Marko Rupnik

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Marko Ivan Rupnik
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Directeur (d)
Centre Aletti (d)
-
Maria Campatelli (d)
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Marko Ivan Rupnik, né le à Idrija (quartier de Zadlog (en)) en Slovénie, est un prêtre jésuite et artiste mosaïste slovène. De 1991 à 2020, il dirige l'atelier d'art religieux Centre Aletti (it), à Rome.

Marko Ivan Rupnik est temporairement excommunié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2020 à la suite notamment d'accusations d'abus sexuels à l'encontre de femmes majeures.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né le à Zadlog en Slovénie, Marko Rupnik entre au noviciat des Jésuites le . Il est ordonné prêtre le et fait profession religieuse définitive dans la Compagnie de Jésus le [1].

Artiste jugé créatif et inspiré, il rejoint à partir de 1991 le Centre Aletti à Rome[1], fondé par le cardinal Tomas Spidlik dans le cadre du dialogue œcuménique avec l'Église orthodoxe.

Proche de Jean-Paul II, il est chargé de la rénovation artistique de la chapelle privée du pape, la chapelle Redemptoris Mater, dans l'enceinte des appartements pontificaux au Vatican[2].

Professeur à l'Université grégorienne, il est également consulteur de la Congrégation pour les Églises orientales et du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation[1].

Selon des sources vaticanes, Marko Ivan Rupnik a été proche de tous les papes depuis Jean-Paul II. Ainsi, il a prêché les exercices de Carême devant la Curie romaine en mars 2020[3],[4],. Il ne fait toutefois pas partie des conseillers les plus proches du pape François[2].

Abus sexuels[modifier | modifier le code]

Marko Ivan Rupnik est accusé d’agressions sexuelles par neuf religieuses de la communauté de Loyola en Slovénie, dont Marko Rupnik a été l’accompagnateur spirituel, et de gestes déplacés et d’abus spirituels par deux autres femmes. La première fois, en 1998, par l'une d'elles. Puis par une deuxième au début de l'année 2020. Il est démis de sa fonction de directeur du centre Aletti en 2020. En 2021, d'autres signalements sont transmis à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) pour des « violences sexuelles et psychologiques ». L’ordre des jésuites prend des sanctions disciplinaires à son encontre : il ne doit plus confesser, accompagner spirituellement ou prêcher des retraites. Tout enseignement ou engagement public doit être validé par sa hiérarchie[5],[6],[7].

En décembre 2022, Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, affirme que Marko Ivan Rupnik a été excommunié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2019, à la suite d'agressions commises contre des religieuses dans les années 1990 en Slovénie. Rupnik ayant fait acte de repentance, sa sanction est allégée par le Saint-Siège qui maintient cependant les restrictions à son encontre[8].

En mai 2020, Rupnik est considéré, par l'Église catholique, comme excommunié latae sententiae (du fait même de la commission du délit) pour absolution du complice d'un péché contre le 6e commandement du Décalogue (contre la chasteté) ; cependant, le même mois, la Congrégation le réintègre dans l'Église catholique, après que Rupnik s'est repenti[9],[10],[11].

Les activités artistiques de Rupnik ne sont pas concernées par les restrictions qui lui sont imposées. Ainsi en 2022, pour la France, deux commandes sont en cours : une pour la future église Saint-Joseph-le-Bienveillant, à Versailles, et une autre pour une chapelle de la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux[8],[11]. Le , le diocèse de Versailles annonce dans un communiqué qu'il met fin à sa collaboration avec Marko Rupnik[12].

Le , dans une interview sous pseudonyme au journal italien Domani (en), l'une des religieuses victimes de l'artiste jésuite affirme avoir subi de très violentes agressions sexuelles pendant et hors confession[2]. Elle évoque la dépendance de Marko Rupnik à la pornographie et son emprise sur les sœurs. Une vingtaine d'entre elles en auraient été victimes. Selon son témoignage, Rupnik recourait à un discours pseudo-théologique pour obtenir des faveurs sexuelles. La religieuse dénonce l'omertà qui a entouré son cas et l'absence de réponse et d'aide, notamment de la part du cardinal Tomáš Špidlík, lorsqu'elle a dénoncé les abus subis. Pour Lucetta Scaraffia, éditorialiste à La Stampa, « l'affaire Rupnik révèle crûment comment la hiérarchie ecclésiastique peine à comprendre le problème des abus sexuels sur les religieuses ». À ses yeux, les abus sexuels à l'égard des femmes n’existent pas pour l’institution ecclésiastique, qui les considère comme des « transgressions sexuelles commises par les deux parties »[13],[14].

Fin décembre 2022, le Vatican publie le volume officiel reproduisant tous les timbres imprimés pour l'année 2022 ; malgré les accusations qui pèsent contre Rupnik, une œuvre picturale de Rupnik apparaît en couverture[15].

En janvier 2023, interrogé par l'Associated Press sur le cas de Marko Rupnik, le pape François déclare qu'il n'a « rien à voir avec cette affaire », même s'il concède avoir effectué « une petite chose procédurale qui est arrivée à la CDF » afin que la deuxième série d’accusations soit examinée par le même tribunal que la première. Il indique ne pas avoir fait lever le délai de prescription canonique dans le cas de Rupnik, les victimes présumées n'étant ni mineures ni considérées comme des adultes vulnérables[16],[9],[17].

Le , à la suite d'une enquête interne, la Compagnie de Jésus promulgue de nouvelles sanctions contre Marko Rupnik : il doit « cesser toute "activité artistique publique", ce qui s’ajoute à l’interdiction, déjà en vigueur, de donner des conférences, de célébrer publiquement la messe ou de quitter la région de Rome sans l’autorisation de ses supérieurs »[18]. L'enquête révèle que 15 laïcs ont témoigné d'abus entre 1980 et 2018, conduisant à l'ouverture d'une troisième enquête canonique[18],[19],[20].

Le , La Vie publie le récit de l'une des victimes de Rupnik, sœur Samuelle, membre des Fraternités monastiques de Jérusalem pendant près de 20 ans avant d'en sortir en 2018. Elle relate avoir « été victime d’une violence psychologique subtile et délétère ». Elle indique avoir été également victime d'« emprise à caractère sexuel » de la part de Marko Rupnik durant le temps où elle a travaillé dans le Centre Aletti de 2010 à 2014[21].

Le , Rupnik est renvoyé de la Compagnie de Jésus « en raison de son refus obstiné d’observer le vœu d’obéissance », notamment ses voyages, en dépit des restrictions de déplacement qui lui étaient imposées. Il dispose de « 30 jours, à compter du 14 juin 2023, pour faire appel »[22].

Le 17 juin la directrice du Centre Aletti, la théologienne Maria Campatelli, qui avait pris dès le début de l'affaire la défense de Marko Rupnik, dénonce « une campagne médiatique basée sur des allégations diffamatoires et non prouvées »[23]. Le 15 septembre, le pape François la reçoit en audience privée. À la demande du pape, une photo de cette rencontre est prise et publiée par les services de communication du Vatican[24],[16].

Le , le cardinal-vicaire du diocèse de Rome, Angelo De Donatis, donne un compte-rendu du rapport écrit à la suite de la visite apostolique au Centre Aletti, qui avait été ordonnée le , révélant ainsi son existence. Il affirme qu'à la lumière de ce rapport, « il ressort clairement qu'au sein du Centre Aletti, il existe une vie communautaire saine, sans problèmes critiques particuliers. » Il ajoute que le rapport fait état d'« anomalies graves dans les procédures, dont l'examen a généré des doutes fondés, y compris sur la procédure de demande d'excommunication elle-même » à l'encontre de Rupnik[25],[16].

Le 19 septembre, une lettre ouverte à François et à d'autres responsables de l'Église est publiée par quatre des 15 femmes au moins qui affirment que le prêtre slovène a abusé d'elles. Elles expriment leur « perplexité » face à la déclaration du vicariat de Rome et à la forte médiatisation de la rencontre du pape avec Maria Campatelli[24],[16].

Le 25 octobre 2023, le site d'informations Katholisch.de (de) rapporte que Marko Rupnik a été incardiné dans le diocèse de Koper en Slovénie[26], alors que la Compagnie de Jésus avait prévenu le diocèse[27]. Dans la foulée de cette annonce, le pape François annonce lever la prescription canonique, et demande au Dicastère pour la Doctrine de la foi d'étudier à nouveau ce dossier[28]. Néanmoins, malgré cette incardination à l'été 2023, Rupnik réside toujours au centre Aletti à Rome fin 2023[29].

Le , l'archidiocèse de Ljubljana annonce la dissolution de la communauté Loyola fondée par Rupnik « en raison de graves problèmes concernant l'exercice de l'autorité et la façon de vivre ensemble »[30].

En février 2024, le Vatican annonce poursuivre l'enquête, et élargir son champ d'investigation[31]. De nouveaux témoignages de victimes sont déposés auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en [32].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Avec l'Atelier d'Art Religieux du Centro Aletti dont il est le directeur jusqu'en 2020, il a réalisé des œuvres dans le monde entier, comme :

Publications[modifier | modifier le code]

  • (en) Marko Ivan Rupnik, In the Fire of the Burning Bush: An Initiation to the Spiritual Life, (ISBN 978-0-8028-2832-3)
  • (en) Marko Ivan Rupnik, Discernment: Acquiring the Heart of God, (ISBN 978-0-8198-1882-9)
  • (en) Marko Ivan Rupnik, Human Frailty, Divine Redemption: The Theology and Practice of the Examen, (ISBN 978-0-8198-3410-2)
  • (en) Marko Ivan Rupnik, Contemplating the face of Christ: a way of the cross, (ISBN 978-0-8198-1669-6)
  • (en) Marko Ivan Rupnik, According to the Spirit: Spiritual theology on the move with Pope Francis' Church, (ISBN 978-0-6484977-3-8)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Art sacré en mosaïques par le père Marko Ivan Rupnik au sanctuaire national Ta' Pinu », Gozo News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d Héloïse de Neuville et Loup Besmond de Senneville, « Abus sexuels dans l’Église : les questions troublantes posées par l’affaire Rupnik », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Youna Rivallain, « Comprendre l'affaire Rupnik en six grandes questions », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Anita Bourdin, « Première prédication de vendredi de carême confiée au p. Marko I. Rupnik SJ », sur Zenit, (consulté le ).
  5. Héloïse de Neuville, « Agressions sexuelles dans l’Église : des sanctions légères pour le jésuite artiste Marko Rupnik », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  6. Julien Covolo, « Un prêtre-artiste renommé accusé de violences sexuelles sanctionné par l'ordre des jésuites », rtbf,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Raphaël Zbinden, « L’affaire Rupnik divise les jésuites », cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Loup Besmond de Senneville et Héloïse de Neuville, « Le père Marko Rupnik a été excommunié en 2019 annonce le supérieur général des jésuites », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en) AC Wimmer, « Pope Francis: ‘I had nothing to do’ with Father Marko Rupnik case », sur EWTN News, (consulté le )
  10. (en) « Jesuits ask victims to come forward in artist abuse case », sur AP NEWS, (consulté le )
  11. a et b « Dossier Rupnik: les Jésuites publient la chronologie de l'enquête », Vatican news,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Communiqué du Diocèse de Versailles et de la paroisse de Montigny-Voisins-le-Bretonneux », sur Diocèse de Versailles, (consulté le )
  13. (it) Federica Tourn, « I baci nel nome dell’eucarestia e il sesso a tre per imitare la Trinità, parla la suora vittima di Rupnik », sur www.editorialedomani.it (consulté le )
  14. Raphaël Zbinden, « Affaire Rupnik: nouveaux indices de dissimulation », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en-GB) Edward Pentin, « Father Rupnik Scandal: Vatican Features One of His Paintings on Cover of New Stamp Volume », sur EWTN Global Catholic Television Network, (consulté le )
  16. a b c et d Raphaël Zbinden, « Le pape François protège-t-il Marko Rupnik ? », cath.ch,‎ (lire en ligne)
  17. Luisella Scrosati, « Another victim surfaces in Rupnik scandal, Pope's blank mind », sur newdailycompass.com, (consulté le )
  18. a et b Loup Besmond de Senneville, « Abus : nouvelles sanctions contre Marko Rupnik, 15 nouvelles victimes identifiées », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) « Jesuit barred from artistic activity after new abuse claims », sur AP NEWS, (consulté le )
  20. Sophie Lebrun, « Affaire Rupnik : 15 nouvelles victimes, 30 ans d’abus et une procédure interminable », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. Sophie Lebrun, « Victime de Marko Rupnik, la mosaïste sœur Samuelle brise le silence », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. « Marko Rupnik renvoyé de la Compagnie de Jésus », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (en) « Rupnik Case: Maria Campatelli and that inability to feel shame », sur Silere non possum (consulté le )
  24. a et b (en) Robert Mickens, « Is Pope Francis protecting Marko Rupnik? », La Croix international,‎ (lire en ligne)
  25. (it) « Nota del Vicariato di Roma sulla conclusione della visita canonica al Centro Aletti » [« Note du Vicariat de Rome sur la conclusion de la visite canonique au Centre Aletti »], sur diocèse de Rome, (consulté le )
  26. (de) « Ex-Jesuit Rupnik wird in slowenischer Diözese Koper aufgenommen », Katholish.de,‎ (lire en ligne)
  27. (en) Thomas Colsy, « Jesuits ‘exhaustively’ warned Slovenian diocese against incardination of Rupnik », Catholic Herald,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. Matthieu Lasserre, « L’ex-jésuite Marko Rupnik retrouve un diocèse, le Vatican rouvre le dossier », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  29. (en) Edward Pentin, « Ex-Jesuit Father Rupnik Continues to Live an Unrestricted Life at His Art Center In Rome », NCRegister,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. (en) Courtney Mares, « Vatican closing down Loyola Community co-founded by Rupnik », Catholic News Agency,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. Salvatore Cernuzio, « Doctrine de la foi: l'enquête concernant Marko Rupnik se poursuit », Vatican News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. (en) Almudena Martínez-Bordiú, « New complaints of abuse by Father Rupnik presented to Vatican », Catholic News Agency,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. « Sanctuaire de Fatima », Fatima.pt,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. Nicolas Senèze, « L'œuvre. Les mystères lumineux de la basilique du Rosaire », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  35. Youna Rivallain, « Mosaïques de Marko Rupnik à Lourdes : le conseil d’orientation du sanctuaire crée un groupe de réflexion. », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  36. (en) Courtney Mares, « Exclusive: Lourdes bishop hopes to make decision on Rupnik mosaics by spring », Catholic News Agency,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. (en) Elise Ann Allen, « Jesuits impose new restrictions on Rupnik as questions linger on Vatican role », Crux,‎ (lire en ligne, consulté le )
  38. « Mosaïque – Des saints pour la jeunesse. », Famille chrétienne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  39. Michel Sot, « Geneviève au secours de Paris » », L'Histoire, no 469,‎ , p. 24-25 (lire en ligne).
  40. Valentine Leroy, « Lisieux : une nouvelle chapelle dédiée à Louis et Zélie Martin », Aletia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  41. « Un chemin de joie qui sillonne le canton de Genève », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. « Chemin de joie » (consulté le )
  43. (de) « Rupnik-Mosaike an Genfer Kirchen: Bischof Morerod spricht sich gegen Entfernung aus » [« Mosaïques de Rupnik sur les églises genevoises : Mgr Morerod s'oppose à leur retrait »], Kath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  44. Raphaël Zbinden, « Genève: un «groupe de réflexion» sur l’avenir des œuvres de M. Rupnik », cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  45. (en) Peter Pinedo, « John Paul II shrine ‘considering’ whether to remove mosaics by Father Rupnik », Catholic News Agency,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]