Zone d'exclusion nucléaire

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Panneau indiquant l'entrée de la Réserve naturelle de l'Oural oriental, une zone d'exclusion nucléaire créée après la catastrophe nucléaire de Kychtym en 1957.

Une zone d'exclusion nucléaire est un territoire évacué à la suite d'un accident nucléaire.

Niveau de radioactivité et niveau de danger[modifier | modifier le code]

Pour apprécier le caractère dangereux d'une pollution radioactive, il faut garder en tête que pour ce qui est de l'irradiation externe :

  • Une contamination au sol de 1MBq/m2 en césium 137 (un million de becquerels par mètre carré) entraîne un débit de dose de l'ordre de la dizaine de mSv par an (1,5 à 4 µSv/h)[1] pour une personne qui y serait exposée en permanence. Une contamination de 15 curies par kilomètre carré (Ci/km2) en césium 137 (soit 555 kBq/m2) occasionne une dose externe d’environ 4 mSv/an, auxquels il faut ajouter la part de contamination interne provenant des produits utilisés dans la chaîne alimentaire, doublant en moyenne cette valeur[2].
  • Le seuil de référence édicté par l’Union Européenne en dessous duquel une exposition à des rayonnements est en pratique négligeable du point de vue de la protection contre les rayonnements et n'impose pas de déclaration est de 1 μSv/h[3]. Ce seuil est du même ordre de grandeur que la dose annuelle limite au-delà de laquelle il est réglementairement interdit d'exposer le public.
  • Ce seuil (pour lequel une surveillance de radioprotection devient justifiée) est lui-même très inférieur au débit de dose à partir duquel un effet nocif sur la santé peut être mis en évidence, qui est de cent à mille fois plus élevé.

Un débit de dose « non négligeable » n'est donc pas nécessairement dangereux pour autant. Le becquerel mesure en effet la désintégration d'un atome unique chaque seconde, une radioactivité mesurable peut être le fait de traces chimiques à peine détectables par ailleurs. À titre de comparaison, la radioactivité naturelle d'un corps humain (due principalement au potassium 40 contenu dans les os) est de l'ordre de 8 000 becquerels pour une surface de peau de l'ordre de 2 m2.

Face à une zone présentant une forte contamination au sol, l'autorité administrative se trouve donc très souvent dans la situation de devoir interdire l'accès de la zone au public, parce que le débit de dose radioactive dépasse la limite légale fixée pour l'exposition du public (de l'ordre du µSv/h), alors même que ce débit de dose reste très en dessous des valeurs qui seraient potentiellement dangereuses pour un résident permanent (de l'ordre de quelques centaines de µSv/h), et encore plus inférieures aux débits de dose pour lesquels même un séjour de l'ordre de quelques heures peut commencer à présenter un risque stochastique statistiquement observable (de l'ordre de 10 à 100 mSv/h).

Kychtym (Oural)[modifier | modifier le code]

Tchernobyl (Ukraine)[modifier | modifier le code]

Carte indiquant l'état de la contamination au césium 137 en 1996 sur la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine:
  • Zone fermée/confisquée (Supérieure à 40 curies par kilomètre carré (Ci/km2) de césium 137)
  • Zone de contrôle permanent (15 à 40 Ci/km2 de césium 137)
  • Zone de contrôle périodique (5 à 15 Ci/km2 de césium 137)
  • Zone faiblement contaminée (1 à 5 Ci/km2 de césium 137)

À la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, une zone d'exclusion de 30 km est mise en place autour de la centrale, à cheval entre les territoires ukrainien et biélorusse.

Prypiat, tout comme les villages proches de Novochepelytchi, Kotcharivka et Kopatchi, sont évacuées en urgence et restent encore aujourd'hui délaissés de quasiment toute activité humaine. Ces zones ne seront pas habitables avant plusieurs siècles.

Pripiat est aujourd'hui une ville abandonnée et reste un témoignage de la fin de l'ère soviétique. À ce titre la ville est souvent comparée à Pompéi.

Fukushima (Japon)[modifier | modifier le code]

Fukushima : la zone d'exclusion nucléaire est indiquée en rouge (17 juillet 2012).

À la suite de l'accident nucléaire de Fukushima, survenu le au Japon, une zone d'évacuation est délimitée, fixée à 2 km initialement, elle est portée à 20 km autour de la centrale, dès le . Le , elle est complétée par une zone d'évacuation volontaire et de préparation à l'évacuation entre 20 et 30 km[4]. Dès fin , les restrictions d'accès sont progressivement levées sur les zones les moins contaminées, pour ne conserver que les communes situées sous le vent de la centrale.

Début 2018, la superficie restant soumise à l'ordre d'évacuation est de 370 km2, contre 1 150 km2 en 2013[5]. En , il reste environ 75 000 personnes évacuées, dont 20 000 dans des logements temporaires, et environ 54 000 personnes en , dont 5 000 dans des logements temporaires[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) IRSN, « IRSN Fukushima Report May 23 2011 » [PDF], sur le site de la Sociedade Brasileira de Proteção Radiológica.
  2. R. Masse, « Effets des radiations », sur le site de la Société française de physique.
  3. Directive 96/29/Euratom du Conseil du 13 mai 1996, fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers résultant des rayonnements ionisants.
  4. « Tokyo va élargir la zone d'exclusion autour de Fukushima », sur Reuters.fr, .
  5. « Fukushima Daiichi en 2018 », sur IRSN (consulté le ).
  6. « Huit ans après Fukushima et le tsunami : où en est la reconstruction des zones sinistrées ? », Japan Data, sur Nippon.com, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]