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Effondrement[modifier | modifier le code]

L'effondrement ((en) collapse) désigne une dégradation des conditions de vie à l'échelle planétaire, en cours et à venir, et la situation qui en résultera. On ne peut guère l' appréhender que comme le stade où le rêve de progrès se traduit en réalité, par la régression.

L'effondrement, dont les causes principales sont le dérèglement climatique, la destruction des écosystèmes et la pénurie des ressources, est à la fois, une vérité qui dérange, et un grand flou sur le devenir de l'homme au cours du XXIe siècle et des siècles suivants. Cependant, l'on peut avancer que l'effondrement, même dans une vision optimiste et proactive appelée transition, marquera la fin des croissances économique et démographique, de l'agriculture industrielle, du libéralisme économique et du consumérisme à grande échelle.

La collapsologie est la discipline balbutiante qui étudie l'effondrement.


Constat[modifier | modifier le code]

« L'homme par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce. En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité du moment, il amène progressivement à la stérilité ce sol qu'il habite, donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties, autrefois fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant stériles, inhabitables et désertes. »

— Jean-Baptiste de Lamarck, Système analytique des connaissances positives de l'homme, 1820

L'humanité a, sur bien des points, dépassé les capacités de charge de la planète.

Les causes de l'effondrement sont multiples et cumulatives :

  • Perte de la biodiversité
  • Réchauffement et dérèglement climatique
  • Dégradation par artificialisation des sols :
  • Pollutions diverses : pollution plastique des mers ; perturbateurs endocriniens, Œstrogène, pollution chimique des eaux (métaux lourds) ; pollution de l'air (ozone, particules fines)
  • Pénurie des ressources : Pétrole (principales ressource énergétique et essentiel aux biens de consommation), azote et phosphore (nécessaire à l'agriculture industriel), sable de construction (bâtiment et infrastructure), du cuivre (réseaux électriques), de l'eau potable, …
Ces pénuries à venir constituent une menace pour la sécurité alimentaire.
  • Complexification de notre société : elle est, selon Joseph Tainter, une cause d'effondrement.

« Fabian Scheidler[1], p. 15-17 »

L'état de la planète au travers des statistiques en temps réel de worldometer est particulièrement éloquent. Globalement, cette pyramide de Ponzi qui consiste à vivre aux dépends des générations futures ne peut que s'effondrer.

L'on peut résumer les problèmes en deux mots/maux : surconsommation et surpopulation. Ces facteurs ne sont pas multiplicatifs car la surconsommation affecte davantage les pays riches, la surpopulation davantage les pays pauvres ; mais il serait éthiquement honteux de s'en réjouir.


L'enseignement de l'Histoire[modifier | modifier le code]

L'Histoire nous enseigne que les effondrements de société ou de civilisation sont choses courantes. Le déclin civilisationnel est naturelle, voire systémique.

On ne peut guère tirer davantage d'enseignements de l'Histoire des civilisations en général car celles-ci étaient en concurrence. Or, le caractère singulier de notre situation est la totale autarcie de l'humanité.

L'essai de Jared Diamond fournit toutefois quelques situations insulaires de quasi-autarcie :

  • Les vikings du Groenland sont un exemple frappant de verrouillage culturelle et d'immobilisme. Après 5 siècles de colonisation, cette société a périclité jusqu'à disparaître sous la pression d'un petit refroidissement climatique. C'est le refus ou l'incapacité à s'adapter à leur environnement causa leur perte.
  • L'île de Pâques est un exemple célèbre mais controversé (autarcie ou colonisation ?), d'effondrement (ou de transition) sociétal dû au déboisement.
  • L'île Tikopia est un modèle remarquable[b] de microsociété perenne (3000 ans) malgré des conditions de vie précaires (autarcie) et peu favorables (cyclones). Tikopia a perduré grâce à l'agroforesterie, à une forte cohésion sociale (très faiblement hiérarchisée), et grâce à une culture malthusienne radicale (coitus interruptus, avortement, infanticide, suicide et « quasis-suicide » par exode maritime).

Histoire récente[modifier | modifier le code]

  • Nauru est un cas d'école extrême, d'enrichissement par dilapidation de leurs ressources (phosphate) ; puis d'effondrement économique, financier, sociétal (obésité), et éthique (comportement mafieux).
  • Soumis à l'embargo états-unien, Cuba est un modèle de société résiliente, et de transition vers une agriculture écologique.

Zeitgeist[modifier | modifier le code]

Plus intuitivement, ce ressenti traduit le fait que, où que l'on regarde, les signaux sont inquiétants.

Régression sociale
Les néologismes « précarité », « déclassement », sont symptomatiques d'une régression sociale. En france, « l'ascenseur social est en panne »[2] le confirme.
Creusement des inégalités
Depuis le début des années 1980, la part du revenu détenue par le 1 % des plus riches de la population augmente globalement et a plus que doublé aux États-Unis.[3]
Déclin du consumérisme
le mot « pénurie » est apparu et devient récurrent dans les médias[4].
Crises démocratiques et républicaines
montée des extrêmes, du nationalisme et du populisme ; déclin de la cohésion républicaine (clivage idéologique) notamment aux États-Unis[5]; montée de la désinformation et de la manipulation des opinions.
Crise sanitaire
Pandémie de Covid-19 et récurrence des risques.

Prédicament[modifier | modifier le code]

Résilience[modifier | modifier le code]

Effondrement ?[modifier | modifier le code]

Définir concrètement l'effondrement serait prophétiser et condamne presque certainement au ridicule et à l’échec ceux qui s'y risquent.

On peut tout de même avancer la définition suivante : L'effondrement est le stade où le rêve de progrès se traduit en réalité, par la régression. On voit ainsi que l'objectivité de la notion d'effondrement repose sur celle du progrès.

La notion d'effondrement est aussi liée à celles de précarité et de survie.

Mais l'effondrement est davantage un zeitgeist, voire le zeitgeist des personnes perspicaces. C'est le mot qui s'est imposé à nous (et il est à opposer à "catastrophe", "crise", "déclin", "disruption", "chute", "cataclysme", "apocalypse", …)

crise
Ce mot très galvaudé est trop superficiel. De plus, la crise suggère le retour à la normale ; or en bien des points, l'effondrement sera irréversible.
catastrophe
Ce mot désigne une rupture bien plus profonde que la crise, avec une divergence plutôt qu'un retour à la normale. Si les élites ont tendance à exclure la catastrophe et préfère des termes tels que “dégradation”, “détérioration” ou “déliquescence” ; son éventualité est l'un des points les plus polémiques de l'effondrement.
déclin
Historiens et ethnographes, dans un futur lointain, qualifieront peut-être notre époque par de ce terme. Cela dépendra sans doute de la courbe démographique. Mais il serait trop optimiste de croire qu'il qualifiera notre ressenti avenir.
chute” (“perdition”, “chaos”, “cataclysme”, “apocalypse”)
Ces termes suggèrent que nos n'avons pas prise sur notre sort. La chute (parce que l'on lui adjoint l'“atterrissage”) suggère isolément un mouvement sans fin. Bien que pas totalement exclue (cf. planète étuve), elle est considérée comme peu probable.
transition
Ce mot désigne un changement assumé et contrôlé (proactif) vers une finalité sinon déterminée ; mais au moins esquissée.


effondrement
Ce mot est adéquat car notre futur verra un changement trop radical ou douloureux pour être qualifié de “déclin” ; trop prévu, lent et continue (mais probablement pas progressif) pour être qualifié de “catastrophe” ; trop contrôlable pour être qualifié de “perdition” ou “chaos” ; trop peu probablement perpétuel pour être qualifié de “chute”. Mais ce mot est hélas aussi adéquat parce qu'il y a trop d'immobilisme pour que l'on puisse déjà parler de “transition”.
disruption” (“rupture”)
La disruption, hors du monde de l'entreprise, est un néologisme pédant ; mais il apporte une subtilité dénotationnel : le dépassement des problèmes, difficultés ou antagonismes. La disruption de l'effondrement est l'image d'une civilisation rappelée à la dure réalité devant lesquels nos problèmes de société s'effaceront. La disruption liée à la transition est l'image plus positive d'un changement de valeurs (eg., éluder la question de la croissance économique par l'abandon du PIB).


Une vérité qui dérange[modifier | modifier le code]

« Monde renversé. — On critique plus sévèrement un penseur quand il émet une proposition qui nous est désagréable ; et pourtant il serait plus raisonnable de le faire quand sa proposition nous est agréable. »

— Frédéric Nietzsche[6]

L'effondrement est un sujet extrêmement “problématique”. Sa communication ; le discours et sa réception sont particulièrement corrodés par nos blocages psychologiques et nos biais cognitifs.

Elle suscite le déni. Ce déni de l'effondrement est bien résumé par Michael E. Mann comme la dernière reformulation du déni du réchauffement climatique : « Que les changements soient bénéfiques ou non pour nous, les humains sont très aptes à s'adapter aux changements ; de plus, il est trop tard pour faire quoi que ce soit et/ou une solution technologique apparaît toujours quand on en a vraiment besoin[7] ». On voit là deux catégories de dénégateurs : Les “conservateurs” (qui pratiquent la politique de l'autruche, i.e., se voilent la face) et les écomodernistes.

Elle crée une forme d'hypocrisie (voire de schizophrénie) chez ceux qui l'accepte à moitié.

« Dans l'état actuelle des choses, la croissance mondiale est intenable … la décroissance est invendable »

— Luc Ferry[8]

«  »

— Barrack Obama

Elle dérange aussi, en même plus encore, ceux qui l'acceptent. Comment communiquer ? Comment « alerter sans alarmer » ?

« Il ne fait aucun doute, à mon sens en tous cas, que le pic va probablement se produire au cours des 10 à 15 prochaines années. Et, si l'épuisement est aussi avancé que certains le pensent, nous avons un problème très,très sérieux. Bien pire que le pire que nous puissions imaginer. Ce problème est vraiment effrayant. Ce problème ne ressemble à rien de ce que j'ai rencontré dans ma vie jusqu'à présent et plus on y pense et plus on examine les chiffres, plus il y a lieu pour tout observateur de se sentir mal à l'aise.

Il est facile de donner l'impression d'être alarmiste et je crains qu'une partie de ce que je dis puisse donner cette impression, mais il ne fait tout simplement aucun doute que les risques sont ici bien plus grands que tout ce à quoi nous avons jamais été confrontés.

Les risques pour nos économies et notre civilisation sont énormes et les gens ne veulent pas entendre parler de ça. Je ne veux pas penser à ça. Cela rend très mal à l'aise d'y penser. Et laissez-moi vous dire qu'il m'a fallu quelque temps après avoir réalisé tout ça pour que je sois capable de m'en remettre et d'afficher une attitude positive et constructive sur cette question. Il s'agit vraiment d'un problème incroyablement difficile et incroyablement grave. »

— Robert Hirsch[9][10] (s'exprimant sur le Rapport Hirsch)


De « Comment alerter sans alarmer ? », on est passé à « Comment alarmer sans paniquer ? »

(en) Discours de Greta Thunberg à Davos (Jenvier 2019) « Notre maison est en Feu ».

Greta Thunberg n'a pas de telles finasseries : « Je ne veux pas de votre espoir, je veux que vous paniquiez, que vous ressentiez la peur que je ressens tous les jours et que vous agissiez. »[11]

Impensés, censure ou tabous[modifier | modifier le code]

Largeur de vue[modifier | modifier le code]

Les divergences de vues et les incompréhensions autour de l'effondrement découlent des disparités de largeur d'esprit et d'échelle de temps.

Années[modifier | modifier le code]

L'obsession du politique est de maintenir la bonne marche de son pays ; de sorte que les problèmes sont bien davantage repoussés que traités. Le définition, essentiellement politique, de l'effondrement données par Yves Cochet illustre cette étroitesse de vue : « Appelons “effondrement” de la société mondialisée contemporaine le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi.[12] »

Décennies[modifier | modifier le code]

La vision des instances internationales (ONU, GIEC notamment) est celle de l'amorce de l'effondrement. Le message (trop souvent implicite) est qu'un changement de cap doit s'opérer immédiatement. Toutefois, ce message reste gouvernemental (il ne s'adresse pas au peuple) ; il ne remet pas en cause nos fondements, ne questionne pas notre mentalité. Cette “politique éclairée” est illustrée par le programme[13][14] du Shift Project.

Siècles[modifier | modifier le code]

Les visions historiques et philosophiques sont plus larges. Pour certains philosophes, l'effondrement entraîne une remise en cause idéologique. Pour d'autres, la mondialisation, la pensée unique marquent la fin de l'Histoire.

Outre la surpopulation, la réchauffement climatique et la dilapidation des énergies fossiles sont les conséquences du productivisme et de la société de consommation. Selon cette vision, la cause de l'effondrement est donc la révolution industrielle.

Millénaires[modifier | modifier le code]

Pour certains biologiste, ethnologues et anthropologues, le germe de l'effondrement est dans la civilisation à l’âge du bronze, voire dans la sédentarisation (la domestication de l'Homme[15][16]).

Éons[modifier | modifier le code]

Le message de la paléontologie est l'extinction de l'Holocène. L'effondrement n'est en définive qu'une “terradéformation[c]. La paléontologie nous enseigne qu'elle n'est pas la première. Toutefois ce nouveau forçage est trop violent pour la sélection naturelle. La sélection sera donc un enjeu important à long terme. La biologie et la génétique soumettent l'idée qu'au delà la mentalité, c'est la nature de l'Homme qui pourrait être changé. Une “terradéformation” trop radicale pourrait imposer un recours à l'eugénisme.

La vision de la physique est celle du second principe de la thermodynamique, celle sinistre, de la mort lente mais inexorable de tout système (fermé). Son message est, qu'à l'échelle de la Terre, notre seul recours à long terme, est l'énergie solaire (bien que possiblement au moyen de la fusion contrôlée). Mais, l'usage de cette énergie doit être repenser en tenant compte des enseignements de la thermodynamique. Aux cycles naturels, il appartiendra à l'écologie de l'anthropocène d'adjoindre des cycles anthropiques (une “économie” pérenne).

Mais le message du physicien et du biologiste est très concret : les véritables lois sont celles de la Nature. De ce point de vue, l'idéologie économique est donc bien un mythe et même, la religion dominante de l'argent roi[d].

Il apparaît en définitive, que l'effondrement verra la déconstruction des mythes ; et (hélas) que la transition s'accompagnera de la reconstruction des mythes, tant ils semblent un mal nécessaire pour mener les hommes.

Transition[modifier | modifier le code]

Solutions[modifier | modifier le code]

Solutions partielles de faible envergure[modifier | modifier le code]

Solutions radicales[modifier | modifier le code]

Critiques/Opinions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. cf. statistiques en temps réel de worldometer
  2. Étudié par Raymond Firth
  3. « déformation » car non souhaitée nuisible à la créature qui la génère.
  4. L'exemple de l'usure (à la base du capitalisme) qui a été imposé en dépit des principes judéo-chrétiens est symptomatique. Il apparaît aujourd'hui que la guerre de religion est celle (désespérée) de toute religion (non pervertie) contre la machine économique.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Fabian Scheidler, La Fin de la Mégamachine. Sur les traces d'une civilisation en voie d'effondrement, Seuil, (ISBN 978-2-02-144560-2)
  2. « En France, l'ascenseur social est en panne depuis longtemps, s'alarme l'OCDE », sur Capital,
  3. Michel Husson, « Les inégalités à l’échelle mondiale » [PDF], Chronique internationale de l'IRES - n° 130,
  4. [Pénuries : est-ce qu’on doit s’inquiéter ?]
  5. Brice Couturier, « La tribalisation des Etats-Unis menace leur puissance »,
  6. Frédéric Nietzsche (trad. Alexandre-Marie Desrousseaux), « Humain, trop humain », sur wikisource,
  7. Michael E. Mann, The Hockey Stick and the Climate Wars : Dispatches from the Front Lines, Columbia University Press, , 384 p. (ISBN 978-0-231-52638-8, lire en ligne), p. 23
  8. (en) Equilibre des Energies, « Synthèse du débat avec M. Luc Ferry sur le changement climatique » [vidéo], YouTube,
  9. Peak Oil - Robert Hirsch sur dailymotion
  10. Rob Hopkins, Manuel de Transition − de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Écosociété,
  11. (en) World Economic Forum (Davos, 2019)
  12. Yves Cochet, « L’effondrement, catabolique ou catastrophique » [PDF], Institut Momentum,
  13. The Shift Project, « Décarboner l’Administration publique », , p. 380
  14. The Shift Project, « Vers un Plan de transformation de l’économie française en faveur du climat et de la résilience » [PDF], , p. 365
  15. Hervé Le Guyader, « L'Homme s'est-il autodomestiqué ? », Pour la Science,
  16. Brian Hare et Vanessa Woods, « L’homme est-il un animal domestique ? », Cerveau&Psycho,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Méta[modifier | modifier le code]