Poche de Kamianets-Podilskyï

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Poche de Kamianets-Podilskyï
Description de cette image, également commentée ci-après
Les avancées soviétiques menant à la création de la poche.
Informations générales
Date 25 mars -
Lieu Kamianets-Podilskyï/Ternopil URSS
Issue Victoire stratégique soviétique, repli tactique allemand
Belligérants
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand Drapeau de l'URSS Union soviétique
Commandants
Erich von Manstein[1]
(Groupe d'armées Sud)
Hans-Valentin Hube
(1re Panzer Armee)
Gueorgui Joukov
Nikolaï Vatoutine
(1er front ukrainien)
Ivan Koniev
(2e front ukrainien)
Forces en présence
200 000 hommes 500 000 hommes
Pertes
1re Panzer Armee :
14 242 (dont 5 878 tués ou disparus[2])
399 blindés et canons d'assaut, 280 pièces d'artillerie

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Coordonnées 49° 00′ nord, 26° 30′ est

La bataille de la poche de Kamianets-Podilskyï est un effort soviétique visant à encercler et détruire la 1re Panzer Armee du groupe d'armées Sud de la Wehrmacht. L'encerclement a lieu en sur le front de l'Est pendant la Seconde Guerre mondiale. L'Armée rouge crée avec succès la poche, piégeant quelque 200 000 soldats allemands à l'intérieur. Sous le commandement du generaloberst Hans-Valentin Hube et du fieldmarshal Erich von Manstein, les forces allemandes réussissent à se frayer un chemin vers l'extérieur et s'échappent à la mi-avril. Cet événement est parfois appelé la « poche de Hube » et est toujours étudié dans les académies militaires comme un exemple de la façon d'éviter l'anéantissement lors d'un encerclement.

Préparations[modifier | modifier le code]

Front de l'Est, -.

En , la 1re Panzerarmee commandée par le generaloberst Hans-Valentin Hube, est composée de quatre corps, dont trois Panzer Corps (comprenant huit Panzerdivisions et une division de panzergrenadiers). Avec les unités de l'armée allemande attachées à la 1re Panzerarmee, cette formation comprend plus de 200 000 soldats, en faisant la formation la plus puissante du groupe d'armées Sud de Erich von Manstein. Le IIIe Panzer Corps de celle-ci a récemment et longuement combattu pour déjouer une tentative soviétique visant à piéger et détruire deux corps d'armée lors de la bataille de Tcherkassy[3].

Conscient de l'importance de la 1re Panzer Armée, Gueorgui Joukov planifie une opération visant à entraîner sa destruction, dans l'espoir de créer un effondrement de tout le dispositif allemand du front du Sud-Est. Joukov prévoit une offensive sur plusieurs fronts, impliquant ses propres forces (le 1er front ukrainien) et le 2e front ukrainien, placé sous le commandement d'Ivan Koniev. Cette force composée de plus de onze armées, y compris deux armées aériennes, doit tenter de déborder et encercler l'armée de Hube, et, dans une répétition de la bataille de Stalingrad, réduire la poche résultante (en allemand Kessel) jusqu'à ce que toutes les troupes ennemies se rendent. Les opérations doivent avoir lieu sur l'extrême nord et au sud du front du groupe d'armées Sud. Manstein est informé des grands mouvements de troupes vers le front tenu par Hube ainsi que de l'imminence d'une opération soviétique ; toutefois, Adolf Hitler refuse tout repli stratégique[4].

L'encerclement[modifier | modifier le code]

Un soldat allemand se met à couvert près d'un T-34 soviétique mis hors de combat, .

L'offensive russe commence au début du mois de mars, et Joukov en personne prend le commandement du 1er front ukrainien de Vatoutine. La concentration massive de troupes et de matériel de l'Armée rouge pousse Hube à retirer son flanc nord au sud-ouest jusqu'à ce qu'il atteigne le Dniestr, position qu'il occupe jusqu'à fin mars malgré les attaques soviétiques répétées.

Avec la progression soviétique le long du flanc sud du Dniestr, la 1re Panzer Armée est confinée à un saillant avec une ligne de ravitaillement ténue. Manstein demande une fois de plus à Hitler un repli pour éviter l'encerclement, mais Hitler refuse. Hube ordonne à tout le personnel non-combattant de se regrouper sur le saillant le long de la dernière route restant ouverte. Voyant ce mouvement vers le sud, Joukov conclut que Hube est en pleine retraite. En quelques jours, ses forces ainsi que celles de Koniev traversent le Dniestr et sont en mesure de compléter l'encerclement. Le , la dernière ligne de communication vers la tête de pont de Hube située sur la rive nord du Dniestr est sectionnée à Khotyn[5].

L'ensemble des forces allemandes sont à présent encerclées dans une poche centrée autour de la ville de Kamianets-Podilskyï. Alors que les Allemands ont de la nourriture et des munitions suffisantes pour tenir pendant deux semaines, les véhicules manquent cruellement de carburant. Hube ordonne à toutes les unités au sud du Dniestr de se retirer loin de la pénétration principale de l'Armée rouge qui se déroule au sud via la 40e armée du 2e front ukrainien[5]. Joukov est alors amené à anticiper une percée au sud pour rompre l'encerclement. Pour éviter cela, il dépouille ses forces encerclant la ville et les envoie renforcer le côté sud de la poche.

Hube organise un déplacement vers l'ouest[modifier | modifier le code]

La rupture allemande de l'encerclement à l'ouest.
La réponse soviétique.

Le , alors que Joukov envoie un ultimatum aux Allemands leur demandant de déposer les armes et qu'Hitler, craignant de perdre entièrement une panzerarmee, donne finalement l'ordre de retraite à Hube, celui-ci regroupe ses forces et termine tous les préparatifs pour la poussée vers la rivière Zbroutch (son plan étant de s'échapper au nord-ouest de Ternopil et de faire jonction avec les forces de secours de Paul Hausser qui doivent assurer leur relève). L'avant-garde de la 1re Panzerarmee se lance vers l'ouest. La menace d'une panique parmi ses troupes étant une grave préoccupation, Hube consolide ses forces dans des groupes de corps provisoires afin de maintenir le contrôle et simplifier la chaîne de commandement : chaque groupe de corps, dans son secteur, doit être responsable à la fois de la conduite de l'attaque à l'ouest et de la protection de l'arrière à l'est. Les divisions blindées de chaque groupe de corps constituent le fer de lance de cette attaque, tandis que les divisions d'infanterie couvrent les arrières.

Deux colonnes ont pour objectif de se frayer un chemin à l'ouest. La colonne nord, le Korpsgruppe von der Chevallerie, est placée sous le commandement de Kurt von der Chevallerie ; la colonne sud -le Korpsgruppe Breith- est quant à elle sous le commandement du General der Panzertruppen Hermann Breith. Un troisième corps sous le commandement du General der Infanterie Hans Gollnick du XLVIe Panzer Corps forme le Korpsgruppe Gollick. Le ravitaillement aérien de la poche est assuré par la quatrième flotte aérienne allemande qui assemble cinq groupes de transport aérien et des bombardiers depuis Lviv en Pologne.

Simultanément, les arrière-gardes sur les secteurs est et nord de la poche mènent des actions de retardement afin de couvrir le reste des 200 000 hommes se trouvant entre elles et la pointe d'attaque. Dans le secteur nord, les lignes soviétiques le long de la rivière ont été percées à une vitesse surprenante. La force d'attaque sud rencontre toutefois plus de résistance et des difficultés considérables, les Soviétiques de la 4e armée blindée lançant une contre-offensive depuis l'ouest à travers le Zbroutch et réussissant à se frayer un chemin dans Kamianets-Podilskyï. La perte de ce nœud routier important rend nécessaire aux Allemands de rediriger tous les mouvements de leurs troupes dans un grand détour autour de la ville, réduisant leur progression de manière drastique. Une contre-attaque permet toutefois d'isoler les Russes dans la ville, et l'échappée peut reprendre. Plusieurs têtes de pont solides sont établies sur la rivière Seret.

Alors que l'armée de Hube s'échappe à l'ouest, Joukov et Koniev restent incertains des intentions allemandes, pensant toujours que les Allemands tenteront de rompre l'encerclement par le sud. Les Soviétiques lancent alors des attaques depuis l'est et le nord mais tombent dans de nombreux cas sur des positions qui avaient déjà été abandonnées par l'arrière-garde allemande qui s'était retirée à Proskurov. Et malgré les attaques à l'ouest, l'Armée rouge continue d'augmenter la densité de ses troupes sur le flanc sud de la poche, en prévision d'une attaque qui ne viendra jamais.

Le , Manstein est relevé de son commandement avec effet au  : alors qu'il recommande un retrait en profondeur en Roumanie pour se réorganiser et reprendre de l'espace de manœuvre, Hitler lui répond que « le temps des opérations de grand style est passé, et voici venu le temps de la défense opiniâtre, immobile »[6]. Lui-même et Kleist sont remplacés par des nazis convaincus, spécialistes de la défense : Model et Schörner.

Le lendemain, les Soviétiques commencent à réagir : une force de la 4e armée blindée lance un assaut au nord en la Seret et la Zbroutch : la garde sud de Hube se retourne alors pour lui faire face et brise l'attaque, coupant ses lignes de ravitaillement et immobilisant les T-34 ennemis. Bien qu'il commence à prendre la tentative de désencerclement au sérieux, Joukov n'essaie pas de bloquer les Allemands: la route de Ternopil reste ouverte.

Rupture de l'encerclement[modifier | modifier le code]

Un Panther passe près d'un StG III endommagé, .

Malgré de fortes chutes de neige, de faibles approvisionnements, et l'encerclement, les troupes de Hube sont toujours en mouvement dans le bon ordre et la discipline, tandis que les désertions restent presque inexistantes - contrairement aux situation de paniques dans les encerclements de Stalingrad et de Korsun.

Le , les avant-garde des colonnes nord et sud atteignent la rivière Strypa, et le 6, près de la ville de Boutchatch, elles font leur jonction avec des éléments de reconnaissance des divisions de Paul Hausser. En plus de deux semaines de combats intenses, par un temps détestable et avec un approvisionnement minimal, la 1re Panzerarmee a réussi à échapper à l'encerclement tout en subissant des pertes modérées. Pendant les deux semaines de fuite, les hommes de Hube ont détruit 357 chars, 42 canons d'assaut et 280 pièces d'artillerie et causé des pertes sévères aux Soviétiques. La rapide réaction de Manstein ainsi que la planification opérationnelle et la compétence de Hube ont permis à leurs 200 000 hommes d'échapper à un sort semblable à ceux de Stalingrad. Cela étant, seuls 45 véhicules blindés étaient parvenu à s'échapper de la poche : remise en première ligne entre le Dniestr et la ville de Brody, la 1re Panzerarmee n'est donc plus en mesure de mener des opérations offensives à grande échelle et nécessite une réorganisation complète.

Ordre de bataille[modifier | modifier le code]

Soviétiques[modifier | modifier le code]

Commandement : Gueorgui Joukov

Allemands[modifier | modifier le code]

1re Panzerarmee (Generaloberst Hans-Valentin Hube)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé de son commandement le 30 mars par l'OKH
  2. BA-MA Rh-1/371
  3. Glantz (1989), p. 332 - situation map, 1 March 1944
  4. Glantz (1989), p. 334
  5. a et b Glantz (1989), p. 335
  6. Lasha OTKHMEZURI et Jean LOPEZ, Joukov : L'homme qui a vaincu Hitler, EDI8, , 885 p. (ISBN 978-2-262-04352-0, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Glantz, David, Soviet Military Deception in the Second World War, Frank Cass, London, (1989), (ISBN 0-7146-3347-X).
  • (en) Alan Clark, Barbarossa, Harper Perennial, New York, 198, (ISBN 978-0-688-04268-4).
  • (en) John Erickson (en), The Road To Berlin: Stalin's War With Germany Vol.2, WESTVIEW PRESS, London, 1983
  • (en) Perry Moore (Design), Warren Kingsley, C. Rawling (Development), Against the Odds: KesselSchlacht (Ukraine Spring 1944), LPS, 2002
  • (en) Bryan Perrett, Knights of the Black Cross: Hitler's Panzerwaffe and Its Leaders.
  • (de) Carl Wagener, Der Ausbruch der 1. Panzerarmee aus dem Kessel von Kamenez-Podolsk März/April 1944.

Liens externes[modifier | modifier le code]