Prélude et fugue en ut mineur (BWV 847)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Clavier bien tempéré I

Prélude et fugue n°
BWV 847
Le Clavier bien tempéré, livre I (d)
Do mineur
Do mineur
Prélude
Métrique 4/4
Prélude.
noicon
Fugue
Voix 3
Métrique 4/4
Fugue.
noicon
Liens externes
(en) Partitions et informations sur IMSLP
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu)

Le prélude et fugue en ut mineur (BWV 847) est le second couple de préludes et fugues du premier livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé vers 1722.

Le prélude emprunte le style d'une toccata impétueuse et obstinée toute en doubles-croches. La fugue, à trois voix, est l'une des plus populaires et formellement exemplaire.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {
%fontSize = #-2
  }
<<
  \relative c'' {
    \key c \minor
    \time 4/4

     %% INCIPIT CBT I-2, BWV 847, ut mineur
     s4*0^\markup{Prélude} \repeat unfold 2 { c16 ees, d ees c ees d ees }  \bar ".."
     \time 4/4 
     r8^\markup{Fugue} c'16 b c8 g aes c16 b c8 d g, c16 b c8 d
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
     \override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2) 
}
  }
  \midi {}
}

Prélude[modifier | modifier le code]

Le prélude, noté 4/4, comporte 38 mesures et se présente comme une étude à deux voix, sorte de toccata en mouvement perpétuel, avec des mouvements contraires aux deux mains. Mesure 25, le mécanisme est brisé et devient une coda en style de fantasia[1][2], avec l'apparition de trois mesures d'arpèges, aboutissant à un presto (mesures 28–33), un ralentissement noté Adagio, en fa mineur (sous-dominante d’ut), dans le style du récitatif[3], puis la reprise du tempo initial pour quatre mesures d'accords brisés où sonne sur une pédale dans le ton, une belle et optimiste tierce picarde, un mi agrémenté d'un mordant, surmonté d'un point d'orgue.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

upper = \relative c'' {
    \clef treble 
    \key c \minor
    \time 4/4
    \tempo 4 = 84
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   %% PRÉLUDE CBT I-2, BWV 847, ut mineur
   \repeat unfold 2 { c16 ees, d ees c ees d ees } 
   \repeat unfold 2 { aes16 f e f c f e f }
   \repeat unfold 2 { b16 f ees f d f ees f }
   \repeat unfold 2 { c'16 g f g ees g f g }
   \repeat unfold 2 { ees'16 aes, g aes ees aes g aes }
   \repeat unfold 2 { d16 fis, e fis d fis e fis }
   
}

lower = \relative c {
    \clef bass 
    \key c \minor
    \time 4/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   \repeat unfold 2 { c16 g' f g ees g f g }
   \repeat unfold 4 { c,16 aes' g aes f aes g aes }
   \repeat unfold 2 { c,16 ees d ees g ees d ees }
   \repeat unfold 2 { c16 c' bes c aes c bes c }
   \repeat unfold 2 { c,16 a' g a fis a g a }

} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 847"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
      %\override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2) 
    }
  }
  \midi { }
}

Fugue[modifier | modifier le code]

Caractéristiques
3 voix — 4/4, 31 mes.
⋅ fugue en style de danse
⋅ 8 entrées du sujet
réponse tonale
contre-sujet, 6 entrées
⋅ second contre-sujet
⋅ 4 divertissements
Procédé
pédale

La fugue à trois voix, notée 4/4, est longue de 31 mesures.

Le sujet est plein de charme, mémorable et facile à suivre avec un motif répété trois fois sur do–si–do.


\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {

  }
<<
  \relative c'' {
    \key c \minor
    \time 4/4

     %% SUJET fugue CBT I-2, BWV 847, ut mineur
     r8 c16 b c8 g aes c16 b c8 d g, c16 b c8 d f,16 g aes4 g16 f ees

  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
     %\override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2) 
}
  }
  \midi {} 
}

La fugue est d'un style relativement léger, favorisé par les trois voix et les divertissements, au nombre de quatre[2]. La pièce se termine avec la réexposition du sujet intégralement au soprano sur une pédale de tonique, quelques voix supplémentaires renforçant l'harmonie (procédure qui tranche avec le sérieux contrapuntique des prédécesseurs de Bach)[4] et un accord majeur.

Cette fugue, souvent analysée, l'était déjà par certains élèves de Bach eux-mêmes : Bernhard Christian Kayser (1705–1758) laisse des annotations sur le manuscrit P 401[5]. La régularité des entrées, la présence des contre-sujets bien identifiés, des divertissements, l'usage de canons dans le premier et le quatrième, la réexposition du sujet sur une pédale de tonique, en fait par son plan clair et logique, une fugue formellement exemplaire.


\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

Mordeesq    = { \tag #'print { ees4\mordent } \tag #'midi { ees32 d ees~ ees~ ees8 }  }
Dux         = { r8_\markup{Dux} c16 b c8 g aes c16 b c8 d g, c16 b c8 d f,16 g aes4 g16 f  }
Comes       = { r8^\markup{Comes} g16 fis g8 c, ees g16 fis g8 a d, g16 fis g8 a c,16 d \Mordeesq d16 c }

upper = \relative c' {
  \clef treble 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 63
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   %% FUGUE CBT I-2, BWV 847, ut mineur
   << { R1*2 \relative c''' \Comes bes'8 ees16 d ees8 g, aes f'16 ees f8 a, bes g'16 f g8 b, c d16 ees f4~ f8 ees16 d c bes aes g f8 aes' g f ees d ees f b, c d b c8 } \\ { \relative c'' \Dux ees,16 c' b a g f ees d c8 ees' d c bes a bes c fis, g a fis g4 r16 c,16 d ees f g aes8~ aes16 d, ees f g a bes8~ bes16 ees, f g aes g f ees d8 c'16 b | c4 r4 r8 f8 ees d r8 aes g f g f16 ees f8 d g4 } >>

}

lower = \relative c' {
  \clef bass 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    
   R1*6 \Dux ees16
    
} 

thePianoStaff = \new PianoStaff <<
   \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 847"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
\score {
  \keepWithTag #'print \thePianoStaff
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
}

\score {
  \keepWithTag #'midi \thePianoStaff
  \midi { }
}

Deux contre-sujets. Comme dans le prélude, Bach achève la fugue avec une tierce picarde.

Genèse[modifier | modifier le code]

Les dernières mesures du Prélude en ut mineur, tel qu'il se présente dans le Clavierbüchlein pour Wilhelm Friedemann Bach.

Le prélude figure dans le Clavierbüchlein (no 15) dans une version plus ramassée de 27 mesures, dont 24 figurent dans la version du Clavier bien tempéré. Dans la version définitive, Bach lui ajoute onze mesures[6].

Postérité[modifier | modifier le code]

Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[7], publiée en 1914.

Ferruccio Busoni a tiré une étude pour piano du prélude BWV 847.

Leopold Stokowski a réalisé un arrangement pour orchestre de la fugue, qu'il a enregistré en pour RCA, mais resté inédit jusqu'à sa parution en 1985, chez RCA[8],[9].

Nicolas Slonimsky, compose deux de ses cinquante-et-une Minitudes for piano, avec le matériau thématique de la fugue. La no 47 est intitulée « Bach in Fluid Tonality » et la Minitude suivante no 48, toujours avec le même thème, il transforme le tout en un court prélude Debussyste, qu'il intitule « Bach x 2 = Debussy ». La partition composée entre 1972 et 1976, est publiée chez G. Schirmer en 1979[10].

Dimitri Naïditch a réalisé un arrangement jazz du prélude, qu'il a enregistré pour le label New Time Classics, avec la complicité de Gilles Naturel, contrebasse et d'Arthur Alard, batterie (également avec le BWV 846 et d'autres œuvres de Bach).

Eric Lamb (en) a réalisé un arrangement de la fugue pour flûte, alto et violoncelle, enregistré pour le label Paladino en 2018 (PMR 0094).

Utilisations[modifier | modifier le code]

On peut entendre le prélude ainsi qu'une improvisation dans le film La Passion d'Augustine de Léa Pool ainsi que dans le film nommé Au bout des doigts, et aussi dans Bagdad Café de Percy Adlon et dans Les Triplettes de Belleville. Une version est adaptée par Gabriel Yared dans le film Juste la fin du monde de Xavier Dolan.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sacre 1998, p. 200.
  2. a et b Schulenberg 2006, p. 211.
  3. Tranchefort 1987, p. 26.
  4. Gray 1938, p. 21.
  5. Schulenberg 2006, p. 212.
  6. Keller 1973, p. 51.
  7. [lire en ligne]
  8. Enregistrement du 7 avril 1934, commentaire et fichier audio, sur stokowski.org.
  9. Réédition Naxos 8.111297.
  10. (OCLC 1002853690)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand par John South Shedlock), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 1, Londres / New York, Augener & Co. / G. Schirmer, (1re éd. 1890 (de)), 208 p. (lire en ligne)
  • (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 18–21.
  • Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 85–88
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 29.
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 204.
  • Robert Levin (clavecin, clavicorde, orgue et piano-forte) (trad. Anne Paris-Glaser), « Bach, Clavier bien tempéré, livre I : BWV 846-849 », Hänssler Edition Bachakademie, vol. (102 à) 117, 2000 (OCLC 705291495).
  • (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 199–238.
  • (de) Fabio Sagner, Johann Sebastian Bach "Das wohltemperierte Klavier". Analyse der Fuge in c-Moll, BWV 847, Munich, Grin 2001 présentation en ligne
  • Alexandre Sorel, « Jean-Sébastien Bach : Prélude et fugue no 2 en ut mineur, BWV 847 (extrait du premier livre du Clavier bien tempéré) », Pianiste, Saint-Ouen, EMC2, no 107,‎ , p. 55–57 (ISSN 1627-0452)

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]