Prélude et fugue en fa mineur (BWV 881)
Le Clavier bien tempéré II
Prélude et fugue n°12 BWV 881 Le Clavier bien tempéré, livre II (d) | |||||||||
Fa mineur | |||||||||
Prélude | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Métrique | / |
||||||||
Fugue | |||||||||
Voix | 3 | ||||||||
Métrique | / |
||||||||
Liens externes | |||||||||
(en) Partitions et informations sur IMSLP | |||||||||
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu) | |||||||||
| |||||||||
modifier |
Le prélude et fugue en fa mineur, BWV 881 est le douzième prélude et fugue extrait du second livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.
Le prélude est une pièce « moderne » pleine d'expressivité et chargée d’Empfindsamkeit (« sensibilité ») du style d'Emanuel, qui évoque même un impromptu de Schubert. La fugue à trois voix, baigne dans une douce tristesse. Elle est citée intégralement par Reichart dans son Musikalisches Kunstmagazin (publié entre 1781 et 1792), pour illustrer le génie de Bach.
Prélude
[modifier | modifier le code]Le prélude, noté
, est de forme AA — BB. La première section, se terminant sur le relatif majeur de la majeur, comprend 28 mesures et la seconde 42.
Bach regarde ici vers le style galant de son fils Emanuel[1],[2]. C'est l'embryon du schéma de la forme sonate avec son exposition, son développement et sa réexposition. Le style est ici, plus vertical qu'horizontal[3] et évoque un impromptu de Schubert[4]. Plusieurs idées se succèdent : un motif « élégiaque » en tierces et sixtes avec soupirs et appogiatures (antécédent, mesures 1–4) puis un autre en doubles-croches, alterné aux deux mains (conséquent, mesures 5–8). Plus loin (mesures 20–24 cf. Relations), une ondulation de double-croches en septièmes arpégées et ingénieux retards.
Proportionnellement, la première section se décompose en 8, 12, 8 mesures. La seconde section est subdivisée en 28 mesures (12, 12, 4) de développement et 14 d'une réexposition abrégée (4, 2, 4, 4). Nous avons donc un rapport de 2:2:1[5].
La conception évoque une destination directe au clavecin plutôt qu'au clavicorde[1].
Certains manuscrits ajoutent des mordant sur les temps forts du motif en tierces.
Fugue
[modifier | modifier le code]
Caractéristiques 3 voix — , 85 mes. ⋅ 11 entrées du sujet ⋅ réponse réelle ⋅ 4 divertissements |
La fugue à trois voix, est notée
et totalise 85 mesures.
C'est cette fugue que cite intégralement Reichart dans son Musikalisches Kunstmagazin, pour illustrer le génie de Bach[4].
Le thème, décidé, est composé de deux parties biens tranchées : une tête dramatique, affirmant une chute de quinte et de septième, et la traîne en roulement de double-croches. La première note de chaque mesure (marqué de chiffres cerclés) étant la structure tonale (fa, mi, si , la ).
La fugue est composée dans une remarquable liberté, à partir des éléments issus de la tradition. Selon Tovey, « cela montre qu'il est possible pour une fugue de profiter de la vie sans stretti, contrepoint double, inversions, etc. » L'analyse musicale est plus que d'habitude superflue avec une telle pièce, parce qu'il y a peu de choses qui soit susceptible d'analyse[1].
Les voix énoncent Dux et Comes successivement du soprano à la basse (mesures 1, 4, 11).
Le divertissement (presque en forme de rondo) des mesures 17–24 est une contraction des deux parties du sujet, de même que la basse ; le même genre se présentent au mesures 33–40, 66–71 et 78–85[6].
Mesure 24, le sujet est présenté en la majeur, puis revient deux fois à la tonique (mesures 40 et 50), puis à la quarte supérieure, mesure 71, pour enfin être mêlé au divertissement mesure 74 qui conclut la pièce. Cette fugue est sans contre-sujet réel et s'articule sur des marches harmoniques, avant les réapparitions du sujet. La fugue se termine par un point d'orgue, sur deux fa.
Relations
[modifier | modifier le code]Les mesures 9–11 de la fugue sont clairement une analogie à la progression des mesures 20–24 du prélude[6].
Manuscrits
[modifier | modifier le code]Parmi les sources[7] et en l'absence de ce couple dans le manuscrit de la British Library Londres (Add. MS. 35 021), les deux principaux sont :
- source « B », Bibliothèque d'État de Berlin (P 430), copie datée de 1744, de Johann Christoph Altnikol[8] ;
- Le manuscrit de Johann Philipp Kirnberger, qui diverge notablement de celui d'Altnikol (Bibliothèque d'État de Berlin, Am.B.57) est plus ancien.
Postérité
[modifier | modifier le code]Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[9], publiée en 1914.
En vue de reconstituer la sonate pour flûte en la majeur BWV 1032, en sonate en trio, que Bach a abandonné, un ensemble de musique baroque composé de Michael Form (flûte à bec et reconstruction de la partition), Marie Rouquié (violon), Étienne Floutier (basse de viole) et Dirk Börner (clavecin) a utilisé le prélude en fa mineur pour en faire le mouvement lent de l'adaptation perdue. Le disque, intitulé Spéculation sur Bach, enregistré en , est publié chez Pan Classics (PC 10384). Le prélude en sol mineur est également utilisé pour une autre œuvre.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 2, Londres, Augener & Co., (1re éd. 1891 (de)), 234 p. (lire en ligne)
- (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 110–112.
- Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 126–128 (de)
- Roland de Candé, Jean-Sébastien Bach, Paris, Seuil, , 493 p. (ISBN 2-02-008505-4, OCLC 319750728, BNF 34763585).
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (OCLC 246834603, lire en ligne [PDF])
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 2 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (ISBN 978-0-9521516-7-8, OCLC 313150901, lire en ligne [PDF]), p. 49–56 ; 57–78
- François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 34.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 210.
- Yo Tomita, « préface », dans J.-S. Bach, Clavier bien tempéré, Livre II, Henle, (OCLC 786251450)
- (en) David Ledbetter, Bach’s Well-tempered Clavier : the 48 Preludes and Fugues, New Haven/London, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 0-300-09707-7, OCLC 5559558992), p. 288–290.
- (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 199–238.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Gray 1938, p. 111.
- Sacre 1998, p. 218.
- Sacre 1998, p. 217–218.
- Candé 1984, p. 333.
- Keller 1973, p. 152.
- Keller 1973, p. 154.
- Sources du BWV 881 sur bach-digital.de.
- « Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II — copie d'Altnikol », sur International Music Score Library Project
- [lire en ligne]
Article connexe
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Prélude et fugue en fa mineur [PDF]
- (en) La fugue en fa mineur sur bach.nau.edu
- Ressources relatives à la musique :