Aarok

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Aarok
Constructeur Turgis et Gaillard Groupe
Rôle drone de combat Moyenne Altitude Longue Endurance (MALE)
Statut projet à venir
Équipage
0
Motorisation
Moteur Pratt & Whitney PT6 ou Safran Ardiden 3TP
Nombre 1
Type turbopropulseur
Dimensions
Envergure 22 m
Longueur 14 m
Performances
Endurance 24 à 30 heures
Armement
Interne
Avionique
*capteur optronique Safran Euroflir 410 ou 610

Le Aarok est un drone militaire conçu par la société française Turgis et Gaillard Groupe. De taille comparable à un avion de tourisme, mais piloté à distance, il est du type « Moyenne Altitude Longue Endurance » (en abrégé, MALE) avec une autonomie de vol de 24 heures voire plus, grâce à son turbopropulseur entraînant une hélice tractive classique et sa grande envergure (22 mètres). Outre ses capacités d’observation, reconnaissance, renseignement et surveillance de zone, le Aarok a une capacité de relais de communications mais aussi d’emport d’armement, bombes et missiles, pour engager de manière autonome les cibles qu’il aura repérées. Développé en 3 ans à partir de 2020, son existence a été révélée au public en juin 2023, avec une exposition sur le stand de Turgis et Gaillard au salon aéronautique du Bourget 2023. Son premier vol est prévu d’ici la fin de l’année 2023.

Conception[modifier | modifier le code]

De configuration très classique, le drone Aarok a l’apparence d’un avion de combat des années 1930[1] : un monomoteur monoplan à aile basse, droite et sans dièdre. Son envergure est de 22 mètres, ce qui en fait le plus grand appareil sans pilote jamais conçu en France[2]. Son empennage est également de design très classique : une dérive rectangulaire, avec une légère flèche, et un empennage horizontal rectangulaire, sans flèche ni dièdre. Le train d'atterrissage est tricycle avant.

Propulsion[modifier | modifier le code]

Dans sa version initiale, l'Aarok est propulsé par un turbopropulseur Pratt & Whitney PT6[3], entraînant une hélice tractive[1] à cinq pales. Il devrait être motorisé à terme par le turbopropulseur Ardiden, en cours de développement par Safran, lorsque celui-ci sera disponible[3]. L’objectif du constructeur est que l’appareil ne contienne aucun composant d’origine américaine, ce qui est un atout majeur pour une exportation future, à laquelle le gouvernement américain ne pourra opposer aucune entrave du type International Traffic in Arms Regulations (ITAR)[4].

Performances[modifier | modifier le code]

L’Aarok est un drone de type « moyenne altitude et longue endurance » (MALE)[5]. Il est conçu pour être robuste, voire rustique, et peut décoller à partir d’un terrain sommairement aménagé, sur une distance de 400 à 600 m. Sa masse maximale au décollage de 5,5 tonnes, avec une capacité d'emport de 1,5 tonne[3]. Son endurance est prévue être supérieure à 24 heures[4], jusqu’à 30 heures au maximum selon les configurations[6].

Capteurs[modifier | modifier le code]

L’Aarok peut mettre en œuvre simultanément un capteur optronique de grandes dimensions, de type Safran Euroflir 410 ou 610, un radar multimode et un équipement de renseignement électromagnétique[4],[6],[7],[8].

Armement[modifier | modifier le code]

L’Aarok dispose de six points d’emport pour un total de 1,5 tonne de munitions[4]. Selon les configurations, il pourra être armé de 4 bombes guidées Safran AASM de 250 kg, ou un missile antinavire MBDA Anti-navire léger, ou 2 missiles antichars de type AGM-114 Hellfire ou AKERON MP[3],[6].

Missions[modifier | modifier le code]

L'Aarok pourra réaliser plusieurs types de missions opérationnelles :

Historique[modifier | modifier le code]

Le Groupe Turgis et Gaillard, du nom de ses deux fondateurs[2], a été créé en 2011 sous la forme d’un bureau d'études spécialisé dans l’innovation technologique au profit des forces armées. Il a progressivement diversifié ses activités dans le maintien en condition opérationnelle et s’est fait connaitre ces dernières années par ses activités de maintenance aéronautique[2]. Son expertise est reconnue dans le domaine du rétrofit et du maintien en condition opérationnelle des avions et véhicules civils et militaires. En dix ans, Turgis et Gaillard est passé de 2 personnes à un groupe de 7 sociétés, avec plus de 300 collaborateurs (techniciens et ingénieurs) répartis sur 9 sites en France, générant 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Il est fournisseur des armées françaises et alliées, et sous-traitant des plus grands industriels du secteur de l’aéronautique, de l’espace et de la défense[7].

L’entreprise est connue pour ses matériels innovants[2] :

  • systèmes SSA-1101 Gerfaut et SSA-1604 Foudre, permettant à un avion de transport tactique de tirer des munitions de précision ;
  • système d’appui-feu SSA-1108 MIGALe, permettant un tir au-delà de la vue directe pour les unités numérisées ;
  • embarcation Kraken, destinée aux commandos marine[4] ;
  • chariot porte-bombes électrique[2].

Le développement du Aarok s’est effectué dans le plus grand secret et avec le soutien de la Direction générale de l'Armement (DGA) qui supervise les contrats et les développements d'armement pour les armées françaises[3]. Le développement a débuté en juin 2020, avec le recrutement pour le bureau d’études principal et l’atelier prototype d’un ingénieur systèmes / commandes de vol, un ingénieur aérodynamique, un ingénieur structure et un chef de projet / architecte[9]. Le prototype a été développé sur fonds propres, sans commande de l’État[10], pour un coût estimé entre 10 et 20 millions d'euros[6]. Le prototype a été assemblé dans un hangar à Blois (Loir-et-Cher)[10].

Turgis & Gaillard présente le prototype du drone pour la première fois au salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget, du 19 au 25 juin 2023[2],[5],[3],[6],[10],[8]. Ce salon accueillait plusieurs centaines de milliers de professionnels et d’amateurs réunis pour la première fois depuis la pandémie de Covid-19[1]. Avec le soutien de la DGA et de son Délégué général Emmanuel Chiva, Turgis et Gaillard a exposé le prototype sur son stand de 500 m2 (statique A5), en face de celui du ministère des Armées[6],[10].

Turgis & Gaillard prévoit que le prototype effectuera son premier vol avant la fin de l’année 2023[2] (automne-hiver), avec un pilote à bord, sous réserve de l’obtention des autorisations de la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC)[6],[10]. Les essais en vol permettront de confirmer les performances annoncées[3].

Le 15 avril 2024, Turgis & Gaillard a annoncé que l'Aarok avait commencé ses essais au sol avec succès, après une mise sous tension du prototype le 4 avril et une mise en route du moteur et des points fixes le 10. Tous ces travaux se sont déroulés de façon nominale[11].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Nora Legrand et Romain Rosso, « AAROK, le drone français paré au décollage », sur L'Hémicycle, (consulté le ).
  2. a b c d e f et g Frédéric Lert, « Le premier drone MALE français entre en scène », sur Aerobuzz (consulté le ).
  3. a b c d e f et g « Pourquoi le nouveau drone Aarok français peut-il redessiner le marché des drones MALE ? », sur Meta-Defense.fr, (consulté le ).
  4. a b c d et e Laurent Lagneau, « L’entreprise Turgis & Gaillard va dévoiler l’AAROK, le premier drone MALE français », sur Zone Militaire, (consulté le ).
  5. a et b (en) « Small French Company Unveils Aarok For MALE UAS Market », sur Aviation Week Network, (consulté le ).
  6. a b c d e f g et h Michel Cabirol, « Aarok, ce drone MALE « made in France » qui tombe à pic », sur La Tribune, (consulté le ).
  7. a b et c « AAROK, prototype du premier drone MALE français, sera présenté par l’ETI Turgis & Gaillard au salon du Bourget 2023 », sur Theatrum Belli, (consulté le ).
  8. a b et c « Turgis et Gaillard dévoile l'AAROK, un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Portée) armé », sur Lignes de défense, (consulté le ).
  9. « Développement d’un nouveau type d’avion : AA'ROK recrute des ingénieurs », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
  10. a b c d et e Vincent Lamigeon, « Le drone de combat français Aarok, surprise du chef au Bourget », sur Challenges, (consulté le ).
  11. Laurent Lagneau, « Le drone MALE français Aarok a débuté ses essais au sol », sur Zone Militaire, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]