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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Iotapa d'Atropatène

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Iotapa (43 av. J.-C. - ?) était une princesse de Médie-Atropatène, fille du roi Artavazde Ier d'Atropatène. En 34-33, alors qu'elle n'a que dix ans, elle épouse Alexandre Hélios, le fils que Marc Antoine a eu avec Cléopâtre, qui bien qu'encore plus jeune qu'elle est nominalement le roi du royaume d'Arménie. Ce règne nominal ne dure que quatre ans. Après que son père a réussi à sortir de Parthie où il était prisonnier, il est nommé roi d'Arménie mineure par l'empereur Auguste. Elle épouse alors le roi Mithridate III de Commagène et devient reine pour la seconde fois.

Éléments de biographie[modifier | modifier le code]

Iopata était d'ascendance mède, arménienne et grecque. Elle était la fille du roi Artavazde Ier d'Atropatène avec sa femme, Athénaïs une fille du roi Antiochos Ier de Commagène et Isias Philostorgos (en)[1].

Après l'échec de Marc Antoine dans sa tentative d'invasion de l'Empire Parthe depuis le territoire arménien en envahissant l'Atropatène (36)[2], les jeux d'alliance changent. Le partage du butin laissé derrière eux par les Romains par le roi des rois Parthe, Phraate IV, a grandement mécontenté le roi Artavazde d'Atropatène[3], père de Iotapa. Il libère donc Polémon roi du Pont qu'il a fait prisonnier lors de cette tentative d'invasion romaine, en le chargeant de délivrer une proposition d'alliance à Marc Antoine[4],[3]. Ce que le triumvir s'empresse d'accepter[3]. L'ennemi d'hier, la Médie-Atropatène, qui a contribué à infliger une défaite aux légions de Marc Antoine, devient un allié. L'allié d'hier, le roi d'Arménie lui aussi appelé Artavazde est considéré par Marc-Antoine comme le responsable de l'échec de sa précédente campagne. Lors de l'attaque des Parthes en été -36 l'armée arménienne d'Artavazde s'est abstenue de prêter main forte aux deux légions commandées par Caïus Oppius Statianus à qui Marc Antoine avait confié d'escorter ses inpedimentas et notamment ses machines de sièges, emmenées depuis l'Arménie, pendant qu'avec le reste de l'armée il avançait à marche forcée vers son objectif en Atropatène[5]. Après que ces deux légions romaines ont été taillées en pièce par les Parthes, le roi d'Arménie est alors retourné en Arménie avec son contingent en estimant qu'après ce désastre la guerre ne pouvait plus être gagnée et que l'Arménie elle-même était menacée[5]. Marc Antoine a d'ailleurs dû abandonner le siège de Phraaspa deux mois plus tard et son armée a dû faire une difficile retraite[6]. Pendant que ses armées traversaient l'Arménie pour rentrer en Syrie, il a caché son ressentiment[6]. Retourné en Égypte, Marc Antoine convie d'abord « de manière affable[3] » le roi d'Arménie « à venir conférer avec lui[3]. » « Mais le monarque se doute que cette amabilité de façade dissimule des desseins bien plus perfides à son égard. L'invitation reste sans suite[3]. » Au tout début du printemps 34[7], « dissimulant toujours ses intentions, Marc Antoine entreprend alors une expédition militaire vers l'Arménie, sous le prétexte d'une nouvelle offensive contre les Parthes[3]. » L'allié d'hier est attiré dans un piège. Alors que les armées d'Antoine marchent sur Artaxata, il convoque Artavazde d'Arménie[8]. « La duplicité des envoyés romains et la menaçante présence des légions font enfin céder le roi d'Arménie. Il se rend dans le camp romain où il est aussitôt arrêté[7]. » Antoine s'empare aussi de la famille royale. Toutefois, certains nobles élisent roi d'Arménie, Artaxès, le fils aîné d'Artavazd, qui a réussi à échapper aux troupes romaines[7]. Mais Artaxès est bientôt vaincu et s'enfuit chez les Parthes[7]. Artavazd, chargé de chaînes, est envoyé en Égypte, où il doit faire acte de soumission à Cléopâtre, à qui est reconnue la primauté sur les autres rois clients[7]. Il est montré lors du Triomphe qui est donné à Marc Antoine à Alexandrie pour sa victoire facilement acquise[8]. Quelques mois plus tard, Artavazde est décapité sur ordre de Cléopâtre[8].

Antoine occupe toute l'Arménie et s'empare d'un important butin. Les frontières avec l'Empire Parthe sont stabilisées tant au nord que sur l'Euphrate. Le royaume d'Arménie passe momentanément sous un contrôle romain direct. Antoine nomme alors son fils Alexandre Hélios à la tête du royaume. En été 33[9], Antoine vient enfin à la rencontre de son nouvel allié sur la rivière Araxe et « les pourparlers menés depuis longtemps finissent par se concrétiser[9]. » L'alliance est renouvelée et ils ont convenu qu'Antoine devrait soutenir Artavazde Ier contre les Parthes et si l'on en croit Dion Cassius, que le roi de Mèdie devrait aider Antoine contre Octave[9]. La concorde est matérialisée par des échanges de troupes[9]. Le domaine d'Artavazde Ier a été agrandi avec des parties du royaume d'Arménie. Antoine semble avoir validé les conquêtes qu'Artavazde avait obtenues avec l'aide des Parthes lorsqu'ils avaient anéanti les forces romaines d'Oppius Statianus en 36. Il rétrocède donc à l'Atropatène la province de Symbaké[10] et peut-être la Caspiane[9]. Pour sceller l'alliance Mède, Alexandre est fiancé à Iotapa[11] et Antoine récupère certaines des enseignes prises à Statianus en 36 lors de sa déroute en Médie Atropatène[9],[12],[13]. À la fin de la rencontre, Antoine a pris Iotapa avec lui. À partir de ce moment, elle est élevée à Alexandrie. Iotapa a alors 10 ans, son époux n'en a que 7.

Avec l'aide des légions romaines désormais stationnées sur son territoire, Artavazde était en mesure de repousser une éventuelle attaque des Parthes. Toutefois, en vue de la bataille d'Actium, Antoine a rappelé ses troupes romaines sans renvoyer les troupes Mèdes qu'Artavazde lui avait fournies. Après leur défaite à Actium et la mort d'Antoine et Cléopâtre, le roi Parthe Phraate IV a immédiatement profité de cette situation. Il a vaincu Artavazde qui a été capturé en 30[14], ce qui permet à Artaxès, aidé par ses alliés parthes[15], de mettre fin au règne nominal d'Alexandre Hélios et de récupérer le trône arménien en 30 av. J.-C. ; il fait également exécuter les Romains présents dans son royaume[16]. Le règne nominal des deux enfants sur l'Arménie n'a donc duré que quatre ans.

En 30, Iotapa et Alexandre Hélios ont quitté Alexandrie, après que l'Égypte a été envahie par Octave (le futur empereur Auguste) et son armée. Selon Appien et Pausanias, après le suicide de leurs parents, les trois orphelins sont élevés par Octavie, sœur de l’empereur Octave Auguste, ex-épouse de Marc Antoine et mère de leurs deux demi-sœurs Antonia l'Aînée et Antonia la Jeune[17].

Pendant l'emprisonnement d'Artavazde, une guerre civile a eu lieu entre les Parthes par la suite, ce qui lui a donné l'occasion de s'échapper. Il s'est réfugié auprès d'Auguste, qui le reçut avec amitié[18], lui rendit sa fille Iotapa[19] et a fait de lui un roi client de la Petite Arménie[20].

Iotapa est ainsi revenu à son père à un moment indéterminé. Elle a alors épousé son cousin maternel, le roi Mithridate III de Commagène. Il y a un consensus situer ce mariage à la fin des années 20 av. J.-C.[21],[22].

Grâce à ce mariage, elle est devenue reine de Commagène. L'histoire perd la trace d'Alexandre Hélios, le premier mari de Iotapa, dès la prise d'Alexandrie par Auguste en -30. Pour la sœur jumelle d'Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné, Octave Auguste arrange un mariage avec Juba II de Maurétanie, qu'elle épouse la sixième année du règne de Juba (en 19 av. J.-C.).

Postérité[modifier | modifier le code]

Iotapa a eu quatre enfants, l'aîné une fille appelée Aka (qu'il ne faut pas confondre avec Aka II de Commagène (it) ni avec Aka I de Commagène (en)); un fils futur prince, successeur Antiochus III de Commagène et deux filles, toutes deux princesses, appelées Iotapa.

Antiochus III de Commagène a épousé l'une de ses sœurs appelée Ioatapa et l'autre sœur a épousé le roi syrien Sampsigeramus II d'Émèse de la dynastie Sampsigéramide[23]. Bien que différentes hypothèses aient été émises, on ignore tout du sort d'Aka.

Éventuel troisième mariage[modifier | modifier le code]

Les descendants du mariage entre Laodicé Théa, et Mithridates Ier de Commagène peuvent être retrouvés avec une probabilité élevée pendant huit générations, jusqu'au IIe siècle de notre ère[24]. Sur la base du passage de Strabon (11.13.1) qui dit: « Atropates, proclamé roi, organisa la Medie comme un État indépendant. La dynastie qui en descendit s’y maintient jusqu'à notre époque, ses successeurs ayant contracté des mariages avec les rois des Arméniens et des Syriens, et plus tard, avec les rois des Parthes », Christian Settipani émet l'hypothèse que Iotapa se serait mariée avec un monarque syrien entre son premier mariage avec Alexandre Hélios et celui avec Mithridate et que des enfants seraient issus de cette union[21],[22]. Settipani note que Strabon énumère apparemment les mariages dans leur ordre chronologique et qu'il attribue à ces mariages un rôle important dans la survie et de la perpétuation de la dynastie[21]. Selon lui, cela rend très probable que les successeurs mentionnés par Strabon représentent les mariages des rois atropaténiens aux filles des autres rois nommés[21].

Deux de ces mariages peuvent être identifiés à partir d'autres sources. Le mariage arménien est celui de Mithridates de Medie avec la fille de Tigrane II d'Arménie, en 67 ou avant 67 (Dion Cassius 36.14)[21],[21]. Le mariage parthe est lié à l'ascendance d'Artaban III de Parthie, dont nous savons qu'il était un Arsacide uniquement du côté de sa mère (Tacite, Annales 6.42 )[21].

Si le mariage syrien était aussi avec un roi Méde, il a alors dû se produire entre la génération qui a suivi le mariage arménien et la génération qui a précédé celle du Parthe, c'est-à-dire entre environ c. 75 et environ 30[21]. Il y a un consensus pour dire que Iotapa de Médie-Atropatène a fini par épouser Mithridate III de Commagène à la fin des années -20[21],[22]. Mais ce mariage ne correspond pas au modèle des deux autres: le mariage n’était pas avec le roi Méde et c’est un peu plus tard que ce que l'on pouvait attendre[21]. La période qui nous intéresse correspond essentiellement au règne du roi Antiochos Ier de Commagène. Par conséquent, Settipani propose l’établissement du mariage d’un roi Méde avec l’une de ses filles[21]. Settipani favorise Artavasdes Ier, étant donné que sa fille, Iotapa, s'est probablement mariée plus tard avec Mithridates III, fils d'Antiochus[21],[21].

Toutefois, puisqu'il y a près de dix ans entre la prise d'Alexandrie par Auguste et le mariage de Iotapa avec Mithridate, on peut tout aussi bien postuler un mariage de Iotapa entre ses deux mariages connus ou le mariage d'une des princesses retenues en otage par Antoine. Qui pouvait bien être le mari ? Puisqu'il est clair qu'Auguste a une grande estime pour Arius Didyme et ses fils Dionysos et Nicanor, on peut émettre l'hypothèse que cet époux était Nicanor et que de cette union est né Monobaze Ier d'Adiabène. Cela expliquerait pourquoi un des fils de la reine Hélène d'Adiabène est appelé "roi Nicanor". Ce serait ce Nicanor — probablement Izatès II — qui aurait fait le don des fameuses portes de Nicanor, dont Flavius Josèphe refuse de nous donner le nom, alors que le Talmud et les autres sources juives nous montrent que ce nom était très célèbre. Si le fils d'Arius Didyme est bien Julius Nicanor comme le postule un grand nombre de critiques, nous savons qu'il est syrien, fortement lié avec Hiérapolis Bambyce. Son père Arius a refusé d'être gouverneur d'Égypte, mais lui est beaucoup plus impliqué dans les affaires politiques puisqu'il a été plusieurs fois archonte d'Athènes. Il aurait été tué dans l'expédition qu'Auguste à confié au jeune Tibère en -20, ce qui expliquerait le mariage de Iotapa avec Mithridate à ce moment là. À moins qu'il ait épousé Iotapa après la mort de Mithridate en 12 av. J.-C.

Le fait qu'Antiochus III de Commagène épouse sa sœur Iotapa ne prouve-t-il pas qu'il s'agit en fait d'une demi-sœur ? Ce qui impliquerait qu'il y a bien eu un troisième mariage en plus de celui avec Alexandre Helios et celui avec Mithridate dont les sources ne diraient pas un mot (et pour cause).

Jusqu'à présent, chaque fois que les sources parlaient d'un mariage entre frère et sœur, on s'est aperçu qu'en fait il s'agissait d'un mariage avec une demi-sœur. Ce mariage entre un frère et une sœur (ou une demi-sœur) correspond bien au mariage entre Clopas, fils de Cléophas et Marie fille de Jacques que l'on peut déduire des différentes sources qui donnent des liens de parenté. Il est admis que Clopas et Cléophas sont des formes masculines du nom Cléopâtre dans le judaïsme palestinien de l'époque.

Arius Didyme lors de la prise d'Alexandrie par Octave-Auguste[modifier | modifier le code]

Arius Didyme a probablement exercé une grande influence sur son élève Octave et sur certaines de ses décisions politiques. L'empereur lui portait une telle estime qu'après la conquête d'Alexandrie sur Antoine et Cléopâtre (30 av. J.-C.), il déclara au peuple alexandrin qu'une des trois raisons pour lesquelles il leur accordait le pardon était le respect qu'il devait à Arius, leur compatriote[25],[26]. Malgré ses limites dans la maîtrise du grec soulignée par Suétone, c'est pourtant dans cette langue que selon Dion Cassius, l'empereur s'adressa aux alexandrins[27]. Préalablement, il était entré en triomphateur dans la ville en s'entretenant avec Arius « qu'il tenait par la main, afin que cette distinction singulière lui attirât plus d'honneur et de respect de la part de ses concitoyens[28]. » Selon Plutarque, c'est lui qui a conseillé à Auguste (alors encore César Octavien) de tuer le fils de Cléopâtre et de Jules César, surnommé Césarion, en imitant un jeu de mots de l'écrivain grec Homère[29],[30]. « Il n'est pas bon qu'il y ait plusieurs Césars » (« Οὐκ ἀγαθὸν πολυκαισαρίη »), lui aurait-il dit, parodiant le « Οὐκ ἀγαθὸν πολυκοιρανίη », « Il n'est pas bon qu'il y ait plusieurs chefs », de l'Iliade, (II, 204)[31].

En faisant un « parallèle entre la vie contemplative et la vie active[32] », l'empereur Julien indique dans une lettre adressée à Thémistios, qu'Auguste avait offert le poste de gouverneur d'Égypte à Arius, mais que celui-ci a refusé cette nomination[33].

Fin d'Antoine et de Cléopâtre dans les sources primaires[modifier | modifier le code]

Dion Cassius[modifier | modifier le code]

livre LI, 15-16

Quant à leurs enfants, Antyllus (Marcus Antonius Minor), quoique fiancé à la fille de César et réfugié dans la chapelle élevée à son père par Cléopâtre, fut immédiatement égorgé; Césarion, qui s'enfuyait en Éthiopie, fut saisi en route et mis à mort. Cléopâtre (Séléné) épousa Juba, fils de Juba (en 19 av. J.-C.); César (Octave-Auguste) la donna à ce prince avec le royaume de ses pères, parce qu'élevé en Italie, il lui avait prêté aide dans ses expéditions; il accorda aussi aux deux époux la grâce d'Alexandre (Hélios) et de Ptolémée (le troisième enfant de Marc-Antoine avec Cléopâtre'). Ses nièces, qu'Octavie avait eues d'Antoine et qu'elle avait élevée, reçurent de l'argent pris sur les biens de leur père ; quant à Iulus, fils d'Antoine et de Fulvie, il enjoignit à ses affranchis de lui donner sur-le-champ tout ce que, d'après les lois, ils étaient tenus de laisser à leur patron.

[16] Parmi ceux qui avaient jusqu'alors suivi le parti d'Antoine, il punit les uns et fit grâce aux autres, soit de son propre mouvement, soit en considération de ses amis. Comme il trouva un grand nombre d'enfants de princes et de rois élevés auprès de lui, les uns comme otages, les autres par dérision, il renvoya ceux-ci dans leurs foyers, maria ceux-là entre eux et en retint quelques autres. Je passerai les autres sous silence et n'en citerai que deux par leur nom. Il livra volontairement Jotapa (Ἰωτάπην) au roi de Médie, qui, après sa défaite, s'était réfugié près de lui; mais il refusa de remettre à Artaxès ses frères, bien qu'il les eût réclamés, parce qu'il avait tué les Romains restés en Arménie. Voilà ce qu'il fit à l'égard des autres peuples. Aux Égyptiens et aux Alexandrins il accorda un pardon si complet que personne ne fut mis à mort. Il est vrai qu'il ne crut pas convenable, attendu leur nombre et les services rendus par eux aux Romains en maintes circonstances, de prendre à leur égard aucune mesure de rigueur; mais il prétexta, pour les épargner, le dieu Sérapis et Alexandre, leur fondateur; enfin Arius, leur concitoyen, qu'il avait eu pour maître de philosophie et dans la société duquel il avait vécu. Il prononça en grec, afin d'être compris d'eux, le discours par lequel il leur accordait le pardon.

Plutarque[modifier | modifier le code]

Vie d'Antoine

LXXXVIII. César entra dans Alexandrie, en s'entretenant avec le philosophe Aréus qu'il tenait par la main, afin que cette distinction singulière lui attirât plus d'honneur et de respect de la part de ses concitoyens. Il se rendit au gymnase, et monta sur un tribunal qu'on avait dressé pour lui : tous les Alexandrins, saisis de frayeur, s'étant jetés à ses pieds, César leur ordonna de se relever. « Je pardonne, dit- il, au peuple d'Alexandrie toutes les fautes dont il s'est rendu coupable, premièrement par respect pour Alexandre son fondateur; en second lieu par admiration pour la grandeur et la beauté de la ville; troisièmement enfin, pour faire plaisir au philosophe Aréus, mon ami. » Tel fut le témoignage honorable qu'Aréus reçut de César. Ce philosophe lui demanda grâce pour plusieurs habitants, en particulier pour Philostrate, le plus habile des Philosophes de son temps à parler sans préparation, mais qui se donnait faussement pour un disciple de l'Académie. César, qui détestait ses mœurs, rejetait les prières d'Aréus; mais Philostrate, couvert d'un manteau noir, et avec sa barbe blanche qu'il avait laissée croître à dessein, suivait toujours Aréus, en lui répétant ce vers: Les vrais sages toujours s'intéressent aux sages. César qui l'entendit, et qui voulut plutôt mettre Aréus à l'abri de la haine, que délivrer Philostrate de ses craintes, lui accorda sa grâce.

LXXXIX. Des enfants d'Antoine, Antyllus son fils aîné, qu'il avait eu de Fulvie, fut livré par Théodore son précepteur, et mis à mort : les soldats lui ayant coupé la tête, Théodore prit une pierre de très grand prix que ce jeune homme portait au cou, et la cousu à sa ceinture. Il niait ce vol ; mais on trouva la pierre sur lui, et il fut attaché à une croix. César ayant fait mettre sous une sûre garde les enfants de Cléopâtre avec leurs gouverneurs, fournit honorablement à leur entretien. Césarion, qu'on disait fils de César, avait été envoyé par sa mère en Éthiopie avec de grandes richesses, et de là dans l'Inde. Son précepteur nommé Rhodon, digne émule de Théodore, lui persuada de s'en retourner à Alexandrie, où César, lui disait-il, le rappelait pour lui donner le royaume d'Égypte. Comme César délibérait sur ce qu'il devait faire de ce jeune homme, on prétend qu'Aréus lui dit : Cette pluralité de Césars n'est point bonne. César le fit mourir peu de temps après la mort de Cléopâtre. Plusieurs rois et plusieurs capitaines demandèrent le corps d'Antoine, pour lui rendre les honneurs funèbres : mais César ne voulut pas en priver Cléopâtre ; il lui permit même de prendre pour ses funérailles tout ce qu'elle voudrait; elle l'enterra de ses propres mains, avec une magnificence royale.

[...]

XCV. Antoine laissa sept enfants de ses trois femmes : Antyllus, l'aîné de ceux qu'il avait eus de Fulvie, fut le seul que César fit mourir; Octavie prit les autres, et les fit élever avec les siens. Elle maria la jeune Cléopâtre, fille de la reine de ce nom, à Juba, le plus aimable de tous les princes. Elle procura au jeune Antoine, second fils de Fulvie, une si grande fortune, qu'après Agrippa, qui tenait le premier rang auprès de César, et après les fils de Livie qui occupaient le second, il était le troisième en puissance et en crédit. Octavie avait eu de Marcellus, son premier mari, deux filles et un fils, nommé aussi Marcellus, que César adopta et choisit pour son gendre. Il fit épouser à Agrippa une des filles d'Octavie. Le jeune Marcellus étant mort peu de temps après son mariage, et César ne pouvant pas choisir facilement parmi ses amis un autre gendre qui méritât sa confiance, Octavie lui proposa de donner pour femme à Agrippa, qui répudierait sa fille, la veuve de Marcellus. César d'abord, et ensuite Agrippa, ayant agréé cette proposition, Octavie reprit sa fille, qu'elle maria au jeune Antoine; et Agrippa épousa la fille de César. Il restait deux filles d'Antoine et d'Octavie, dont l'une fut mariée à Domitius Énobarbus, et l'autre, nommée Antonia, aussi célèbre par sa beauté que par sa vertu, épousa Drusus, fils de Livie et beau-fils de César. De ce mariage naquirent Germanicus, et Claude, qui fut depuis empereur. Des fils de Germanicus, Caïus, après un règne fort court, qu'il signala par sa démence, fut tué avec sa femme et sa fille. Agrippine, qui de son mari Domitius Énobarbus avait un fils nommé Lucius Domitius, épousa en secondes noces l'empereur Claude, qui adopta le fils de sa femme, et le nomma Néron Germanicus. C'est celui qui a régné de nos jours, qui a fait périr sa mère, et qui, par ses débauches et ses extravagances, a été sur le point de renverser l'empire romain. Il était le cinquième descendant d'Antoine.

Sur la descendance de Laodice Thea, avec Mithridate de Commagene[modifier | modifier le code]

  • Laodice Thea, wife of Mithridates I of Commagene12, by whom she had further traceable descendants13

Note 13: Les descendants de ce mariage peuvent être retrouvés avec une probabilité élevée pendant 8 générations, jusqu'au IIe siècle de notre ère - voir RD Sullivan dans H. Temporini, W. Haase (dir.). Aufstieg et Niedergang der Röm i schen Welt II. 8 stemma entre 742 et 743, répétée RD Sullivan, du Proche - Orient Roy al ty et Rome 100-30 BC stemma 5.

Une longue généalogie a été soutenu par C. Settipani, (Nos ancêtres de l'antiquité p. 84s et suiv.), sur la base de Strabo 11.13.1. Ce passage dit: "Atropates, proclamé roi, organisa la Medie comme un État indépendant. La dynastie qui en descendit s’y maintient jusqu'à notre époque, ses successeurs ayant contracté des mariages avec les rois des Arméniens et des Syriens, et plus tard, avec les rois des Parthes. " Certains aspects de ces arguments ont été développés dans une note publiée en août 1998 dans le groupe UseNet soc.genealogy.medieval en trois parties (I , II et III ). Settipani note que Strabon énumère apparemment les mariages dans leur ordre chronologique. En outre, il attribue ces mariages comme un facteur majeur de la survie et de la perpétuation de la dynastie, ce qui, aux yeux de Settipani, rend très vraisemblable qu'ils représentent les mariages des rois atropaténiens aux filles des autres rois nommés (c'est-à-dire que la dernière phrase doit être comprise comme suit: "avec les familles royales d’Arménie, de Syrie et, plus récemment, de Parthia"). De plus, les mariages ont eu un effet bénéfique durable qui était visible jusqu'à l'époque de Strabo, le plus probable étant, aux yeux de Settipani, la descendance des rois de ces mariages.

Deux de ces mariages peuvent être identifiés à partir d'autres sources. Le mariage arménien est celui de Mithridates de Media avec la fille de Tigrane II d'Arménie, en 67 ou avant 67 (Dion Cassius 36.14). Le roi Méde Artavasdes, fils d'Ariobarzanes, contemporain de Cléopâtre VII et de Marc Antoine, porte un nom royal typiquement arménien et était donc, selon toute vraisemblance, un descendant de ce mariage. Puisque Tigrane II est devenu roi en 95, la date "au plus tôt" du mariage arménien est la fin des années 90. Le mariage parthe est lié à l'ascendance d'Artaban III de Parthie, dont nous savons qu'il était un Arsacide uniquement du côté de sa mère (Tacite, Annales 6.42 ). Avant son accession au trône en 11, Artabanus était roi de Médie (Josèphe, Antiquités des Juifs 18.2.4 ), de même que Vonones II en 51 (Tacite, Annales 12.14 ). [Vonones était probablement le frère d'Artabanus puisque son fils Vologeses I est dit par Josèphe ( Antiquités juives 20.3.4 ) comme étant le "frère" de Gotarzes II, que nous connaissons d'après une pièce qui l'appelle "Arsaces, roi des rois Gotarzès, fils d’Artabanos "était en fait le fils d’Artabanus III.] Puisque Strabon a écrit entre 18/9 et 23 après JC environ, il s’ensuit que Artabanus et Vonones appartenaient à la dynastie atropaténienne du côté de leur père. Le mariage entre leurs parents doit avoir eu lieu c. 15-10 av. Ces deux mariages ont les caractéristiques que l'on peut déduire des paroles de Strabon.

Le troisième, "syrien", [ce] mariage doit avoir eu lieu entre ces deux. Si le mariage était aussi avec un roi Méde, et était également ancêtre des rois Medes ultérieurs, il aurait alors dû se produire entre la génération qui a suivi le mariage arménien et la génération qui a précédé celle du Parthe, c'est-à-dire entre environ c. 75 et environ 30. Maintenant, Strabon 16.2.2 définit la "Syrie" comme étant la Commagène, la Judée, la Coélé-Syrie, la Phénicie et la Syrie séleucide, qui à son époque avait été dévolue à Émèse. Parmi eux, la Coele-Syrie et la Phénicie n'avaient pas de roi; la dynastie séleucide mourante n'aurait apporté aucun avantage à la Medie; Émèse venait tout juste d'être organisée en une principauté mineure et n'aurait donc apporté aucun avantage; et la Judée était assez éloignée de la Médie. Seul un mariage avec la Commagène est susceptible d'avoir apporté un avantage substantiel à la Medie. En fait, il a été avancé, pour des motifs assez indépendants, que Iotapa, fille d’Artavasdes de Medie, avait fini par épouser Mithridates III de Commagène à la fin des années 20. Mais ce mariage ne correspond pas au modèle des deux autres: le mariage n’était pas avec le roi Méde et c’est un peu plus tard que prévu. La période qui nous intéresse correspond essentiellement au règne du roi Antiochos Ier de Commagène. Par conséquent, Settipani propose l’établissement du mariage d’un roi Méde avec l’une de ses filles. Les rois Médes connus ou postulés de cette période sont Darius, défait par Pompée en 64 et défilant à Rome, Ariobarzanes Ier et son fils Artavasdes Ier; selon toute probabilité, c’était l’un des deux derniers. Settipani favorise Artavasdes Ier, étant donné que sa fille, Iotape, s'est probablement mariée plus tard avec Mithridates III, fils d'Antiochus. En tout état de cause, il propose que si Strabo voulait dire que les trois mariages avaient une valeur dynastique égale, on peut raisonnablement en déduire que le père d’Artabanus III et de Vonones II (à propos duquel on ne sait rien, mais qui est le plus susceptible, chronologiquement , fils d’Artavasdes), est issu de ce mariage.

Les derniers rois arsacides de Parthie et probablement les Arsacides d’Arménie descendent vraisemblablement de Vonones II et de Vologeses I. Il existe un cas très raisonnable, décrit en détail dans le livre de Settipani, selon lequel les descendances des Arsacides arméniens sont traçables. dans les grandes lignes, si pas dans les détails dans les premières générations, jusqu’à nos jours. Ainsi, si les conjectures de Settipani découlant de sa construction stricte du passage de Strabon sont correctes, elles fournissent un pont généalogique depuis les Ptolémées jusqu'aux temps modernes.

Cette reconstruction très tentante est ouverte à de nombreux défis. La généalogie des Arsacides arméniens, en particulier avant la révolution sassanide, est très douteuse et il n'est pas certain qu'ils descendent de Vonones II et de Vologeses I. On peut se demander si Artabanus III et Vonones II sont effectivement descendus des rois atropaténiens: Tacitus, Annals 2.3 , fait référence à Artabanus comme ayant passé sa jeunesse parmi les Dahae, c'est-à-dire à Hyrcania (Turkestan moderne); mais cela peut faire référence à son exil à une époque où Rome dominait les royaumes de la région de la région du Caucase. D’autres interprétations de Strabon l’interprètent beaucoup plus vaguement que Settipani, autorisant des mariages arméniens antérieurs et expliquant le mariage syrien comme étant le mariage imputé de Iotape of Media à Mithridates III de Commagene (voir par exemple RD Sullivan, Redevance proche-orientale et Rome 100-30). BC , 295ff). Dans un débat sur cette proposition sur soc.genealogy.medieval en 1996 , Stewart Baldwin a souligné le nombre de conjectures impliquées dans la reconstruction de Settipani, qui doivent toutes être correctes pour que la filiation réussisse. Il a également proposé, à la fois en 1996 et lors d'un autre débat sur ce sujet en 1998 , d'expérimentations gedanken, de procéder à des reconstructions alternatives ne conduisant pas à des descentes commageniennes (et donc non ptolémaïques). Les personnes intéressées peuvent extraire le débat dans son intégralité à partir des archives soc.genealogy.medieval .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Ptolemaic Dynasty - Affiliated Lines », tyndalehouse.com (consulté le )
  2. René Grousset, Histoire de l'Arménie, p. 101-102.
  3. a b c d e f et g Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 84.
  4. Plutarque, Antoine, 52.1-3; Dion Cassius, Histoire romaine, 49.33.1-2
  5. a et b Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 79-80.
  6. a et b Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 80-81.
  7. a b c d et e Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 85.
  8. a b et c René Grousset, Histoire de l'Arménie, p. 103.
  9. a b c d e et f Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 86.
  10. Strabon, XI, 13, 2. ; René Grousset, Histoire de l'Arménie, p. 103.
  11. Dion Cassius, Histoire romaine, 49.40.2; Plutarque, Antoine, 53.12.
  12. Jean-Michel Roddaz dans François Hinard (dir.), Histoire romaine des origines à Auguste, Fayard, 2000 (ISBN 978-2-213-03194-1), « L'héritage », p. 887-888.
  13. A.D.H. Bivar, Cambridge History of Iran, vol. 3.1, London & New York, Cambridge University Press, 1983 (ISBN 0-521-20092-X), « The Political History of Iran Under the Arsacids », p. 64-65.
  14. Dion Cassius, Histoire romaine, 49.44.1-4.
  15. (en) « Armenia and Iran », dans Encyclopædia Iranica (lire en ligne).
  16. René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Paris, Payot, (réimpr. 1984, 1995, 2008) (ISBN 978-2-228-88912-4), p. 104.
  17. Plutarque, op. cit., XCV.
  18. Monumentum Ancyranum, 33.
  19. Dion Cassius, Histoire romaine, 51.16.2
  20. Theodor Mommsen conclut cela à partir de Dion Cassius, Histoire romaine, 54.9.2.
  21. a b c d e f g h i j k l et m Christian Settipani, (Nos ancêtres de l'antiquité p. 84s.
  22. a b et c Article Tryphaena, note no 13, sur http://www.instonebrewer.com/.
  23. (en) Michael Alexander Speidel, « Early Roman Rule in Commagene », Mavors-Institut für Antike Militärgeschichte (consulté le )
  24. Voir R. D. Sullivan in H. Temporini, W. Haase (eds.) Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt, II.8, stemma entre 742 et 743, et aussi in R. D. Sullivan, Near Eastern Royalty and Rome 100-30 BC, Stemma 5.
  25. Plutarque, Vie d'Antoine LXXXVIII ; Dion Cassius, Histoire romaine 16.
  26. Julien, Épître à Thémistios, 51, XIV.
  27. « Arius, leur concitoyen, qu'il avait eu pour maître de philosophie et dans la société duquel il avait vécu. Il prononça en grec, afin d'être compris d'eux, le discours par lequel il leur accordait le pardon. » (cf. Dion Cassius, Histoire romaine, livre LI).
  28. Plutarque, Vie d'Antoine LXXXVIII.
  29. Plutarque, Vie d'Antoine LXXXIX.
  30. Christoph Schäfer: Kleopatra. Darmstadt 2006, p. 249.
  31. David Braund, Myth, History and Culture in Republican Rome: Studies in Honour of T.P. Wiseman, University of Exeter Press, 2003, p. 305.
  32. Julien, Épître à Thémistius, 265c - 266a.
  33. Julien, Épître à Thémistius, 265c - 266a. Commenté dans: Ulrich Huttner: Recusatio imperii. Ein politisches Ritual zwischen Ethik und Taktik. Verlag Georg Olms, 2004, p. 255.