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Le groupe des aliments ultratransformés comprend notamment des aliments à très haute valeur énergétique, contenant des matières grasses saturées, du sel, des [[sucres libres]] en grande quantité, tout en n'apportant naturellement que peu de fibres, de protéines et de micronutriments. Les aliments ultratransformés sont aussi généralement peu périssables et consommables très facilement à tout moment<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Patrícia Constante Jaime|titre=The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing|date=|url=https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/un-decade-of-nutrition-the-nova-food-classification-and-the-trouble-with-ultraprocessing/2A9776922A28F8F757BDA32C3266AC2A#|site=Cambridge Core|doi=10.1017/S1368980017000234|consulté le=16 février 2018}}.</ref>.
Le groupe des aliments ultratransformés comprend notamment des aliments à très haute valeur énergétique, contenant des matières grasses saturées, du sel, des [[sucres libres]] en grande quantité, tout en n'apportant naturellement que peu de fibres, de protéines et de micronutriments. Les aliments ultratransformés sont aussi généralement peu périssables et consommables très facilement à tout moment<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Patrícia Constante Jaime|titre=The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing|date=|url=https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/un-decade-of-nutrition-the-nova-food-classification-and-the-trouble-with-ultraprocessing/2A9776922A28F8F757BDA32C3266AC2A#|site=Cambridge Core|doi=10.1017/S1368980017000234|consulté le=16 février 2018}}.</ref>.


On retrouve des exemples d’aliments ultratransformés dans les catégories d’aliments tels que le [[Jambon de Paris|jambon]], les [[lasagne]]s, les [[soda]]s<ref name="FI2019" />, les [[barres chocolatées]], les [[viande]]s [[Fumage|fumées]], les poêlées de légumes industrielles<ref name="inserm" /> ou les [[céréales de petit-déjeuner]]<ref name="LM2019">[https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/05/30/comment-l-alimentation-ultratransformee-affecte-notre-sante_5469345_1651302.html Le Monde - Comment l’alimentation ultratransformée affecte notre santé.]</ref>. Attention cependant à éviter les confusions rapides car tous les produits de ces catégories ne sont pas nécessairement ultratransformés. Pour chaque type d’aliments on trouve, presque toujours, des produits peu ou pas transformés dans le commerce.
On retrouve des exemples d’aliments ultratransformés dans les catégories d’aliments tels que le [[Jambon de Paris|jambon]], les [[lasagne]]s, les [[soda]]s<ref name="FI2019">[https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/jambon-lasagnes-sodasune-etude-alerte-sur-les-dangers-des-aliments-ultra-transformes_3466091.html Jambon, lasagnes, sodas… Une étude alerte sur les dangers des aliments ultra-transformés.]</ref>, les [[barres chocolatées]], les [[viande]]s [[Fumage|fumées]], les poêlées de légumes industrielles<ref name="inserm">{{Lien web |auteur= |titre=Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer |url=http://presse.inserm.fr/consommation-daliments-ultra-transformes-et-risque-de-cancer/30645/ |site=presse.inserm.fr |date= |consulté le=16 février 2018|Salle de presse|Inserm}}.</ref> ou les [[céréales de petit-déjeuner]]<ref name="LM2019">[https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/05/30/comment-l-alimentation-ultratransformee-affecte-notre-sante_5469345_1651302.html Le Monde - Comment l’alimentation ultratransformée affecte notre santé.]</ref>. Attention cependant à éviter les confusions rapides car tous les produits de ces catégories ne sont pas nécessairement ultratransformés. Pour chaque type d’aliments on trouve, presque toujours, des produits peu ou pas transformés dans le commerce.


== Risques pour la santé ==
== Risques pour la santé ==
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=== Études scientifiques ===
=== Études scientifiques ===
De nombreuses associations entre la consommation d'AUT et de mauvais résultats de santé ont été mis en évidence ces dernières années, les augmentations de risque les plus convaincantes étant la mortalité toutes causes confondues, la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, les troubles mentaux, l'obésité, le surpoids et le [[diabète de type 2]]<ref name=":1">{{Article|langue=en|prénom1=Melissa M.|nom1=Lane|prénom2=Elizabeth|nom2=Gamage|prénom3=Shutong|nom3=Du|prénom4=Deborah N.|nom4=Ashtree|titre=Ultra-processed food exposure and adverse health outcomes: umbrella review of epidemiological meta-analyses|périodique=BMJ|volume=384|pages=e077310|date=2024-02-28|issn=1756-1833|pmid=38418082|doi=10.1136/bmj-2023-077310|lire en ligne=https://www.bmj.com/content/384/bmj-2023-077310|consulté le=2024-02-29}}</ref>.
Différentes études sur le sujet des aliments ultratransformés (depuis leur définition dans la classification NOVA en 2009) ont montré un risque d'obésité accru de +26 %, associé à une hausse de seulement 10 % de la consommation d’aliments ultratransformés<ref>{{Lien web|langue=français|auteur1=B. Srour|titre=Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de maladies cardiovasculaires dans la cohorte prospective NutriNet-Santé|url=https://etude-nutrinet-sante.fr/article/view/303-Consommation-d%E2%80%99aliments-ultra-transform%C3%A9s-et-risque-de-maladies-cardiovasculaires-dans-la-cohorte-prospective-NutriNet-Sant%C3%A9|site=etude-nutrinet-sante.fr|périodique=|date=2019|consulté le=25/02/2020}}.</ref>. Un lien entre diabète<ref name="LM2019" /> et aliments ultra-transformés a été mis en évidence. À long terme, ces aliments sont un facteur de risque du développement de [[diabète de type 2]].


Hormis pour la prise de poids<ref>{{Article|langue=anglais|auteur1=Kevin D. Hall|titre=Ultra-Processed Diets Cause Excess Calorie Intake and Weight Gain: An Inpatient Randomized Controlled Trial of Ad Libitum Food Intake|périodique=CellPress|pages=|date=02/07/2019|issn=|lire en ligne=https://www.cell.com/cell-metabolism/pdf/S1550-4131(19)30248-7.pdf}}</ref>, la causalité de ces associations n'est pas établie et il n'existe pas de consensus sur les mécanismes d'action. Cependant, des explications ont été avancées pour expliquer ces risques. D'une part, les AUT possèdent des profils nutritionnels plus pauvres. D'autre part, ils remplacent des aliments non ultra-transformés dans l'alimentation, tels que les fruits, les légumes, les légumineuses, les noix et les graines. Enfin, ils ont subi des altérations de leur structure physique, pouvant affecter le sentiment de satiété. La présence de certains [[Additif alimentaire|additifs]] ainsi que de contaminants provenant des emballages pourrait aussi jouer un rôle<ref name=":1" />.
Une étude<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Thibault|nom1=Fiolet|prénom2=Bernard|nom2=Srour|prénom3=Laury|nom3=Sellem|prénom4=Emmanuelle|nom4=Kesse-Guyot|titre=Consumption of ultra-processed foods and cancer risk: results from NutriNet-Santé prospective cohort|périodique=BMJ|volume=360|date=2018-02-14|issn=0959-8138|issn2=1756-1833|pmid=29444771|pmcid=PMC5811844|doi=10.1136/bmj.k322|lire en ligne=https://www.bmj.com/content/360/bmj.k322|consulté le=2018-05-16|pages=k322}}</ref> publiée le {{date-|15 février 2018}} dans le ''[[British Medical Journal]]'' montre une [[Corrélation (statistiques)|corrélation]] entre la consommation d'aliments ultratransformés et un accroissement du risque de [[cancer]]s<ref name="inserm">{{Lien web|auteur=|titre=Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer | Salle de presse | Inserm|date=|url=http://presse.inserm.fr/consommation-daliments-ultra-transformes-et-risque-de-cancer/30645/|site=presse.inserm.fr|consulté le=16 février 2018}}.</ref> et plus particulièrement de [[cancer du sein]] chez la femme.


Il est à noter que toutes les sous-catégories d'AUT ne montrent pas les mêmes associations. Les céréales, pains noirs/complets, snacks sucrés et salés emballés, produits à base de fruits et yaourts, et desserts à base de produits laitiers sont associés à une baisse du risque de diabète de type 2<ref>{{Article|prénom1=Zhangling|nom1=Chen|prénom2=Neha|nom2=Khandpur|prénom3=Clémence|nom3=Desjardins|prénom4=Lu|nom4=Wang|titre=Ultra-Processed Food Consumption and Risk of Type 2 Diabetes: Three Large Prospective U.S. Cohort Studies|périodique=Diabetes Care|volume=46|numéro=7|pages=1335–1344|date=2023-02-28|issn=0149-5992|issn2=1935-5548|pmid=36854188|pmcid=PMC10300524|doi=10.2337/dc22-1993|lire en ligne=https://doi.org/10.2337/dc22-1993|consulté le=2024-02-29}}</ref>.
Une autre étude, dirigée par la docteure Mathilde Touvier et publiée le {{date-|11 février 2019}} dans la revue de l’Association médicale américaine ''Jama Internal Medicine'', menée sur {{nb|44000 patients}} pendant sept ans aboutit à une corrélation similaire entre taux d'aliments ultratransformés dans l'alimentation et mortalité, notamment par cancer<ref name="Une nouvelle étude suggère">{{Lien web |langue=fr |auteur=Pascale Santi |url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/02/12/une-nouvelle-etude-suggere-un-effet-des-aliments-ultra-transformes-sur-la-sante_5422252_3244.html|titre=Une nouvelle étude suggère un effet néfaste des aliments ultratransformés sur la santé |jour=12 |mois=Février |année=2019 |site=[[Le Monde]] |éditeur= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}.</ref>{{,}}<ref>Mathilde Touvier & al, ''Consumption of ultra-processed foods and cancer risk: results from NutriNet-Santé prospective cohort'', BMJ 2018; 360 [[Digital Object Identifier|doi]]: [https://doi.org/10.1136/bmj.k322 10.1136/bmj.k322]</ref>. Cette étude a aussi révélé que la consommation régulière d’aliment ultratransformés, même de 10 %, pourrait être associée à une augmentation de 12 % du risque de maladies cardiovasculaires<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Aliments ultra-transformés : quels sont les risques potentiels pour la santé ? |url=https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/aliments-ultra-transformes-quels-sont-les-risques-potentiels-pour-la-sante_3467421.html |site=Franceinfo |date=2019-05-30 |consulté le=2021-03-01}}.</ref>.

D’autres études ont confirmé une corrélation entre la consommation de ces produits et un risque accru de divers troubles métaboliques dont l'[[hypertension artérielle]]<ref name="inserm"/>. Une étude portant sur les plus de {{nb|100000 Français}} volontaires du projet Nutrinet-Santé<ref>[https://etude-nutrinet-sante.fr/ Nutrinet-Santé]</ref> suivis entre 2009 et 2017, a mis en évidence {{citation|une association entre la part d’aliments ultratransformés dans le régime alimentaire des participants et un risque accru de [[Maladie cardiovasculaire|maladies cardiovasculaires]], à la fois [[Coronaire (coeur)|coronarienne]] comme l’[[infarctus du myocarde]] et les maladies cérébrovasculaires comme l’[[Accident vasculaire cérébral|AVC]]}}<ref>''Ultra-processed food intake and risk of cardiovascular disease: prospective cohort study (NutriNet-Santé)'' BMJ 2019; 365 [[Digital Object Identifier|doi]]: [https://doi.org/10.1136/bmj.l1451 10.1136/bmj.l1451]</ref>{{,}}<ref name="FI2019">[https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/jambon-lasagnes-sodasune-etude-alerte-sur-les-dangers-des-aliments-ultra-transformes_3466091.html Jambon, lasagnes, sodas… Une étude alerte sur les dangers des aliments ultra-transformés.]</ref>.

Une première étude contrôlée randomisée en simple aveugle (2019) sur 20 personnes pendant deux semaines montre que le groupe traitement a ingéré plus d'énergie (~500 kcal/jour) et a pris plus de poids (~900g) que le groupe contrôle, mettant ainsi en évidence un effet causal entre une alimentation à base d'aliments ultratransformés et prise de poids<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Kevin D. Hall |titre=Ultra-Processed Diets Cause Excess Calorie Intake and Weight Gain: An Inpatient Randomized Controlled Trial of Ad Libitum Food Intake |périodique=CellPress |date=02/07/2019 |issn= |lire en ligne=https://www.cell.com/cell-metabolism/pdf/S1550-4131(19)30248-7.pdf |pages= }}</ref>.

Un régime riche en aliments ultratransformés accroît aussi le risques de dépression<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=C. Gómez-Donoso |titre=Ultra-processed food consumption and the incidence of depression in a Mediterranean cohort: the SUN Project. |périodique=PubMed |date=04/05/2019 |issn= |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31055621 |pages= }}</ref>, et présentent un risque de mortalités toutes confondues accru de 14 %<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Laure Schnabel |titre=Association Between Ultraprocessed Food Consumption and Risk of Mortality Among Middle-aged Adults in France |périodique=JAMA Intern Med |date=11/02/2019 |issn= |lire en ligne=https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2723626 |pages= }}</ref>.

Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer ces risques. Leur faible densité nutritionnelle, leur caractère peu rassasiant, et leur forte charge énergétique (sucres et gras), font des aliments ultra-transformés des sources de troubles métaboliques et d'autres maux (obésité, aux maladies cardiovasculaires et inflammatoires, éventuellement aggravés par {{Citation|la présence d’[[additifs alimentaires]], de [[composé néoformé|composés néoformés]])<ref>i.e. formés lors du processus d'élaboration.</ref> et de composés provenant des emballages et autres matériaux de contact}}<ref name="inserm" />.


=== Perte de l’effet matrice dans les aliments ultratransformés ===
=== Perte de l’effet matrice dans les aliments ultratransformés ===

Version du 29 février 2024 à 23:15

Chips et autres aliments ultra-transformés dans un supermarché aux États-Unis.

Un aliment ultratransformé (AUT) est un aliment issu de l'industrie agroalimentaire dont la composition, les processus de transformation industrielle et les additifs utilisés le font rentrer dans le groupe « ultra-transformé » (groupe 4) de la classification internationale NOVA[1],[2]. L’indice de transformation Siga distingue quant à lui 3 groupes d’aliments ultratransformés : les aliments ultratransformés équilibrés (notés 5), les aliments ultratransformés gourmands (notés 6) et les aliments ultratransformés à limiter (notés 7).

Un aliment ultratransformé se caractérise par la présence dans sa liste d’ingrédients d’au moins une substance elle-même ultratransformée, dénommée marqueur d’ultratransformation. Ces substances sont obtenues par synthèse, ou bien par une succession de procédés physiques, chimiques ou biologiques appliqués à des matières premières naturelles et qui conduisent à une forte dégradation par rapport à leur matrice d’origine[3].

Les ingrédients marqueurs d’ultratransformation prennent différentes formes et ne se limitent pas aux additifs. On y retrouve donc une partie (et non pas la totalité) des additifs référencés, mais aussi des sucres hydrolysés, des matières grasses hydrogénées, des protéines isolées, et bien d’autres ingrédients obtenu grâce aux procédés technologiques d'hydrogénation, de soufflage, de cuisson-extrusion, de « cracking alimentaire »[3]

Le groupe des aliments ultratransformés comprend notamment des aliments à très haute valeur énergétique, contenant des matières grasses saturées, du sel, des sucres libres en grande quantité, tout en n'apportant naturellement que peu de fibres, de protéines et de micronutriments. Les aliments ultratransformés sont aussi généralement peu périssables et consommables très facilement à tout moment[4].

On retrouve des exemples d’aliments ultratransformés dans les catégories d’aliments tels que le jambon, les lasagnes, les sodas[5], les barres chocolatées, les viandes fumées, les poêlées de légumes industrielles[6] ou les céréales de petit-déjeuner[7]. Attention cependant à éviter les confusions rapides car tous les produits de ces catégories ne sont pas nécessairement ultratransformés. Pour chaque type d’aliments on trouve, presque toujours, des produits peu ou pas transformés dans le commerce.

Risques pour la santé

En France, les aliments ultratransformés représentent environ 80 % de l’offre actuelle en hyper et supermarchés, tandis que ces aliments ne devraient idéalement pas dépasser 15 % de l’apport journalier[8].
De 33 à 36 % des calories consommées en France sont issus[9], et jusqu'à 40 % pour les végétaliens (ces derniers consommant cependant aussi plus de produits bruts)[10],[11].

Trop riches en mauvais sucres et en mauvais gras, ils sont parfois qualifiés de « fake food », d’« aliments mensongers » ou de « nourriture dénaturée »[7]. Mais la publicité et leur packaging encouragent leur consommation.

Études scientifiques

De nombreuses associations entre la consommation d'AUT et de mauvais résultats de santé ont été mis en évidence ces dernières années, les augmentations de risque les plus convaincantes étant la mortalité toutes causes confondues, la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, les troubles mentaux, l'obésité, le surpoids et le diabète de type 2[12].

Hormis pour la prise de poids[13], la causalité de ces associations n'est pas établie et il n'existe pas de consensus sur les mécanismes d'action. Cependant, des explications ont été avancées pour expliquer ces risques. D'une part, les AUT possèdent des profils nutritionnels plus pauvres. D'autre part, ils remplacent des aliments non ultra-transformés dans l'alimentation, tels que les fruits, les légumes, les légumineuses, les noix et les graines. Enfin, ils ont subi des altérations de leur structure physique, pouvant affecter le sentiment de satiété. La présence de certains additifs ainsi que de contaminants provenant des emballages pourrait aussi jouer un rôle[12].

Il est à noter que toutes les sous-catégories d'AUT ne montrent pas les mêmes associations. Les céréales, pains noirs/complets, snacks sucrés et salés emballés, produits à base de fruits et yaourts, et desserts à base de produits laitiers sont associés à une baisse du risque de diabète de type 2[14].

Perte de l’effet matrice dans les aliments ultratransformés

Elle semble être l'une des explications des effets sur la santé des aliments ultratransformés. Par rapport aux aliments bruts, les aliments ultratransformés sont composés d’ingrédients dont la complexité de leur structure originelle est très altérée. Selon les travaux du Dr Anthony Fardet, « l’effet matrice » d’un aliment participerait davantage de son action sur la santé que sa composition nutritionnelle. Il influence notamment la cinétique de libération des nutriments dans le tube digestif, leur biodisponibilité et donc leurs effets métaboliques, mais aussi la sensation de satiété. Comparé à son ou ses ingrédient(s) de départ, la digestibilité des nutriments d’un aliment ultratransformé est modifiée, et entraîne notamment des réponses physiologiques et métaboliques différentes[15].

Par exemple, une amande entière libère plus lentement ses lipides qu'une poudre d'amande. La matrice initiale de l'amande confère des interactions complexes entre les nutriments, qui limite l'absorption lipidique dans le colon. L'ultra-transformation des aliments modifie à long terme les réponses métaboliques et physiologiques[16].

Enjeux de santé publique et sensibilisation

Depuis leur première définition dans la classification NOVA en 2009, les aliments ultratransformés préoccupent de plus en plus les autorités de santé, dont l'OMS et la FAO, jusque dans les pays tels que l'Uruguay longtemps épargnés par la malbouffe[17].

Depuis 2019, les aliments ultratransformés sont même mentionnés dans le Programme National Nutrition-Santé français , une programme édité par le Ministère de la Santé qui a ainsi formulé l’objectif d’« Interrompre la croissance de la consommation des produits ultratransformés (selon la classification NOVA) et réduire la consommation de ces produits de 20% sur la période entre 2018 et 2021 ». Il s'agit aussi d’« inciter à l’amélioration des pratiques industrielles en s’appuyant sur les résultats de la recherche sur aliments transformés et ultra transformés ». En plus de ces objectifs, le PNNS 4 recommande de « limiter les boisson sucrées, les aliments gras, sucrés, salés et ultra-transformés »[18].

Pour mieux s’alimenter, il est conseillé de lire la liste d’ingrédients sur l’étiquette des produits. Les ingrédients les plus susceptibles d’être des aliments ultratransformés possèdent souvent  :

  • des longues listes d’ingrédients ;
  • des ingrédients absents des plats traditionnels ;
  • de nombreux additifs ;
  • des allégations santé inhabituelles[19].

Moins consommer d’aliments ultratransformés est l'une des recommandations de certains chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique[20]. Leurs travaux proposent l’adoption d’un régime alimentaire préventif universel basé sur la règle des 3V, à savoir une alimentation principalement Végétale, Vraie (donc peu ultratransformée) et Variée, privilégiant les produits locaux et de saison. Les bénéfices d’un tel régime sont l’impact santé favorable au niveau individuel, et la réduction des problèmes environnementaux liés au système agro-industriel dans son ensemble[21].

Influence de lobbys industriels

Des chercheurs ont récemment (2021) montré comment les acteurs de l'industrie alimentaire ultra-transformée, via leurs lobbyistes, leurs laboratoires et chercheurs internes, leur services de presse et de relations publiques, via des « organisations de façade » (Industry Front Groups)[22], manipulent les politiques nationales et mondiale sur les aliments ultratransformés, en cherchant à freiner et limiter le travail de l'OMS et des chercheurs indépendants, avec des méthodes évoquant celles de l'industrie du tabac[23]. Ces méthodes reposent principalement sur une triple stratégies :

  1. coaliser les industriels derrière des groupes de pression, aux échelles nationales et internationale, via des alliances ouvertes entre entreprises telles que les associations professionnelles, et via des relais plus secrets (par exemple dans les domaines de la science, de la politiques avec l'embauche de fonctionnaires (pantouflage), ou, pour l'échelle internationale, d'anciens personnels de l'OMS. La cooptation d'ONG et d'influenceurs de la société civile est également recherchée. Ce lobbying, notamment via les associations professionnelles, s'exprime aussi via des colloques, consultations et auditions formelles présentant les points de vue favorable à l'Industrie[23] ;
  2. directement ou indirectement contribuer à formuler ou à reformuler des politiques publiques (ou sinon à les freiner)[23] ;
  3. contrôler ou orienter les données et l'information sur l'alimentation, dont via « le financement et la diffusion de la recherche favorable aux intérêts commerciaux, et la contestation des preuves défavorables »[23]. Les messages de l'industrie sont aussi relayés par des personnalités mises en avant par un travail de relations publiques, et par le « churnalisme ».

Cas des substituts de viande

Avec l'émergence du véganisme, de nombreux industriels de l'agroalimentaire ont développé de larges gammes de produits estampillés « vegan » imitant des produits carnés (steaks, saucisses, etc.). Or, beaucoup de ces produits[10], pour offrir les qualités gustatives et plastiques des produits imités, contiennent des additifs (texturants, arômes, sucres, etc.) qui en font des aliments industriels ultratransformés, dégradant considérablement leurs qualités nutritives et augmentant les risques sanitaires (maladies chroniques, obésité, diabète, hypertension, cancers, etc.)[11].

Toutefois, des études plus récentes réalisées par sous-groupes d'aliments ultratransformés ont montré que seuls les aliments contenant des produits d'origine animale et les boissons sucrées étaient liés à un risque accru de cancer et de multimorbidité cardiométabolique. En revanche, ce n’était pas le cas pour les similicarnés ou les produits céréaliers[24]. Ces résultats sont cohérents avec une méta-analyse réalisée sur trois larges cohortes américaines, dans laquelle la consommation de céréales complètes ou de fruit ultratransformés semblait diminuer le risque de survenue de diabète[25].

Accusations

À la suite d'une alerte de 60 millions de consommateurs, publiée le , la société Danone est appelée le 17 et à répondre à une commission d'enquête gouvernementale pour expliquer les différences entre ses promesses pour la santé et le caractère peu nutritif, voire risqué, de plusieurs produits ultratransformés dans sa gamme « santé » (notamment Actimel, Activia fruit, Danette, Danao, Taillefine, etc.). François Eyraud, directeur général de Danone produits frais France, répond que Danone répond à l'attente des clients et commercialise aussi de l'eau naturelle en bouteille[26].

Notes et références

  1. Monteiro CA, Cannon G, Levy RB, et al. « Ultra-processing and a new classification of foods. » In: Neff R, ed. Introduction to US food system. Public health, environment, and equity. San Francisco: Jossey Bass A Wiley Brand, 2015:338–9.
  2. Pascale Santi, « Les aliments « ultra-transformés » favorisent le cancer », sur Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  3. a et b Davidou et al, « The holistico-reductionist Siga classification according to degree of food processing: An evaluation of ultra-processed foods in French supermarkets », ResearchGate,‎ (lire en ligne).
  4. (en) Patrícia Constante Jaime, « The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing », sur Cambridge Core (DOI 10.1017/S1368980017000234, consulté le ).
  5. Jambon, lasagnes, sodas… Une étude alerte sur les dangers des aliments ultra-transformés.
  6. « Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer », sur presse.inserm.fr (consulté le ).
  7. a et b Le Monde - Comment l’alimentation ultratransformée affecte notre santé.
  8. (en) « (PDF) La classification NOVA des aliments selon leur degré de transformation : définition, impacts santé et applications », sur ResearchGate (consulté le ).
  9. C. Julia, « Contribution des aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire des adultes de l’étude française NutriNet-Santé », sur etude-nutrinet-sante.fr, (consulté le ).
  10. a et b (en) « Consumption of Ultra-Processed Foods by Pesco-Vegetarians, Vegetarians, and Vegans: Associations with Duration and Age at Diet Initiation », sur Science Direct, (consulté le ).
  11. a et b « Veganement vôtre », Le Canard Enchaîné, no 5216,‎ .
  12. a et b (en) Melissa M. Lane, Elizabeth Gamage, Shutong Du et Deborah N. Ashtree, « Ultra-processed food exposure and adverse health outcomes: umbrella review of epidemiological meta-analyses », BMJ, vol. 384,‎ , e077310 (ISSN 1756-1833, PMID 38418082, DOI 10.1136/bmj-2023-077310, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Kevin D. Hall, « Ultra-Processed Diets Cause Excess Calorie Intake and Weight Gain: An Inpatient Randomized Controlled Trial of Ad Libitum Food Intake », CellPress,‎ (lire en ligne)
  14. Zhangling Chen, Neha Khandpur, Clémence Desjardins et Lu Wang, « Ultra-Processed Food Consumption and Risk of Type 2 Diabetes: Three Large Prospective U.S. Cohort Studies », Diabetes Care, vol. 46, no 7,‎ , p. 1335–1344 (ISSN 0149-5992 et 1935-5548, PMID 36854188, PMCID PMC10300524, DOI 10.2337/dc22-1993, lire en ligne, consulté le )
  15. Anthony Fardet, « Pour manger sain, faire attention à la composition des aliments ne suffit pas », sur theconversation.com, (consulté le ).
  16. (en) SH Thilakarathna, « Emulsion Droplet Crystallinity Attenuates Postprandial Plasma Triacylglycerol Responses in Healthy Men: A Randomized Double-Blind Crossover Acute Meal Study. », PubMed,‎ (lire en ligne)
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [PDF] (en) Carlos A. Monteiro et al, « NOVA. The star shines bright », World Nutrition, vol. 7, nos 1-3,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Anthony Fardet, Halte aux aliments ultra transformés ! Mangeons vrai, Thierry Souccar, 2017.

Liens externes

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