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=== Violences faites aux femmes ===
=== Violences faites aux femmes ===

En 2020, si la présidente de la République salue des avancées, comme le progrès de l'éducation des filles, elle considère toutefois que {{Citation|rien n'est acquis}}, citant notamment la force des préjugés contre les femmes ou encore les [[mariage forcé|mariages forcés]]<ref name="Le Figaro"/>.
Une analyse de plusieurs études internationales réalisée par les Nations Unies suggère que la violence domestique contre les femmes est la plus répandue en Éthiopie<ref>http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/6040180.stm{{full citation needed|date=September 2018}}</ref>. La violence sexuelle est également fréquente<ref>{{cite journal |vauthors=Bekele AB, van Aken MA, Dubas JS |title=Sexual violence victimization among female secondary school students in eastern Ethiopia |journal=Violence and Victims |volume=26 |issue=5 |pages=608–30 |year=2011 |pmid=22145540 |doi=10.1891/0886-6708.26.5.608 }}</ref><ref>{{cite journal |vauthors=Misganaw AC, Worku YA |title=Assessment of sexual violence among street females in Bahir-Dar town, North West Ethiopia: a mixed method study |journal=BMC Public Health |volume=13 |pages=825 |year=2013 |pmid=24020491 |pmc=3856445 |doi=10.1186/1471-2458-13-825 }}</ref>. L'article 620 du Code pénal éthiopien de 2004 définit le viol comme un rapport sexuel forcé en-dehors du mariage<ref name="refworld.org">http://www.refworld.org/pdfid/49216b572.pdf{{full citation needed|date=September 2018}}</ref>. L'article 53 du Code de la famille révisé de 2000 stipule également que "ils [la femme et le mari] auront entre eux des relations sexuelles normales dans le mariage, à moins que ces relations ne comportent un risque de nuire gravement à leur santé"<ref>{{cite web|url=http://www.refworld.org/cgi-bin/texis/vtx/rwmain?page=type&type=LEGISLATION&publisher=&coi=ETH&docid=4c0ccc052&skip=0%7B%7Bfull%7D%7D|title=Refworld – Ethiopia: Proclamation No. 213/2000 of 2000, The Revised Family Code|first=United Nations High Commissioner for|last=Refugees|website=refworld.org|accessdate=5 April 2018}}</ref>.

Dans une étude de l'[[Organisation mondiale de la santé]] réalisée en 2005, 59% des femmes déclarent avoir été abusées sexuellement par un partenaire au cours de leur vie, et un tiers au cours des douze derniers mois. Ces résultats sont les plus élevés des pays étudiés <ref>[https://www.who.int/gender/violence/who_multicountry_study/summary_report/summary_report_English2.pdf?ua=1 WHO Multi-country Study on Women's Health and Domestic Violence against Women – Initial results on prevalence, health outcomes and women's responses] WHO</ref>.


En 2005, l'avocate Maria Munir crée l'association Awsad, afin d'aider les femmes et les filles victimes de violences et de viols. L'association réunit dans foyer un dispensaire, une nurserie et aide ces femmes à scolariser leurs enfants. Le foyer, qui compte en 2020 une cinquantaine de places réussit malgré tout à en accueillir 85, souvent de jeunes adolescentes<ref name="Le Figaro"/>.
En 2005, l'avocate Maria Munir crée l'association Awsad, afin d'aider les femmes et les filles victimes de violences et de viols. L'association réunit dans foyer un dispensaire, une nurserie et aide ces femmes à scolariser leurs enfants. Le foyer, qui compte en 2020 une cinquantaine de places réussit malgré tout à en accueillir 85, souvent de jeunes adolescentes<ref name="Le Figaro"/>.


En 2020, si la présidente de la République salue des avancées, comme le progrès de l'éducation des filles, elle considère toutefois que {{Citation|rien n'est acquis}}, citant notamment la force des préjugés contre les femmes ou encore les [[mariage forcé|mariages forcés]]<ref name="Le Figaro"/>.
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=== Traite des femmes et prostitution ===
=== Traite des femmes et prostitution ===

Version du 22 octobre 2020 à 14:59

Éthiopiennes à Addis-Abeba (2007).
Éthiopienne en habit traditionnel (2011).

Cet article présente la condition des femmes en Éthiopie.

Représentation et histoire du rôle des femmes

Historiquement, les femmes de l'élite pouvaient être administratrices et guerrières. Même sans objectif d'amélioration du droit des femmes en général, cela permet aux femmes de posséder des biens, d'hériter et d'être conseillères sur des décisions communautaires importantes. Au début du 19e siècle, l'impératrice Menen Asfaw, épouse de l'empereur Iyasu IV, contribue à gérer l'Empire éthiopien. Les régents Workit et Mestayit pour leurs fils mineurs sont responsables de leurs provinces. Le régime foncier prévoit alors que les locataires servent de milice aux seigneurs, sans distinction de genre. En 1896, l'impératrice Tayetu Betul, épouse de l'empereur Ménélik II, conseille activement le gouvernement et participe à la défense du pays contre l'invasion italienne. De 1935 à 1941, d'autres femmes de l'élite combattent la deuxième invasion.

Durant la période suivante, des conseillers européens écartent les femmes de l'armée et de la politique, même en tant que conseillères. Elles sont alors reléguées aux tâches ménagères et à l'éducation des enfants. Le nombre d'infirmières et d'enseignantes augmente[1].

La révolution éthiopienne marque un progrès pour la condition féminine dans les domaines politique et économique. L'Association Révolutionnaire des Femmes Éthiopiennes (REWA) compte plus de 5 millions de membres. Elle encourage la création d'organisations féminines dans les usines, les associations et la fonction publique, dans le monde rural et dans les qebelés. Cependant, le rôle des femmes reste limité à l'échelle nationale : en 1984, seule une femme est choisie comme membre à part entière du Comité central du Parti des travailleurs d'Éthiopie. Sur les 2 000 délégués qui participent au congrès inaugural du parti en 1984, seules 6 % sont des femmes[2]. Sous le derg, l'alphabétisation et le taux de scolarisation féminin s'améliore (voir "éducation").

En 1995, date de formation de la République fédérale, le ministère des affaires féminines est créé. Muferiat Kamil est nommée ministre en 2008[3].

Devenu Premier ministre en 2018, le réformateur Abiy Ahmed instaure un gouvernement paritaire, favorise l'élection de Sahle-Work Zewde à la présidence de la République et nomme des femmes à des postes clefs, Meaza Ashenafi à la tête de la Cour suprême et Birtukan Mideksa directrice de la commission électorale[4].

Indicateurs socio-démographiques

Espérance de vie, taux de masculinité, santé

Travailleuses dans le domaine de la santé

En 2014, l'indice de fécondité est de 5,23 enfants par femme[5]. Bien que traditionnellement, les femmes n'utilisent pas de contraceptifs, leur utilisation augmente. Entre 2000 et 2011, la prévalence contraceptive passe de 8,2 % à 28,6 %[6]. En 2010, la mortalité maternelle est de 350 décès pour 100 000 naissances vivantes[5].

Le taux de VIH/SIDA pour les hommes et les femmes est estimé à 1,3% en 2012[5]. Les femmes le contractent plus que les hommes, à cause de leur statut économique inférieur [7]. Les relations sexuelles entre époux étant traditionnellement considérées comme une obligation, le Fonds des Nations Unies pour la population signale que les femmes mariées sont plus exposées aux risques de contracter le VIH, car elles ont moins de contrôle sur la nature et la fréquence de ces relations[7].

Éducation

Plus de 85% des femmes habitent les zones rurales. Dans les zones urbaines, l'accès à l'éducation est meilleur et quelques femmes étudient dans le supérieur. L'Association Révolutionnaire des Femmes Éthiopiennes (REWA) encourage l'éducation des femmes. Sous le derg, la scolarisation primaire et secondaire des filles passe d'environ 32% en 1974-1975 à 39% en 1985-1986. Le taux de scolarisation des filles est supérieur en ville[2]. Le taux d'alphabétisation des adultes augmente et atteint 60% suite à une campagne éducative nationale[8]. Après l'éviction du Derg, le taux d'alphabétisation des adultes tombe à 39% en 2007, 49,1% pour les hommes et 28,9 % pour les femmes[9]. En réaction, le ministère de l'éducation lance une nouvelle campagne éducative, qui vise un taux d'alphabétisation éventuel de 95 % et qui a pour but d'éduquer 17 millions d'adultes[8].

En 2008-2009, l'accès à l'éducation augmente et les disparités entre hommes et femmes diminuent. Le taux de croissance annuel moyen des inscriptions à tous les niveaux d'enseignement est de 27,2 % pour les femmes et de 33,7 % pour les hommes, avec un taux de croissance annuel moyen de 29,7 % pour les filles en maternelle, de 13,4 % pour les filles à l'école primaire, de 30,8 % pour les filles à l'école secondaire, de 14,5 % pour les femmes dans l'enseignement et la formation techniques et professionelset de 21,4 % pour les femmes dans l'enseignement supérieur[10].

Emploi et vie économique

L'accès à l'emploi est marqué par une opposition entre ville et campagne : alors que dans les zones urbaines, l'accès à l'emploi hors de son foyer est meilleur, et que les femmes sont employées dans les services, les emplois des zones rurales sont caractérisés par l'agriculture vivrière. La société traditionnelle éthiopienne conçoit les femmes comme des épouses et mères. Plus de 85% des femmes vivent en zone rurale.

Emplois agricoles

Dans les zones rurales, les ménages pratiquent l'agriculture vivrière. Les femmes sont intégrées à la vie économique rurale qui nécessite de la main-d’œuvre, y compris chez les enfants. La révolution éthiopienne a peu de conséquences sur la vie des femmes des zones rurales. la réforme agraire ne modifie pas leur statut socio-économique, ancré dans des valeurs traditionnelles enracinées. Une amélioration du niveau de vie pourrait avoir lieu si les conditions économiques étaient meilleures et si les fonctionnaires et les hommes changeaient d'attitude vis-à-vis des femmes[2].

Emplois dans l'industrie

Une enquête de 1976 révèle que 25% de la main d’œuvre féminine des zones urbaines est employée dans la production (textile, industrie alimentaire...). D'après l'enquête, les ouvrières d'usines à Addis-Abeba gagnent environ un quart du salaire des hommes pour le même type de travail, en dépit d'une proclamation de 1975 selon laquelle hommes et femmes doivent gagner le même salaire à travail égal[2].

Emplois dans les services

En 1976, environ 40 % des femmes employées dans les zones urbaines travaillent dans le secteur des services, principalement dans les hôtels, les restaurants et les bars. La vente représente 11% de la main-d’œuvre féminine.

Participation à la vie politique

La présidente Sahle-Work Zewde.

En 2018, Sahle-Work Zewde devient la première femme présidente d'Éthiopie[4].

Autres aspects

Santé sexuelle et reproductive

L'avortement est légal en cas de viol, d'inceste, de risque pour la vie de la femme, de malformation fœtale, ou pour toute femme enceinte ayant un handicap physique ou mental, ou de moins de dix-huit ans.

Depuis quelques années, différentes initiatives cherchent à favoriser l'accès aux protections menstruelles, notamment celle de Freweini Mebrahtu.

Violences faites aux femmes

Une analyse de plusieurs études internationales réalisée par les Nations Unies suggère que la violence domestique contre les femmes est la plus répandue en Éthiopie[11]. La violence sexuelle est également fréquente[12][13]. L'article 620 du Code pénal éthiopien de 2004 définit le viol comme un rapport sexuel forcé en-dehors du mariage[14]. L'article 53 du Code de la famille révisé de 2000 stipule également que "ils [la femme et le mari] auront entre eux des relations sexuelles normales dans le mariage, à moins que ces relations ne comportent un risque de nuire gravement à leur santé"[15].

Dans une étude de l'Organisation mondiale de la santé réalisée en 2005, 59% des femmes déclarent avoir été abusées sexuellement par un partenaire au cours de leur vie, et un tiers au cours des douze derniers mois. Ces résultats sont les plus élevés des pays étudiés [16].

En 2005, l'avocate Maria Munir crée l'association Awsad, afin d'aider les femmes et les filles victimes de violences et de viols. L'association réunit dans foyer un dispensaire, une nurserie et aide ces femmes à scolariser leurs enfants. Le foyer, qui compte en 2020 une cinquantaine de places réussit malgré tout à en accueillir 85, souvent de jeunes adolescentes[4].

En 2020, si la présidente de la République salue des avancées, comme le progrès de l'éducation des filles, elle considère toutefois que « rien n'est acquis », citant notamment la force des préjugés contre les femmes ou encore les mariages forcés[4].

Traite des femmes et prostitution

Chronologie des droits des femmes

  • 1955 : droit de vote des femmes;
  • 2005 : légalisation de l'avortement en cas de viol, d'inceste, de malformation fœtale, de handicap physique ou mental de la femme, ou pour toute femme de moins de dix-huit ans qui souhaite avorter (auparavant, il n'était légal qu'en cas de risque grave pour la santé de la femme) ;
  • 2018 : première femme présidente de la République (Sahle-Work Zewde) ; premier gouvernement paritaire
  • 2020 : première femme procureure générale de la République (Adanech Abebe)

Mouvements féminins, féminisme

En 2013, Ruhama Getahun, diplômée en biologie, crée à Dila une coopérative de femmes baptisée Integrated Women's Development. Soutenue par la fondation suisse Green Ethiopia, elle vise à replanter des milliers d'arbres et fait vivre 130 femmes et leur famille dans une vaste pépinière, comptant aussi une ferme et une école et fonctionnant avec une tontine. Pour cette initiative, Ruhama Getahun a été récompensée du prix international de la fondation Yves-Rocher[4].

Notes et références

  1. Tsehai Berhane-Selassie, Ethiopian Warriorhood: Land Defence and Society'James Currey, 2018; Abate, Yohannis. "The Role of Women". A Country Study: Ethiopia (Thomas P. Ofcansky and LaVerle Berry, editors). Library of Congress Federal Research Division (1991). This article incorporates text from this source, which is in the public domain.[1].
  2. a b c et d Abate, Yohannis. "The Role of Women". A Country Study: Ethiopia (Thomas P. Ofcansky and LaVerle Berry, editors). Library of Congress Federal Research Division (1991). [2]
  3. "House Approves Appointment Of Nine Ministers" (accessed 14 April 2009)
  4. a b c d et e Jean-Marc Gonin, « Éthiopie : des femmes conquérantes », Le Figaro Magazine, 27 mars 2020, p. 58-67.
  5. a b et c « The World Factbook – Central Intelligence Agency », sur www.cia.gov (consulté le )
  6. http://countryoffice.unfpa.org/ethiopia/drive/DHSIn-depthAnalysisonFamilyPlanning.pdf
  7. a et b http://countryoffice.unfpa.org/ethiopia/drive/WomenandGirlsandHIV-AIDSinEthiopia.pdf
  8. a et b « Attention to adult literacy », Ethiopian Herald (consulté le )
  9. « The World Factbook – Central Intelligence Agency », sur www.cia.gov (consulté le )
  10. « Education Statistics Annual Abstract 2001 E.C. /2008-09 G.C./ », Ministry of Education (consulté le )
  11. http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/6040180.stmModèle:Full citation needed
  12. « Sexual violence victimization among female secondary school students in eastern Ethiopia », Violence and Victims, vol. 26, no 5,‎ , p. 608–30 (PMID 22145540, DOI 10.1891/0886-6708.26.5.608)
  13. « Assessment of sexual violence among street females in Bahir-Dar town, North West Ethiopia: a mixed method study », BMC Public Health, vol. 13,‎ , p. 825 (PMID 24020491, PMCID 3856445, DOI 10.1186/1471-2458-13-825)
  14. http://www.refworld.org/pdfid/49216b572.pdfModèle:Full citation needed
  15. United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld – Ethiopia: Proclamation No. 213/2000 of 2000, The Revised Family Code », sur refworld.org (consulté le )
  16. WHO Multi-country Study on Women's Health and Domestic Violence against Women – Initial results on prevalence, health outcomes and women's responses WHO

Bibliographie

  • (en) Jenny Hammond, Sweeter than Honey, Ethiopian Women and Revolution, Testimonies of Tigrayan Women, Trenton, New Jersey, The Red Sea Press,
  • (en) Tsehai Berhane-Selassie, Gender Issues in Ethiopia, Addis Abeba University,