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« Surveillance épidémiologique » : différence entre les versions

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La '''surveillance épidémiologique''' est une activité de [[santé publique]] qui a pour objet de collecter, de façon continue, des informations sur les événements de santé, d’analyser ces informations pour construire des indicateurs chiffrés et de les cartographier, puis de diffuser ses résultats, afin de produire une aide aux décideurs dans le domaine de la santé humaine et animale. Essentiellement développée depuis les années 1950, elle est devenue au fil des décennies, avec la succession des crises sanitaires, un outil indispensable à l'élaboration et la conduite de toutes [[politique de santé|politiques de santé]].
#REDIRECTION [[épidémiosurveillance]]

== Définitions et objectifs ==
La définition élaborée dans les années 1950 par les ''[[Centers for Disease Control and Prevention]]'' (CDC) des États-Unis est : {{citation|la surveillance épidémiologique est un processus systématique de collecte, d'analyse et d'interprétation de données sur des événements de santé spécifiques importants pour la planification, la mise en œuvre et l'évaluation des pratiques de santé publique, étroitement associée à leur juste diffusion à ceux qui ont besoin d'être informés}}<ref name=AL />. Elle est peu différente de celle retenue par l'[[Organisation mondiale de la santé]], reprise dans de nombreux documents de cette agence, comme par exemple le [[Règlement sanitaire international]] : la {{citation|surveillance s’entend de la collecte, de la compilation et de l’analyse systématiques et continues de données à des fins de santé publique et de la diffusion d’informations de santé publique en temps voulu à des fins d’évaluation et aux fins d’une action de santé publique, selon les besoins}}<ref>{{Ouvrage|auteur= OMS|titre=Règlement sanitaire international (2005)|numéro édition=3|année=2016|pages totales=100 pages|url=https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/246187/9789242580495-fre.pdf?sequence=1|isbn=978 92 4 258049 5|consulté le=19 février 2019}}.</ref>. Il n'y a pas de définition standardisée, mais celles-ci correspondent à un certain consensus international. En France, il est admis en complément de la définition, que la surveillance épidémiologique doit faire l'objet d'évaluations régulières<ref group="AA">{{p.}}7.</ref>. Aux États-unis la dénomination préférée est celle de ''Surveillance en santé publique''<ref>{{Article|auteur1=Stephen B Thacker|auteur2=Ruth L. Berkelman|titre=Public Health surveillance in the United States|langue=en|périodique=Epidemiologic Reviews|année=1988|volume=10|passage=164-190|issn=0193-936X}}.</ref>.

Les principaux objectifs des systèmes de surveillance épidémiologique sont de décrire, alerter et évaluer. Décrire la dynamique d'un phénomène de santé (maladie, syndrome, symptôme, comportement, etc.) dans une population aux limites connues (agglomération, région, pays, groupe de pays) sur des périodes de temps. Alerter, voire donner l'alarme, par la détection la plus précoce possible dans la population surveillée de tout phénomène inattendu, anormal, épidémique. Évaluer sur une période de temps et dans la population surveillée, les effets des programmes et politiques de santé publique (programmes de prévention, éducation, dépistage, traitements, etc.)<ref group="AA">{{p.}}8.</ref>.

== Historique ==
[[File:Felix vicq dazyr.jpg|vignette|Félix Vicq d'Azyr, 1748-1794.|alt=gravure d'époque en noir et blanc du portrait de profil de Vicq d'Azyr]]
L'histoire de la surveillance épidémiologique prend ses racines aux {{s-|XVIII}} en Europe pour y revenir dans la seconde moitié du {{s-|XX}}.

En 1774, une épizootie affecta le cheptel bovin dans la région de [[Bayonne]]. 48-1794[[Félix Vicq d'Azyr]] est un anatomiste qui fut missionné pour identifier la maladie et proposer des mesures de contingentement. Vicq d’Azyr prit conscience que les maladies suivent des cours différents selon les circonstances et les régions et de l’intérêt qu’il y a à étudier les maladies là où elles apparaissent et quand elles s’y développent. Il obtient alors du Roi la création en 1776 de la Commission royale des épidémies et des épizooties. Il voulait par là encourager {{citation|une correspondance suivie entre tous les médecins des provinces et ceux de la capitale qui en transmettant les observations relatives aux maladies de chaque canton, mettent sous les yeux des ministres le tableau des règlements utiles, indiquent les moyens que l’Administration peut employer pour faire cette espèce de bien et empêcher cette espèce de mal}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Félix Vicq d'Azyr|titre=Mémoire instructif sur l’établissement fait par le Roi d’une commission ou société et correspondance de Médecine|champ libre=s.l.|année=1776|pages totales=60|url=https://archive.org/details/BIUSante_56087}}.</ref>. C’est ainsi que Vicq d’Azyr correspond avec environ {{unité|150 médecins}} français qui lui donnent régulièrement des informations sur la nature et l’étendue des maladies observées. C'est le premier réseau connu de médecins sentinelles et la première étude de morbidité au niveau d'un pays. L'entreprise montre l'intérêt pour les acteurs en périphérie de faire remonter l'ensemble des données d'une statistique sanitaire pour en débattre, pour faire progresser les connaissances et prévenir les fléaux épidémiques. Déjà les fondements d'une stratégie de surveillance basée sur le recueil en continu des données collectées, consultation après consultation, sont présents, tout autant que le besoin d'analyses, de confrontations des résultats, puis de leur diffusion vers les décideurs<ref name=JPB>{{Ouvrage|auteur=Jean-Paul Boutin|titre=Livre de l'École du Val-de-Grâce|sous-titre=Annales 2009|éditeur=La documentation française|titre chapitre=La surveillance sanitaire des combattants|année=2010|lieu=Paris|pages totales=337|passage=269-289|isbn=978-2-11-007824-7}}.</ref>.

[[Pierre-Charles Alexandre Louis]] fut au {{s-|XIX}} un grand clinicien de l’Hôpital de la Charité à Paris. Ayant suivi les enseignements de [[Pierre-Simon de Laplace]] à l'Académie des sciences sur la [[théorie des probabilités]], il fut le premier à appliquer la méthode numérique à la résolution d’un problème thérapeutique. Ces travaux publiés en 1835 constituent la genèse mondialement reconnue de l’épidémiologie clinique comparative. À l’époque de très nombreux jeunes praticiens anglo-saxons venaient parfaire leur formation en France. Son influence auprès de ces derniers fut immense<ref name=JPB />. [[William Farr]] est justement l’un des élèves de Louis. Il s’intéresse tôt aux statistiques médicales. En 1838 à la création du ''{{langue|en|General Register Office}}'' d’Angleterre et du Pays de Galles, il est chargé de compiler les statistiques de mortalité. C’est pendant les trois épidémies londoniennes de choléra entre 1848 et 1867 que son travail incarne l’apport de la surveillance au contrôle des maladies. L’histoire a retenu le nom de [[John Snow]], son disciple, à la fin de 1854 lors de la deuxième vague épidémique. John Snow a alors montré le rôle de la fontaine publique de Broad Street dans l’épidémie au sud de Londres. Mais c’est oublier que John Snow utilisait les données collectées par William Farr qui, six ans auparavant, dès l’émergence de 1848, avait publié un tableau hebdomadaire des cas de décès attribués au choléra répartis, non pas par quartier, mais par réseau d’adduction d’eau, où il apparaissait déjà que les taux de mortalité les plus élevés étaient déplorés dans les quartiers dont l’approvisionnement en eau était le plus pollué par la [[Tamise]]. À cette occasion il avait déjà interpellé les autorités et les sociétés concessionnaires pour qu’elles accélèrent les investissements en cours. Ainsi William Farr a su concentrer ses efforts sur la mise en place d’une stratégie de collecte de données pertinentes, leur fusion, leur analyse et la diffusion des résultats aux autorités et au grand public<ref name=JPB />{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur=Alexander Langmuir|titre=William Farr: founder of modern concepts of surveillance|périodique=International Journal of Epidemiology|année=1976|volume=5|passage=13-18|issn=0300-5771}}.</ref>.
[[File:Alexander Langmuir.jpg|vignette|Alexander Langmuir en 1961.|alt=portrait en noir et blanc d'Alexander Langmuir dans la cinquantaine]]
Il faut attendre les années 1950 pour qu’{{Lien|langue=en|trad=Alexander Langmuir|fr=Alexander Langmuir}} développe le paradigme de la surveillance moderne des maladies. Alexander Langmuir est à l’origine du bureau des enquêtes de l' ''Epidemic Intelligence Service'' créé en 1951 au début de la [[guerre de Corée]], pour être un système de réponse rapide aux alertes biologiques que pouvait générer la [[guerre froide]]. Langmuir est partisan de l’épidémiologie de terrain, celle qui se préoccupe des collectivités et des lieux où les éclosions épidémiques se produisent, mais qui a besoin de maîtriser des outils statistiques et de disposer de données de références<ref name=JPB />. Car c'est généralement sur la constatation statistiquement avérée que le nombre de cas observés, là et maintenant, est supérieur au nombre de cas attendu ici même, que se base l'alerte en épidémiologie<ref name=JPB />. Or pour estimer justement le nombre de cas attendu, il faut dans l’idéal disposer d’un système préalable de surveillance. Ainsi donc, en pleine guerre froide, pour répondre à l’objectif de l' ''Epidemic Intelligence Service'' de dépister au plus vite et de contrôler aussitôt, toute éclosion épidémique intentionnelle, Alexander Langmuir conceptualise la surveillance épidémiologique<ref name="AL">{{Article|langue=en|auteur= Alexander Langmuir|titre=The surveillance of communicable diseases of national importance|périodique=New England Journal of Medicine|année=1963|volume=268|passage=182-192|issn=0028-4793}}.</ref>. En avril 1955, alors que sévit une épidémie de [[poliomyélite]] aux États-Unis, les premiers lots de vaccins sont mis sur le marché. Mais rapidement l’euphorie suscitée par cette découverte tourne au drame car surviennent les premiers cas de poliomyélite dus au vaccin. En pleine crise, Alexander Langmuir met en place un système de recueil et de déclaration quotidienne des cas aux CDC d'[[Atlanta]]. L'analyse des données y est faite immédiatement et les résultats diffusés en retour vers les états. Cette surveillance a pour seul but l'action. Les données analysées permettent d'orienter les enquêtes qui identifient bientôt que deux lots de vaccin ont été contaminés par du [[poliovirus]] vivant, ce qui a causé {{unité|79 cas}} primaires (chez les vaccinés) et {{unité|126 cas}} secondaires (dans l'entourage des vaccinés)<ref>{{Article|auteur=Luis Barreto|et al.=oui|langue=en|titre=Polio vaccine development in Canada :
contributions to global polio eradication|périodique=Biologicals|année=2006|volume=34|passage=91-101|issn=1045-1056}}.</ref>. Cet emploi quasi extemporané de données pertinentes est à la base des systèmes de surveillance modernes<ref name=JPB />.

== Étapes ==
[[File:Étapes de la surveillance épidémiologique.jpg|thumb|Les 5 étapes de la surveillance épidémiologique avec leurs acteurs.|alt=Un graphique comportant 5 boites qui se suivent verticalement depuis celle des sources de données jusqu'à celle de la prise de décision, décrivant les 5 étapes de la surveillance épidémiologique. Sur la droite d'autres boites liées horizontalement aux premières avec le nom des acteurs correspondant à chaque étape]]
Le processus de la surveillance épidémiologique comporte classiquement cinq étapes. À partir d'une source de données (qui peuvent être médicales, biologiques, démographiques, environnementales voire administratives) la première étape est celle de la collecte de ces informations, la deuxième étape est celle de l'analyse statistique des données, la troisième étape celle de l'interprétation de l'analyse et de la restitution de celle-ci à ceux qui ont à en connaître, la quatrième étape est l'utilisation de ces résultats par les décideurs de santé et responsables politiques pour mener une action de santé publique, tandis que la dernière étape consiste à informer en retour tous les producteurs initiaux de données<ref group="AA">{{p.}}7.</ref>.

La collecte de données peut être passive (tous les professionnels concernés sont réglementairement tenus de déclarer les cas observés) ou active (seuls les membres volontaires de réseaux spécialisés collectent des données, on parle parfois de sentinelles)<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=David L. Streiner|auteur2=Geoffrey R. Norman|titre=PDQ Epidemiology|éditeur=B.C. Decker Inc.|année=1998|numéro d'édition=2|lieu=Hamilton (Ontario)|pages totales=160|passage=4-6|isbn=1-55009-077-1}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Pierre Brès|titre=L'action de santé publique dans les situations d'urgence créées par des épidémies|éditeur=Organisation mondiale de la santé|année=1981|lieu=Genève|pages totales=314|passage=27-33|isbn=92 4 254207 5}}.</ref>.

L'analyse et l'interprétation sont réalisés par des organismes spécialisés et dédiés, souvent de niveau national.
Les utilisateurs des résultats, outre les décideurs de santé, sont aussi les professionnels de santé, les experts, les chercheurs, les réseaux d'usagers des systèmes de soins et les médias.
La rétro-information vers les producteurs de données est aussi indispensable pour maintenir leur niveau d'implication et de motivation. Enfin tout processus de surveillance doit faire l'objet de'évaluation régulières<ref group="AA">{{p.}}109-112.</ref>.

== Organisation ==
[[File:Centres de surveillance épidémiologique.jpg|thumb|Quelques organismes nationaux publics en charge de la surveillance épidémiologique.|alt=composition de 5 logos colorés des agences responsables de la surveillance aux États-Unis, en France, au Royaume Uni, en Belgique et au Canada]]
La complexité et la charge de travail que représente la maintenance permanente des systèmes de surveillance, ainsi que le capacité nécessaire à mobiliser des ressources humaines en situation d'alerte, nécessitent des professionnels spécialisés (épidémiologistes médicaux ou non-médicaux, statisticiens, professionnels de la maintenance des systèmes informatiques) et des ressources financières qui font que cette activité est le plus souvent le fait d'organismes publics ou en partenariat public-privé.

Ainsi ce sont les [[Centers for Disease Control and Prevention|CDC]] qui en sont principalement responsables aux États-Unis, même si chaque état de l'Union dispose de sa propre structure<ref group="AA">{{p.}}16-18.</ref>. En France, c'était la mission première de l'ex-[[Institut de veille sanitaire]], aujourd'hui intégré à l'[[Agence nationale de santé publique]]<ref group="AA">{{p.}}14-17.</ref> dite ''Santé publique France'' qui a aussi reçu la mission de conduire la politique d'éducation et prévention pour la santé et celle de préparation de la réponse aux situations d'urgence. Au Canada la mission revient à la Division de surveillance de la santé et de l'épidémiologie de [[Santé Canada]]. En Belgique c'est l'[[Institut scientifique de santé publique]], devenu {{Lien|langue=en|trad=Sciensano|fr=Sciensano}}<ref>{{lien web|titre=À propos de Sciensano|site=Sciensano|url=https://www.sciensano.be/fr/a-propos-de-sciensano/histoire/creation-de-linstitut-scientifique-de-sante-publique-isp|consulté le=17 février 2019}}.</ref> en 2018, qui est le point focal réunissant la surveillance des santés humaine et animale traduisant une implication forte de l'initiative [[One health]]. En Suisse existe un partenariat entre le réseau ''Sentinella'' et l'[[Office fédéral de la santé publique]]. Au [[Royaume-Uni]] l'organisme public coordonnateur de la surveillance est l'{{Lien|langue=en|trad=Health Protection Agency|fr=Agence de protection de la santé}}<ref group="AA">{{p.}}16-17.</ref>.

Dans de nombreux pays en développement, en particulier francophones, le développement des systèmes de surveillance se heurte à des difficultés multiples dont la faiblesse des moyens financiers et des ressources humaines spécialisées. La mise en œuvre du [[Règlement sanitaire international]] et de la stratégie de « surveillance intégrée des maladies »<ref>{{Ouvrage|titre=Surveillance Intégrée des Maladies et Riposte dans la Région Africaine|sous-titre=Manuel de formation à la surveillance à base communautaire|éditeur= Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique|année=2015|pages totales=50 |url=https://www.afro.who.int/sites/default/files/2017-06/surveillance-%C3%A0-base-communautaire_idsr_manuel-de-formation.pdf|isbn=978-929023298-8}}.</ref> prônée par l'[[Organisation mondiale de la santé]], doivent constituer une base pour la mise en place de ces systèmes<ref group="AA">{{p.}}321-324.</ref>. En pratique les missions d'organisation, et de gestion des systèmes de surveillance épidémiologique sont réalisées par des directions spécifiques du ministère en charge de la santé ou parfois par un institut national de santé publique.

== Outils et méthodes ==
La surveillance épidémiologique évolue en permanence en fonction des problèmes qu'elle doit résoudre (maladies émergentes, extension au domaine des maladies non-transmissibles et aux problèmes socio-sanitaires, etc.), des méthodes d'analyse mises à disposition, de l'évolution des techniques d'information et du corpus législatif et normatif.

=== La surveillance passive ===
Elle utilise des données existantes, recueillies en routine par des soignants ou des laboratoires d'analyses médicales, et constitutives de dossiers médicaux, d'actes pris en charge par les assurances maladies ou de certificats à visée administrative (par exemple les certificats de décès). Encadrée par des lois et règlements elle ne fait pas appel au volontariat mais impose à une catégorie de professionnels de déclarer les informations dont ils disposent. L'exemple type est celui des maladies à déclaration obligatoire. Sont statut réglementé implique que l'autorité sanitaire se charge de la gestion du système et donc de l'analyse et l’interprétation des données<ref group="AA">{{p.}}8.</ref>.

=== La surveillance active ===
Elle utilise aussi des données existantes mais est basée sur le volontariat des collecteurs de données organisés autour d'une structure de coordination qui peut être indépendante de l'autorité sanitaire. Les déclarants étant volontaires ils doivent trouver un avantage à participer à ce système. L'exemple type historique est celui des [[Registre des cancers|registres de cancers]], apparus pour la surveillance des cancers en 1935 dans le [[Connecticut]] puis en 1942 au [[Danemark]] et depuis étendus à d'autres types de problèmes de santé (malformations, [[Accident vasculaire cérébral|accidents vasculaires cérébraux]], etc.)<ref group="AA">{{p.}}9, 177-179.</ref>.
[[File:Courbe épidémique agrégation temporelle.jpg|vignette|Exemple de courbes épidémiques établies à partir des mêmes données en faisant varier la période, de haut en bas par jour, par semaine et par mois.|alt= Un ensemble de 3 graphiques superposés montrant la répartition de cas d'une maladie de janvier à avril 2007, en haut par jour, au milieu en regroupant les cas par semaine, en bas en regroupant les cas par mois]]
C'est aussi le principe des centres nationaux de référence, chacun spécialisé pour un agent pathogène infectieux, coordonnant l'ensemble des données recueillies par les laboratoires d'analyses dans un pays, et financés pour cela par l'autorité publique<ref group="AA">{{p.}}9.</ref>.

=== Contrôle de qualité ===
Avant toute analyse des données collectées (voir ci-après), tout système de surveillance épidémiologique doit d'abord en contrôler en permanence la qualité. Un système qui se veut exhaustif dans la collecte des cas l'est-il réellement ? Un système qui se veut représentatif d'un phénomène l'est-il continûment ? La régularité, le délai de collecte des données est-il régulier et acceptable ? Tous les cas déclarés d'une maladie correspondent-ils à cette maladie (recours à des définitions standardisées des cas) ? Comment traite-t-on les données manquantes<ref group="AA">{{p.}}74-80, 109-112.</ref>?

=== Analyse temporelle ===
Elle consiste a décrire la répartition des données collectées au cours du temps. Elle se fait en deux étapes, d'abord une analyse descriptive qui consiste essentiellement en l'établissement de graphiques dont le plus simple est la [[Courbe épidémique|courbe]] de répartition du nombre de cas dans le temps (par jour, semaine, mois, année, décennie). Pour mieux appréhender les effets des tendances de fond (variations lentes sur de grandes périodes dites variations séculaires), de la [[saisonnalité]] (variations répétées chaque année), et des accidents à court terme ([[Épidémie|épidémies]], etc.) des techniques de [[Lissage (mathématiques)|lissage]] des données sont utilisées comme le recours aux moyennes mobiles. La seconde étape de l'analyse temporelle consiste à tester des hypothèses élaborées à partir de l'observation des courbes. Cette analyse ne compare pas entre elles les données brutes mais les données cumulées d'une période de temps (nombre de cas d'une semaine, d'un mois, etc.). Or chaque petite période est liée (dépendante) aux autres périodes en fonction des tendances constatées à la première étape de l'analyse temporelle. L'analyse doit donc prendre en compte d'une part l’existence possible de [[Variable confondante|facteurs de confusion]], et d'autre part contrôler les dépendances temporelles<ref group="AA">{{p.}}35-56.</ref>.

=== Analyse spatiale ===
[[File:Spatial-Transmission-of-2009-Pandemic-Influenza-in-the-US-pcbi.1003635.s007.ogv|vignette|upright=1.5|Diffusion des syndromes grippaux aux États-Unis, par semaine, de janvier 2009 à avril 2010. Pour chaque ville, la surface du disque est proportionnelle à la population et la couleur du taux standardisé de syndrome grippaux (TSSG) varie du vert pour un taux faible au violet pour un taux élevé). La courbe, en bas, montre l'évolution dans le temps du TSSG pour l’ensemble des sites<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Julia R. Gog|et al.=oui|titre=Spatial Transmission of 2009 Pandemic Influenza in the US|périodique=PLOS Computational Biology|année=2014|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4055284/|consulté le=19 février 2019|e-issn=1553-7358}}.</ref>.|alt=film présentant la carte des États-Unis, avec les frontières de tous les états et un grand nombre de points de couleurs correspondant aux villes qui ont participé au recueil des syndromes grippaux en 2009 et 2010. La taille de chaque pont est proportionnelle à la population de la cité. La couleur du point varie en fonction du taux d'incidence hebdomadaire des syndromes grippaux et il y a une image par semaine de janvier 2009 à avril 2010 qui défile montrant ainsi la diffusion des cas dans le pays et l'énorme épidémie de l'automne-hiver 2009. En dessous de la carte il y a une courbe épidémique cumulée pour tout le pays et un curseur vertical balaye l'écran au fur et à mesure que les semaines passent permettant de voir en parallèle le déroulé spatiale et temporel de l'épidémie.]]
L'analyse spatiale des données à pour but de chercher et d'identifier les groupements de cas dans l'espace. L'hypothèse de départ étant que normalement les cas sont répartis au hasard dans l'espace et que tout groupement de cas peut être le fait d'un facteur de risque présent dans un lieu particulier. L'outil de cette analyse est donc la cartographie des cas. Encore récemment les cas étaient rapportés manuellement sur des cartes imprimées ou dessinées sur papier. L'irruption des [[systèmes d'information géographique]] a profondément modifiée les capacités d'analyse spatiale en épidémiologie. Un des problèmes essentiels à prendre en compte pour l'interprétation des cartes reste la densité de la population qui varie d'un espace géographique à l'autre et doit donc être contrôlée dans l'analyse des données, par exemple par la technique du [[cartogramme]]. Le but de l'analyse est donc de repérer des agrégats de cas dans l'espace et dans le temps (encore appelés agrégats spatio-temporels, grappes ou en anglais {{langue|en|cluster}})<ref group="AA">{{p.}}57-67.</ref>.

=== Calculs d'indicateurs en population ===
Il est illusoire d'évaluer l'importance épidémiologique d'une maladie dans une population par le seul dénombrement des cas sans tenir compte de la variabilité des effectifs de population (dans le temps et dans l'espace), de la variabilité de la structure des populations (répartition par âge, sexe, etc.). Ce principe de l'épidémiologie s'applique tout autant à la surveillance épidémiologique. C'est pourquoi les données déclarées dans un système de surveillance sont, à l'étape d'analyse, rapportées sous forme de taux [[Incidence (épidémiologie)|d'incidence]] (et ses dérivés : [[taux de mortalité]], [[taux de natalité]], taux d'attaque, etc.), de ratio, ou de densité d'incidence qui permettent des comparaisons et de tester des hypothèses<ref>{{Ouvrage|auteur1=Milos Jenicek|auteur2=Robert Cléroux|titre=Épidémiologie|sous-titre=Principes, techniques, applications|éditeur=Maloine S.A. et Edisem|lieu=Paris et Québec|année=1983|numéro d'édition=2|pages totales=454|passage=43-77|isbn1=2-224-00814-7|isbn2=2-89130-069-6}}.</ref>. Outre leur intérêt pour l'alerte devant tout phénomène inattendu, l'établissement des indicateurs et leur suivi dans le temps est indispensable à la gestion et l'évaluation des programmes de santé publique<ref group="AA">{{p.}}303-309.</ref>.

=== La surveillance syndromique ===
L'objectif principal de la surveillance étant d'identifier le plus tôt possible l'apparition d'un phénomène anormal, la recherche de techniques faisant "gagner du temps" préoccupe les décideurs comme les spécialistes. Le développement des outils de calculs automatisés des données disponibles en routine d'une part et la mise en évidence de phénomènes précurseurs du diagnostic étiologique des épidémies d'autre part ont permis de faire émerger le concept de surveillance syndromique. L'exemple inaugural a été celui d'une épidémie de [[gastro-entérite]] dans le [[Milwaukee]] en 1993. Le diagnostic formel de celle-ci étaient fait le {{date-|7 avril}} par deux laboratoires d'analyses médicales. A posteriori la recherche de données de routine produites par d'autres sources moins conventionnelles (au sens de la surveillance épidémiologique) a montré que les statistiques de vente des médicaments anti-diarrhéiques délivrés sans ordonnance en pharmacie avaient plus que triplé et que cette élévation était visible dès {{date-|mars 1993}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Mary E. Proctor|titre=Surveillance data for waterborne illness detection: an assessment following a massive waterborne outbreak of Cryptosporidium infection|périodique=Epidemiology Infection|année=1998|volume=120|passage=43-54|issn=}}.</ref>. Les chiffres de vente d'un médicament ne constituent pas une certitude de diagnostic, mais leur brutale variation interroge sur l'existence d'un phénomène anormal. Si ces données sont collectées en routine et qu'elles peuvent être analysées immédiatement grâce à des outils de calculs automatisés, on peut disposer là d'un outil d'alerte. C'est le principe de la surveillance syndromique dont la définition (trop récente pour être universellement acceptée) est {{citation|une surveillance fondée sur des données enregistrées en routine... de façon automatique et transmises (et analysées) sans délai}}<ref group="AA">{{p.}}95-108.</ref>. Bien que contestable, le qualificatif de "syndromique" s'est progressivement imposé, alors que les données ainsi utilisées et surveillées puissent être certes un syndrome dont le diagnostic final n'est pas établi (par exemple les syndromes grippaux, qui ne sont pas tous des vraies grippes) ou un simple symptôme (fièvre, diarrhée, etc.) mais aussi des données de consommation de santé (boites de tel médicament, passages aux services d'urgences, nombre de consultations de ville, appels à des numéros gratuits d'aide aux malades, etc.) d'absentéisme (scolaire, reçus par les assurances maladies), de surveillance environnementale (surveillance des eaux de consommation, des aliments manufacturés, etc.) ou du nombre de décès. Avec l'irruption sur la scène politique et sanitaire du [[risque biologique]] provoqué, à la suite de la crise des [[enveloppes contaminées au bacille du charbon]] survenue aux [[États-Unis]] après les [[attentats du 11 septembre 2001]] le développement des stratégies de surveillance syndromique s'est rapidement développé aux États-Unis comme en Europe<ref group="AA">{{p.}}95-108.</ref>.

=== Détection et investigation des épidémies ===
Une [[épidémie]] se définit simplement comme la survenue d'un nombre de cas supérieur au nombre attendu dans un espace donné et une période donnée. Si la maladie est réellement nouvelle, inconnue jusque là (on parle de [[maladie émergente]]) le premier cas est déjà un phénomène anormal. Mais si la maladie est connue et sévit de façon ordinairement modérée dans une région donnée, c'est alors l'augmentation au delà du nombre habituellement observé qui constitue une alerte<ref group="AA">{{p.}}81.</ref>.

Dès lors la surveillance doit répondre à deux questions : quel est le nombre attendu de cas ici et maintenant et, à partir de quel dépassement de ce nombre on considère que la situation est anormale. La première question nécessite que la surveillance d'une maladie donnée soit en place et efficace avant la survenue d'une épidémie, si possible depuis plusieurs années, pour avoir fourni suffisamment de données permettant de calculer en moyenne le nombre de cas attendu dans chaque région pour chaque période. La seconde question nécessite de déterminer un seuil d'alerte, lequel doit être assez performant, c'est à dire capable de reconnaître au plus tôt une situation qui se dégrade (seuil [[Sensibilité et spécificité|sensible]]) mais sans engendrer de fausses alertes (seuil [[Sensibilité et spécificité|spécifique]])<ref group="AA">{{p.}}81-83.</ref>.

Il faut ensuite prévoir au plus tôt l'ampleur et la durée possible de l'épidémie ce qui se fait en établissant le «[[temps de doublement]] des cas» et le «taux de reproduction de base» lesquels se calculent à partir des données de la surveillance épidémiologique. Une fois l'alerte confirmée il faut investiguer l'épidémie d'une part au moyen d'enquêtes (le plus souvent [[enquête cas-témoins]] ou [[Étude de cohorte|enquête de cohorte]] rétrospective) dont le but est de tester des hypothèses relatives aux causes du phénomène, et d'autre part, dans le cas des maladies infectieuses, en mobilisant les laboratoires d'analyses biologiques experts pour typer précisément l'agent responsable.<ref group="AA">{{p.}}83-85.</ref>

== Domaines d'utilisation ==
Initialement apparue pour surveiller les maladies épidémiques et en contrôler la diffusion, le champ d'intérêt de la surveillance épidémiologique n'a cessé de se développer depuis la seconde moitié du {{s-|XX}}. Sans entrer dans les détails et pour la seule France, on recense un système de surveillance épidémiologique : des maladies infectieuses en général<ref group="AA">{{p.}}115-130.</ref> et tout particulièrement celles pouvant être prévenues par la [[vaccination]]<ref group="AA">{{p.}}131-138.</ref> et celles liées aux soins ([[infections nosocomiales]])<ref group="AA">{{p.}}139-150.</ref>, et de tous les événements indésirables (pas seulement infectieux) liés aux soins<ref group="AA">{{p.}}158-165.</ref>, des maladies liées à l'environnement (surveillance de l'air et de l'eau, des insectes vecteurs de maladies, [[saturnisme]], l'[[intoxication au monoxyde de carbone]])<ref group="AA">{{p.}}166-176.</ref>, des maladies chroniques (historiquement les cancers, puis plus récemment les [[maladies cardio-vasculaires]], le [[Diabète de type 2|diabète]], la [[bronchopneumopathie chronique obstructive]], etc.)<ref group="AA">{{p.}}177-188.</ref>, des maladies professionnelles<ref group="AA">{{p.}}189-201.</ref>, de la [[périnatalité]]<ref group="AA">{{p.}}202-212.</ref>, des traumatismes et accidents<ref group="AA">{{p.}}213-220.</ref>, des conséquences des catastrophes naturelles et industrielles<ref group="AA">{{p.}}231-236.</ref>, la surveillance sanitaire des grands rassemblements humains (sportifs, culturels, religieux, réfugiés, etc.)<ref group="AA">{{p.}}237-250.</ref>, et la circulation des souches bactériennes [[Résistance aux antibiotiques|résistantes aux antibiotiques]]<ref group="AA">{{p.}}152-157.</ref>, etc.

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Pascal Astagneau|auteur2=Thierry Ancelle|titre=Surveillance épidémiologique|sous-titre=Principes, méthodes et applications en santé publique|éditeur=Lavoisier, Médecine Sciences Publications|lieu=Paris|année=2011|pages totales=360|isbn=978-2-257-20426-4|plume=oui}}.

=== Articles connexes ===
* [[Épidémiologie]]
* [[Santé publique]]
* [[Veille sanitaire]]

=== Liens externes ===

* [https://www.who.int/ihr/lyon/surveillance/fr/ L'OMS soutient la surveillance au niveau national]

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|group=Note}}
=== Références ===
* Ouvrage de Pascal Astagneau et Thierry Ancelle (cf. Bibliographie),
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==== Autres références ====
{{Références}}

Version du 22 février 2019 à 19:51

La surveillance épidémiologique est une activité de santé publique qui a pour objet de collecter, de façon continue, des informations sur les événements de santé, d’analyser ces informations pour construire des indicateurs chiffrés et de les cartographier, puis de diffuser ses résultats, afin de produire une aide aux décideurs dans le domaine de la santé humaine et animale. Essentiellement développée depuis les années 1950, elle est devenue au fil des décennies, avec la succession des crises sanitaires, un outil indispensable à l'élaboration et la conduite de toutes politiques de santé.

Définitions et objectifs

La définition élaborée dans les années 1950 par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis est : « la surveillance épidémiologique est un processus systématique de collecte, d'analyse et d'interprétation de données sur des événements de santé spécifiques importants pour la planification, la mise en œuvre et l'évaluation des pratiques de santé publique, étroitement associée à leur juste diffusion à ceux qui ont besoin d'être informés »[1]. Elle est peu différente de celle retenue par l'Organisation mondiale de la santé, reprise dans de nombreux documents de cette agence, comme par exemple le Règlement sanitaire international : la « surveillance s’entend de la collecte, de la compilation et de l’analyse systématiques et continues de données à des fins de santé publique et de la diffusion d’informations de santé publique en temps voulu à des fins d’évaluation et aux fins d’une action de santé publique, selon les besoins »[2]. Il n'y a pas de définition standardisée, mais celles-ci correspondent à un certain consensus international. En France, il est admis en complément de la définition, que la surveillance épidémiologique doit faire l'objet d'évaluations régulières[AA 1]. Aux États-unis la dénomination préférée est celle de Surveillance en santé publique[3].

Les principaux objectifs des systèmes de surveillance épidémiologique sont de décrire, alerter et évaluer. Décrire la dynamique d'un phénomène de santé (maladie, syndrome, symptôme, comportement, etc.) dans une population aux limites connues (agglomération, région, pays, groupe de pays) sur des périodes de temps. Alerter, voire donner l'alarme, par la détection la plus précoce possible dans la population surveillée de tout phénomène inattendu, anormal, épidémique. Évaluer sur une période de temps et dans la population surveillée, les effets des programmes et politiques de santé publique (programmes de prévention, éducation, dépistage, traitements, etc.)[AA 2].

Historique

gravure d'époque en noir et blanc du portrait de profil de Vicq d'Azyr
Félix Vicq d'Azyr, 1748-1794.

L'histoire de la surveillance épidémiologique prend ses racines aux XVIIIe siècle en Europe pour y revenir dans la seconde moitié du XXe siècle.

En 1774, une épizootie affecta le cheptel bovin dans la région de Bayonne. 48-1794Félix Vicq d'Azyr est un anatomiste qui fut missionné pour identifier la maladie et proposer des mesures de contingentement. Vicq d’Azyr prit conscience que les maladies suivent des cours différents selon les circonstances et les régions et de l’intérêt qu’il y a à étudier les maladies là où elles apparaissent et quand elles s’y développent. Il obtient alors du Roi la création en 1776 de la Commission royale des épidémies et des épizooties. Il voulait par là encourager « une correspondance suivie entre tous les médecins des provinces et ceux de la capitale qui en transmettant les observations relatives aux maladies de chaque canton, mettent sous les yeux des ministres le tableau des règlements utiles, indiquent les moyens que l’Administration peut employer pour faire cette espèce de bien et empêcher cette espèce de mal »[4]. C’est ainsi que Vicq d’Azyr correspond avec environ 150 médecins français qui lui donnent régulièrement des informations sur la nature et l’étendue des maladies observées. C'est le premier réseau connu de médecins sentinelles et la première étude de morbidité au niveau d'un pays. L'entreprise montre l'intérêt pour les acteurs en périphérie de faire remonter l'ensemble des données d'une statistique sanitaire pour en débattre, pour faire progresser les connaissances et prévenir les fléaux épidémiques. Déjà les fondements d'une stratégie de surveillance basée sur le recueil en continu des données collectées, consultation après consultation, sont présents, tout autant que le besoin d'analyses, de confrontations des résultats, puis de leur diffusion vers les décideurs[5].

Pierre-Charles Alexandre Louis fut au XIXe siècle un grand clinicien de l’Hôpital de la Charité à Paris. Ayant suivi les enseignements de Pierre-Simon de Laplace à l'Académie des sciences sur la théorie des probabilités, il fut le premier à appliquer la méthode numérique à la résolution d’un problème thérapeutique. Ces travaux publiés en 1835 constituent la genèse mondialement reconnue de l’épidémiologie clinique comparative. À l’époque de très nombreux jeunes praticiens anglo-saxons venaient parfaire leur formation en France. Son influence auprès de ces derniers fut immense[5]. William Farr est justement l’un des élèves de Louis. Il s’intéresse tôt aux statistiques médicales. En 1838 à la création du General Register Office d’Angleterre et du Pays de Galles, il est chargé de compiler les statistiques de mortalité. C’est pendant les trois épidémies londoniennes de choléra entre 1848 et 1867 que son travail incarne l’apport de la surveillance au contrôle des maladies. L’histoire a retenu le nom de John Snow, son disciple, à la fin de 1854 lors de la deuxième vague épidémique. John Snow a alors montré le rôle de la fontaine publique de Broad Street dans l’épidémie au sud de Londres. Mais c’est oublier que John Snow utilisait les données collectées par William Farr qui, six ans auparavant, dès l’émergence de 1848, avait publié un tableau hebdomadaire des cas de décès attribués au choléra répartis, non pas par quartier, mais par réseau d’adduction d’eau, où il apparaissait déjà que les taux de mortalité les plus élevés étaient déplorés dans les quartiers dont l’approvisionnement en eau était le plus pollué par la Tamise. À cette occasion il avait déjà interpellé les autorités et les sociétés concessionnaires pour qu’elles accélèrent les investissements en cours. Ainsi William Farr a su concentrer ses efforts sur la mise en place d’une stratégie de collecte de données pertinentes, leur fusion, leur analyse et la diffusion des résultats aux autorités et au grand public[5],[6].

portrait en noir et blanc d'Alexander Langmuir dans la cinquantaine
Alexander Langmuir en 1961.

Il faut attendre les années 1950 pour qu’Alexander Langmuir (en) développe le paradigme de la surveillance moderne des maladies. Alexander Langmuir est à l’origine du bureau des enquêtes de l' Epidemic Intelligence Service créé en 1951 au début de la guerre de Corée, pour être un système de réponse rapide aux alertes biologiques que pouvait générer la guerre froide. Langmuir est partisan de l’épidémiologie de terrain, celle qui se préoccupe des collectivités et des lieux où les éclosions épidémiques se produisent, mais qui a besoin de maîtriser des outils statistiques et de disposer de données de références[5]. Car c'est généralement sur la constatation statistiquement avérée que le nombre de cas observés, là et maintenant, est supérieur au nombre de cas attendu ici même, que se base l'alerte en épidémiologie[5]. Or pour estimer justement le nombre de cas attendu, il faut dans l’idéal disposer d’un système préalable de surveillance. Ainsi donc, en pleine guerre froide, pour répondre à l’objectif de l' Epidemic Intelligence Service de dépister au plus vite et de contrôler aussitôt, toute éclosion épidémique intentionnelle, Alexander Langmuir conceptualise la surveillance épidémiologique[1]. En avril 1955, alors que sévit une épidémie de poliomyélite aux États-Unis, les premiers lots de vaccins sont mis sur le marché. Mais rapidement l’euphorie suscitée par cette découverte tourne au drame car surviennent les premiers cas de poliomyélite dus au vaccin. En pleine crise, Alexander Langmuir met en place un système de recueil et de déclaration quotidienne des cas aux CDC d'Atlanta. L'analyse des données y est faite immédiatement et les résultats diffusés en retour vers les états. Cette surveillance a pour seul but l'action. Les données analysées permettent d'orienter les enquêtes qui identifient bientôt que deux lots de vaccin ont été contaminés par du poliovirus vivant, ce qui a causé 79 cas primaires (chez les vaccinés) et 126 cas secondaires (dans l'entourage des vaccinés)[7]. Cet emploi quasi extemporané de données pertinentes est à la base des systèmes de surveillance modernes[5].

Étapes

Un graphique comportant 5 boites qui se suivent verticalement depuis celle des sources de données jusqu'à celle de la prise de décision, décrivant les 5 étapes de la surveillance épidémiologique. Sur la droite d'autres boites liées horizontalement aux premières avec le nom des acteurs correspondant à chaque étape
Les 5 étapes de la surveillance épidémiologique avec leurs acteurs.

Le processus de la surveillance épidémiologique comporte classiquement cinq étapes. À partir d'une source de données (qui peuvent être médicales, biologiques, démographiques, environnementales voire administratives) la première étape est celle de la collecte de ces informations, la deuxième étape est celle de l'analyse statistique des données, la troisième étape celle de l'interprétation de l'analyse et de la restitution de celle-ci à ceux qui ont à en connaître, la quatrième étape est l'utilisation de ces résultats par les décideurs de santé et responsables politiques pour mener une action de santé publique, tandis que la dernière étape consiste à informer en retour tous les producteurs initiaux de données[AA 3].

La collecte de données peut être passive (tous les professionnels concernés sont réglementairement tenus de déclarer les cas observés) ou active (seuls les membres volontaires de réseaux spécialisés collectent des données, on parle parfois de sentinelles)[8],[9].

L'analyse et l'interprétation sont réalisés par des organismes spécialisés et dédiés, souvent de niveau national. Les utilisateurs des résultats, outre les décideurs de santé, sont aussi les professionnels de santé, les experts, les chercheurs, les réseaux d'usagers des systèmes de soins et les médias. La rétro-information vers les producteurs de données est aussi indispensable pour maintenir leur niveau d'implication et de motivation. Enfin tout processus de surveillance doit faire l'objet de'évaluation régulières[AA 4].

Organisation

composition de 5 logos colorés des agences responsables de la surveillance aux États-Unis, en France, au Royaume Uni, en Belgique et au Canada
Quelques organismes nationaux publics en charge de la surveillance épidémiologique.

La complexité et la charge de travail que représente la maintenance permanente des systèmes de surveillance, ainsi que le capacité nécessaire à mobiliser des ressources humaines en situation d'alerte, nécessitent des professionnels spécialisés (épidémiologistes médicaux ou non-médicaux, statisticiens, professionnels de la maintenance des systèmes informatiques) et des ressources financières qui font que cette activité est le plus souvent le fait d'organismes publics ou en partenariat public-privé.

Ainsi ce sont les CDC qui en sont principalement responsables aux États-Unis, même si chaque état de l'Union dispose de sa propre structure[AA 5]. En France, c'était la mission première de l'ex-Institut de veille sanitaire, aujourd'hui intégré à l'Agence nationale de santé publique[AA 6] dite Santé publique France qui a aussi reçu la mission de conduire la politique d'éducation et prévention pour la santé et celle de préparation de la réponse aux situations d'urgence. Au Canada la mission revient à la Division de surveillance de la santé et de l'épidémiologie de Santé Canada. En Belgique c'est l'Institut scientifique de santé publique, devenu Sciensano[10] en 2018, qui est le point focal réunissant la surveillance des santés humaine et animale traduisant une implication forte de l'initiative One health. En Suisse existe un partenariat entre le réseau Sentinella et l'Office fédéral de la santé publique. Au Royaume-Uni l'organisme public coordonnateur de la surveillance est l'Agence de protection de la santé (en)[AA 7].

Dans de nombreux pays en développement, en particulier francophones, le développement des systèmes de surveillance se heurte à des difficultés multiples dont la faiblesse des moyens financiers et des ressources humaines spécialisées. La mise en œuvre du Règlement sanitaire international et de la stratégie de « surveillance intégrée des maladies »[11] prônée par l'Organisation mondiale de la santé, doivent constituer une base pour la mise en place de ces systèmes[AA 8]. En pratique les missions d'organisation, et de gestion des systèmes de surveillance épidémiologique sont réalisées par des directions spécifiques du ministère en charge de la santé ou parfois par un institut national de santé publique.

Outils et méthodes

La surveillance épidémiologique évolue en permanence en fonction des problèmes qu'elle doit résoudre (maladies émergentes, extension au domaine des maladies non-transmissibles et aux problèmes socio-sanitaires, etc.), des méthodes d'analyse mises à disposition, de l'évolution des techniques d'information et du corpus législatif et normatif.

La surveillance passive

Elle utilise des données existantes, recueillies en routine par des soignants ou des laboratoires d'analyses médicales, et constitutives de dossiers médicaux, d'actes pris en charge par les assurances maladies ou de certificats à visée administrative (par exemple les certificats de décès). Encadrée par des lois et règlements elle ne fait pas appel au volontariat mais impose à une catégorie de professionnels de déclarer les informations dont ils disposent. L'exemple type est celui des maladies à déclaration obligatoire. Sont statut réglementé implique que l'autorité sanitaire se charge de la gestion du système et donc de l'analyse et l’interprétation des données[AA 9].

La surveillance active

Elle utilise aussi des données existantes mais est basée sur le volontariat des collecteurs de données organisés autour d'une structure de coordination qui peut être indépendante de l'autorité sanitaire. Les déclarants étant volontaires ils doivent trouver un avantage à participer à ce système. L'exemple type historique est celui des registres de cancers, apparus pour la surveillance des cancers en 1935 dans le Connecticut puis en 1942 au Danemark et depuis étendus à d'autres types de problèmes de santé (malformations, accidents vasculaires cérébraux, etc.)[AA 10].

Un ensemble de 3 graphiques superposés montrant la répartition de cas d'une maladie de janvier à avril 2007, en haut par jour, au milieu en regroupant les cas par semaine, en bas en regroupant les cas par mois
Exemple de courbes épidémiques établies à partir des mêmes données en faisant varier la période, de haut en bas par jour, par semaine et par mois.

C'est aussi le principe des centres nationaux de référence, chacun spécialisé pour un agent pathogène infectieux, coordonnant l'ensemble des données recueillies par les laboratoires d'analyses dans un pays, et financés pour cela par l'autorité publique[AA 11].

Contrôle de qualité

Avant toute analyse des données collectées (voir ci-après), tout système de surveillance épidémiologique doit d'abord en contrôler en permanence la qualité. Un système qui se veut exhaustif dans la collecte des cas l'est-il réellement ? Un système qui se veut représentatif d'un phénomène l'est-il continûment ? La régularité, le délai de collecte des données est-il régulier et acceptable ? Tous les cas déclarés d'une maladie correspondent-ils à cette maladie (recours à des définitions standardisées des cas) ? Comment traite-t-on les données manquantes[AA 12]?

Analyse temporelle

Elle consiste a décrire la répartition des données collectées au cours du temps. Elle se fait en deux étapes, d'abord une analyse descriptive qui consiste essentiellement en l'établissement de graphiques dont le plus simple est la courbe de répartition du nombre de cas dans le temps (par jour, semaine, mois, année, décennie). Pour mieux appréhender les effets des tendances de fond (variations lentes sur de grandes périodes dites variations séculaires), de la saisonnalité (variations répétées chaque année), et des accidents à court terme (épidémies, etc.) des techniques de lissage des données sont utilisées comme le recours aux moyennes mobiles. La seconde étape de l'analyse temporelle consiste à tester des hypothèses élaborées à partir de l'observation des courbes. Cette analyse ne compare pas entre elles les données brutes mais les données cumulées d'une période de temps (nombre de cas d'une semaine, d'un mois, etc.). Or chaque petite période est liée (dépendante) aux autres périodes en fonction des tendances constatées à la première étape de l'analyse temporelle. L'analyse doit donc prendre en compte d'une part l’existence possible de facteurs de confusion, et d'autre part contrôler les dépendances temporelles[AA 13].

Analyse spatiale

Diffusion des syndromes grippaux aux États-Unis, par semaine, de janvier 2009 à avril 2010. Pour chaque ville, la surface du disque est proportionnelle à la population et la couleur du taux standardisé de syndrome grippaux (TSSG) varie du vert pour un taux faible au violet pour un taux élevé). La courbe, en bas, montre l'évolution dans le temps du TSSG pour l’ensemble des sites[12].

L'analyse spatiale des données à pour but de chercher et d'identifier les groupements de cas dans l'espace. L'hypothèse de départ étant que normalement les cas sont répartis au hasard dans l'espace et que tout groupement de cas peut être le fait d'un facteur de risque présent dans un lieu particulier. L'outil de cette analyse est donc la cartographie des cas. Encore récemment les cas étaient rapportés manuellement sur des cartes imprimées ou dessinées sur papier. L'irruption des systèmes d'information géographique a profondément modifiée les capacités d'analyse spatiale en épidémiologie. Un des problèmes essentiels à prendre en compte pour l'interprétation des cartes reste la densité de la population qui varie d'un espace géographique à l'autre et doit donc être contrôlée dans l'analyse des données, par exemple par la technique du cartogramme. Le but de l'analyse est donc de repérer des agrégats de cas dans l'espace et dans le temps (encore appelés agrégats spatio-temporels, grappes ou en anglais cluster)[AA 14].

Calculs d'indicateurs en population

Il est illusoire d'évaluer l'importance épidémiologique d'une maladie dans une population par le seul dénombrement des cas sans tenir compte de la variabilité des effectifs de population (dans le temps et dans l'espace), de la variabilité de la structure des populations (répartition par âge, sexe, etc.). Ce principe de l'épidémiologie s'applique tout autant à la surveillance épidémiologique. C'est pourquoi les données déclarées dans un système de surveillance sont, à l'étape d'analyse, rapportées sous forme de taux d'incidence (et ses dérivés : taux de mortalité, taux de natalité, taux d'attaque, etc.), de ratio, ou de densité d'incidence qui permettent des comparaisons et de tester des hypothèses[13]. Outre leur intérêt pour l'alerte devant tout phénomène inattendu, l'établissement des indicateurs et leur suivi dans le temps est indispensable à la gestion et l'évaluation des programmes de santé publique[AA 15].

La surveillance syndromique

L'objectif principal de la surveillance étant d'identifier le plus tôt possible l'apparition d'un phénomène anormal, la recherche de techniques faisant "gagner du temps" préoccupe les décideurs comme les spécialistes. Le développement des outils de calculs automatisés des données disponibles en routine d'une part et la mise en évidence de phénomènes précurseurs du diagnostic étiologique des épidémies d'autre part ont permis de faire émerger le concept de surveillance syndromique. L'exemple inaugural a été celui d'une épidémie de gastro-entérite dans le Milwaukee en 1993. Le diagnostic formel de celle-ci étaient fait le par deux laboratoires d'analyses médicales. A posteriori la recherche de données de routine produites par d'autres sources moins conventionnelles (au sens de la surveillance épidémiologique) a montré que les statistiques de vente des médicaments anti-diarrhéiques délivrés sans ordonnance en pharmacie avaient plus que triplé et que cette élévation était visible dès [14]. Les chiffres de vente d'un médicament ne constituent pas une certitude de diagnostic, mais leur brutale variation interroge sur l'existence d'un phénomène anormal. Si ces données sont collectées en routine et qu'elles peuvent être analysées immédiatement grâce à des outils de calculs automatisés, on peut disposer là d'un outil d'alerte. C'est le principe de la surveillance syndromique dont la définition (trop récente pour être universellement acceptée) est « une surveillance fondée sur des données enregistrées en routine... de façon automatique et transmises (et analysées) sans délai »[AA 16]. Bien que contestable, le qualificatif de "syndromique" s'est progressivement imposé, alors que les données ainsi utilisées et surveillées puissent être certes un syndrome dont le diagnostic final n'est pas établi (par exemple les syndromes grippaux, qui ne sont pas tous des vraies grippes) ou un simple symptôme (fièvre, diarrhée, etc.) mais aussi des données de consommation de santé (boites de tel médicament, passages aux services d'urgences, nombre de consultations de ville, appels à des numéros gratuits d'aide aux malades, etc.) d'absentéisme (scolaire, reçus par les assurances maladies), de surveillance environnementale (surveillance des eaux de consommation, des aliments manufacturés, etc.) ou du nombre de décès. Avec l'irruption sur la scène politique et sanitaire du risque biologique provoqué, à la suite de la crise des enveloppes contaminées au bacille du charbon survenue aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 le développement des stratégies de surveillance syndromique s'est rapidement développé aux États-Unis comme en Europe[AA 17].

Détection et investigation des épidémies

Une épidémie se définit simplement comme la survenue d'un nombre de cas supérieur au nombre attendu dans un espace donné et une période donnée. Si la maladie est réellement nouvelle, inconnue jusque là (on parle de maladie émergente) le premier cas est déjà un phénomène anormal. Mais si la maladie est connue et sévit de façon ordinairement modérée dans une région donnée, c'est alors l'augmentation au delà du nombre habituellement observé qui constitue une alerte[AA 18].

Dès lors la surveillance doit répondre à deux questions : quel est le nombre attendu de cas ici et maintenant et, à partir de quel dépassement de ce nombre on considère que la situation est anormale. La première question nécessite que la surveillance d'une maladie donnée soit en place et efficace avant la survenue d'une épidémie, si possible depuis plusieurs années, pour avoir fourni suffisamment de données permettant de calculer en moyenne le nombre de cas attendu dans chaque région pour chaque période. La seconde question nécessite de déterminer un seuil d'alerte, lequel doit être assez performant, c'est à dire capable de reconnaître au plus tôt une situation qui se dégrade (seuil sensible) mais sans engendrer de fausses alertes (seuil spécifique)[AA 19].

Il faut ensuite prévoir au plus tôt l'ampleur et la durée possible de l'épidémie ce qui se fait en établissant le «temps de doublement des cas» et le «taux de reproduction de base» lesquels se calculent à partir des données de la surveillance épidémiologique. Une fois l'alerte confirmée il faut investiguer l'épidémie d'une part au moyen d'enquêtes (le plus souvent enquête cas-témoins ou enquête de cohorte rétrospective) dont le but est de tester des hypothèses relatives aux causes du phénomène, et d'autre part, dans le cas des maladies infectieuses, en mobilisant les laboratoires d'analyses biologiques experts pour typer précisément l'agent responsable.[AA 20]

Domaines d'utilisation

Initialement apparue pour surveiller les maladies épidémiques et en contrôler la diffusion, le champ d'intérêt de la surveillance épidémiologique n'a cessé de se développer depuis la seconde moitié du XXe siècle. Sans entrer dans les détails et pour la seule France, on recense un système de surveillance épidémiologique : des maladies infectieuses en général[AA 21] et tout particulièrement celles pouvant être prévenues par la vaccination[AA 22] et celles liées aux soins (infections nosocomiales)[AA 23], et de tous les événements indésirables (pas seulement infectieux) liés aux soins[AA 24], des maladies liées à l'environnement (surveillance de l'air et de l'eau, des insectes vecteurs de maladies, saturnisme, l'intoxication au monoxyde de carbone)[AA 25], des maladies chroniques (historiquement les cancers, puis plus récemment les maladies cardio-vasculaires, le diabète, la bronchopneumopathie chronique obstructive, etc.)[AA 26], des maladies professionnelles[AA 27], de la périnatalité[AA 28], des traumatismes et accidents[AA 29], des conséquences des catastrophes naturelles et industrielles[AA 30], la surveillance sanitaire des grands rassemblements humains (sportifs, culturels, religieux, réfugiés, etc.)[AA 31], et la circulation des souches bactériennes résistantes aux antibiotiques[AA 32], etc.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pascal Astagneau et Thierry Ancelle, Surveillance épidémiologique : Principes, méthodes et applications en santé publique, Paris, Lavoisier, Médecine Sciences Publications, , 360 p. (ISBN 978-2-257-20426-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

Références

  • Ouvrage de Pascal Astagneau et Thierry Ancelle (cf. Bibliographie),
  1. p. 7.
  2. p. 8.
  3. p. 7.
  4. p. 109-112.
  5. p. 16-18.
  6. p. 14-17.
  7. p. 16-17.
  8. p. 321-324.
  9. p. 8.
  10. p. 9, 177-179.
  11. p. 9.
  12. p. 74-80, 109-112.
  13. p. 35-56.
  14. p. 57-67.
  15. p. 303-309.
  16. p. 95-108.
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  18. p. 81.
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  20. p. 83-85.
  21. p. 115-130.
  22. p. 131-138.
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  24. p. 158-165.
  25. p. 166-176.
  26. p. 177-188.
  27. p. 189-201.
  28. p. 202-212.
  29. p. 213-220.
  30. p. 231-236.
  31. p. 237-250.
  32. p. 152-157.

Autres références

  1. a et b (en) Alexander Langmuir, « The surveillance of communicable diseases of national importance », New England Journal of Medicine, vol. 268,‎ , p. 182-192 (ISSN 0028-4793).
  2. OMS, Règlement sanitaire international (2005), , 3e éd., 100 pages (ISBN 978 92 4 258049 5, lire en ligne).
  3. (en) Stephen B Thacker et Ruth L. Berkelman, « Public Health surveillance in the United States », Epidemiologic Reviews, vol. 10,‎ , p. 164-190 (ISSN 0193-936X).
  4. Félix Vicq d'Azyr (s.l.), Mémoire instructif sur l’établissement fait par le Roi d’une commission ou société et correspondance de Médecine, , 60 p. (lire en ligne).
  5. a b c d e et f Jean-Paul Boutin, Livre de l'École du Val-de-Grâce : Annales 2009, Paris, La documentation française, , 337 p. (ISBN 978-2-11-007824-7), « La surveillance sanitaire des combattants », p. 269-289.
  6. (en) Alexander Langmuir, « William Farr: founder of modern concepts of surveillance », International Journal of Epidemiology, vol. 5,‎ , p. 13-18 (ISSN 0300-5771).
  7. (en) Luis Barreto et al., « Polio vaccine development in Canada : contributions to global polio eradication », Biologicals, vol. 34,‎ , p. 91-101 (ISSN 1045-1056).
  8. (en) David L. Streiner et Geoffrey R. Norman, PDQ Epidemiology, Hamilton (Ontario), B.C. Decker Inc., , 2e éd., 160 p. (ISBN 1-55009-077-1), p. 4-6.
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  10. « À propos de Sciensano », sur Sciensano (consulté le ).
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