Société royale grand-ducale des chemins de fer Guillaume-Luxembourg

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Société royale grand-ducale
des chemins de fer
Guillaume-Luxembourg
Création 6 janvier 1857
Disparition 1946
Successeur Société nationale des chemins de fer luxembourgeoisVoir et modifier les données sur Wikidata

Forme juridique Société anonyme
Siège social Luxembourg (Luxembourg)

La Société royale grand-ducale des chemins de fer Guillaume-Luxembourg (dite aussi Compagnie Guillaume-Luxembourg) est une société anonyme luxembourgeoise, à capitaux français, créée en 1857 pour reprendre les concessions de 1855 concernant les lignes de chemins de fer du Grand-Duché du Luxembourg. Elle construit un ensemble de lignes qui constituent le réseau ferroviaire appelé réseau Guillaume-Luxembourg. Elle ne sera jamais une compagnie exploitante, cédant cette activité à une société française la Compagnie des chemins de fer de l'Est, puis à la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine en 1872, à l'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine en 1919 puis à la SNCF en 1938. Durant l'occupation allemande, la Deutsche Reichsbahn exploitera le réseau jusqu'à la libération ; la société Guillaume-Luxembourg disparaîtra en tant que telle en 1946 avec la création de la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois.

Histoire[modifier | modifier le code]

Création[modifier | modifier le code]

La société anonyme, dénommée Société royale grand-ducale des chemins de fer Guillaume-Luxembourg, est autorisée par l'arrêté grand-ducal du [1]. Cet arrêté confirme la création de la société et valide ses statuts tel qu'ils sont rédigés dans l'acte reçu le par maître Berloty notaire à Lyon et déposés le aux minutes de maître Klein, notaire à Luxembourg.

Les onze administrateurs-fondateurs sont[1] : Jean-Guigne-Louis-Marie-Alexis Marquis d'Albon, Gaspard-Théodore-Ignace de La Fontaine, Joseph-Antoine-Alfred Prost, Thérèse-Vendelin Jurion, Pierre-André Arjo-Biétrix, Alphonse de Boissieu, Hippolyte-François-Louis Vicomte Jaubert, Numa Guilhou, Jean-Marie Suchel, Augustin-Marie-François de Roquenave d'Harmière Baron de Thuret et le Comte de Vougy. Le premier président du conseil d'administration est le Marquis d'Albon, les vice-présidents sont messieurs de La Fontaine et Prost.

La société reçoit[1], de messieurs Louis-Antoine-Adolphe Favier négociant et Stéphane Jouve entrepreneur de travaux publics, demeurant tous les deux à Nancy, la rétrocession de concessions de chemins de fer délivrées par le gouvernement du Grand-Duché. Cela concerne quatre lignes partant de la ville de Luxembourg pour se diriger : sur la frontière française vers Thionville, sur la frontière belge vers Arlon, sur la frontière prussienne vers Trèves, et sur la frontière nord du Grand-Duché vers Weiswampach par Diekirch. La société prend à sa charge l'ensemble des obligations des conventions et du cahier des charges du et de la convention des 4 et [2] ainsi que des compléments contenus dans la loi du [3] et l'ordonnance du [2].

Traité et conventions pour l'exploitation[modifier | modifier le code]

Le [4],[5], la Compagnie Guillaume-Luxembourg signe un traité avec la Compagnie des chemins de fer de l'Est. Il est convenu que la compagnie de l'Est s'engage pour 50 ans à exploiter les lignes concédés au Guillaume-Luxembourg, moyennant une part dans les recettes du réseau ; elle le fera avec son propre matériel, personnel et moyens. Avant même l'ouverture de la première ligne, le GL est en proie à des difficultés financières, ce qui obligera l'État à intervenir et à racheter les actions de Favier et de Jouve[6].

Le réseau concédé est alors d'une longueur totale de 159 km qui est composé de quatre lignes disposées en étoile avec pour centre la ville de Luxembourg :

  • no 1 : 17,5 km de Luxembourg à la frontière française, vers Thionville ;
  • no 2 : 17,5 km de Luxembourg à la frontière belge, vers Arlon ;
  • no 3 : 34 km de Luxembourg à la frontière prussienne, vers Trèves ;
  • no 4 : 90 km de Luxembourg à la frontière prussienne, par Weiswampach, dans la direction de Schleiden, Aix-la-Chapelle et Cologne (aussi appelée ligne du Nord).

En 1862, une convention est signée pour la construction d'une ligne reliant Spa (en Belgique) à Ettelbruck et l'exploitation de la concession de la Compagnie du chemin de fer de Pepinster à Spa. Cette ligne, terminée en 1867, la jonction grand-ducale, permettait de relier le bassin liégeois au Luxembourg, en concurrençant la Ligne de l'Ourthe de la Grande compagnie du Luxembourg, tout en désenclavant de nombreuses localités luxembourgeoises entre Ettelbruck et Troisvierges. Elle sera également exploitée par les Chemins de fer de l'Est puis sa partie belge sera nationalisée après 1872[7].

Les conditions fixées le sont modifiées par le traité du  : désormais les Chemins de fer de l'Est reprennent à bail le réseau Guillaume-Luxembourg, moyennant une rente fixe de 3 000 000 francs[8].

Le réseau Guillaume-Luxembourg est directement affecté par la guerre franco-allemande de 1870 qui verra la France amputée de l'Alsace-Lorraine après sa défaite ; le traité du entre la France et l'Empire allemand précise que la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine reprend la gestion des lignes de la compagnie des chemins de fer de l'Est dans la région annexée, ce qui sera effectif le . En revanche, elle garde jusqu'au celle du réseau Guillaume-Luxembourg, bien que devenu quasiment isolé du reste, date où il est dès lors administré depuis Strasbourg.

Face à l'insistance de la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine, dans le cadre du Zollverein, la société du Guillaume-Luxembourg accepte le [9] d'apposer sa signature à une convention qui prévoit son affermage contre une redevance annuelle de 3 866 400 francs or. Elle perd ainsi tout droit de regard sur la gestion et l'exploitation de son infrastructure ferroviaire.

La Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine est remplacée par l'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine le [10] lorsque la France récupère l'Alsace-Lorraine et par conséquent ses infrastructures ferroviaires, que la compagnie des chemins de fer de l'Est ne souhaite récupérer en raison des infrastructures mises aux normes allemandes (conduite et signalisation à droite notamment).

Le réseau est repris par la SNCF à sa création en 1938 puis, durant la Deuxième Guerre mondiale, est intégré à celui de la Deutsche Reichsbahn par l'occupant. Après la fin du conflit il entre dans le giron de la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois (CFL) créée en 1946.

Réseau[modifier | modifier le code]

Carte des réseaux ferrés luxembourgeois en 1935. En rouge, le réseau du GL.

Le réseau du Guillaume-Luxembourg connut jusqu'à la Seconde Guerre mondiale divers exploitants et fut arpenté par de nombreux matériels, les compagnies exploitantes n'ayant jamais eu de matériels spécifiques au réseau luxembourgeois[6] :

Le réseau du Guillaume-Luxembourg était constitué, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, des lignes :

Liste non exhaustive de locomotives utilisées par l'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Site legilux.public.lu, Mémorial A n°7 de 1857, document officiel de 20 pages, comprenant les statuts de la société, en téléchargement. lire (consulté le 21 mai 2011).
  2. a et b Pasinomie luxembourgeoise: recueil des lois, décrets, arrêtés, règlements généraux et spéciaux etc. qui peuvent être invoqués dans le Grand-Duché de Luxembourg, 1859, p. 248 intégral (consulté le 21 mai 2011).
  3. Limburg (Belgium : Province), Vertoog van den bestuurlijken toestand ..., 1868, p. 84 intégral (consulté le 21 mai 2011).
  4. R. Demeur, Les chemins de fer français en 1860: Statuts des compagnies, notices historiques-situations financières avec une introduction, Chez l'éditeur, 1860 p. 107 intégral (consulté le 22 mai 2011).
  5. Alphonse Courtois, « Société royale grand-ducale des chemins de fer Guillaume-Luxembourg », dans Manuel des fonds publics et les sociétés par actions, pp. 532-534 intégral.
  6. a et b (en) « Railways in Luxemburg - History », sur kusee.nl (consulté le ).
  7. Phil Dambly, Vapeur en Belgique. Tome 1 : des origines à 1914, Bruxelles, Blanchard & cie, , p. 10
  8. Victor Tesch, Traité du 8 décembre 1868 entre la Grande Compagnie du Luxembourg et la Société du chemin de fer de l'Est de la France : les faits tels qu'ils ont été exposés et les faits tels qu'ils se sont passés, Arlon, F. Poncin, , 78 p., p. 24
  9. Ministere Des Affaires Etrangeres Commission Des Archives Diplomatiques Direction Des Archives, 1921 - Tome II: 1er juillet-31 Dec., Peter Lang, 2005 (ISBN 9789052012438) p. 389 extrait (consulté le 21 juillet 2011).
  10. Site Archives nationales du monde du travail, Chemins de fer d'Alsace-Lorraine, référence 86 AQ (voir Site Internet, puis recherche par : Fonds d'archives\liste alphabétique\Chemin de fer\Alsace et Lorraine) (consulté le 24 octobre 2011).
  11. « Ligne Troisvierges - Wilwerdange - frontière belge - St. Vith », sur rail.lu (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]