaz A1 et A2 de la centrale.

Type Accident nucléaire de niveau 4
Pays Drapeau de la France France
Localisation Saint-Laurent-des-Eaux
Coordonnées 47° 43′ 12″ nord, 1° 34′ 49″ est
Date

Carte

Classement de l'événement sur l'échelle INES, élaborée en 1990 à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

L’accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux de 1969 est un accident nucléaire classé au niveau 4[1] de l'échelle INES qui s’est produit le dans le réacteur A1 (filière UNGG) de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), en France.

En 1980, il y a un autre accident similaire dans le réacteur A2 de cette centrale.

Circonstances[modifier | modifier le code]

Le , 50 kg de dioxyde d'uranium sont entrés en fusion au cœur du réacteur lors d’une opération de chargement du réacteur graphite-gaz no 1, sur l’ancienne centrale[2]. La cause de l'entrée en fusion est une erreur de chargement qui empêche la bonne circulation du dioxyde de carbone, lequel sert de réfrigérant[3].

La contamination aurait été limitée au site. L'endommagement et la mise à l'arrêt prolongée d'une installation nucléaire ne pouvant être dissimulée aux employés et riverains, l'intention de rétention d'information est peu probable[4]. Cependant à défaut de preuve d'une communication au public[4], certaines sources considèrent qu'aucune information n’a été révélée à la population[5],[2].

A contrario, la veille de l'accident (le ), des journalistes avaient été invités sur le site, occasion pour Marcel Boiteux (directeur général d'EDF) de déclarer « sur le plan technique, la réussite est complète »[6].

L'événement a été ultérieurement classé au niveau 4 (accident) de l'échelle INES créée en 1990 à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl[2].

La presse qualifie les événements d'incident, celui-ci est vite oublié. Il faut attendre 2011, à la suite de l'accident nucléaire de Fukushima, pour qu'il soit de nouveau étudié. Une mission d'enquête est constituée par la ministre de l'écologie Ségolène Royal. Le rapport fourni conclut à des faibles rejets ne dépassant pas les normes en vigueur au moment des faits[3].

Opérations de nettoyage[modifier | modifier le code]

Une dizaine de jours après l'accident, le temps que le combustible nucléaire refroidisse, les opérations de nettoyage commencent. Celles-ci sont faites principalement à l’aide de moyens commandés à distance[7], mais mobilisent des centaines de « nettoyeurs » qui restent environ 2 min dans l’enceinte[2] (une dizaine selon l’IRSN[7]).

Une maquette grandeur nature est construite sur le site (hors zone), de l'ensemble à nettoyer dédié à l'entraînement des nettoyeurs afin qu’ils puissent travailler plus vite[2]. Pendant deux semaines, 105 travailleurs sont entrés dans le caisson dans lequel règne un débit de dose de 20–30 rem/h (300 mSv/h). Les agents qui ont travaillé directement dans l'entresol (zone la plus exposée) ont reçu des doses allant de 2 à 5,4 rem (20 à 54 mSv). La rotation des interventions et la faible irradiation du combustible (quasi neuf) ont évité des doses plus importantes[8],[9].

Au terme des opérations de nettoyage, 47 kg d’uranium sont récupérés. Le réacteur est redémarré le [7].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Deux technologies nucléaires sont alors en compétition : la filière graphite-gaz, considérée comme « nationale » et la filière à eau légère. Charles de Gaulle a la préférence pour la filière graphite-gaz, alors que Georges Pompidou qui lui succède en 1969 favorise la filière à eau légère.

Le , la filière graphite-gaz, en concurrence avec la filière à eau légère depuis 1967, est abandonnée au profit de la filière à eau légère[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Autorité de sûreté nucléaire (ASN), « Événements significatifs classés au niveau 4 sur l'échelle INES », sur asn.fr, (consulté le ).
  2. a b c d et e Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et Olivia Recasens, « Le jour où la France a frôlé le pire », Le Point, (consulté le ).
  3. a b et c Michaël Mangeon et Aurélien Portelli, « 17 octobre 1969, Saint-Laurent-des-Eaux : retour sur un accident nucléaire français », sur theconversation.com, .
  4. a et b Philippe Guignard, Serge Catoire, « Rapport à Madame la Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie : Les incidents et accidents nucléaires dans la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux sur les réacteurs uranium naturel – graphite – gaz (Voir archive) » [PDF], sur vie-publique.f, (consulté le ).
  5. Nucléaire : la politique du mensonge ?, reportage vidéo de Jean-Baptiste Renaud pour Spécial Investigation, diffusé sur Canal+ le .
  6. Sorj Chalandon, « Atomes crochus », Le Canard enchaîné, no 5393,‎ , p. 7 (ISSN 0008-5405) ; chronique consacrée au documentaire de Cécile Delarue La Pile, mon village nucléaire.
  7. a b et c Note d’information sur les accidents ayant affecté les réacteurs nucléaires du site de Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 et en 1980, site de l’IRSN, le , consulté le .
  8. M.J Grand et M. J Hurtiger, « Aspect de radioprotection pendant les interventions de Saint-Laurent-des-Eaux », Bulletin d'information de l'Association technique pour l'énergie nucléaire (ATEN), no 91, septembre-octobre, 1971,‎ , p. 38-53 (Non dispo).
  9. Michaël Mangeon, Nicolas Dechy et Jean-Marie Rousseau, « Les accidents nucléaires de 1969 et 1980 à Saint-Laurent-des-Eaux : Quand la transition engendre l’oubli », IMDR,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]