Trouée de Belfort
La trouée de Belfort est un seuil situé :
- entre les massifs montagneux du Jura et des Vosges, qui laissent un passage d'une vingtaine de kilomètres de largeur, au pied du ballon d'Alsace ;
- entre les bassins hydrographiques du Rhin et du Rhône, le point le plus haut, au bief de partage du canal du Rhône au Rhin, étant à 345 m d'altitude, sur la commune de Valdieu-Lutran (Haut-Rhin), les fonds de vallées des bassins de la Saône et du Rhin descendant aux environs de 210 m d'altitude ;
- entre la plaine d'Alsace et la partie la plus septentrionale du bassin du Doubs, puis les plaines haute-saônoises de l'Ognon. Si le bief de partage entre le bassin hydrographique du Doubs et celui du Rhin s'élève à 345 m d'altitude, il est nécessaire de passer à plus de 370 m entre le bassin du Doubs et celui de l'Ognon, bassins séparés par un chapelet de collines toutes supérieures à 500 m ;
- aux confins des régions Franche-Comté et Alsace ;
- sur presque toute la superficie du Territoire de Belfort, et les parties limitrophes du Haut-Rhin, de la Haute-Saône, et du Doubs ;
- à l'emplacement du bassin houiller stéphanien sous-vosgien.
Géographie
Son altitude est de 345 m au point le plus bas de la ligne de partage des eaux entre le bassin versant du Rhin et celui du Rhône, sur la commune de Valdieu-Lutran (Haut-Rhin). Cette ligne, à quelques communes près, servit approximativement en 1871 à déterminer la nouvelle frontière entre l'Empire allemand et la France : une série de fortifications du système Séré de Rivières fut érigée pour en assurer la défense. Le point le plus haut de la trouée de Belfort est le mont Salbert, à 651 m d'altitude. Le point le plus bas de la trouée de Belfort pourrait être considéré comme étant la vallée du Doubs à Montbéliard, à 315 m d'altitude
La trouée de Belfort, espace naturel, correspond approximativement au département du Territoire de Belfort, espace administratif avec débordements sur la partie extrême sud-ouest du département du Haut-Rhin, la partie nord-est du département du Doubs, et la partie extrême est du département de la Haute-Saône.
La trouée de Belfort permet la jonction entre le sud de l'Alsace et le nord de la Franche-Comté. Ce large couloir est emprunté par des réseaux de communication très variés :
- réseau routier : (RN 83) altitude maxi 403 m et autoroutier (A36) altitude maxi 400 m, ainsi que l'ancienne RN 19 reliant Paris à Bâle (Suisse) ;
- lignes de chemin de fer :
- ligne classique Bâle-Paris qui rejoint les plaines de l'Ognon à Lure (et de là vers Épinal, Nancy), puis de la Saône dans sa partie haute en direction de Vesoul,
- ligne classique Strasbourg-Lyon qui emprunte la vallée du Doubs en direction de Besançon,
- branche est de la nouvelle LGV Rhin-Rhône, qui rejoint la vallée de l'Ognon à Villersexel, en direction de Dole,
- ligne régionale internationale Belfort-Delémont, qui remonte la vallée de l'Allaine vers Delle et Porrentruy en Suisse, (réouverture de la partie française en novembre 2018), offrant un accès ferroviaire autant de France que de Suisse à la gare de Belfort - Montbéliard TGV ;
- canal du Rhône au Rhin.
Histoire
Deux voies importantes traversaient la région dès l'époque romaine, qui permirent à César d'acheminer rapidement les troupes qui allaient battre Arioviste et faire repasser le Rhin aux Germains (essentiellement des Suèves).
La ville de Belfort, bien placée en son milieu, a joué pendant des siècles un rôle de verrou contre les invasions venant de l'ouest (pendant la période autrichienne) ou de l'est (lorsque la région est devenue française après la guerre de Trente Ans). Elle a d'ailleurs été entourée par une ceinture fortifiée s'étendant des Vosges au Jura, entre la guerre de 1870 et la Première Guerre mondiale. La ville est restée un important nœud de communications.
La dernière offensive menée par la trouée de Belfort fut celle du Ier corps d'armée (commandé par le général Béthouart) en novembre 1944, lors de la bataille d'Alsace.